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| Pierre Boulez | |
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Auteur | Message |
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Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Pierre Boulez Lun 16 Mar 2009 - 15:51 | |
| Pierre BoulezCompositeur et chef d'orchestre français né le 26 mars 1925 à Montbrison, Loire «Il faut avoir vis-à-vis de l'oeuvre que l'on écoute, que l'on interprète ou que l'on compose, un respect profond devant l'existence même. Comme si c'était une question de vie ou de mort.» - Citation :
- Pierre Boulez (1925) est l’un des compositeurs les plus influents de la deuxième moitié du XXe siècle. Sa trajectoire de musicien se confond avec un pan de l’histoire de la musique savante : figure incontournable du modernisme, il a, dans une mesure non négligeable, animé et représenté l’avant-garde musicale depuis 1945 aux yeux d’un large public. Sa carrière de chef d’orchestre l’a conduit à la tête de l’Orchestre philharmonique de New York et du BBC Symphony Orchestra parmi tant d’autres, et l’a fait connaître à un public mélomane dont il a cherché à transformer les habitudes, en l’initiant notamment par le concert et le disque aux classiques modernistes de la première moitié du siècle (Stravinsky, Schoenberg, Webern, Bartók, Berg, etc.). Pierre Boulez a eu aussi un impact significatif sur le développement d’institutions musicales, surtout en France où il a suscité ou accompagné les projets de l’Ircam (dont il a été le premier directeur), de l’ensemble intercontemporain, ainsi que la Cité de la musique.
Pour comprendre ce que signifient musique sérielle, dodécaphonisme, atonalité... Ce site didactique est très bien fait: De la tonalité au sérialismeJe me contenterai de proposer quelques pistes de découverte en fonction des mes affinités avec sa musique qui a beaucoup évolué au cours des années. Il a aussi régulièrement revisité certains de ses morceaux en les complétant ou en les réécrivant. C’est un perfectionniste dont chaque nouvelle lecture enrichit la précédente. Quand on parle de Boulez, on pense souvent « cérébral », «mathématique », « sérialisme » et on se dit : « ce n’est pas pour moi ». Trop contemporain, trop radical, rebutant ou même ennuyeux. En ce qui me concerne je pense que comme pour toute musique contemporaine, il faut accepter de suspendre son jugement, ses a priori, et se laisser emporter dans des univers sonores complètement inédits où les combinaisons d’instruments, les recherches rythmiques, l’apport de l’électronique, le recours aux mathématiques ou à la physique (le spectralisme, l'aléatoire...) obéissent à des lois savantes qu’il n’est pas nécessaire de comprendre pour en apprécier la force et la magie. Cela demande parfois un effort au début et quand on s’est familiarisé avec ce langage on peut vivre des moments musicaux d’autant plus fabuleux que les limites de l’écriture musicale sont sans cesse repoussées. S’affranchir de la tonalité c’est rompre parfois en apparence avec l’harmonie qui séduit l’oreille, apaise, rassure, mais c’est aussi transformer complètement nos habitudes et aller tellement plus loin. Certains compositeurs actuels se réconcilient avec le public et reviennent à la tonalité en l’enrichissant des apports de ces recherches. Ce sont eux qui ont le plus de succès en concert même s'ils sont boudés par l'avant-garde. John Adams fait partie de ces musiciens célèbres dans le monde entier et qui restent dans une certaine tonalité en y ajoutant l’apport du minimalisme. Arvo Pärt également, après des débuts dans le sérialisme, dans un registre qui renoue avec les traditions anciennes (médiévales notamment). Les autres continuent à explorer toutes les possibilités du son. Il y a des impasses, des retours en arrière, mais il y a aussi des découvertes et des miracles. Il se passe des choses partout sur la planète et il faudrait pouvoir aller plus souvent au concert pour assister à des créations. Boulez est le continuateur de la seconde école de Vienne. Il a dirigé Schoenberg, Berg et Webern dont il se rapproche beaucoup. La musique française aussi a eu un très grand impact ( Debussy, Ravel...) Il a été l’élève de Messiaen mais il s’est rapidement affirmé de manière assez véhémente contre la plupart des mouvements musicaux de l’époque et a rejoint au début le sérialisme. C’est quand même un révolutionnaire et il restera à l’évidence dans l’histoire de la musique comme un des plus grands compositeurs et un chef d’orchestre de génie qui sublime tout ce qu’il touche (il n’y a qu’à voir ce qu’il a fait de l’opéra de Janacek « De la maison des morts » !). Boulez entretient aussi des liens étroits avec la poésie ( Stéphane Mallarmé, René Char ou Henri Michaux) et surtout la peinture ( Paul Klee, Kandinsky...). Pour Kandinsky la couleur était intimement liée à la musique. On se souvient que Messiaen exprimait le même sentiment. Alors un parcours chronologique à travers quelques compositions : Le soleil des eaux (1948/1965) : (10’35) vidéoOn peut entrer facilement dans la musique qui reste « mélodique » tout en étant sérielle car la voix de soprano maintient une ligne fluide s’opposant à un orchestre beaucoup plus déstructuré avec différents motifs qui se télescopent. Elle évoque certaines œuvres de Berg avec surtout l’influence de Messiaen. « La complainte du lézard amoureux » qui ouvre le morceau est un poème de René Char (illustré par Miro) pour soprano et orchestre. La musique est dite multi-sérielle. Il est suivi d’un second poème : La Sorgue où intervient le chœur. Il y est évoqué la pollution de la rivière par la proximité d’une usine. La musique devient plus conflictuelle. Le poème serait une parabole de la résistance contre l’envahisseur allemand. La complainte du lézard amoureuxN’égraine pas le tournesol, Tes cyprès auraient de la peine, Chardonneret, reprend ton vol Et reviens à ton nid de laine. Tu n’es pas un caillou du ciel Pour que le vent te tienne quitte, Oiseau rural ; l’arc-en ciel S’unifie dans la margueritte. L’homme fusille, cache-toi ; Le tournesol est son complice. Seules les herbes sont pour toi, Les herbes des champs qui plissent. Le serpent ne te connaît pas, Et la sauterelle est bougonne ; La taupe, elle, n’y voit pas ; Le papillon ne hait personne. Il est midi, chardonneret. Le séneçon est là qui brille. Attarde-toi, va sans danger : L’homme est rentré dans sa famille ! L’écho de ce pays est sûr. J’observe, je suis bon prophète ; Je vois tout de mon petit mur, Même tituber la chouette. Qui, mieux qu’un lézard amoureux, peut dire des secrets terrestres ? Ô léger gentil roi des cieux, Que n’as-tu ton nid dans ma pierre !La SorgueRivière trop tôt partie, d'une traite, sans compagnon, Donne aux enfants de mon pays le visage de ta passion.
Rivière où l'éclair finit et où commence ma maison, Qui roule aux marches d'oubli la rocaille de ma raison.
Rivière, en toi terre est frisson, soleil anxiété. Que chaque pauvre dans sa nuit fasse son pain de ta moisson.
Rivière souvent punie, rivière à l'abandon.
Rivière des apprentis à la calleuse condition, Il n'est vent qui ne fléchisse à la crête de tes sillons.
Rivière de l'âme vide, de la guenille et du soupçon, Du vieux malheur qui se dévide, de l'ormeau, de la compassion.
Rivière des farfelus, des fiévreux, des équarrisseurs, Du soleil lâchant sa charrue pour s'acoquiner au menteur.
Rivière des meilleurs que soi, rivière des brouillards éclos, De la lampe qui désaltère l'angoisse autour de son chapeau.
Rivière des égards au songe, rivière qui rouille le fer, Où les étoiles ont cette ombre qu'elles refusent à la mer.
Rivière des pouvoirs transmis et du cri embouquant les eaux, De l'ouragan qui mord la vigne et annonce le vin nouveau.
Rivière au coeur jamais détruit dans ce monde fou de prison, Garde-nous violent et ami des abeilles de l'horizon.René Char, extrait de Fureur et mystère, 1948, Éditions Gallimard | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Pierre Boulez Lun 16 Mar 2009 - 16:05 | |
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| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Pierre Boulez Lun 16 Mar 2009 - 17:44 | |
| Le marteau sans maître (1952-1955): (35') Extrait: Commentaire III de Bourreaux de solitudeCe morceau pour voix d'alto et 6 instruments a contribué à la célébrité de Boulez par son ouverture vers le public (ça reste très relatif!) après une période de sérialisme assez radical. La référence est ici Schoenberg avec son "Pierrot Lunaire" et le texte est encore emprunté à René Char dont les phrases apparaissent brisées, sans contexte évident et sans verbes. On est dans un état de rêve ou d'altération de conscience. Boulez traduit cet éclatement et cette absence de repères apparent. La percussion sert d'ossature en donnant une dimension de rituel aux consonances orientales qu'on retrouvera plus tard dans un autre morceau emblématique: " Rituel" (en 1975). - Citation :
- «J’ai désiré manifester l’influence de la culture extra-européenne, à laquelle j’ai toujours été sensible. Le xylomarimba transpose le balafon africain, le vibraphone se réfère au gender balinais, la guitare se souvient du koto japonais»
Mais ce n'est pas l'exotisme en tant que tel qui est recherché ici. L'oeuvre est constituée de 9 parties, autour de 3 poèmes de René Char, dont chaque pièce propose une combinaison d'instruments différente. La construction est celle d'un labyrinthe dont chaque cycle obéit à un style défini. Pour exemple: Style mélismatique pour l'artisanat furieux (3e mouvement) et ses variantes fait de blocs sonores de densités variables. Style syllabique pour Bourreaux de solitude (6e mouvement) et ses "commentaires" s'appuyant sur une registration des durées... Je vous rassure je ne comprends pas tout non plus! Boulez expliquant ce qu'il apprécie chez René Char: - Citation :
- «c’est d’abord sa condensation. C’est comme si vous découvriez un silex taillé [... ]: une espèce de violence contenue, non pas une violence avec beaucoup de gestes, mais intérieure, et concentrée sur une expression tendue».
Miro, Le marteau sans maître - Citation :
L'artisanat Furieux
La roulotte rouge au bord du clou Et cadavre dans le panier Et chevaux de labours dans le fer à cheval: Je rêve la tête sur la pointe de mon couteau, le Pérou.
Bourreaux de solitude
Le pas s'est éloigné le marcheur s'est tu Sur le cadran de l'Imitation Le balancier lance sa charge de granit réflexe.
Bel édifice et les pressentiments
J'écoute marcher dans jambes La mer morte vagues par-dessus tête Enfant la jetée-promenade sauvage Homme l'illusion imitée Des yeux purs dans les bois Cherchent en pleurant la tête habitable
Maurice Béjar en a fait une chorégraphie célèbre: | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Pierre Boulez Lun 16 Mar 2009 - 20:47 | |
| Tu me donnes envie de m'y replonger, quoique j'avoue que Boulez me demande un gros effort. Mais cela en vaut la peine. Il ne faut pas oublier non plus quel fabuleux chef il est lorsqu'il aime un compositeur. Ses symphonies de Malher sont tout simplement hallucinantes. | |
| | | eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Pierre Boulez Lun 16 Mar 2009 - 21:37 | |
| - Arabella a écrit:
- Tu me donnes envie de m'y replonger, quoique j'avoue que Boulez me demande un gros effort. Mais cela en vaut la peine.
Il ne faut pas oublier non plus quel fabuleux chef il est lorsqu'il aime un compositeur. Ses symphonies de Malher sont tout simplement hallucinantes. Ah oui, un gros effort... Il m'est encore plus difficile à comprendre que Messiaen. D'ailleurs, je doute de comprendre un jour... Comme chef d'orchestre, il est également très bon dans Ravel (l'intégrale de Daphnis et Chloë). | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Pierre Boulez Lun 16 Mar 2009 - 22:29 | |
| - eXPie a écrit:
- Ah oui, un gros effort... Il m'est encore plus difficile à comprendre que Messiaen. D'ailleurs, je doute de comprendre un jour...
N'ayant aucune formation musicale, ni même une tradition familiale par rapport à la musique classique, j'ai élargi mes intérêts petit à petit, et certains compositeurs qui me rebutaient à un moment donné me sont devenus très précieux par la suite. Et donc pour des gens comme Boulez et dans une moindre mesure Messian, parce que là c'est quand même plus parlant d'emblée, je me dis que le moment viendra peut être un jour. J'ai beaucoup plus de scrupules à avoir des jugements définitifs en musique qu'en littérature. Mais il est vrai que le type de langage musical adapté par les compositeurs est évidemment essentiel, et le langage de Boulez ne me parle pas spontanement. Alors que la musique des gens comme Dutilleux ou parmi les plus jeunes Eric Tanguy c'est d'emblée du plaisir pur, Boulez c'est une conquête laborieuse. Mais je suis d'avis que les efforts ne sont pas forcement un mal. | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Pierre Boulez Mar 17 Mar 2009 - 13:36 | |
| - Arabella a écrit:
Mais il est vrai que le type de langage musical adapté par les compositeurs est évidemment essentiel, et le langage de Boulez ne me parle pas spontanement. Alors que la musique des gens comme Dutilleux ou parmi les plus jeunes Eric Tanguy c'est d'emblée du plaisir pur, Boulez c'est une conquête laborieuse. Mais je suis d'avis que les efforts ne sont pas forcement un mal. Il y a toute une génération d'excellents compositeurs qui gardent le contact avec l'auditeur. Dutilleux est un des derniers très grands évidemment avec une musique magique qui n'appartient qu'à lui. Eric Tanguy est une de nos gloires nationales et j'aime notamment beaucoup son album avec le morceau "Eclipse". Il y a aussi Thierry Eschaich, Philippe Hersant, Bruno Mantovani (plus radical) et mon préféré actuellement en France qui est Marc-André Dalbavie, un des protégés de Boulez, dont la musique trouve un compromis formidable entre avant garde et tradition. Il est très inspiré! Il faut écouter Seuils, Diadème, son concerto pour piano ou celui pour flûte... La plupart de ses créations sont interprétées par les plus grands solistes. Dalbavie: Son concerto pour flute par Emmanuel Pahud: présentation (vidéo) Son concerto pour piano par Leif Ove Andsnes Seuils, diadèmes A l'étranger j'aime George Benjamin, Jonathan Harvey, Elliott Carter, Thomas Adès, Matthias Pintscher...
Dernière édition par Marko le Mar 17 Mar 2009 - 16:34, édité 3 fois | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Pierre Boulez Mar 17 Mar 2009 - 13:43 | |
| - eXPie a écrit:
- Arabella a écrit:
- Tu me donnes envie de m'y replonger, quoique j'avoue que Boulez me demande un gros effort. Mais cela en vaut la peine.
Il ne faut pas oublier non plus quel fabuleux chef il est lorsqu'il aime un compositeur. Ses symphonies de Malher sont tout simplement hallucinantes. Ah oui, un gros effort... Il m'est encore plus difficile à comprendre que Messiaen. D'ailleurs, je doute de comprendre un jour... Comme chef d'orchestre, il est également très bon dans Ravel (l'intégrale de Daphnis et Chloë). Si tu écoutes le 2e mouvement du Soleil des eaux tu verras que c'est très beau et que ça ne demande aucun effort particulier. Idem pour Pli selon Pli dont les sonorités sont magnifiques. Quand j'entends cette musique ça m'évoque les espaces infinis, les mouvements planétaires, les étoiles qui explosent... ou plutôt l'infiniment petit, les atomes, les électrons, les protons, qui s'attirent, se repoussent... Boulez semble revenir à l'essentiel de la musique. C'est très pur et c'est un peu l'équivalent en musique de ce que fait Kandinsky en peinture: Mais Boulez associe davantage Kandinsky à la musique de Schoenberg (leur collaboration artistique était d'ailleurs étroite comme en témoigne une correspondance passionnante) et Paul Klee à la sienne. Il lui a d'ailleurs consacré un ouvrage: " Le Pays fertile, Paul Klee". Ce rapprochement entre peinture et musique est une bonne clé (Klee?) pour entrer dans cet univers.
Dernière édition par Marko le Dim 12 Avr 2009 - 13:42, édité 2 fois | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Pierre Boulez Mar 17 Mar 2009 - 19:38 | |
| Toujours passionné et passionnant Marko! En tous les cas je note le nom de Dalbavie pour le découvrir. | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Pierre Boulez Jeu 19 Mar 2009 - 19:09 | |
| Bon allez! Je saute quelques étapes chronologiques pour aller à l'un de mes préférés. Si vous ne deviez avoir qu'un seul album de Boulez dans votre discothèque je conseillerais celui-ci: Notations est peut-être en passe de devenir son grand oeuvre. Il tente depuis quelques années de transposer pour grand orchestre ses 12 notations pour piano composées en 1945. Dans cet excellent CD on peut entendre 5 d'entre elles. Il ne cesse de les modifier, compléter et la série entière n'est pas encore achevée (à ma connaissance). Ces morceaux sont d'autant plus beaux qu'ils sont accessibles. On est en terrain presque familier. Un grand orchestre et une musique aussi complexe qu'elle est belle. Si tu aimes Lutoslawski (dans un registre très différent), Arabella, tu te laisseras certainement emporter par ces "notations". On n'est pas si loin de Berg ou de Webern. Autant "Pli selon pli" dont je parlais demande une certaine concentration pour se laisser emporter dans sa magie sonore (la fameuse "monotonie" dont parlait Stravinsky), autant ici l'impact est immédiat. Tentez l'aventure sans hésitation! Mes préférées parmi ces "notations": La VII et la III. Pour le travail rythmique, la puissance, les sonorités ondulantes des flûtes dans la VII... Difficile de décrire une musique pareille. Et puis aussi le déluge rythmique de notation II qui dure 2 minutes presque dansantes (on dirait des rythmes syncopés sud-américains, pas si éloignés d'un Revueltas). On peut voir Boulez répéter ses "notations" avec le philharmonique de vienne sur plusieurs vidéos de youtube: Ici Le plus rythmé: Notation IILe programme est complété par Rituel in memoriam Maderna en hommage à Bruno Maderna qui est d'un abord plus minimaliste avec ces "percussions métronomes" qui se commandent les unes les autres. En concert (je l'ai vu à Lille) on a le sentiment d'assister à un rituel hypnotique assez majestueux. Le travail rythmique est très complexe. Et il y a enfin Figures-doubles-prismes qui est une musique qui organise l'orchestre autour du public de façon précise en fonction des catégories d'instruments (un peu comme Gruppen de Stockhausen) dans un soucis de mélange de timbres plus que de spatialisation. Evidemment en disque c'est difficile d'avoir le résultat attendu. | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Pierre Boulez Sam 11 Avr 2009 - 2:01 | |
| Je pourrais citer encore beaucoup de titres (Répons, Sur incises, messagesquisse, Anthèmes II...) tellement toute son oeuvre vaut la peine d'être découverte. Mais je terminerai ce fil par mon morceau préféré qui a été composé pour l'anniversaire de la mort de Stravinsky: Explosante-fixeSur cet album on retrouve les 12 Notations dans leur version pour piano mais c'est du dernier morceau "Explosante-fixe" dont je voulais parler. Il s'agit d'une composition d'environ 35 minutes pour orchestre, 2 flûtes solos, une flûte "midi" et un ensemble électronique. Elle s'inspire de façon difficile à identifier de 2 compositions de Stravinsky et est construite en canon. Le titre provient de Nadja d'André Breton. Le voyage dans lequel Boulez nous embarque est extraordinaire. On démarre avec un éclatement chaotique de sonorités de flûtes qui peu à peu s'apaisent pour faire entrer en scène la flûte midi (électronique) avec sa musicalité étrange et orientalisante renforcée par le dispositif électroacoustique qui donne une dimension futuriste saisissante. Puis se succèdent des climats tantôt planants tantôt déstructurés. On ressent parfois une sorte de mouvement de balancier et d'échos, de résonances. Cette musique est tellement ensorcelante qu'elle peut toucher un public plus vaste (dont les amateurs de musique électronique ou minimaliste notamment, même si elle en est très éloignée). Je ne me lasse pas de le réécouter en renouvelant ma perception de l'oeuvre à chaque fois. Plus je découvre la musique contemporaine, plus je réalise que Boulez est génial, le digne continuateur de Berg et de Webern, et peut-être le plus grand compositeur vivant. En tout cas l'un des plus grands chefs d'orchestre. | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Pierre Boulez Dim 12 Avr 2009 - 1:25 | |
| Ma reconnaissance éternelle à celui ou celle qui me trouvera le moyen d'obtenir des billets pour le concert suivant qui est déjà complet: - Citation :
- Berliner Philharmoniker
Direction musicale, Pierre Boulez Festival d'Aix en Provence le 5 juillet 2009
Pierre-Laurent Aimard, piano
Bartok : Musique pour cordes, percussion et célesta Ravel : Concerto pour la main gauche (piano) et orchestre en ré majeur Boulez : Notations I - IV pour orchestre ; Notations VII pour orchestre Quand j'ai vu ce programme, j'ai cru halluciner. A coup sûr le concert classique de l'année. | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Pierre Boulez Dim 12 Avr 2009 - 13:45 | |
| - Arabella a écrit:
- En tous les cas je note le nom de Dalbavie pour le découvrir.
Il vient de sortir un album avec 3 compositions en hommage à Janacek: Boulez dirigera aussi une de ses oeuvres en mai 2010 à Pleyel. Il donnera d'ailleurs 2 concerts à ne pas manquer: Jeudi 27 mai 2010 - 20h Pierre Boulez - Un certain parcours I. Brève anthologie : Extraits d’œuvres de Messiaen, Bartók, Webern, Berg, Varèse, Debussy, Schönberg, Ravel et Stravinski Orchestre de Paris • Ensemble Intercontemporain Pierre Boulez direction Essai de portrait par les musiciens de l’Orchestre de Paris et de l’Ensemble intercontemporain Vendredi 28 mai - 20h Pierre Boulez - Un certain parcours II. Une autre génération : Extraits d’œuvres de Messiaen, Berio, Stockhausen, Carter, Donatoni, Kurtág, Ligeti et Boulez III. Et maintenant ? : Jean-Baptiste Robin Commande de l’Ensemble intercontemporain, création mondiale Helen Grime, Virga, création française Dalbavie, Concertate Il Suono Orchestre de Paris • Ensemble Intercontemporain Pierre Boulez direction | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Pierre Boulez Dim 12 Avr 2009 - 19:50 | |
| J'imagine que tu ne vas pas les manquer | |
| | | Marie Zen littéraire
Messages : 9564 Inscription le : 26/02/2007 Localisation : Moorea
| Sujet: Re: Pierre Boulez Dim 12 Avr 2009 - 21:20 | |
| - Citation :
- Ma reconnaissance éternelle à celui ou celle qui me trouvera le moyen d'obtenir des billets pour le concert suivant qui est déjà complet:
Une reconnaissance éternelle, je ne sais pas trop ce qu'on peut en faire, mais, hélas, après renseignements pris sur place à plusieurs niveaux, c'est vraiment bouclé et tu n'es pas le seul déçu... Bon, un empêchement de dernière minute peut survenir pour certains , il te reste à les localiser et à agir, nous on dira rien.. | |
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| | | | Pierre Boulez | |
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