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| Jacques Audiard | |
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Auteur | Message |
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colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Jacques Audiard Dim 10 Juin 2012 - 21:17 | |
| - Marko a écrit:
- colimasson a écrit:
- Beaucoup de personnes de mon entourage ont détesté le film... Marrant. Je me demande ce qui fait que tantôt l'un considère ce film comme un conte, tantôt l'autre comme une histoire réaliste. D'autant plus qu'il ne s'agit pas d'un choix conscient mais d'une vision qui se dégage a posteriori.
Le film est les 2 en même temps. Mais il y a un côté qui ressort toujours plus que l'autre... | |
| | | Esperluette Sage de la littérature
Messages : 1660 Inscription le : 09/04/2012
| Sujet: Re: Jacques Audiard Dim 10 Juin 2012 - 23:00 | |
| Je suis allée voir De rouille et d'os ce matin. Oserais-je dire que j'ai beaucoup pleuré? Je suis une grande sensible ! Je dois prendre du recul pour ajouter un commentaire qui tienne un peu la route. Même si certaines scènes de combat m'ont dérangée par leur violence, je suis conquise. Je reviens plus tard car je n'arrête pas de baîller! | |
| | | Esperluette Sage de la littérature
Messages : 1660 Inscription le : 09/04/2012
| Sujet: Re: Jacques Audiard Lun 11 Juin 2012 - 22:42 | |
| Je vais pour l'instant parler uniquement des premières images du film. Je dois encore réfléchir.
Les premiers plans montrent l’eau, l’origine du monde, l’élément liée à la fécondité, à la vie, à la féminité, ensuite un gros plan sur un visage endormi, un œil, le nez, la respiration, une main qui caresse, image de la tendresse ? Où sommes-nous ? Pourquoi ces images ? Que signifient-elles ? Plongés dans un monde onirique fait de sons et gestes, sans parole prononcés. Ensuite, l’image de pieds nus dans des sandales qui avancent à vive allure et là, stupeur, elles appartiennent à un petit bonhomme qui suit un colosse pas commode, son père sans doute ? Le plan s’élargit et le spectateur découvre un paysage routier où le trafic est dense. On pressent tout de suite que le verbe se fera rare et sans fioriture. Le chemin à parcourir sera certainement âpre. Où va-t-on ? Nous ne le savons pas encore, mais le voyage risque d’être riche de surprises.
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Jacques Audiard Lun 11 Juin 2012 - 22:52 | |
| Et bien tu m'épates Esperluette, quelle mémoire visuelle |
| | | Esperluette Sage de la littérature
Messages : 1660 Inscription le : 09/04/2012
| Sujet: Re: Jacques Audiard Lun 11 Juin 2012 - 23:11 | |
| Oh je ne suis pas sûre d'avoir toutes les images du film en tête, loin de là, Sentinelle! Je suis comme tout le monde, je crois : je me remémore le film à travers ce que ma mémoire en a gardé et ce souvenir n'est certainement pas conforme à la réalité. Mais ce n'est certainement pas bien grave. Je crois que les réalisteurs ou les auteurs sont toujours étonnés de la diversité des avis, des interprétations. L'essentiel est - pour moi- qu'un film ou un livre puisse me bouleverser, me questionner. Même si je n'ai pas toujours les réponses, j'aime bien me laisser du temps. Même si parfois, je perds un peu le fil! | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Jacques Audiard Lun 11 Juin 2012 - 23:16 | |
| - Esperluette a écrit:
- Je vais pour l'instant parler uniquement des premières images du film. Je dois encore réfléchir.
Les premiers plans montrent l’eau, l’origine du monde, l’élément liée à la fécondité, à la vie, à la féminité, ensuite un gros plan sur un visage endormi, un œil, le nez, la respiration, une main qui caresse, image de la tendresse ? Où sommes-nous ? Pourquoi ces images ? Que signifient-elles ? Plongés dans un monde onirique fait de sons et gestes, sans parole prononcés. Ensuite, l’image de pieds nus dans des sandales qui avancent à vive allure et là, stupeur, elles appartiennent à un petit bonhomme qui suit un colosse pas commode, son père sans doute ? Le plan s’élargit et le spectateur découvre un paysage routier où le trafic est dense. On pressent tout de suite que le verbe se fera rare et sans fioriture. Le chemin à parcourir sera certainement âpre. Où va-t-on ? Nous ne le savons pas encore, mais le voyage risque d’être riche de surprises.
C'est très juste. On voit aussi et surtout des visions qui anticipent l' accident de Marion Cotillard et celui de l'enfant. Je ne sais plus s'il y a aussi des plans en rappot avec Matthias. Mais c'est comme s'il unissait ces personnages à travers ce bain primordial. Il annonce vraiment la fable. | |
| | | Esperluette Sage de la littérature
Messages : 1660 Inscription le : 09/04/2012
| Sujet: Re: Jacques Audiard Mar 12 Juin 2012 - 21:03 | |
| - Marko a écrit:
- Esperluette a écrit:
- Je vais pour l'instant parler uniquement des premières images du film. Je dois encore réfléchir.
Les premiers plans montrent l’eau, l’origine du monde, l’élément liée à la fécondité, à la vie, à la féminité, ensuite un gros plan sur un visage endormi, un œil, le nez, la respiration, une main qui caresse, image de la tendresse ? Où sommes-nous ? Pourquoi ces images ? Que signifient-elles ? Plongés dans un monde onirique fait de sons et gestes, sans parole prononcés. Ensuite, l’image de pieds nus dans des sandales qui avancent à vive allure et là, stupeur, elles appartiennent à un petit bonhomme qui suit un colosse pas commode, son père sans doute ? Le plan s’élargit et le spectateur découvre un paysage routier où le trafic est dense. On pressent tout de suite que le verbe se fera rare et sans fioriture. Le chemin à parcourir sera certainement âpre. Où va-t-on ? Nous ne le savons pas encore, mais le voyage risque d’être riche de surprises.
C'est très juste. On voit aussi et surtout des visions qui anticipent l' accident de Marion Cotillard et celui de l'enfant. Je ne sais plus s'il y a aussi des plans en rappot avec Matthias. Mais c'est comme s'il unissait ces personnages à travers ce bain primordial. Il annonce vraiment la fable. Oui Marko, j'y venais je crois : avec le plan sur la main qui caresse le visage. Il faut que je mette mes idées sur le papier! Je repasse plus tard! | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Jacques Audiard Mar 12 Juin 2012 - 21:33 | |
| Je suis impressionnée aussi par cette mémoire Esperluette ! Même si tu dis que ce ne sont que des souvenirs re-personnalisés, j'aurais été incapable d'en faire autant ! Je ne fais absolument pas attention aux détails. Je suis plutôt dans la synthèse et ce genre de souvenirs m'échappe totalement ! Très intéressant en tout cas ! | |
| | | Esperluette Sage de la littérature
Messages : 1660 Inscription le : 09/04/2012
| Sujet: Re: Jacques Audiard Mar 12 Juin 2012 - 23:27 | |
| - colimasson a écrit:
- Je suis impressionnée aussi par cette mémoire Esperluette ! Même si tu dis que ce ne sont que des souvenirs re-personnalisés, j'aurais été incapable d'en faire autant ! Je ne fais absolument pas attention aux détails. Je suis plutôt dans la synthèse et ce genre de souvenirs m'échappe totalement !
Très intéressant en tout cas ! Merci Coli! Mais j'aime bien ton esprit synthétique et tes commentaires! Bon voilà la suite. Il semble qu’ Audiard ait choisi de présenter d’emblée sous forme de symboles les personnages. Stéphanie est ainsi associée à l’élément marin, Sam qui manque de se noyer et Ali figuré par les mains. L’eau symboliquement lieu de vie est ici force maléfique : c’est là que Stéphanie perd ses jambes et une partie de sa féminité (dans un premier temps). Les mains - emblème de savoir-faire- est l’élément vital d’Ali, elles parlent pour lui. Ses mots sont bruts de naturel et sans compassion, ses mains lui rendent une part d’humanité lorsqu’il les fracasse contre la glace pour sauver son fils. Brisées en mille morceaux, elles le libèrent ; la tendresse et l’émotion peuvent s’exprimer enfin. « Ne raccroche pas, ne raccroche pas, crie-t-il, dans un sanglot étouffé lorsque Stéphanie lui demande des nouvelles de Sam . Après avoir raconté l’accident, il ose alors un « je t’aime ». Parions que c’est la première fois que ses mots franchissent ses lèvres. | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Jacques Audiard Mer 13 Juin 2012 - 21:18 | |
| - Esperluette a écrit:
Et pourquoi cet endormissement soudain ? La symbolique des mains ne m'avait pas traversé l'esprit. | |
| | | Esperluette Sage de la littérature
Messages : 1660 Inscription le : 09/04/2012
| Sujet: Re: Jacques Audiard Mer 13 Juin 2012 - 23:22 | |
| - colimasson a écrit:
- Esperluette a écrit:
Et pourquoi cet endormissement soudain ?
La symbolique des mains ne m'avait pas traversé l'esprit. Coquine! Oui, je me traîne en ce moment! Je n'arrive à rien ou pas grand chose et je vous admire d'être aussi efficace. Je vais donc à mon rythme de tortue, tant pis. Coli, tu as vu tellement de choses aussi qu'il fallait bien que je trouve deux trois bricoles à ajouter. En vous relisant, je partage votre vision de ce film qui est à regarder comme une fable. Sentinelle, j’adhère à ta perception du couple Ali-Stéphanie comme un centaure (avec référence picturale à l’appui, bravo ). Cela montre la part d’animalité en chacun des personnages, comme en chacun de nous. Coli, je suis époustouflée par ton analyse du film. Bravo, jeune fille ! Cela ne me dérange pas de voir Ali comme un monstre de muscles. Il est du côté de la force bestiale qui remet Stéphanie en marche comme tu le soulignes bien dans ton commentaire : - Citation :
- Autre interprétation du film, qui survient après rédaction du commentaire précédent.
Il m’apparaît comme la métaphore du processus de guérison de toutes les maladies qui touchent au mental –maladies psychologiques ou handicap en l’occurrence. Après son accident, Stéphanie s’emmure dans la détresse. Son mal physique l’empêche de retrouver son ardeur mentale. Il lui manque la force psychologique, assimilée à l’élan vital d’Ali. Tout son processus de réadaptation pourrait être représentatif de la lutte interne qui se produit au sein de tout individu amoindri physiquement et mentalement pour retourner du côté de la vie. La violence et la cruauté des scènes répondent donc parfaitement à l’acharnement que doit mener, seul, celui qui a été détourné de la vie et qui souhaite y revenir. Stéphanie a perdu une partie de ses jambes –symbole (oui encore ! ) de la motricité – et la dimension animale d’Ali va agir comme un déclencheur chez elle. Il va lui insuffler par sa présence physique l’élément vital qu’il a perdu. Et pour en revenir au fonctionnement de ce couple meurtri et à l’énergie qu’il dégage tous deux, je viens de repenser à une scène. Ali est à terre, la tête ensanglantée (pas un hasard d’ailleurs, et ce sang n’est pas sans rappeler celui qui tache les mains et les jambes de Stéphanie qui vient d’être agressée au début du film), il lui suffit d’apercevoir les pieds de Robocop de Stéphanie pour retrouver sa force vitale et gagner le combat. Là, pour une fois, c’est lui qui est à allongé, anéanti et Elle est debout, belle, forte, en marche. C’est Elle qui par sa verticalité va lui redonner l’élan de vie. Ce couple fonctionne en vase communiquant. Alors que pendant presque tout le film, on le voit en train de combattre, courir, marcher, nager, bref comme l’énergie verticale à l’état pur je repense aux scènes où l’on voit Stéphanie allongée sur son lit d’hôpital ou en train de ramper chez elle. Ces deux-là sont faits pour vivre ensemble, ce n’est pas possible autrement ! Bon je file, il est temps pour moi de rentrer dans ma carapace. Ces quelques lignes m'ont épuisée. | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Jacques Audiard Jeu 14 Juin 2012 - 19:44 | |
| - Esperluette a écrit:
- Ali est à terre, la tête ensanglantée (pas un hasard d’ailleurs, et ce sang n’est pas sans rappeler celui qui tache les mains et les jambes de Stéphanie qui vient d’être agressée au début du film), il lui suffit d’apercevoir les pieds de Robocop de Stéphanie pour retrouver sa force vitale et gagner le combat. Là, pour une fois, c’est lui qui est à allongé, anéanti et Elle est debout, belle, forte, en marche. C’est Elle qui par sa verticalité va lui redonner l’élan de vie.
J'avais oublié cette scène ! D'ailleurs, elle m'avait un peu surprise. Dans le fond, c'est un aspect un peu sentimental qui est sollicité chez Ali lorsqu'il retrouve toute son énergie en apercevant sa belle debout devant lui ? Mais on revient bien à la complétude corps/esprit : lorsqu'Ali manquait de force mentale pour mener à bien son combat, Stéphanie intervient... | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Jacques Audiard Jeu 14 Juin 2012 - 21:31 | |
| Cette scène m'avait par contre fort marquée. Bravo Esperluette, ce n'est pas évident d'apporter des éléments neufs à tout ce qui a déjà été dit sur ce film, tu t'en sors haut la main ! |
| | | Esperluette Sage de la littérature
Messages : 1660 Inscription le : 09/04/2012
| Sujet: Re: Jacques Audiard Jeu 14 Juin 2012 - 22:41 | |
| - colimasson a écrit:
- Esperluette a écrit:
- Ali est à terre, la tête ensanglantée (pas un hasard d’ailleurs, et ce sang n’est pas sans rappeler celui qui tache les mains et les jambes de Stéphanie qui vient d’être agressée au début du film), il lui suffit d’apercevoir les pieds de Robocop de Stéphanie pour retrouver sa force vitale et gagner le combat. Là, pour une fois, c’est lui qui est à allongé, anéanti et Elle est debout, belle, forte, en marche. C’est Elle qui par sa verticalité va lui redonner l’élan de vie.
J'avais oublié cette scène ! D'ailleurs, elle m'avait un peu surprise. Dans le fond, c'est un aspect un peu sentimental qui est sollicité chez Ali lorsqu'il retrouve toute son énergie en apercevant sa belle debout devant lui ? Mais on revient bien à la complétude corps/esprit : lorsqu'Ali manquait de force mentale pour mener à bien son combat, Stéphanie intervient... Oui, tu as raison Coli, tu l'interprètes comme une fable, comme un conte! "Le prince" est à terre et le seul fait de voir "sa princesse", il retrouve toute son énergie. Et nous sommes bien dans le registre du couple complémentaire. Mais après tout, je crois que l'on peut interpréter sans fin un film réussi, chacun d'entre nous apportera un éclairage différent. Ou alors est-ce le talent et le charisme d' Audiard qui nous portent? - sentinelle a écrit:
- Cette scène m'avait par contre fort marquée. Bravo Esperluette, ce n'est pas évident d'apporter des éléments neufs à tout ce qui a déjà été dit sur ce film, tu t'en sors haut la main !
Je suis comme toi Sentinelle, j'ai regardé cette scène de combat la main en éventail devant les yeux (oui, j'assume le côté ridicule de la chose) mais le fait de le voir tout à coup recouvrer sa vitalité - comme par magie - lui donne une dimension qui la tire du côté de la légende. D'ailleurs en évoquant cette scène de combat, une autre me revient à l'esprit : celle où Ali s'entraîne et où il y a un corps à corps fugacement troublant entre les deux hommes, comme si Audiard voulait donner une touche sexuelle mine de rien, en passant. Qu'en pensez-vous? Je ne connais pas son cinéma, mais il m'a l'air d'être un cinéaste qui aime bien nuancer et ainsi ouvrir un champ de réflexion ... | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Jacques Audiard Ven 15 Juin 2012 - 22:02 | |
| En effet, ce film pourrait être interprété à l'infini. Je me souviens de la scène dont tu parles, mais je n'ai pas remarqué qu'elle avait un caractère sexuel... Il faut dire que tout au long du film, j'ai surtout été soufflée par la proximité et les duels entre la vie et la mort. Chaque scène évoque son extrême précarité : c'est le film d'horreur le plus effrayant que j'ai jamais vu. Il m'a plongé dans l'instantanéité du moment (on pourrait aussi employer le terme de "pleine conscience" qui est en vogue en ce moment). Je pense que ça a fonctionné sur beaucoup de personnes. A la fin du film, une petite poignée de spectateurs semblait avoir du mal à marcher et plusieurs ont failli tomber en descendant les escaliers de la salle (avec les autres films ça ne se produit pas, bizarre...) | |
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