Samuel Benchetrit

Pour répondre à Mordicus :

J'ai toujours rêvé d'être un gangster
Film français de Samuel Benchetrit (2008) avec Anna Mouglalis, Edouard Baer, Jean Rochefort, Jean-Pierre Kalfon, Laurent Terzief, Alain Bashung, Arno, Bouli Lanners, Serge Larivière
(1 h 48 )

Le film et mon avis :
Quatre sketches pour un film, une unité de temps et de lieu, c’est la structure choisie par Samuel Benchetrit pour son deuxième film. Il s’agit d’histoires tendres et drôles de braqueurs pas très doués, de kidnappeurs débutants ou de casseurs fatigués qui finissent par passer un moment ou un autre dans une cafétéria cernée de routes nationales et de lignes à haute tension…
Filmé en noir et blanc, dans des paysages de zones commerciales de banlieues déprimantes, sur un rythme souvent lent, parfois plus trépidant (si on peut dire ainsi…) ce film est réjouissant par les portraits de personnages tous plus décalés les uns que les autres qu’il propose. Les comédiens sont tous parfaits dans leurs rôles quelque peu excentriques…
C’est bien joué, bien filmé, la musique est choisie avec soin, les références sont nombreuses à d’autres films ou cinéastes : si vous aimez les films de Jim Jarmush ou d’Aki Kaurismaki, courez le voir, sinon, essayez quand même, vous ne serez pas déçus !

Désolée, pour insérer les images, je n'ai pas le temps d'étudier la question ce soir...

J'ai toujours rêvé d'être un gangster :

Le film est sorti en 2008. Avec des acteurs un peu décalés : Anna Mouglalis, Edouard Baer, Jean Rochefort, Jean-Pierre Kalfon, Laurent Terzieff, Venantino Venantini, Roger Dumas, Alain Bashung, Arno, Bouli Lanners...
Évidemment, il y a du Jarmush là-dedans…

Mais il vaut mieux, derrière la caméra, être enfant de Jarmush qu’enfant de Lévy et Musso non ?

Allociné aurait pu se donner la peine de fouiller davantage pour le résumé, mais il est vrai qu’un résumé n’est ni un commentaire ni une analyse :

Citation :

L'histoire d'un braqueur sans arme dont la victime est elle-même une braqueuse, armée. Deux kidnappeurs amateurs qui enlèvent une adolescente suicidaire. Deux chanteurs qui parlent d'un tube volé. Cinq septuagénaires qui se retrouvent pour un dernier coup...

sa BA, clic
-C’est pas vrai : il n’y a pas de suspens, pas de cascades, pas d’action, pas de poursuite et pas de règlements de compte : les flingues ne sont pas vrais et les chanteurs à la cafétéria n’ont rien à se dire. Tout ça c’est juste une toile singulière pour faire entrevoir un peu de soleil quand il pleut, des gueules géantes, des vieux qui se montrent plutôt que de se cloîtrer parce qu’ils sont vieux comme si quand on était vieux y avait plus de rêve.

Laissez passer ! ...

Chez Gino de Samuel Benchetrit

Citation :

Gino, installé depuis 30 ans à Bruxelles, tient une pizzeria de 3ème zone achetée avec les économies de son épouse Simone. Son morne quotidien, fait de disputes avec ses enfants, est bouleversé par la nouvelle de la mort prochaine de son oncle, mafioso napolitain.

Samuel Benchetrit a fait illusion, pas auprès de votre serviteur, avec J'ai toujours rêvé d'être un gangster, surchargé de références cinéphiliques. Avec Chez Gino, il touche le fond, empêtré dans un hommage pathétique à la comédie italienne. Les ringards qu'il décrit dans son film ne sont même pas sauvés par une éventuelle empathie de sa part, ils sont lourds et lamentables, et laissés à leur triste sort par le cinéaste. Ne lui faisons pas l'honneur de citer Scola qui, dans Affreux, sales et méchants, laissait deviner chez ses personnages un semblant d'humanité. Et puis, c'était drôle, très. Pas Chez Gino, qui est sinistre, très. L'histoire du film dans le film ne fonctionne pas du tout, et on ne fait plus la différence entre la nullité voulue et involontaire de l'entreprise. Ne parlons pas de navet, ce serait faire injure à cette plante potagère qui, elle, a du goût. Le plus triste est de voir José Garcia, qui n'en peut mais, et surtout la racée Anna Mouglalis, embarqués dans cette pitoyable galère.

Alors vous n'aimez pas?
Ce fil remonté est une redécouverte. En 2009 je misais beaucoup sur Samuel Benchetrit (qui écrit bien, aussi) et quand j'indiquais "Laissez passer", c'était en vue d'une grande autorisation de sortie vers un cinéma qui se respecte.
(à me relire je pense m'être mal fait comprendre)
J'ai toujours rêvé d'être un gangster révèle des références et un noir et blanc sur lequel les réalisateurs français ne se précipitent pas et le prix du meilleur scénario au Festival du film de Sundance en 2008 était mérité!
Alors prenez quand même un passeport pour le Benchetrit de 2008 : clic
La BA de Chez Gino ne donne pas envie, ok, mais qu'en est-il de La Marche des crabes et de Pierre Goldman?

Babelle, je connais pas le Benchetrit écrivain. Je n'avais pas du tout aimé J'ai toujours rêvé d'être un gangster, mais en revanche, son film précédent, Janis et John était bien. Pour ce qui concerne Chez Gino, je ne peux pas lui trouver de circonstances atténuantes. On verra bien, qui sait s'il ne se trouvera pas des défenseurs ?

Asphalte est ma meilleure surprise de ces dernières semaines. Benchetrit a adapté 2 ou 3 nouvelles de ses propres "chroniques de l'Asphalte", plus ou moins autobiographiques,  et il en résulte un petit miracle de film qui oscille entre décalage insolite, tendresse mélancolique et  poésie urbaine. 6 personnages vont se rencontrer 2 par 2 et rompre leur solitude le temps d'une parenthèse enchantée à la fois drôle et émouvante. C'est délicat, juste, toujours étonnant avec simplicité.
L'action se situe dans un même immeuble de banlieue et ses proches alentours. On croit commencer chez Kaurismaki ou Roy Andersson puis croiser la route du Mommy de Xavier Dolan et on se retrouve finalement  sur la planète bien plus modeste de  Benchetrit qui n'a pas d'équivalent. Les acteurs sont merveilleux. Un régal.