Jorn Riel [Danemark]

Un safari arctique

A priori, les racontars n’ont pas grand-chose pour me plaire. Quoi, des histoires de rustres chasseurs dans le glacial Groenland, bof bof bof. Et pourtant, dès les premières pages du premier recueil, La vierge froide, j’ai été happée par ces petites histoires complètement déjantées et une seule envie, lire tous les autres racontars. Dans Un safari arctique, on retrouve les mêmes personnages, avec des histoires de canot à moteur coincé au sommet d’un iceberg à la dérive et dans lequel on taille des marches (« impossible d’en trouver de pareilles sur aucun autre iceberg dans le monde entier »), d’une jeune fille imaginaire qui fait l’objet de dures négociations et visitent les chasseurs tour à tour, d’un ours malchanceux qui oublie d’hiberner, d’une vieille lady anglaise qui s’émerveille devant ces indigènes qui l’ont bien roulée dans la farine et j’en passe.

Bref, c’est toujours un vrai régal, sourire assuré du début à la fin, un moment détente précieux, pour décrocher et prendre un petit bain d’humour et de tendresse dans le grand nord, là où la vie est dure mais où les cœurs sont généreux, où les engueulades sont aussi spectaculaires que l’amitié qui lient ces hommes, parfois très bavards, à d’autres moments plus silencieux mais toujours touchants dans leur naïveté souvent teintée de solide bon sens.

Citation :

Un petit détour
- Comment on a pu atterrir ici comme ça, sans rien ?
- Bon, on peut p’tet’ pas dire sans rien du tout, estima Valfred. La nature est capricieuse comme une bonne bonne femme, Hansen. Mais t’as raison, c’est incroyable. Si quelqu'un me disait qu'il avait balancé son bateau à une dizaine de mètre de hauteur sur un iceberg, j'aurai bien rigolé, avec ma petite idée derrière la tête. Il y a des gens qui aiment raconter ce genre d'histoire, Hansen, et d'ailleurs y en a pas mal ici, parmi nous. Ca doit être la nature qui doit en être responsable. Tout devient comme qui dirait agrandi. On s'habitue à la grandeur, pour ainsi dire, et c'est sans doute pas un malheur non plus. C'est naturel, j'crois, exactement comme le fait qu'un chasseur, ou un marin, devient presbyte parce qu'il est toujours en train de regarder loin dans la géographie, et qu'un mangeur de livres devient myope parce qu'il a toujours un livre sous le nez.

Citation :

La balle perdue
Siverts grogna contre l’animal, d’un grognement profond et menaçant qui monta de son ventre, franchit sa bouche entrouverte et frappa les petites oreilles dodues de la bête comme des coups. L’ours suspendit son approche. Il se figea sur ses quatre pattes et balança, hésitant, la tête d’un côté à l’autre.
Le fusil sur la nuque et le pas raide, Siverts monta vers la maison. Le grognement menaçant s’articula et les mots sortirent à flots.
- Tire-toi de là, minus ! tonna-t-il. Tu te figures quand même pas qu’j’ai peur de toi.
Il montra un de ses poings.
- Parce que toi, tu n’es qu’une grosse feignasse qui traîne ici et là à gêner les phoques et autres braves gens. Du vent, évapore-toi, misérable pisse de vache ! Ha… ha !
Il eut un rire tonitruant, hystérique.
- Ha… ha… ha… faire peur à Siverts, non mais, couille molle ! Maintenant, c’est moi qui vais t’effrayer pour de bon, tu vas voir !
Il envoya un long crachat vers l’ours et tapa du pied dans la neige.
- Tire-toi, fulmina-t-il, ou je te piétine à mort, lavette !
L’ours regarda Siverts avec étonnement. Il y avait quelque chose qu’il ne comprenait plus. La conduite de cet être humain sortait de toutes les conventions. L’homme avait d’abord hurlé d’horreur, ensuite il avait couru à s’en arracher la peau, et maintenant, intrépide, il attaquait avec un nouveau et encore plus long tisonnier en poussant d’horribles cris de guerre. Il était peut-être, malgré tout, plus dangereux qu’il n’en avait l’air. Le premier tisonnier l’incitait à une certaine prudence, et l’ours commença presque imperceptiblement à lâcher pied devant Siverts.
- Fous le camp, petite merde !

Faut que je m'y remette à ces racontars !   

Heyoka a écrit:

Faut que je m'y remette à ces racontars !   

  
Les Racontars devraient être remboursés par la sécurité sociale !

eXPie a écrit:

Heyoka a écrit:

Faut que je m'y remette à ces racontars !   

  
Les Racontars devraient être remboursés par la sécurité sociale !

Oui ! D'ailleurs je n'ai pas payé le 1er opus   

Heyoka a écrit:

eXPie a écrit:

Heyoka a écrit:

Faut que je m'y remette à ces racontars !   

  
Les Racontars devraient être remboursés par la sécurité sociale !

Oui ! D'ailleurs je n'ai pas payé le 1er opus   

  

Des racontars arctiques

Ce livre contient  :
La vierge froide et autres racontars
Un Safari arctique
La passion secrète de Fjordur
Un curé d'enfer

Un gros volume de près de 600 pages qui rassemblent les quatre premiers tomes des racontars. Que dire ? Je me permets de citer Animal qui a dit l'essentiel :

animal a écrit:

Les parfumés en ont déjà bien parlé et je n'ai plus grand chose à ajouter sur cette petite suite de petites histoires saugrenues, démesurées, entrainantes, graves et rigolotes. Tout un programme.

Si vous vous retrouvez à avoir besoin de dépaysement, d'une pause, de changer d'air, de vous remettre les idées en place : ça a été écrit pour vous. ça met de bon poil et ses trappeurs sauvages sont attachants (et très carnivores).

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C'est une lecture rafraîchissante, drôle et plutôt saine. On s'attache peu à peu aux héros, qu'on apprend à connaître et que l'on voit évoluer. C'est peut être pour cela que j'ai le plus apprécié le deuxième et troisième volume, le premier pose un peu les bases, et le quatrième est un peu trop pour moi (l'histoire du boa par exemple). Mais peut être que je saturais, quatre d'un coup, cela fait quand même beaucoup.

Je vais sûrement y replonger un jour prochain....

Arabella a écrit:

Mais peut être que je saturais, quatre d'un coup, cela fait quand même beaucoup.

C'est possible...
Mais c'est très agréable de retrouver les personnages, de les voir évoluer, de voir qu'une anecdote est reprise dans une autre nouvelle, parfois..
Je préfère nettement Riel à Paasilinna, par exemple.

Même Arabella a aimé les Racontars !
Il fait vraiment que je m'y remette.

eXPie a écrit:

Arabella a écrit:

Mais peut être que je saturais, quatre d'un coup, cela fait quand même beaucoup.

C'est possible...
Mais c'est très agréable de retrouver les personnages, de les voir évoluer, de voir qu'une anecdote est reprise dans une autre nouvelle, parfois..
Je préfère nettement Riel à Paasilinna, par exemple.

Moi aussi je préfère cela à Paasilinna, même s'il y a quelque chose qui peut les rapprocher.

Heyoka a écrit:

Même Arabella a aimé les Racontars !
Il fait vraiment que je m'y remette.

Et oui. En fait, j'avais déjà lu La vierge froide il y a des années, et me disais qu'il faudrait m'y remettre, et il y a quelques mois j'ai acheté un gros volume avec les quatre premiers tomes. Et comme je l'ai dit plus haut, le 2 et le 3 sont plus prenants et plus drôles que le premier. Donc il faut que tu t'y remette.   

Arabella a écrit:

Moi aussi je préfère cela à Paasilinna, même s'il y a quelque chose qui peut les rapprocher.
 

Ah oui : des gens qui picolent comme des oufs. Mais la picole chez Paasilinna est parfois solitaire, et au mieux à deux, tandis que chez Riel, la picole est conviviale, les voisins les plus proches (ceux qui ne crèchent qu'à cent ou deux cents kilomètres) viennent faire une visite de courtoisie, et on sort le pinard arctique (et millésimé) ainsi que d'autres liquides plus alcoolisés encore...

Arabella a écrit:

Et oui. En fait, j'avais déjà lu La vierge froide il y a des années, et me disais qu'il faudrait m'y remettre, et il y a quelques mois j'ai acheté un gros volume avec les quatre premiers tomes. Et comme je l'ai dit plus haut, le 2 et le 3 sont plus prenants et plus drôles que le premier. Donc il faut que tu t'y remette.   

T'as même pas la décence d'attendre 48h avant de me pousser au crime !

Heyoka a écrit:

T'as même pas la décence d'attendre 48h avant de me pousser au crime !

Je profite de ton retour ! Pense à toutes les tentations auxquelles tu as échappées.   

Arabella a écrit:

Je profite de ton retour ! Pense à toutes les tentations auxquelles tu as échappées.   

Quelque chose me dit que je vais très vite rattraper mon retard.  

(réflexion faite, je vais attendre, je viens de voir la couverture de Un Safari arctique   )

(elles sont bien les couvertures je trouve).