Jean Giono

Je ne connaissais pas du tout... ni par les livres, ni par le cinéma. On va commencer par regarder les films, puis on se lancera dans la lecture

Je suis allée lire cet entretien, et cela m'a déçu ...
Mais en vérité même si Giono renie presque ce livre, il n'empêche que moi je l'ai beaucoup aimé.
Il faut dire que le sujet me touchait ... il n'y a donc pas eu beaucoup à faire pour m'ébranler.

Par contre j'aime cette phrase là: "et que, malgré la guerre - j'avais à ma disposition toute l'artillerie de l'armée allemande pour le tuer - je ne réussissais pas à le tuer".
Son personnage le hante presque,il n'arrive pas à s'en défaire, la relation est bizarre non?
Mais bon, comment une telle période ne peut ne pas avoir laissé de séquelles...

Un bon site internet sur l'œuvre de Giono, intéressant parce que il y a des extraits de livres et des citations diverses.
SiteGiono

Lara a écrit:

Je suis allée lire cet entretien, et cela m'a déçu ...
Mais en vérité même si Giono renie presque ce livre, il n'empêche que moi je l'ai beaucoup aimé.

Ne soit pas déçue !
Giono ne renie pas ce livre, je ne pense pas, car il était vraiment pacifiste jusqu'à la moëlle (la guerre de 14 l'a véritablement traumatisé, il avait 20 ans, mettons-nous à sa place cinq minutes...). Je pense qu'il veut dire qu'il regrette de ne pas avoir réussi à mieux exprimer son refus total de la guerre - il ne veut pas dire que le livre est "raté" au niveau des idées, mais plutôt au niveau de l'écriture.

S'il est devenu plutôt négatif envers ses romans d'avant la guerre de 39, c'est parce que ceux-ci lui ont valu pas mal de déboires à la Libération ( l'idéal du retour à la terre et au monde paysan, que l'on retrouve dans Regain, les Vraies Richesses, ... était aussi présent dans le régime de Vichy...et beaucoup se sont empressés d'amalgamer Giono et pétainisme sans voir + loin que le bout de leur nez...)

Quand je dis "déboires"...c'est 5 mois de prison (qui se terminent par un non-lieu) + la mise à l'écart de la société littéraire française, jusqu'aux années 50 où il publie son Hussard et est en quelque sorte "réhabilité" !
On parle très peu du fait qu'il a hébergé, pendant l'Occupation, des juifs, des résistants et des réfractaires au STO...aussi je ne me prive pas de le rappeler !!

Enfin bref, tout ça explique qu'il a pris ses distances par rapport à ses premiers écrits...ce qui ne veut pas dire que ces livres soient mauvais ! (mal compris à une certaine époque, c'est tout)

Thérèse a écrit:

Lara a écrit:

Je suis allée lire cet entretien, et cela m'a déçu ...
Mais en vérité même si Giono renie presque ce livre, il n'empêche que moi je l'ai beaucoup aimé.

Ne soit pas déçue !
Giono ne renie pas ce livre, je ne pense pas, car il était vraiment pacifiste jusqu'à la moëlle (la guerre de 14 l'a véritablement traumatisé, il avait 20 ans, mettons-nous à sa place cinq minutes...). Je pense qu'il veut dire qu'il regrette de ne pas avoir réussi à mieux exprimer son refus total de la guerre - il ne veut pas dire que le livre est "raté" au niveau des idées, mais plutôt au niveau de l'écriture.

S'il est devenu plutôt négatif envers ses romans d'avant la guerre de 39, c'est parce que ceux-ci lui ont valu pas mal de déboires à la Libération ( l'idéal du retour à la terre et au monde paysan, que l'on retrouve dans Regain, les Vraies Richesses, ... était aussi présent dans le régime de Vichy...et beaucoup se sont empressés d'amalgamer Giono et pétainisme sans voir + loin que le bout de leur nez...)

Quand je dis "déboires"...c'est 5 mois de prison (qui se terminent par un non-lieu) + la mise à l'écart de la société littéraire française, jusqu'aux années 50 où il publie son Hussard et est en quelque sorte "réhabilité" !
On parle très peu du fait qu'il a hébergé, pendant l'Occupation, des juifs, des résistants et des réfractaires au STO...aussi je ne me prive pas de le rappeler !!

Enfin bref, tout ça explique qu'il a pris ses distances par rapport à ses premiers écrits...ce qui ne veut pas dire que ces livres soient mauvais ! (mal compris à une certaine époque, c'est tout)

Oui tu as raison. J'ai lu quelque part ces problèmes avec certaines personnes qui le taxaient de Pétiniste. Et je me doutais un peu des raisons de "sa prise de distance". Mais merci d'avoir aussi bien développer et je ne savais pas qu'il avait aider des juifs et résistants pendant la guerre, merci de le rappeler!
Je disais déçue, à cause du vif effet qu'avait eu sur moi ce livre en décalage avec les propos de l'auteur. Même si ceux-ci sont justifiés, cela a été ma première réaction. (c'est vrai que "renier", j'y suis allée un peu fort. XD)

Dis-tu as pris une jolie couleur jaune! ça se fête ça!!! Si tu vas au bar demande du champagne pr moi à Kenavo. ( moi je peux pas elle me surveille )

Assez peu lu Giono:Le chant du monde,Le grand troupeau et surtout Colline que j'ai lu plus récemment et plus aimé.

Ce fil me plaît beaucoup

Ça donne envie

Il me semble que la chanson de Brel et le film de Leterrier éclairent bien de leur noirceur l'univers de Giono.

Pourquoi faut-il que les hommes s'ennuient?

Lara a écrit:

Elise a écrit:

Pour moi Giono dépasse de loin le simple petit auteur régionaliste... C'est un des grands.

Tout a fait Élise!
Je suis heureuse, très heureuse que ce fil vous face autant plaisir!
Je lis tous vos commentaires et j'attends ceux de thérèse avec impatience.

J'aime aussi beaucoup Giono mais je n'ai qu'un regret: qu'il ait eclipsé Henri Bosco qui est pour moi un écrivain encore plus puissant et qui n'a toujours pas les honneurs de la Pléiade et surtout qui est largement plus méconnu du grand public. Quel malentendu!

Mais maintenant que j'ai presque fait le tour de l'oeuvre de Bosco, je vais pouvoir aller plus loin dans celle de Giono. Je suis vos conseils même si j'en ai quand même lu quelques uns (et pas des moindres).

Ca y est, je commence enfin Le Bonheur fou, ça a l'air copieux, je lis tout doucement (d'habitude, je dévore !) pour bien comprendre et bien profiter.
Je pense qu'il va me falloir plusieurs relectures et plusieurs interminables discussions philosophiques avec mon vieux père pour tout comprendre.
Mais je me régale !

C'est l'auteur qui m'a accompagné durant mes pérégrinations adolescentes me réfugiant dans la solitude de la pitié.
Le grand troupeau fut le détonateur de mon orientation professionnelle. À l'époque j'avais lu beaucoup de lui, même son Faust au village me plaisait.
Bêtement, je voulais ressembler à l'homme qui plantait des arbres.
J'ai retrouvé avec plaisir l'auteur lorsque mes enfants étudiaient un roi sans divertissement.
Désolé, pas de commentaire sur aucun des livres lus car cet écrivain est en moi, et je ne manque pas de le citer quand l'occasion se présente.

Oui, que ma joie demeure d'avoir lu la trilogie de Pan et surtout ce dernier opus. Etre entraîner sur les sentiers de la Provence de Giono a été un vrai plaisir. Sous chaque pierre, chaque caillou, chaque buisson de cet itinéraire se cache un émerveillement. Au delà de toute espérance ce dernier tome couronne magistralement une trilogie déjà bien engagée. Pour moi " Regain" en est le meilleur opus, même si les deux autres sont déjà extraordinaires. C'est toute une mythologie que Giono a mis en oeuvre, tout un Panthéon d'êtres incroyables de surprises, d'allégresse, cachées derrière la rudesse des hommes de l'époque. Sous couvert de dieu païen, comment ne pas voir dans " Regain" une allégorie chrétienne. La terre dénudée, oubliée qui devient par le truchement du destin une terre de lait et de miel. Comment ne pas voir dans la noyade de Panturle, une métaphore du baptême purificateur. Arsule la femme pècheresse qui devient rédemptrice et salvatrice. Les stigmates du travail sur les mains de Panturle sont sublimes de sacrifice annonçant le meilleur, l'enfantement. Une oeuvre courte mais évocatrice de sensations parfois oubliées. Une explosion d'odeurs, de couleurs, de sentiments avec l'apothéose de l'homme transformé, transfiguré pour un avenir radieux. On peut y voir un roman paysan, une contine rurale, mais diable, tant de symboles sont dissimulés dans ce livre que s'en est un plaisir d'aller les chercher, non pas entre les lignes, mais en soi. Ceci en fait un livre magnifique.

bix229 a écrit:

Je n' aime pas beaucoup le Giono du début, qui vaut plus par ses intentions généreuses que par un lyrisme un peu factice et qui donne dans le pitoresque.

Connais- tu le premier roman achevé de Jean Giono : Naissance de l'Odyssée ?

Comme beaucoup avant lui - notamment Ronsard, qu'il cite par deux fois dans son ouvrage, et Joyce dont il venait d'étudier l' Ulysse - Giono y «  revisite » l'Odyssée.
Déconstruisant l'épopée, Giono en retisse les fils avec fantaisie et malice, selon sa propre logique.
Il s'amuse à présenter un Ulysse craintif et volage, une Pénélope frivole et infidèle, privilégiant, en les accentuant, certains traits de la tradition antique. Son héros y invente «un beau mensonge» pour justifier une absence de dix ans. D'abord dépassé et terrifié par l'ampleur prise par ce mensonge qui sera amplifié par la force de l'imagination collective, il saura ensuite jouer consciemment de l'illusion.
Car, pour Giono, la naissance de l'Odyssée, c'est avant tout celle de la fiction.

Grasset refusa de publier ce roman qui sentait un peu trop «le jeu littéraire», et ce dernier ne put l'être qu'en 1930 , après le succès rencontré par Colline et Un de Beaumuges.

Personnellement, ce roman m'a enchantée et Je lui ai consacré une longue analyse sur mon blog : supprimé par modérateur

D' accord Emmanuelle, Naissance de l' ODyssée, j' ai noté !

Cela ne me surprend vu l'apprentissage de Giono. Il a essentiellement lu les anciens dans sa jeunesse, peut être s'agit-il d'un renvoi d'ascenceur.