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Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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Sujet: LA PHARE DU BOUT DU MONDE. Mar 10 Sep 2013 - 11:11
Quelques cartes pour compléter les commentaires de Cachemire et d´Harelde sur ce roman.
Cachemire a écrit:
Très agréable à relire à l'âge adulte, surtout en vacances au bord de la mer!
C´est ce que j´ai fait!
Le phare du bout du monde : belle leçon de géographie, et remède à mes eternels besoins de dépaysement et d´air frais ! Patagonie, Terre de feu, Ushuaia, Cap Horn: trois voies possibles pour passer d´un océan à l´autre. Classique Détroit de Magellan, ou plus au Sud, le passage de Beagle par le Détroit de Lemaire, dont l´entrée est annoncée par le phare de l´Île des Etats (le phare du bout du monde) chargé de guider les navires d´Est en Ouest, si l´on veut éviter la mer trop démontée du cap Horn, dernier passage plus au Sud, mais déjà l´Antarctique, la banquise, les températures les plus froides de la terre et cette dangereuse zone de collision des deux océans. Des pillards qui vivent cachés sur l´île ont attaqué les gardiens du phare, et leur férocité va encore en rajouter à la sauvagerie de la géographie. Ils ont éteint le phare et les bateaux chercheront vainement le halo lumineux dont la présence est indiquée sur les cartes maritimes. Les navires désorientés se fracasseront sur les récifs de ces côtes déchiquetées. Les marins noyés dans la tempête, il ne reste plus qu´à attendre une accalmie pour s´emparer de la cargaison des navires éventrés sur quelque éperon rocheux ou banc de sable. Le lecteur est attrapé entre ouragans magallaniques, terribles houles et diaboliques déferlements. Le phare était là pour éviter les catastrophes, son extinction deviendra piège infernal. Mais nous sommes dans le monde de Jules Verne, et le couple formé par Vasquez, l´un des gardiens abandonné à son sort ( il a assisté impuissant au massacre de ses deux compagnons) et le capitaine américain, John Davis, miraculeusement sauvé du naufrage de sa frégate, deviendra rapidement l´union de deux héros pleins de ressources, bravoure, capables d´allier dès le début de leur fortuite rencontre leur grande expérience de la mer, leur faculté d´ adaptation pour survivre dans un monde hostile et l´extrême sagacité dont ils font preuve afin de déjouer les plans des pirates et de pouvoir reprendre à eux seuls, la situation de l´île en main.
GrandGousierGuerin Sage de la littérature
Messages : 2669 Inscription le : 02/03/2013
Sujet: Re: Jules Verne Mar 10 Sep 2013 - 12:46
@Swallow : quelle bonne idée de lire ou relire du Verne ! Surtout si on a la chance d'avoir une édition dans la collection Hetzel ...
Spoiler:
Pas mon cas malheureusement ...
Harelde Zen littéraire
Messages : 6465 Inscription le : 28/04/2010 Age : 49 Localisation : Yvelines
Sujet: Re: Jules Verne Ven 21 Mar 2014 - 10:59
Le volcan d’or
Après les ruées vers l’or qu’ont connu la Californie (contée le roman de Blaise Cendrars « L’or »), l’Australie et le Transvaal, c’est au tour du Klondike de voir affluer d’innombrables prospecteurs de tout poil. De 1897 à 1899, cette contrée hyperboréenne à l’ouest du territoire du Yukon au Canada et jouxtant l’Alaska, voit sa population exploser : Dawson City, sa capitale, passe en effet du modeste camp de pêcheurs jusqu’en 1896 à une ville surpeuplée de 40.000 habitants en 1898 (avec tous les problèmes, notamment d’hygiène, que cela entrainent). Et chose curieuse – qui n’est peut-être qu’une coïncidence –, le premier prospecteur à avoir trouvé de l’or et déclenché la ruée se nommait Ms Donald.
Loin de ce tumulte, Summy Skim et son cousin germain Ben Raddle coulent des jours heureux entre leur maison du centre de Montréal et leur vaste propriété agricole de Green Valley. Ils sont raisonnablement riches : sans être millionnaires, ils sont suffisamment à l’aise pour vivre agréablement de leurs rentes. Si cette vie dépourvue d’aléa convient parfaitement à Summy passionné de chasse et de tranquillité, son cousin – ingénieur de son état – tient moins en place.
Lorsque les deux hommes apprennent qu’ils héritent d’un claim (une parcelle d’exploitation minière) aux confins du pays, leurs réactions divergent donc : Summy est mécontent de voir sa vie paisible bouleversée tandis que Ben est enthousiaste. Des discussions qui s’ensuivent, Ben sort vainqueur : les cousins feront le voyage jusqu’au Klondike afin d’estimer la valeur de leur héritage et le vendre au meilleur prix. C’est à cette seule condition de rentrer promptement que Summy accepte de partir. Mais l’adjectif « prompte » doit évidemment être relativisé, car de Montréal, via Vancouver, Stagway et Dyea, deux mois sont nécessaire aux cousins pour atteindre Dawson City après un périple épique qui n’est pas à piquer des hannetons. Périple qui a également eu l’avantage de mettre les deux hommes en relations avec deux jeunes filles (cousines germaines et célibataires elles-aussi, cela va de soi) : Jane et Edith Edgerton.
Bien évidemment, l’enthousiasme de Ben s’est encore accru au fur et à mesure que le duo approchait du but. De curieux, il devint tout bonnement toqué : la fièvre de l’or est contagieuse. Et comment se faire une meilleure idée de la valeur de leur bien qu’en l’exploitant durant le temps de la vente ? Vente qui se voit d’ailleurs retardée par une contestation quant à l’emplacement exacte de la frontière américano-canadienne : le claim dont les deux hommes ont hérité pourrait bien changer de pays si la ligne séparant les deux états, arbitrairement placée sur le 141e parallèle ouest, avait mal été transcrite sur le terrain.
Ce contretemps sert les intérêts de Ben et exaspère Summy, impatient de regagner son havre verdoyant. Contre toute attente, le claim qu’ils commencèrent à exploiter se révéla intéressant. De quoi revoir à la hausse le prix de vente escompté par les héritiers. Intérêt qui s’accru encore lorsqu’un filon d’une grande richesse fut découvert. Ben, avide de richesses, travaillait sans compter. Son cousin, tout à son abnégation, demeurait de marbre face à cet or dont ses mœurs casanières n’auraient su dépenser.
La fortune des deux hommes étaient faite lorsqu’un tremblement de terre modifia le cours de la rivière Forty Miles Creek : l’exploitation aurifère se retrouva engloutie sous plusieurs mètres d’eau glacée : gisements, installations, matériel et stocks d’or déjà récoltés furent emportés. Ben, blessé, admit alors son échec pour la plus grande satisfaction de Summy. Mais le retour au bercail devait pourtant attendre sa complète guérison. Guérison qui n’interviendrait pas avant l’automne, soit bien après l’embâcle des lacs et des cours d’eau ainsi que la fermeture des cols. La route du retour était coupé jusqu’au printemps.
L’hiver fut rude. Sur le plan climatique évidemment (Dawson City n’est qu’à deux degrés sous le cercle polaire), mais aussi en événements : au cours d’une sortie le long du Yukon pris dans les glaces, les cousins découvrirent dans la neige un homme mourant. Transporté immédiatement à l’hôpital, l’homme confia son secret aux deux cousines et aux deux cousins qui prenaient soin de lui : la découverte d’un volcan sur les bords de l’Océan arctique dont le cratère est empli d’or. La merveilleuse légende du volcan d’or connue de nombreux mineurs venait de se matérialiser sous la forme d’une carte et de coordonnées géographiques.
Les yeux de Ben s’allumèrent à nouveau à l’inverse de ceux de Summy qui comprit que le retour serait vraisemblablement ajourné au-delà des premiers jours du printemps…
Avec ce grand roman d’aventure, Jules Verne témoigne des conditions de vie effroyables des prospecteurs. Certains d’entre eux n’arrivaient jamais à destination, terrassés par les privations, la misère et les périls du voyage. Une fois sur place, il leur fallait ensuite trouver une place libre, payer une fortune pour acquérir le droit de s’y installer et de l’exploiter. Ceux qui n’en avaient pas les moyens se contentaient de se louer et travaillaient pour les autres. Puis bosser au-delà de ses forces dans l’espoir de découvrir quelques paillettes dorées qui seraient aussitôt converties en whisky ou en femme de petite vertu. La fortune se dérobait à la plupart d’entre eux. Quelques-uns se résignaient et repartaient vers l’inconnu. D’autres s’enrageaient et s’épuisaient : beaucoup mouraient alors, terrassés par le typhus qui décimait les rangs, ou par les inévitables accidents.
Les plus malins ne cherchaient pas l’or mais montaient un commerce quelconque et attendaient gentiment que les prospecteurs viennent dépenser leur pécule. Comme le dit l’écrivain par le truchement de l’un de ses personnages, l’or du Klondike reste au Klondike. Les prix prohibitifs ne laissent en effet aucune chance aux orpailleurs de s’enrichir.
Comme de coutume dans les romans de Jules Verne, les informations géographiques, climatiques, faunistiques abondent. Certaines tombent justes, d’autres non : la région, particulièrement dans sa partie la plus septentrionale, étaient encore largement inconnue à la fin du XIXe siècle. Certaines suppositions de l’auteur qui n’avait évidemment jamais trainé ses guêtres dans le secteur se sont révélées fausses : l’embouchure unique du fleuve Mackensie qui se révéla en fait être un immense delta, les immenses forêts que Jules Verne avaient imaginé largement répandues jusqu’au littoral en lieu et place de la toundra arctique qui couvre en réalité le nord du Canada… Mais ces détails n’ôtent rien à la magie de l’aventure. Jules Verne n’a pas terminé de nous faire rêver.
colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
Sujet: Re: Jules Verne Jeu 31 Juil 2014 - 10:25
Une petite illustration pour le plaisir...
Illustration pour "De la Terre à la Lune"
kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
Sujet: Re: Jules Verne Mer 15 Oct 2014 - 6:45
La ville de Nantes met la main sur un faux Jules Verne
Citation :
L'Etoile du Sud avait été écrit par Paschal Grousset.
Le manuscrit de L'Etoile du Sud va être racheté par la ville de Nantes pour la modique somme de 260 000 euros. Si l'ouvrage fut attribué à Jules Verne, l'histoire venait en réalité d'un certain Paschal Grousset qui collabora de temps en temps avec l'auteur de Vingt mille lieues sous les mers.
Arrivé de Londres en février 1881, le roman L'Etoile du Sud avait été reçu par l'éditeur Hetzel. Il fut remanié quelque peu par Jules Verne qui y apposa sa signature avant que l'ouvrage ne paraisse dans Le Magasin d'éducation et de récréation de janvier à décembre 1884, et en volume en novembre 1884, rapporte Ouest-France.
C'est donc en quelque sorte d'un faux que va s'emparer la ville de Nantes. Le texte vient d'un personnage d'origine corse qui, pour sa participation à la Commune, fut déporté en Nouvelle-Calédonie. De là il réussit à s'enfuir puis fit le choix de s'établir à Londres afin de pouvoir continuer à défendre ses idées.
source
colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
Sujet: Re: Jules Verne Dim 3 Mai 2015 - 21:06
Michel Strogoff (1876)
Je n’ai pas réussi à apprécier ce roman. Il nous transmet sans doute des informations très intéressantes sur la Russie et peut-être même étaient-elles encore pertinentes au 19e siècle, mais si on se penche sur Michel Strogoff uniquement pour le côté didactique, autant lire des récits documentaires.
Pour le reste, rappelons-nous que la télévision n’existait pas encore à l’époque de Jules Verne et que celui-ci a essayé de rendre des tableaux vivants des lieux traversés. Les descriptions sont donc longues et ennuyeuses pour ceux qui ne les aiment pas, et desservent de toute façon les personnages qui font pâle figure à côté.
Je suis tout à fait consciente que ce roman pourra plaire à ceux que le style de Jules Verne ne rebute pas. Ça n’a pas été mon cas.
Citation :
« La Russie asiatique ou Sibérie couvre une aire superficielle de cinq cent soixante mille lieues et compte environ deux millions d’habitants. Elle s’étend depuis les monts Ourals, qui la séparent de la Russie d’Europe, jusqu’au littoral de l’océan Pacifique. Au sud, c’est le Turkestan et l’empire chinois qui la délimitent suivant une frontière assez indéterminée ; au nord, c’est l’océan Glacial depuis la mer de Kara jusqu’au détroit de Behring. Elle est divisée en gouvernements ou provinces, qui sont ceux de Tobolsk, d’Yeniseisk, d’Irkoutsk, d’Omsk, de Iakoutsk ; elle comprend deux districts, ceux d’Okhotsk et de Kamtschatka, et possède deux pays, maintenant soumis à la domination moscovite, le pays des Kirghis et le pays des Tchouktches. Cette immense étendue de steppes, qui renferme plus de cent dix degrés de l’ouest à l’est, est à la fois une terre de déportation pour les criminels, une terre d’exil pour ceux qu’un ukase a frappés d’expulsion. »
Citation :
« Un courrier seul pouvait remplacer le courant interrompu. Il faudrait, à cet homme, un certain temps pour franchir les cinq mille deux cents verstes (5,523 kilomètres) qui séparent Moscou d’Irkoutsk. Il devrait, pour traverser les rangs des rebelles et des envahisseurs, déployer à la fois un courage et une intelligence pour ainsi dire surhumains. Mais, avec de la tête et du cœur, on va loin ! »
Illustrations de Jules Férat
Le champ de bataille de Kolyvan.
Le cheval, taonné par ces venimeux diptères.
Une immense clarté dissipa les ombres de la nuit.
GrandGousierGuerin Sage de la littérature
Messages : 2669 Inscription le : 02/03/2013
Sujet: Re: Jules Verne Lun 4 Mai 2015 - 19:04
Michel Strogoff ... J'avais bien aimé aussi bien la BD que la série ... Et j'avais vécu, lu et vu tout cela à peu près en même temps ... Souvenir inestimable de jeunesse
Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Jules Verne Lun 4 Mai 2015 - 19:13
Jules Verne a été l'un des auteurs chéris de mon enfance....
Coli, tu est trop grande pour le lire maintenant.
Maline Zen littéraire
Messages : 5239 Inscription le : 01/10/2009 Localisation : Entre la Spree et la Romandie
Sujet: Re: Jules Verne Lun 4 Mai 2015 - 21:57
Arabella a écrit:
Jules Verne a été l'un des auteurs chéris de mon enfance....
Coli, tu est trop grande pour le lire maintenant.
Mais non, mais non, coli, faut pas croire ce qu'écrit Arabella, elle est tout simplement jalouse que tu vas découvrir un fabuleux conteur d'histoires. Elle, comme moi, l'avons fait dans notre enfance et Jules Verne a été la cause de bons rêves autant que d'horribles cauchemars (j'en ris aujourd'hui mais dans le temps penser rester enfermée dans un sous-marin " vingt mille lieues sous les mers " )
colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
Sujet: Re: Jules Verne Dim 10 Mai 2015 - 21:32
Je suis peut-être bien trop grande, oui, mais si Juju avait été vraiment bon, il aurait su me rendre toute petiote à nouveau, non ?
ArturoBandini Sage de la littérature
Messages : 2748 Inscription le : 05/03/2015 Age : 38 Localisation : Aix-en-Provence
Sujet: Re: Jules Verne Dim 10 Mai 2015 - 22:23
Invité a écrit:
J'ai commencé le tour du monde en 80 jours, une littérature classique, très noble et prenante. C'est rare de nos jours, autant de perfection.
Pour l'avoir lu il y a un an ou deux, j'ai trouvé ça vraiment Jules Verne c'est tout de même assez pauvre au niveau stylistique, on est vraiment dans la description pure et dure, avec des phrases courtes sans fioritures, aucune envolée lyrique, rien. Je l'avais bien aimé gamin, mais aujourd'hui...
animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
Sujet: Re: Jules Verne Dim 10 Mai 2015 - 22:39
bah je pense que j'y retournerai un de ces jours, ne serait-ce que pour la capacité à raconter une histoire et l'exotisme. et parce que le fait de "lire une histoire" ça devient une forme d'exotisme de nos jours ?
Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Jules Verne Lun 11 Mai 2015 - 9:10
C'est sûr que l'on recherche pas le style ou la complexité psychologique des personnages quand on lit un Jules Verne. Mais comme le dit Animal, une histoire et une façon de voyager, dans l'espace et maintenant aussi dans le temps. Même si je n'en ai plus lu depuis longtemps, ses lires me laissent un souvenir inoubliable, et je sais que c'est aussi le cas pour d'autres lecteurs. et donc cela ne peut pas être un auteur à considérer avec légèreté. Même si cela ne marche pas pour tous les lecteurs, et qu'il vaut mieux l'avoir découvert jeune.
colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
Sujet: Re: Jules Verne Ven 15 Mai 2015 - 22:03
animal a écrit:
et parce que le fait de "lire une histoire" ça devient une forme d'exotisme de nos jours ?
Tout à fait. C'est l'expérience la plus bizarre de lecture que j'ai faite depuis longtemps avec le dernier Jules Verne.
Harelde Zen littéraire
Messages : 6465 Inscription le : 28/04/2010 Age : 49 Localisation : Yvelines
Sujet: Re: Jules Verne Ven 10 Juil 2015 - 10:15
Voyage au Centre de la Terre
Otto Lidenbrock, un célèbre géologue, professeur à l’Université de Hambourg – ville où il réside – rentre précipitamment chez lui. Amoureux des livres rares, il vient d’en dégoter un datant du XIIIe siècle écrit en runes islandaises. Polyglotte, le grand homme se lance aussitôt dans la contemplation de l’ouvrage.
Axel, son neveu, et le narrateur de cette merveilleuse aventure, entre dans le cabinet de son oncle qui – enthousiaste – lui montre le vieux bouquin. En le manipulant, une note s’en échappe. Elle aussi écrite en runes, elle semble postérieure au livre de trois siècles. Il est bientôt évident qu’elle contient un secret et que pour la lire, un code soit nécessaire.
On s’énerve sur cet écueil imprévu. On tempête. On vitupère. On s’arrache les cheveux. On maudit l’auteur. Notre égo en prend un sérieux coup. Et on menace de tout envoyer balader quand, par le plus grand des hasards, on découvre le pot aux roses.
La note est de la main de Arne Saknussemm, un célèbre savant islandais qui affirme être descendu au centre de la terre en entrant par la bouche d’un volcan de son pays. Le neveu se tape les cuisses : quelle galéjade, mon Dieu ! Mais son oncle mord aussitôt à l’hameçon. Ce que l’islandais du XVIe a réalisé, lui le professeur émérite du XIXe doit y parvenir également.
Et après de hâtifs préparatifs, tonton et neveu s’embarquent pour l’île scandinave… Voyage au Centre de la Terre est certainement l’un des romans de Jules Verne les plus connus. Passionnant, merveilleux, fantastique de bout en bout, il n’est toutefois pas le plus réaliste de ses écrits. Car même si à son époque Jules Verne ne pouvait pas tout connaître des entrailles de notre planète, l’écrivain s’est toutefois fait plaisir en inventant des détails pour le moins abracadabrants.
Ce grand roman d’aventures est un mélange de notes scientifiques sur les connaissances limitées de l’époque et d’élucubrations chimériques qui ne devaient déjà plus être crédibles en 1864. Car si l’enfant que je suis resté a été émerveillé par la progression des découvreurs dans le dédale des galeries souterraines, le lecteur que je suis devenu avec l’âge s’est un peu agacé des fadaises que l’écrivain y ajoutait. L’immense caverne contenant ce vaste océan peuplé de monstres antédiluviens est un poil ridicule. Tout comme ce radeau de bois qui remonte des heures durant le long d’une cheminée volcanique, propulsé par de la lave en fusion sans jamais prendre feu.
Mais on pardonne aisément à ce merveilleux écrivain qui nous a si souvent fait rêver. Et à condition de retrouver notre âme d’enfant crédule buvant les paroles de nos parents nous racontant des livres extraordinaires à l’heure du coucher, ce livre est un grand moment de littérature.
Quant à moi, la dernière page tournée, je me dit que Voyage au Centre de la Terre n’a pas gagné à être relu à l’âge adulte et que, décidément, je préfère ses romans plus réalistes comme « Les Enfants du Capitaine Grant » ou « Voyage et Aventures du Capitaine Hatteras » plus axés sur les découvertes géographiques que sur la fiction comme « De la Terre à la Lune ».