Alex van Warmerdam

Alex van Warmerdam est né le 14 août 1952 à Harlem (Pays-Bas). Diplômé en graphisme et peinture, il s'oriente tout d'abord vers le théâtre et met en scène une dizaine de pièces. Son premier long-métrage, Abel, sort en 1986. Il a, à ce jour, tourné 7 films qu'il écrit et dans lesquels il joue.
Son univers, fait d'absurde et de surréalisme, emprunte à Tati, Brecht et Bunuel. C'est un cousin éloigné de Aki Kaurismäki, Bent Hamer, Roy Andersson et Dagur Kari.

Filmographie :

1986 : Abel
1992 : Les habitants
1996 : La robe
1998 : Le p'tit Tony
2003 : Grimm
2006 : Waiter !
2009 : Les derniers jours d'Emma Blank
2013 : Borgman

Je trouve qu'il n'a jamais rien fait de mieux que Les habitants. Mais je n'ai pas vu le dernier... Ok pour les comparaisons.

Un petit mot sur chacun :

Abel : l'histoire d'un jeune homme de 31 ans qui a toujours refusé de sortir de chez lui et qui passe son temps à saisir au vol les mouches avec sa paire de ciseaux. Un peu redondant (c'est le péché mignon du cinéaste) mais déjà un sens de l'absurde bien installé.

Les habitants : Drôles d'histoires dans un drôle de lotissement dont les drôles d'habitants vivent une drôle de vie. Son meilleur film ? Sans doute.

La robe : l'histoire mouvementée d'une robe qui change sans cesse de propriétaire. Inégal mais drôle.

Le p'tit Tony : le femme d'un fermier illettré engage une jolie enseignante à domicile. Liaison, machination, ça va mal se terminer.

Grimm : Un jour d'hiver, Jacob et Marie sont abandonnés par leur père dans la forêt. Ils vont voyager jusqu'en Espagne. En abandonnant ses huis-clos, van Warmerdam se renouvelle et concocte un conte cruel et déviant de belle facture.

Waiter ! : la vie d'un serveur minable qui fait irruption chez l'écrivain qui l'a créé. Une mise en abyme qui fonctionne par à coups. Le moins bon film de son auteur.

Les derniers jours d'Emma Blank : un univers clos, quasi théâtral, où une vieille dame fait vivre l'enfer à sa famille "déguisée" en serviteurs. Etrange, atroce et surréaliste.




DVD édités en France : Waiter ! et Abel, Les habitants (coffret de deux films). Les autres sont disponibles en Zone 1.

traversay a écrit:

Les derniers jours d'Emma Blank : un univers clos, quasi théâtral, où une vieille dame fait vivre l'enfer à sa famille "déguisée" en serviteurs. Etrange, atroce et surréaliste.

Intriguant celui-ci! Je vais essayer de le trouver.
Et l'affiche est pas mal!

Citation :

Camiel Borgman surgit dans les rues tranquilles d’une banlieue cossue, pour sonner à la porte d’une famille bourgeoise. Qui est-il ? Un rêve, un démon, une allégorie, ou l’incarnation bien réelle de nos peurs ?

Je sors de ce film sans être bien au clair sur ce que j'ai vu et compris (c'est plutôt une bonne chose d'ailleurs). J'étais impatient de retrouver l'univers surréaliste et tragico-burlesque de ce cinéaste et je dois reconnaître que côté mise en scène je suis comblé.



La séquence d'ouverture est une des plus intrigantes vues depuis longtemps. Format scope, grande qualité de la photographie, sens du cadre et des ambiances, acteurs énigmatiques et imprévisibles... On est quelque part entre la froideur du Funny Games de Haneke et les rituels décalés du cinéma de  Yorgos Lanthimos (Canines) pour faire court.



J'ai été constamment en éveil, ne sachant pas vraiment où il allait nous emmener. Il y a quelque chose de très mystérieux, dérangeant, un peu démoniaque et probablement plus ou moins psychanalytique dans ce qui se passe à l'écran même si on peut aussi se dire que tout ça est un peu artificiel et creux. Je balance entre les deux mais j'ai été envoûté par cette histoire d'intrusion dans un espace rassurant et bourgeois d'un mal étrange qui contamine les différents protagonistes. Mal incarné par un personnage (Borgman) qui est une sorte de figure à la fois christique et diabolique, de séducteur pasolinien, de clochard surgi des entrailles de la terre qui vient accomplir une mission ambiguë, rétablir un équilibre ou générer le chaos... Je serais curieux d'en débattre avec vous.



C'est en tout cas un objet filmique brillant et troublant que je conseille vivement. Ovni du mois!

Merci Marko  
Même s'il ne passe pas dans ma ville, je me débrouillerai pour le voir.
Je serais curieux de voir animal tenter l'expérience ...

Mouais, j'aurais pu hésiter entre ça et le film en noir et blanc en regardant le programme de la semaine, mais je ne sais pas. j'aurais préféré qu'ils programment le film dont tu as parlé l'autre jour. peut-être...

Merci Marko pour cette découverte : je tenterais d'aller le voir !

Queenie a écrit:

Merci Marko pour cette découverte : je tenterais d'aller le voir !

je serais curieux d'avoir vos commentaires !

Borgman

Moi non plus je ne sais pas trop quoi en penser de cette rencontre entre la petite famille blonde quasi parfaite dans sa maison quasi-parfaite et cet autre quasi-parfait lui aussi mais rapidement concrètement plus inquiétant et dangereux.

Pourtant dès le départ avec cette vie cachée, traquée sous terre qui fait penser par exemple aux cachettes dont il peut être question quand on pense à la traque de populations pendant la période de la deuxième guerre mondiale, et qu'on trouve la confrontation avec la situation matérielle défendue violemment, on est confronté à des questionnements très vivants.

Les images froides amènent quelques semi-incongrus comme le prêtre armé d'un fusil mais aussi quelques beaux chiens.

Les développements étranges et non explicites se suivent avec curiosité et sans déplaisir, peut-être bien d'ailleurs avec un plaisir certain.

Cependant c'est un peu répétitif et l'étrangeté ne sauve pas tout à fait l'impression de vide et si le questionnement multiple de l'identité d'une tranquillité domestique est assez bien mis en image ça reste peut-être trop lointain pour qu'on prête un sens à tout ça.

Si je devais comparer à Alps (doute sur le titre ?) je crois que j'avais préféré ce dernier ?

Ah oui! Belles séquences avec les chiens si mystérieux...

Je rejoins Animal pour ce Borgman.

Des moments qui interpellent entre franc réalisme où s'immiscent des éléments surréalistes. Avec une mise en scène impeccable, superbement cadrée.

Je pense aux chiens qui se baladent.
Aux corps plantés comme des algues dans le lac.
A l'homme nu accroupit au dessus de la femme et qui influence les rêves de celle-ci pendant qu'elle dort.
Le froid de cette maison-bunker.

Ce qui me gêne, c'est ce qui me tient éveillée et attentive pendant 3/4 d'heure de film fini par m'ennuyer et m'assoupir. Les mystères restent sans aucune explication. Qui sont-ils ? Que veulent-ils ? Dans quel contexte socialo-politique sommes nous ? Des éléments qui demandent des réponses pour ce film, et que l'on ne nous donne pas.
Du coup, le rythme devient monocorde, les scènes se répètent, et la circonspection laisse place à la déception.

Donc... Complètement mitigée sur ce film. Il y avait plein d'éléments, mais je ne comprends pourquoi on me raconte une histoire avec plein d’interrogations et on ne me donne aucune réponse à la fin.

J'attends Borgman 2 : Les origines.

C'est une allégorie. Il n'y a pas d'explication comme dans Théorème de Pasolini que Wamerdam revisite à l'heure du capitalisme. Ces personnages sont nos peurs et notre cauchemar (une culpabilité ). C'est aussi la force et la limite d'une allégorie que de laisser la place à l'imagination.  De ne pas être transparent. Il y a en tout cas un climat parfaitement maitrisé et anxiogène en même temps que ludique. Ça pourrait être un cauchemar lynchien avec la forme d'un Haneke

L'allégorie tiendrait s'il n'y avait pas des éléments concrets montrés au spectateur, et qui demandent explication (l'opération chirurgicale. Le côté "la vie à l'Ouest où on est prospère".)
Peut-être qu'il faut un bouquin et un savoir pour comprendre les métaphores et les symboles et voir alors qu'ils se suffisent à eux-mêmes. Alors, pour les gens sans bagage, comme moi, ça fait effet pétard mouillé.

Et rien compris au spectacle au milieu.
Ni au rapport entre l'histoire que raconte Borgman aux enfants et leur endoctrinement, ou le parallèle avec le film.

Rien compris en fait !

je trouve ça plus neutre, au bon sens du terme, que Haneke à moins que ce ne soit les aspects déréalisés ou non explicites qui favorisent cette impression. ça m'a paru plus festif, avec un peu de place pour ne pas se prendre trop au sérieux ?

je n'ai vu que celui là, les autres films changent peut-être la façon de voir ?