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Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
Sujet: Re: Kiyoshi Kurosawa Sam 8 Juin 2013 - 21:35
Shokuzai - Celles qui voulaient oublier
Citation :
Il y a quinze ans, quatre fillettes étaient témoins du meurtre d’Emili, leur camarade de classe. Incapables de se souvenir du visage du tueur, elles étaient menacées de pénitence par Asako, la mère de la disparue. Contrairement à Sae et Maki, Akiko et Yuka veulent oublier. Et la mère d’Emili, que cherche-t-elle encore après tout ce temps ?
Celles qui voulaient oublier ne sont pas à la hauteur de celles qui voulaient se souvenir. Autrement dit, la deuxième partie de Shokuzai est bien inférieure et déçoit après un premier segment de très grande qualité. Plusieurs facteurs entrent en ligne de compte : l'aspect plus réaliste et nettement moins original des histoires de "pénitence" des deux derniers témoins, ces fillettes devenues jeunes femmes, de l'assassinat de leur camarade de classe. Exit le fantastique et l'onirisme présents dans Celles qui voulaient oublier, Kurosawa semble bien moins inspiré et fait traîner en longueur des récits qui semblent banals eu égard à ce que l'on a vu précédemment. Le meilleur devait être pour la fin avec la résolution du mystère et la découverte du meurtrier. Le personnage de la mère de la victime reste toujours aussi fascinant mais à empiler les drames et créer de nouveaux rebondissements, le scénario finit par ressembler à un mauvais mélodrame, un soap opera qui se donne des allures de tragédie grecque. Que vaut véritablement la mini-série telle qu'elle a été présentée au Japon ? Sans doute mieux que l'impression finale de ces deux films dont on regrette qu'ils soient d'un niveau aussi inégal.
Avadoro Zen littéraire
Messages : 3501 Inscription le : 03/01/2011 Age : 39 Localisation : Cergy
Sujet: Re: Kiyoshi Kurosawa Jeu 13 Juin 2013 - 21:55
Shokuzai, celles qui voulaient se souvenir
Le découpage des deux parties peut apparaitre artificiel par rapport au projet initial de la mini-série, mais ce volet apporte beaucoup de satisfactions. Le style épuré et hypnotique de Kiyoshi Kurosawa interroge sans relâche des traumatismes, des souffrances et les tourments relationnels renforcent peu à peu un mystère, une étrangeté. La figure de la mère introduit une solitude figée, muette, qui révèle à chaque geste une angoisse permanente. Mis à part un symbolisme un peu excessif dans le premier récit autour des poupées, j'ai été touché par une intensité et une tension constantes. Un imaginaire refoulé hante chaque destin et construit une détresse qui ne peut trouver sa place.
Avadoro Zen littéraire
Messages : 3501 Inscription le : 03/01/2011 Age : 39 Localisation : Cergy
Sujet: Re: Kiyoshi Kurosawa Sam 15 Juin 2013 - 23:47
Shokuzai, celles qui voulaient oublier
Je suis en partie d'accord avec traversay. Les développements conservent tout de même un intérêt et j'ai été touché par le parcours de la quatrième jeune fille dont le caractère évoque une rupture de ton (dans la confrontation permanente). Le scénario parvient cependant difficilement à se renouveler et une lassitude fragilise l'édifice patiemment élaboré. La résolution finale autour de la mère de la victime est surtout frustrante. Elle dessine sa propre tragédie et laisse de côté tout ce qui a précédé. Des obsessions, des images tissent une continuité sans soutenir l'ambition d'une construction en miroir, par l'appropriation inégale d'un drame collectif.
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Kiyoshi Kurosawa Sam 29 Juin 2013 - 14:32
Shokuzai, celles qui voulaient se souvenir
Extra méga bien!! Quelle atmosphère! Kiyoshi Kurosawa est décidément un merveilleux cinéaste.
Je rejoins à 300% mes petits camarades. Ce film est tendu comme un thriller, dérangeant et mortifère comme un film d'horreur psychologique ou de fantômes (japonais bien sûr), d'un rythme lent et hypnotique qui fascine. Les images et le cadrage créent du mystère en permanence avec subtilité. La musique de Yusuke Hayashi, triste et discrète, est parfaite. L'espace urbain et les codes sociaux très bien restitués sans exotisme inutile. Et il y a surtout ce venin qui se distille dans chaque séquence en faisant surgir la perversité et la folie latentes à travers presque tous les personnages. Une sorte de bombe à retardement qui donne un constat effrayant des relations humaines. Ce contraste entre innocence perdue et névroses quotidiennes est sidérant. Je trépigne d'impatience de voir la suite ce soir. J'aurais pu les enchaîner sans problème... Courrez y!
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Kiyoshi Kurosawa Dim 30 Juin 2013 - 0:24
Shokuzai, celles qui voulaient oublier
Je n'ai pas trouvé qu'il y avait une telle baisse de régime pour ces 3 dernières parties. Le segment avec la jeune femme psychotique est dans la même tonalité que les précédents avec cette inquiétante étrangeté et cette perversité qui peut surgir à tout moment. On explore à travers elle un autre pan de la société japonaise avec le phénomène des Otakus et surtout des Hikikomoris dont certains sont manifestement des schizophrènes. La rupture de ton intervient avec la 4e jeune femme dans un registre presque burlesque de vaudeville. Sauf que la folie n'est jamais très loin sous la surface.
La véritable faiblesse relative me semble résider, comme le dit déjà Traversay, dans la résolution autour de la mère. Le scénario se fait alors très mélodramatique et tiré par les cheveux, excessif dans ses divers rebondissements. Mais il fallait bien culminer dans un bouquet final où la perversité atteindrait son paroxysme. Kiyoshi Kurasawa semblant nous dire à travers ce film que la société japonaise contient tellement ses émotions et codifie tellement les rapports humains qu'il ne peut qu'en résulter une brèche inquiétante pour libérer toutes les tensions et frustrations refoulées. Son constat est très morbide et le dernier plan en forme de limbes sonne comme un requiem sur les accords mélancoliques du thème musical principal.
L'ensemble a beaucoup d'allure et j'ai passé un très bon moment de cinéma.
Avadoro a écrit:
La résolution finale autour de la mère de la victime est surtout frustrante. Elle dessine sa propre tragédie et laisse de côté tout ce qui a précédé. Des obsessions, des images tissent une continuité sans soutenir l'ambition d'une construction en miroir, par l'appropriation inégale d'un drame collectif.
Pas tout à fait d'accord. Les 4 jeunes femmes ont revécu à leur manière des fragments du drame d'origine (celui de la mère dans sa globalité) et il y a un lien plus irrationnel qui sous-tend l'ensemble. C'est dans une certaine mesure aussi un film de fantômes. Ceux qui hantent nos souvenirs en tout cas.
Avadoro Zen littéraire
Messages : 3501 Inscription le : 03/01/2011 Age : 39 Localisation : Cergy
Sujet: Re: Kiyoshi Kurosawa Dim 30 Juin 2013 - 20:24
Je comprends ta position mais les caractéristiques du final (centré sur une intrigue policière avec une dimension presque didactique) affaiblissent à mon avis ce lien. Auparavant, la mère est elle-même un fantôme dans ses apparitions alors que la force d'un imaginaire se perd ensuite avec les méandres du récit.
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Kiyoshi Kurosawa Dim 30 Juin 2013 - 20:53
Avadoro a écrit:
Je comprends ta position mais les caractéristiques du final (centré sur une intrigue policière avec une dimension presque didactique) affaiblissent à mon avis ce lien. Auparavant, la mère est elle-même un fantôme dans ses apparitions alors que la force d'un imaginaire se perd ensuite avec les méandres du récit.
oui c'est vrai que le final est faible par cette surenchère trop explicative. On aimerait presque ne pas connaître l'identité de l'assassin et garder du mystère. L'impact aurait été plus fort même si le public attend souvent une résolution concrète.
Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
Sujet: Re: Kiyoshi Kurosawa Ven 12 Juil 2013 - 10:17
Celles qui voulaient oublier.
(Enfin, je trouve le temps de vous en dire deux mots).
Je suis Marko dans son avis. Je n'ai pas trouvé que ce second volet était moins fort que le premier. Cette perversité qui se distille tout le long du film est terriblement prenante. Perturbante. J'ai beaucoup aimé l'image de la femme-enfant-ours. J'étais fascinée par l'imbriquement des choses, le côté tragédie grecque et destinée maudite, mais un peu déçue par le final : une résolution trop sous forme de discours trop explicative. On a un peu l'impression d'être pris par la main, et qu'on nous apprend à décoder tout le film qu'on vient de voir. Déjà que le film est un chouia lent, là, il devient pesant et long. Dommage.
Reste que c'est un très beau film, avec des portraits de gens qui font frémir et qui n'en sont pas pour autant complètement condamnable (à part, un ou deux personnages). L'impression qu'aucun ne gère son existence, mais est soumis à des forces extérieures.
Ce sont deux films à revoir, l'un après l'autre (mes visions étaient trop espacées), tranquillement.
Invité Invité
Sujet: Re: Kiyoshi Kurosawa Mar 30 Juil 2013 - 12:29
J'ai beaucoup aimé Shokuzai, et je n'ai pas ressenti une rupture comme traversay et avadoro. Il faut dire que les distributeurs belges ont décidé de respecter la volonté du réalisateur en diffusant d'un coup le film dans son entièreté et je suis finalement très contente de l'avoir vu d'une traite. Il faut juste avoir du temps devant soi (4H30). A part cette non rupture de rythme en ce qui me concerne, je vous rejoins assez bien. J'ai été frappée aussi par la présence nombreuses de triangles relationnels (1° Le femme, l’homme et la poupée 2° La femme ours, son frère et la petite fille 3° La femme, sa sœur et son fiancé 4° La mère, le mari et l’ancien amant 5° La mère, l’amie et l’amant etc).
J'ai apprécié aussi le final, assez tarabiscoté mais tellement tragique que cela ne m'a pas dérangé du tout. Autant y aller à fond !
Maintenant, je dois voir ses autres films.
Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
J'ai enfin vu la première partie, que j'ai beaucoup aimé, mais j'attends de voir la deuxième, la semaine prochaine pour en parler dans la globalité.
Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
Sujet: Re: Kiyoshi Kurosawa Dim 24 Nov 2013 - 10:05
REAL (Vu au PIFFF. Pas de date de sortie officielle annoncée pour l'instant)
Une femme dans le coma. Après un an, solution de désespoir : son petit ami peut établir un "contact" avec elle par le biais de machines médicales sophistiquées. Koichi va donc entrer dans l'esprit d'Atsumi et tenter de la faire revenir.
Très vite, l'atmosphère est étrange. Évidemment, parce que Kioshi entre dans l'esprit d'Atsumi, mais aussi, quand il ressort, quand il retourne à la réalité. Celle-ci est "polluée" par des hallucinations, des distorsions dans la réalité. Kiochi est perturbé. Il guette, enquête, attend. Il cherche à retrouver un dessin réalisé par Atsumi quand ils étaient enfant : un plesiosaure. Atsumi lui a dit que de retrouver ce dessin ferait avancer les choses. Soit. Kiochi fait tout ce qu'il peut. Mais il y a cet enfant trempé qui apparaît partout où il va. Qui le regarde, muet. Lui montre des choses. L'accuse ou le soutient, on ne sait pas trop. On sait qu'il y a un secret (pourquoi Atsumi aurait tenté de se suicider ? Pourquoi dessine-t-elle des mangas si sombres ? Pourquoi ce plesiosaure ?).
Kurosawa s'intéresse une nouvelle fois au thème de la culpabilité. De l'affrontement de la mort, de son acceptation. De la force de l'amour.
Des moments de films impressionnants, avec des présences et des images qui frappent, perturbent, marquent. Une ambiance à la fois délétère et étouffante. Mystérieuse et effrayante.
Quelques longueurs, tout de même (2h). Peut-être parce qu'il n'y a pas beaucoup de suspens au final, ou parce que les personnages sont trop embourbés et n'avancent pas vite. Un rythme lent et onirique qui ne colle pas toujours très bien avec l'urgence de la situation.
Un film que j'ai trouvé bon mais imparfait.
eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Kiyoshi Kurosawa Dim 24 Nov 2013 - 10:21
Queenie a écrit:
REAL (Vu au PIFFF. Pas de date de sortie officielle annoncée pour l'instant)
Un nouveau Kurosawa, c'est bien, ça !
Heyoka Zen littéraire
Messages : 5026 Inscription le : 16/02/2013 Age : 36 Localisation : Suède
Sujet: Re: Kiyoshi Kurosawa Dim 24 Nov 2013 - 14:48
Deuxième trépignement.
Marie Zen littéraire
Messages : 9564 Inscription le : 26/02/2007 Localisation : Moorea
Sujet: Re: Kiyoshi Kurosawa Sam 18 Jan 2014 - 22:27
Fini donc la minisérie qui doit correspondre à ce que vous avez vu en deux parties. D'accord avec vous sur les quatre premières parties, et même si j'ai des préférences sur certaines,elles ont toutes un intérêt. La musique est effectivement excellente. Mais.. tout est gâché, à mon avis, par le dernier épisode.Qui n'a plus rien d'angoissant et qui tient du mélo ,elle m'a semblé d'une longueur infinie, c'est dommage parce que finalement, pourquoi ces explications ? Je pense que cette série aurait été beaucoup plus forte si justement on n'en avait pas eu, et que reste l'emprise ( ou non) de cette mère sur quatre petites filles qui ne se sont jamais remises du drame lui-même , de leur amnésie et de leur culpabilité de survivante.
Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
Sujet: Re: Kiyoshi Kurosawa Dim 19 Jan 2014 - 9:30
Complètement d'accord avec toi au sujet du Blabla explicatif, trop long et rébarbatif.