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| Truman Capote | |
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Auteur | Message |
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coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Truman Capote Ven 22 Fév 2008 - 19:13 | |
| - kathel a écrit:
- Truman Capote, Petit déjeuner chez Tiffany
Le personnage était magnifiquement incarné par Audrey Hepburn dans le film de Blake Edwards, et à la lecture on la revoit sans cesse, avec le plus grand plaisir. Alors, voir le film d’abord, puis lire le livre, ou le contraire : à vous de choisir ! Héhé...Audrey Hepburn, sur la pochette du DVD, me fait les doux yeux depuis déjà quelques temps sur ma table de salon...Je fais durer ...comme pour une friandise dont je reculerais le moment de la savourer... | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Truman Capote Ven 22 Fév 2008 - 20:24 | |
| De mes lectures de Truman Capote, il ne reste pas grand chose... Il se voulait excentrique et génial, mais il n'avait que du talent. C'est déjà beaucoup... Mais aux Etats Unis, le talent ne suffit pas... Il faut toujours prouver -se prouver- qu'on est différent, supérieur aux autres au moins en apparence et pas seulement en tant qu'écrivain. Et ça à donné des alcolos, des névrosés, des suicidaires, des mégalos tels que Hemingway, Fitzgerald, Norman Mailer ou Bukowski.... Pour revenir à Truman Capote, reste quand meme la lecture d'Eté indien, un court récit autobiographique. Un récit limpide, sensible, sans la moindre coquetterie (qui gache une partie de l'oeuvre de Capote). C'est l'histoire d'un enfant forcé de quitter son environnement rural en Virginie et qu'il a parée de magie ; et dont le centre affectif est visiblement le grand père, tendre et consolateur. La séparation sera dramatique pour l'enfant et plus encore pour le vieil homme. Mieux que dans le reste de l'oeuvre de Cqpote, on perçoit la félure de ce jeune enfant qui, on le sait désormais, refusera de vieillir et restera toute sa vie un vieux gamin extravagant, capricieux et frustré... | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Truman Capote Ven 22 Fév 2008 - 20:38 | |
| - kathel a écrit:
- J’avais vu le film de Blake Edwards, titré « Diamants sur canapé » en version française, il y a quelques années et il m’en restait la chanson « Moon River » et pas mal d’images.
La scène d'ouverture avec une Audrey Hepburn toute seule à New York à une heure très matinale mangeant des Croissants devant le magasin de Tiffany's et la mélodie de "Moon River" est une des scènes d'ouverture qu'on n'oublie jamais - coline a écrit:
- Héhé...Audrey Hepburn, sur la pochette du DVD, me fait les doux yeux depuis déjà quelques temps sur ma table de salon...Je fais durer ...comme pour une friandise dont je reculerais le moment de la savourer...
Comment on peut avoir autant de caractère?? Je n'arriverais pas (pas avec un DVD et pas non plus avec la friandise ) - bix229 a écrit:
- De mes lectures de Truman Capote, il ne reste pas grand chose...
Il se voulait excentrique et génial, mais il n'avait que du talent. C'est déjà beaucoup... Oui.. c'est étrange comment son oeuvre a presque 'disparu' derrière sa vie excentrique. Pour moi Truman Capote est surtout La harpe d'herbes - un des rares livres que j'ai lu déjà plusieurs fois. (et comme presque toujours chez moi - j'aime aussi le film qui va avec avec Piper Laurie, Sissy Spacek, Walter Matthau, Jack Lemmon, Edward Furlong .... quand on aime le sud de l'Amérique - on va adorer livre ET film) mais depuis peu Truman Capote est aussi pour moi La traversée de l'été que j'ai découvert il y a 2 ans et qui n'a pas perdu son charme - livre des années 60 je crois... | |
| | | kathel Main aguerrie
Messages : 349 Inscription le : 16/01/2008
| Sujet: Re: Truman Capote Sam 23 Fév 2008 - 13:06 | |
| La traversée de l'été
Quatrième de couverture : Grady McNeil a dix-sept ans et l'âme passionnée. Alors que ses riches parents vont passer l'été en Europe, elle se retrouve seule dans un New York vibrant sous la canicule. Délaissant le luxe de la Cinquième Avenue, elle tombe amoureuse de Clyde, gardien de parking à Broadway. Ils s'aiment, mais de façon différente. La fierté provocante de Grady et la nonchalance de Clyde vont peu à peu les entraîner vers de dangereux précipices. Cette saison sera toute leur vie. Ecrit par Truman Capote entre dix-neuf et vingt-neuf ans, ce roman inédit a été retrouvé à l'occasion d'une vente aux enchères en 2005. Il porte en lui toute la finesse psychologique et le style éblouissant de l'auteur de De sang-froid et de Prières exaucées (Grasset, Cahiers rouges), un des plus grands écrivains américains du XXe siècle
Mon avis : Il aurait été dommage de ne pas publier ce court roman de Truman Capote, tout à fait achevé, qui précède « Breakfast at Tiffany’s » d’une quinzaine d’années. C’est un roman new-yorkais lui aussi, dont le personnage principal, une jeune fille, Grady Mc Neil, n’est guère plus jeune que la Holly Golightly de son célèbre roman. J’ai adoré le mélange d’annotations prosaïques, de moments poétiques et d’humour corrosif ! C’est court mais percutant, et monte crescendo jusqu’à une fin qui ne déçoit pas ! | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Truman Capote Sam 23 Fév 2008 - 14:49 | |
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| | | lyana79 Envolée postale
Messages : 208 Inscription le : 04/04/2008 Age : 44 Localisation : Suisse
| Sujet: Re: Truman Capote Sam 10 Mai 2008 - 17:24 | |
| - kathel a écrit:
- La traversée de l'été
Quatrième de couverture : Grady McNeil a dix-sept ans et l'âme passionnée. Alors que ses riches parents vont passer l'été en Europe, elle se retrouve seule dans un New York vibrant sous la canicule. Délaissant le luxe de la Cinquième Avenue, elle tombe amoureuse de Clyde, gardien de parking à Broadway. Ils s'aiment, mais de façon différente. La fierté provocante de Grady et la nonchalance de Clyde vont peu à peu les entraîner vers de dangereux précipices. Cette saison sera toute leur vie. Ecrit par Truman Capote entre dix-neuf et vingt-neuf ans, ce roman inédit a été retrouvé à l'occasion d'une vente aux enchères en 2005. Il porte en lui toute la finesse psychologique et le style éblouissant de l'auteur de De sang-froid et de Prières exaucées (Grasset, Cahiers rouges), un des plus grands écrivains américains du XXe siècle
Mon avis : Il aurait été dommage de ne pas publier ce court roman de Truman Capote, tout à fait achevé, qui précède « Breakfast at Tiffany’s » d’une quinzaine d’années. C’est un roman new-yorkais lui aussi, dont le personnage principal, une jeune fille, Grady Mc Neil, n’est guère plus jeune que la Holly Golightly de son célèbre roman. J’ai adoré le mélange d’annotations prosaïques, de moments poétiques et d’humour corrosif ! C’est court mais percutant, et monte crescendo jusqu’à une fin qui ne déçoit pas ! Je viens de terminer la lecture de "la traversée de l'été" et à part une très bonne description des lieux, personnages et émotions je ne lui ai rien trouvé d'exceptionnel. Grady a "tout pour être heureuse" dans le sens commun de la chose et pourtant elle se rebelle et ne se sent pas à l'aise parmi les siens qui sont nantis... Un récit empreint de tristesse ,une existence qui tourne en rond et une fin tragique. A savoir que Truman n'a pas publié ce roman de son vivant car il le trouvait inachevé...Il avait parait-il 19 ans quand il l'a écrit. | |
| | | Aeriale Léoparde domestiquée
Messages : 18120 Inscription le : 01/02/2007
| Sujet: Re: Truman Capote Mer 15 Sep 2010 - 10:14 | |
| De sang froid-Chappy et Senti en ont déjà très bien parlé, je ne ferai pas mieux, ce qui interpelle surtout ce sont les retombées morales que ce livres peut laisser. Récit fascinant oui, parce qu'il retrace parfaitement et en nous prenant à témoin, le parcours de ces deux ex -taulards, devenus subitement bourreaux alors que tout au long du récit l'auteur nous les présente dans leur complexité, au jour le jour, dans un instantané de leur cavale ce qui fait que l'on parvient à rentrer dans leur psychisme, du moins à ne pas les détester. Il procède de même pour nous présenter cette famille américaine sans histoires, bons citoyens et estimés de leur entourage, et la rencontre de ces deux mondes si opposés est d'autant plus violente. On sait que Truman Capote devenu orphelin lui même suite au meurtre inexpliqué de sa mère, s'est attaché durant six années à enquêter sur cette tragédie. Son ton est sobre, distant, mais il est aussi soucieux de nous en retranscrire chaque détail, chaque point de vue, tenant le lecteur à bonne distance pour se retrouver à la fois témoin et parti prenante, comme un simple juré. - Citation :
- L ’expérience a servi à rehausser le sentiment que j’ai du tragique de la vie
Tout est dit. L'homme perdu devant l'absurdité de l'existence, confronté à l'incompréhension des ressorts humains. Comment devient-on criminel, à quel moment la barbarie prend elle le dessus, qu'est-ce qui différencie ou relie un meurtrier d'un homme ordinaire? Truman Capote ne sort jamais de sa réserve et se garde bien de juger, qualité incroyable pour quelqu'un qui a été lui-même victime et a passé le reste de sa vie à tenter de comprendre. J'ai été comme beaucoup épatée par cette faculté, ce point d'équilibre fragile et d'autant plus intense où il se place (et nous avec) entre l'horreur et l'humain, la réalité des faits et la complexité des mentals. Le suspense du début laisse place au doute. On ferme le livre avec cette impression de léger malaise dont parle Dom, dérangé par le fait que ces monstres sans âme aient aussi une parcelle de conscience, quelque chose d'infime qui les rapproche de nous. Difficile d'émettre des certitudes devant ce qui nous échappe, on est toujours dans cet inconfort, TC n'en n'est jamais sorti lui. | |
| | | Harelde Zen littéraire
Messages : 6465 Inscription le : 28/04/2010 Age : 49 Localisation : Yvelines
| Sujet: Re: Truman Capote Ven 8 Oct 2010 - 11:49 | |
| De Sang froid restera une lecture marquante pour moi.
Le livre se divise en 4 grandes parties. La première présente la famille Clutter jusqu'à la soirée qui doit leur être fatale. En parallèle, Capote nous présente les deux assassins, Dick et Perry. La seconde est l'enquête proprement dite et précède la divulgation de la vérité dans l'avant dernière partie qui contient également le procès. Là sont mis à nu les sentiments des assassins, leur vécu, leur désinvolture particulièrement choquante...
La dernière partie est nettement plus difficile. Les assassins patientent dans le couloir de la mort et commissionnent d'autres avocats pour de multiples recours. Truman Capote nous explique un peu le système judiciaire américain, s'interroge sur le bien fondé de la peine de mort (sans toute fois trancher) en donnant le point de vue des enquêteurs convaincus de son aspect dissuasif, ainsi que celui des opposants développant les mêmes arguments que ceux avancés par Badinter à la fin des années 70 en France. Les dernières pages sont particulièrement noires, évidemment, avec l'exécution elle-même...
Un livre qui nous procure un sentiment intéressé, voir passionné durant l'enquête. Tel un polar. Mais la seconde partie nous met mal à l'aise. On ne peut plus lire avec le même détachement qu'au début. Même s'il nous est impossible d'oublier les atrocités commises, Capote réussit le tour de force de présenter Perry et Dick sous un jour pitoyable. On ne peut s'empêcher de vivre avec eux leur vie de misère. Comme eux, nous sommes irrémédiablement acculés. Et nous terminons avec eux dans le couloir de la mort et avec les témoins au pied du gibet... Et j'ai découvert que la mort était atrocement lente !
Ce livre est beaucoup plus qu'un roman. C'est un véritable document historique, journalistique qui expose froidement les faits sans effectivement prendre parti. Cela a été souligné dans vos commentaires précédents.
La lecture s'épaissit au fur et à mesure que les pages défilent pour trouver son apothéose dans les couloirs de la mort et l'exécution en fin de livre. Légère au début, j'ai abordé ma lecture avec une once de désinvolture. Mais aussi un minimum de conscience, car je savais que le livre relatait une histoire vraie. On ne peut, dans ce cas, aborder les premières pages avec le même détachement. Néanmoins, la fin est tellement opaque, moite, poisseuse, que ma perception s'est radicalement modifiée au cours de la 4e partie. Un profond malaise s'est installé en moi et j'arrivais à éprouver une certaine compassion pour ces tueurs au regard si froid. Un livre dont on ne sort pas indemne !
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| | | Suny Main aguerrie
Messages : 522 Inscription le : 17/02/2007 Age : 40 Localisation : Rhône
| Sujet: Re: Truman Capote Sam 12 Mar 2011 - 16:41 | |
| De sang-froidAu risque d'en heurter certains... bof bof... J'ai pas trop accroché, j'ai trouvé ça long et j'ai souvent dû relire la page que je venais de lire parce que j'avais décroché en cours de route. Objectivement Capote a un talent certain, c'est bien écrit, décrit et expliqué, les personnages sont décortiqués dans leurs moindres détails, rien n'est oublié, c'est parfait. Mais bon, subjectivement, j'ai trouvé ça assez plat, trop descriptif et détaché, ça m'a pas pris dans les tripes, quoi... ça m'a plus fait l'effet d'un très long article de journal... | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: Truman Capote Ven 22 Juin 2012 - 21:49 | |
| De sang-froid
quelle belle mécanique que ce livre ! quel récit prenant, prégnant ! quel travail ! quel talent !
Dans ce livre hybride, sorte de roman-témoignage, Capote invente une nouvelle manière de rendu journalo-romanesque d'une précision et d'un suspense hallucinant. S'il fallait caractériser la construction du récit, en forme de gigogne où chaque pièce passerait sous l'autre avec la précison d'une horlogerie suisse, Capote fait office de vache : il arrache le réel, le mâche, l'ingurgite et tout le long de ses trois cerveaux/estomacs il va le ruminer pur le restituer en un récit d'une grande rigueur, d'une maitrise quasie obsessionnelle, d'une inventivité qui laisse coi.
Sans compter que pour régurgiter ce roman, Capote se sert d'une langue au classicisme parfait, au verbe courant les champs de blé de ce Kansas de fermiers et de voyous, de bonnes gens et de coquins. La perfection du Verbe est ici presque atteinte, d'autant plus que le style se met au service de celui qui l'emploi : la restitution des dialogues est impressionnante de vie, de fraîcheur, de roublardise, en un mot de... réel. Et je suppose que c'est bien cet effet que Capote recherche en s'immiscant dans la langue, dans la bouche de ses protagonistes au point que le lecteur a souvent l'impression de connaitre intimement la vie de chacun. La précision dans le détail n'est jamais voyeuse mais souvent efficace pour témoigner d'une manière d'être (la jeune Nancy qui cache sa montre dans sa chaussure parce qu'elle a entendu des étrangers dans la maison, le coussin passé sous la tête de son frère ou le carton de matelas étalé sous le père pour que leur position ne soit pas trop inconfortable). Et là encore Capote est surprenant : il parvient à force de creuser les destins de ces 'personnages' qui n'en sont pas puisqu'ils sont bien réels, à rendre de manière objective leur subjectivité, leur intériorité. Et puis de temps en temps, il se permet des échappées qui permettent au lecteur, un peu suffoqué, de reprendre sa respiration et il décrit avec un humour irrésistible la receveuse des postes ou avec amour la nature envoûtante du Kansas.
Tout en abordant des sujets compliqués, difficiles, douloureux, Capote parvient à alerter et à questionner sans jamais se défaire d'une impartialité saisissante : qu'il insiste sur le caractère religieux de la famille Clutter (méthodiste, charitable, sobre...) ou qu'il dépeigne les caractères colériques des tueurs, Capote impose une reflexion. La religion n'évite pas le Mal et c'est injuste mais vrai, l'intelligence sans instruction crée des êtres distordus et qui se détournent de la société (à plusieurs reprises Capote insiste sur le QI de Hickock qui dépasse la moyenne ou sur la prétention de Smith à utiliser un vocabulaire recherché). La faillite, la fêlure, les accidents de la vie créent des êtres qui sont comme des électrons libres, des enragés qui détestent tout le monde et l'intelligence n'y fait rien, elle n'empêche pas la hargne, ni le désir de possession. Et puis ce ne sont pas des excuses au comportement de ces deux-là : meurtriers, parce que Dick ne cesse de dire qu'il ne faut pas laisser de témoins et qu'on va leur foutre des cheveux plein les murs. Préméditation. Incontestablement. Et pourtant. Pourtant on peut questionner la manière dont le procès s'est déroulé : dans la ville des meurtres (ou tout comme) avec des jurés habitant cette ville, avec un juge, un attorney habitant cette ville, avec des avocats commis d'office qui partent perdants, on peut s'étonner que celui qui a tiré sur une famille en tuant quatre personnes écope de la même peine que celui qui n'a pas tiré (même si les confessions sont litigieuses).
Et forcément le livre soulève le problème de la peine capitale, de la justice (américaine), des remises de peine, des conditions d'incarcération... mais aussi la question de la folie, de savoir où se situe le Bien et où commence le Mal, de savoir si ces deux hommes brisés sont parfaitement conscients de leurs actes. En quatre pages étonnantes, Capote rend compte de l'étude d'un psychiatre venu interroger Smith, en quatre pages efficaces sont énoncés les symptômes de la paranoïa (et tout à coup pour moi, en 4 pages je comprends tout le personnage de Mizogushi du Pavillon d'Or de Mishima en un parallèle lumineux qui éclaire bien des comportements).
Enfin rappeler que de sang-froid, c'est la manière dont Dick et Perry ont assassiné quatre personnes qu'ils n'avaient jamais vu ; et c'est aussi la manière dont le bourreau les pend, alors qu'en une (presque) dernière scène l'un dit : je ne vous en veux pas et l'autre : je m'excuse...
peut-être finir avec ces mots de Béatrix Beck pour se soulager un peu du poids d'un tel récit : Qu'ils viennent les apaches, tant mieux s'ils me zigouillent ils seront condamnés à perpète. C'est mieux que la guillotine, ça dure, ça dure, tandis que la guigui c'est juste un instant et les sans-tête se retrouvent au ciel, Dieu est poire, tandis que les taulards se la coulent dure non compressible.
D'un livre à l'autre des échos se créent, formant un monde de résonnance, De sang-froid est de ces livres qui s'inscrivent dans le corps comme un requiem d'une intensité à couper le souffle. | |
| | | darkanny Zen littéraire
Messages : 7078 Inscription le : 02/09/2009 Localisation : Besançon
| Sujet: Re: Truman Capote Ven 22 Juin 2012 - 22:00 | |
| Eh bien voilà, si après ça vous n'avez toujours pas envie de lire Sang froid, c'est à désespérer.
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| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Truman Capote Lun 25 Juin 2012 - 20:37 | |
| Si vous souhaitez chasser les ombres glaçantes de De sang froid, lisez Un été indien, un récit autobiographique de TC, très court, très dense, très sobre.. Un bijou ! | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Truman Capote Ven 29 Juin 2012 - 22:30 | |
| La HARPE D' HERBES
Quand donc- ai-je entendu parler pour la première fois de la harpe d' herbes ? Bien avant l' automne où nous allames habiter dans l' arbre ; et comme de juste, ce fut Dolly qui m' en parla ; il n' y avait qu' elle pour inventer un nom pareil.
A la sortie de la ville, quand on prend la route de l' église, on ne tarde pas à atteindre une colline tout éblouissante de dalles blanches et de fleurs bronzées : c' est le cimetière baptiste. Tous les notres y sont enterrés : les Talbot, les Fenwick ; ma mère repose à coté de mon père, et les tombes des parents sont disposées autour comme les racines d' un arbre de pierre. Au pied de la colline il y a un champ de hautes herbes indiennes qui change de couleur avec les saisons : allez le voir en automne, quand il a pris la couleur rouge d' un coucher de soleil, quand des ombres écarlates y soufflent comme des lueurs de feu et que les vents d' automne tirent des feuilles sèches une musique de soupirs humains, une harpe de voix.
Au delà du champ, ce sont les bois, les ténèbres de River Woods. C' est sans doute au cours d' une de ces journées de septembre, que Dolly me dit : "Entends-tu ? C' est la harpe d' herbes. Elle raonte toujours quelque histoire - elle sait l' histoire de tous les gens qui sont sur la colline, de tous les gens qui ont vécu. Et quand nous seront morts, elle racontera la notre également."
La harpe d' erbes est un livre tendre et naif. Avec des personnages d' innocents. Trop innocents pour qu' on les prenne au sérieux ou meme qu' on les accepte volontiers. Au point qu' un jour, une poignée d' entre eux vont se réfugier dans une cabane nichée dans un arbre, un sycomore.
Il y a là Dolly, une ingénue de soixante ans à l' esprit follet, Catherine, sa vieille amie d' enfance et sa protectrice et le narrateur, un orphelin de seize ans, encore blotti dans son enfance reveuse. Ils seront rapidement rejoints pa un juge à la retraite en mal d' affection et un jeune chenapan encore un peu flou. Auxquels s' ajouteront une quinzaine de gitans faméliques.
A eux tous, ils mettront en déroute le shérif et ses acolytes. Mais le monde et la réalité les rattraperont et auront finalement raison de leur utopie. Le temps passera et la mort fauchera Dolly, graine légère.
On pourrait dire que l' histoire est trop jolie, mais il ne faut pas oublier qu' elle reflètent les souvenirs enluminés de l'enfance. Le livre est très bien écrit et ceux qui ont aimé Tendre Jeudi et Rue de la la sardine de Stienbeck devraient aussi aimer La Harpe d' herbes. | |
| | | mimi54 Zen littéraire
Messages : 6043 Inscription le : 02/05/2010
| Sujet: Re: Truman Capote Lun 1 Juil 2013 - 23:02 | |
| La traversée de l'été
« La chaleur ouvre le crâne de la ville, exposant au jour une cervelle blanche et des noeuds de nerfs vibrant comme les fils des ampoules électriques. L’air se charge d’une odeur surnaturelle dont la puissance âcre imbibe les pavés, les recouvrant d’une sorte de toile d’araignée sous laquelle on imagine les battements d’un cœur. »
Voilà un livre de hasard, pris alors que j’en cherchais un autre. La 4ème me « parlait », je l’ai embarqué !!! Livre resté longtemps non publié, œuvre de jeunesse de l’écrivain, la traversée de l’été est un roman d’initiation. Grady, jeune fille de la classe aisée New-yorkaise,insouciante et capricieuse à souhait, pas vraiment à l’aise dans son milieu familial ,profite de l’absence de ses parents durant l’été pour vivre une autre vie, jusqu’au drame final. La tension va crescendo au même rythme que la chaleur sur la ville augmente. L’atmosphère se fait de plus en plus lourde sur ces jeunes gens. L’écriture se fait fine, précise, et colle à l’ambiance générale. Les personnages sont très bien cernés. Tout cela m’a laissé une fort belle impression à propos d’un auteur quelque peu redouté, mais néanmoins présent dans ma pile par ailleurs.
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| | | Esperluette Sage de la littérature
Messages : 1660 Inscription le : 09/04/2012
| Sujet: Re: Truman Capote Mar 2 Juil 2013 - 0:17 | |
| Maintenant Mimi, tu ne peux plus reculer devant Breakfast at Tiffany's. Je devance Kenavo sur ce coup-là. | |
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| Sujet: Re: Truman Capote | |
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| | | | Truman Capote | |
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