La journée de la jupe [Jean Paul Lillenfeld]

aériale a écrit:

Oups! c'est vrai..j'avais dit que je n'en parlais plus...mais vous devez comencer à me connaître

Tu prends le risque qu'on te réponde...

Et bien, je ne pensais pas que la jupe d'Adjani vous avait mis dans un tel état!
Faire interpréter Molière avec un flingue moi ça ne m'a pas déplu parce que les mômes, au fond, concentrés ici avec des problèmes ciblés mais récurrents (tant pis s'il y a des clichés, de toute façon n'est-ce pas la carte scolaire qui favorise la concentration de ces problèmes?), méritent bien aussi d'y accéder, à Molière. Dans un monde crasse où la plus haute autorité de l'état prétend que lire La princesse de Clèves n'est vraiment pas utile à "certains"!
C'est plutôt une réussite (j'aimerais bien savoir ce qu'en ont pensé les ados). Le pétage de plomb de la prof s'inscrit bien en parallèle du système et je trouve in dé cent que ce film ne soit pratiquement pas passé en salle, alors que la version clean du prof copain mais qui prend si peu de risque d'Entre les murs nous a été servi & resservi sur les plateaux tv.
Adjani a eu le courage de s'engager avec excès, un excès nécessaire si on veut sortir des mômes de leur ghetto (mais le veut-on vraiment).
Pour le port de la jupe : moi, je ne connaissais pas ce nouveau machisme consistant à traiter les filles de putes et c'est la première fois que je le voyais évoquer. Un recul qui dérange quand même non? Si on a limite envie de faire entrer les flics dans certains établissements, c'est bien parce que personne n'ose traiter de face la question de cette régression, ni le cadre enseignant qui a les foies, ni les assos, ni les syndicats!
Le cinéma, c'est ça aussi : une page d'un problème social & culturel que seuls les imbéciles vont généraliser alors que les problèmes cités condensés là par le système rend tout le monde perdant.
Bravo Lilienfeld, bravo Adjani!

C'est un film qui a vraiment divisé.
Pour preuve, Isabelle Adjani est nominée comme meilleure actrice aux Césars... et comme pire actrice aux Brutus (les récompenses du pire du cinéma français).
Pour ceux intéressés par les nominations des Brutus (c'est toujours rigolo, le "pire" du cinéma), on peut les retrouver ici.

J'avais bien aimé quand il est passé sur Arte. C'est peut-être un film imparfait mais c'est un vrai coup de poing et je comprends la réaction de Domreader.
Il est très intelligent et le personnage de Berroyer n'est pas si caricatural que cela. Il suffit de regarder comment certaines directions de collèges et de lycées réagissent face aux problèmes de violence.

Je viens de regarder ce film. J'avoue que je suis assez partagé.

Juste serait le mot qui me vient à l'esprit pour tout ce qui concerne le huis clos dans le théâtre. Oui, les ados développent ce qui peut nous apparaître comme des clichés ; mais malheureusement, pour tout ce qui concerne le langage et la violence entre eux, pas tant que ça. Juste et fort pour tout ça, le pétage de plomb de la prof, son raccrochage pathétique à son cours sur Molière...

Faux pour tout l'entourage, la caricature des collègues (tous), les forces de l'ordre, la ministre....

Surtout, le film ne s'enlise pas. Il n'évite pas les clichés, mais il ne s'enlise pas. Jusqu'à la scène au téléphone entre Adjani et son père qui peut-être est la scène la plus juste du film.
Jusqu'à la réaction de l'élève : "Madame, pourquoi vous ne nous avez pas dit que vous étiez..."
"Quoi ? Un prof de Français, voilà ce que je suis !"

Un plus aussi à la musique, quasiment absente de tout le film et qui apparait à la fin.



Juste un mot sur la situation de départ. Je n'ai jamais vécu perso, mais en observation dans un collège, au fond de la classe, j'ai assisté à un cours de Français de deux heures, et, malgré les clichés que tout le monde cite, c'était à peine moins que dans le film. J'étais sorti de là dans un état de tension.

J'ai personnellement beaucoup aimé ce film. Adjani joue avec ses tripes, cela change de cette froideur distante elle campe un personnage désespéré, un peu pathétique mais dans le sens noble du terme, perdue qui s'accroche à ce qu'elle peut, son éducation.
En face des jeunes déglingués par leur envrionnement, coupables de ne pas se battre ou alors dce mal le faire. Les jeunes jouent mal ? Eh bien justement c'est pour moi un atout pour deux raisons : la première cela rajoute une sorte de maladresse dans une situation incontrôlable ce qui rend cette dernière encore plus cohérente. Ensuite car on peut y voir une image : la prof accomplie, en bout de course joue parfaitement son rôle, les élèves eux en plein crise de connaissance d'eux-mêmes cherchent leur identité comme les acteurs cherchent leur jeu.
Le proviseur est crédible, j'ai pour ma part toujours rencontré ce type de proviseur. Les autres professeurs qui échouent sans se l'avouer sont aussi trés réalistes.

Cette histoire peut arriver partout, elle est actuelle et crédible, et au risque de paraître immoral, ce serait peut être positif qu'elle survienne pour ainsi décclencher un électrochoc : l'éducation nationale échoue, et le lien social davantage encore.

Kierkegaard a écrit:

Cette histoire peut arriver partout, elle est actuelle et crédible, et au risque de paraître immoral, ce serait peut être positif qu'elle survienne pour ainsi décclencher un électrochoc : l'éducation nationale échoue, et le lien social davantage encore.

Notre société échoue. L'éducation nationale suit le mouvement sans trop pouvoir y faire grand chose. Sans doute n'a-t-elle pas su muter au moment voulu. Mais plus ou moins on lui demande de tenir un rôle qu'elle n'a jamais tenu. Ce film peut jeter un éclairage sur le lien social, très peu sur l'éducation.