De mon côté j'ai lu 3 livres d'elle.
Luna park,
Les manigances et
Le cheval Blanc.
Là, je sors du
cheval blanc, j'ai donc plus de facilité à en parler.
Dans ce livre, on suit la vie de Michel Vigaud à partir de ses 10 ans jusqu'à sa mort .
Au départ j'ai eu du mal à me sentir proche de cet étrange héros. On ne rentre pas souvent dans sa tête, il reste lointain et quelque peu étranger. Celui-ci vit une passion exclusive avec sa mère, n'ayant plus de père.
"C'est à peu près à cette époque que le père de Michel mourut, quelque part derrière les océans.
Julia, qui avait déjà goûté à l'opium de son vivant, était maintenant prête à y sombrer. La vie nomade commença. Sa seule discipline était Michel, il était toute sa vie intime, la seule raison de ne pas se laisser définitivement, de ne pas en finir. Elle tenait les hommes qui l'accompagnaient dans la vie à l'écart de Michel, elle-même les acceptait en les remarquant à peine: c'était une femme d'un seul amour"
Michel ne se lie à personne, c'est un solitaire, d'ailleurs il décide de prendre la fuite et à 16 ans s'embarque comme mousse.
"La fidélité de Michel à sa mère était telle qu'il ne se lia d'amitié avec personne au collège, il ne laissait personne pénétrer dans son coeur où brûlait le feu d'une adoration perpétuelle."
Il rencontre plus tard Alfredo à Paris et une étrange relation s'établit entre eu.
"Alfredo eut pour Michel une véritable passion, que Michel était loin de partager. Mais, peu à peu, il prit l'habitude de la compagnie d'Alfredo, de son étonnante souplesse, qui lui permettait d'épouser le caractère de n'importe qui, de sa réelle bonté, de sa perpétuelle bonne humeur et de son admiration pr Michel..."
C'est que Michel est beau, il possède un aura qui attire à lui des passions en nombre impressionnant.
Et puis sa mère meurt... Et pour la première fois il se heurte à une réalité.
"A partir de maintenant il allait toujours faire nuit, Michel se sentait pris au piège, le couvercle retombait sur lui avec un grand bruit de roues et de pluie..."
Mais non, Michel se remet, il est d'une autre race celle des chevaliers sans peur et sans reproche, il vit une vie de femmes, de musique, de voyage. Il couche avec Hélène une artiste.
"Hélène croit que je n'aime rien, pensait-il, j'ai oublié de lui dire que j'aime marcher sur le routes... J'aimerai marcher sans fin, aller d'un côté et de l'autre..."
Oui, Michel est incapable de se fixer quelque part de s'attacher, incapable de se lier à quelqu'un, éternel insatisfait, un rien change ses sentiments. Et c'est pour ça qu'il abandonne Hélène avec une dureté et une méchanceté dont lui même ne se rend pas compte. Car il le dira lui même par la suite, il est irresponsable, mais d'une irresponsabilité touchante, de celle des enfants...
Il se croit un héros. Vagabond il erre traversant la France, les différents milieux sociaux, de la province à Paris, ainsi il voit les différentes facette de la vie.
Il veut un amour idéal, et qui pourtant est toujours malheureux... Il ne sait pas aimer.
Il rêve comme rêve les mômes:
"Tout autour c'est la plaine déserte, on n'entend que le sifflement des serpents dans le fossé qui entoure la ville... La Belle, qui se penche du haut de la tour, a de longues tresses blondes qui se balancent devant les créneaux. La perspective n'y est pas; il ne devrait pas distinguer en détail les tresses de la Belle, et les pierreries de sa robe de velours... Et la preuve, il ne voit pas son visage... Mais elle est blonde comme la princesse Marina Du Bad K..., un blond-argent, pas en blond d'or, comme Hélène. Il entrerait en ville sur son cheval blanc, oui, il aurait changé de cheval entre temps, les femmes lui jetteraient des roses... Mais avant de trouver cette ville, il l'aurait cherchée longtemps, très longtemps, il faut faire durer le plaisir. Je me vois délivrant Hélène! Il n'y a plus de villes à délivrer, pluie de dragons... Heureusement qu'il y a encore des routes..."
Le cheval blanc, il lui ressemble tellement, il a ses traits de caractère, fougueux, indépendant, noble, instable, séduisant.
Et les femmes se succèdent au grès de ses voyages. Irène "la blonde à oxygène", la châtelaine, mais "elle ne lui plaisait pas, il n'aimait pas cette beauté composée, la perfection de la toilette, de la coiffure, du fard. (...) En la regardant il en arrivait à souhaiter une faute de goût quelconque, ça l'aurait soulagé..."
Mais Irène est tenace. Les scènes sont terribles, elle s'accroche; pcq lui dit-elle."Michel tout le monde est fou de vous"
Mais ce dernier cède à ses propres pulsions et s'en se rendre compte de la porté de ses actes, rompt. La suite est inexorable. Irène se suicide.
Mais il n'y a pas qu'elle qui devient folle au contact de Michel.
Thérèse, une jeune bourgeoise, rêve de politique, d'indépendance et veut tout quitter pour vivre, elle la supplie de l'emmener. Il refuse, décision fatale, Thérèse fuit avec un homme qui ressemble à Michel, tombe en ceinte, sa famille la force à avorter et la marie contre son grès.
Et pourtant Michel malgré tout ce qu'il produit, reste pur comme si il ne savait pas.
D'autres femmes viennent à son secoure, la princesse Marina un ancien amour d'enfance, une femme étrange, mince, qui n'a peur de rien, capable de tout, des yeux violets qui vous transpercent.
"La princesse est plus princesse que jamais, mal embouchée, étonnante...Quelle femme! Elle me fait peur, mais quelle allure, quelle classe! "
Elle réussit à le marier avec Mary une milliardaire américaine. Il part là-bas en Amérique, il y reste longtemps, tombe amoureux de Lilly et des avions. Après une scène de jalousie, sa femme tire sur une prostitué qu'il avait ramené, il demande le divorce et retourne en France ayant le mal du pays.
Il y aussi un homme; il se lie à Paris avec Bielenski, un riche collectionneur,esthète, communiste et russe. Ils partagent la
vie du milieu artistique et mondain de Montparnasse, jusqu'à ce que celui ci lui vole la seule femme qu'il n'ai jamais aimé Élisabeth.
"C'est le naturel qui est irrésistible chez elle... dit-il. Elle a le charme des enfants, des animaux, du feu, du ciel... Tu sais, les gestes de l'enfant, le spontané l'inconscient? Tu te rappelles les expressions d'Élisabeth quand elle est intéressé par quelque chose, ou quand elle admire?... Il n'y a qu'une femme dans tout Paris..."
Et la c'est une dépressions immense, il croit ne jamais pouvoir l'oublier.
"Elisabeth, reines, comme dans le conte d'andersen, habitant un château de glace..."
Heureusement un femme est là, Simone de Bressac dont il devient l'amant. Elle dirige une maison de couture et qui entreprend d'éditer les chansons de Michel, lesquelles connaissent un grand succès. Entre eux aucune passion. Simone aime Michel, mais elle est raisonnable et sait qu'il ne faut pas lui fixer de cadre. Elle se contente de l'écouter de le comprendre et de veiller sur lui, même si son coeur à elle se déchire.
Et puis c'est la guerre mondiale, la seconde, Michel s'engage et là il devient le héros dont il rêvait, il réussit à galvaniser ses hommes, mais il revient en ayant vu la mort.
" Il faut que je vous dise que l'attachement que ses camarades de régiments avaient pr Michel Vigaud touchait au fétichisme."
Est-il enfin heureux? On ne le sait pas puisqu'il meurt au champs de bataille dans un acte ma foi héroïque...
"Toute sa vie il avait erré, cherchant quelqu'un qu'il aurait pu servir sans déchoir, un maître pour qui donner sa vie serait un honneur... Personne, il n'avait trouvé personne..."
Michel est ambigu . Ses fuites, ses rêves, ses élans, ses colères, ses vides, sa beauté, son talent, il est rien et tout, il est tout et rien. Un chevalier errant sur un cheval blanc à la recherche d'un sacrifice et d'un amour absolu.
Dans ce livre certains personnage sont réels: Cocteau, Desnos.... et d'autres fictifs Michel... ou pas tant que ça...
J'ai aussi beaucoup aimé Luna-park. Peut-être même plus. Mais je vous en parlerai plus tard.