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| Joyce Carol Oates | |
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Sahkti Envolée postale
Messages : 260 Inscription le : 21/11/2007 Age : 50 Localisation : Belgo-Suisse
| Sujet: Re: Joyce Carol Oates Mar 27 Nov 2007 - 8:29 | |
| Au commencement était la vie Kathleen Hennessy est une fillette qui, à onze ans, se voit placée dans des familles d'accueil parce que son père, ivre de rage et d'alcool, l'a battue le soir où sa mère a pris le large. Elle s'en est sortie, contrairement à sa petite soeur, décédée sous la force des coups. Kathleen est alors transbahutée d'une famille à l'autre pendant quelques années, timide, n'osant s'affirmer (elle souffre d'un physique ingrat). Peu à peu, elle trouve sa voie, elle sera aide-soignante. Ce bien qu'elle n'a pas reçu, elle le donnera aux autres. Tout se passe bien, Kathleen est une travailleuse modèle, aimée de ses collègues... Enfin c'est ce qu'elle croit. Elle découvre assez vite qu'il n'en est rien et cette bonté qui l'illuminait se transforme progressivement en cruauté et envie de tuer. Ce qu'elle fera. En elle et autour d'elle.
Joyce Carol Oates met, comme souvent dans ses oeuvres, l'accent sur une personne vivant à la limite de la norme. Il s'agit cette fois d'une gamine à l'enfance malheureuse qui grandit et se transforme en monstre aux apparences débonnaires. L'auteur va très loin dans l'exploration de cette âme un brin tordue, elle nous implique dans cette descente aux enfers en nous expliquant comment on en arrive là et cela paraît si simple, comme si ça allait de soi ! C'est là que c'est pervers, cette manière de réhabiliter des comportements complètement noirs et meurtriers. Le lecteur est pris à partie, sans le vouloir, il ne peut qu'évoluer en même temps que Kathleen, l'aimant et la détestant en même temps. En toile de fond, JC Oates nous brosse un portrait d'une certaine classe sociale de l'Amérique, la fresque d'une époque aujourd'hui bien révolue, celle de l'insouciance et du travail à volonté. Une lecture surprenante, violente et triste mais très enrichissante. | |
| | | Sahkti Envolée postale
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| Sujet: Re: Joyce Carol Oates Mar 27 Nov 2007 - 8:30 | |
| Délicieuses pourritures Nous sommes en 1975, dans une Nouvelle-Angleterre en pleine explosion des moeurs. Une université féminine, un savant cours de poésie, un professeur qui charme et son épouse sculptrice qui récolte les fruits des vendanges. Couple sadique et pervers qui détruit tout sur son passage, en commençant par le mental, c'est plus fragile qu'un corps. Gillina, la narratrice, nous expose ses mésaventures sous forme d'un journal intime qu'elle tient par obligation, parce que le prof veut tout connaître de la vie intime (surtout sexuelle) de ses élèves et leur a demandé de consigner chaque pensée, chaque propos. Elle le fait et conserve cela pour elle, ce qui nous permet d'assister, mi-spectateur mi-acteur à cette longue descente aux enfers que connaissent la plupart des filles de Heath Cottage. "Délicieuses pourritures" est un titre que j'aime bien. Pas uniquement parce que c'est un vers extrait de "Nèfles et sorbes" de D.H. Lawrence mais parce qu'il résume à merveille la manière de qualifier Andre Harrow et son épouse Dorcas, de délicieuses pourritures. Des êtres malsains et pervers qui prennent plaisir à déstabiliser et abuser de jeunes étudiantes amourachées de ce séduisant et mystérieux professeur de poésie qui joue la sévérité pour mieux les faire ployer sous ses doigts habiles. Deux êtres qui utilisent les autres afin de se trouver eux-mêmes, des personnes meurtries et torturées qui ne s'aiment qu'à travers le reflet de l'admiration qu'on leur porte et qu'ils lisent dans le regard de ces jeunes femmes tombées dans leur piège. Univers révoltant que Joyce Carol Oates décrit dans un langage simple et familier, alternant monologues intérieurs à descriptions de la vie de tous les jours. Le récit semble réel, palpable, ça lui donne une force qui finit par embarquer complètement le lecteur sur les traces de cette pauvre Gillian, qu'on prend en pitié tout en ressentant un peu d'agacement face à sa naïveté. Mais qu'aurions-nous fait à sa place, en cas de fol amour et de passion dévastatrice ? Sans doute la même chose... | |
| | | Sahkti Envolée postale
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| Sujet: Re: Joyce Carol Oates Mar 27 Nov 2007 - 8:30 | |
| Les chutes Un roman assez différent de la production habituelle de Joyce Carol Oates. Un style plus abouti, une intrigue fluide tout en étant davantage morcelée, un récit plus sûr. Un tout bon livre, c'est certain. A ceux qui ne connaîtraient pas l'auteur, celui-ci est sans doute un de ses meilleurs romans. Et ceux qui ont essayé mais n'ont pas accroché, retentez votre chance avec "Les chutes", vous serez agréablement surpris. Une saga familiale sur fond de Niagara Falls et de revendications écologiques, de mère mal-aimante et d'enfants meurtris, de deux maris qui disparaissent et de la musique envoûtante de l'eau qui gronde et emporte tout sur son passage. Sauf les fantômes. Sauf les souvenirs.
Ce dernier roman de Oates m'a séduite. Déjà fan de l'auteur depuis longtemps, j'y ai trouvé ici un aboutissement qui m'a agréablement suprise. Comme dans les autres récits de sa plume, on se retrouve confronté à une certaine image de l'Amérique, aux défis sociaux et économiques (augmentés cette fois d'une fibre environnementale), aux relations familiales et affectives difficiles. Au-delà du déclin de la tribu Burnaby, le lecteur assiste également à l'éclosion du phénomène touristique autour de Niagara Falls, à ses méfaits et à ses perversités. C'est tout un quartier qui change, une ville, une région et beaucoup n'auraont aucun scrupules à vouloir profiter de la poule aux oeufs d'or. Comme toujours, JC Oates dénonce indirectement, via une histoire sombre qu'elle raconte avec qualité et efficacité. Elle n'impose rien mais tout est là, de manière presque dérangeante parce qu'il est impossible de considérer ses textes comme de simples romans. Il y a toujours quelque chose en plus, une réflexion, une leçon assénée en douceur, un regard cynique porté sur ses contemporains. Une auteur plus militante qu'elle n'en a l'air. Plus subtile aussi. Pas étonnant qu'elle figure sur la liste des littérairement nobélisables... | |
| | | Sahkti Envolée postale
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| Sujet: Re: Joyce Carol Oates Mar 27 Nov 2007 - 8:31 | |
| Man crazy Nouvelle incursion dans le monde noir et glauque de Joyce Carol Oates, qui n'a pas son pareil pour narrer les dérives humaines. L'héroïne se nomme Ingrid Boone, une petite fille aimée par des parents qui se séparent pour diverses raisons et qui va grandir dans un univers où l'amour lui fera cruellement défaut. Non pas que sa mère ne l'aime pas, mais elle est elle-même trop jeune pour donner à autrui ce qu'elle réclame de son côté. Le temps passe, Ingrid l'adolescente se marginalise, s'offre volontiers, traduit sa nervosité par des éruptions cutanées assez violentes (une obsession dans ce livre!), erre d'homme en mec, avant de tomber sur Enoch Skaggs, leader d'une secte de sataniste qui laissent les gens mourir de faim ou les tuent avant de se repaître de leur sang et leurs organes. Assez sinistre. C'est au moment où la mort s'approche de très près qu'Ingrid finit par sauver sa peau et entame une thérapie qui lui ouvrira les portes d'une nouvelle vie.
C'est un récit dur et très sombre, Oates n'épargne rien au lecteur et elle le balade de A à Z dans les chemins de la glauquitude et du malaise. Je reprocherai peut-être cette fois à l'auteur d'en avoir trop fait, c'est dense et saccadé à la fois. Nous passons d'une époque à une autre dans les étapes de la vie d'Ingrid Boone en laissant derrière nous des épisodes inachevés, dans l'attente de savoir, en cherchant parfois à comprendre. On pourrait se dire que l'imagination n'a qu'à travailler mais Oates raconte tant de choses dans les parties narrées qu'il est difficile de se faire une petite place dans le récit. Ingrid Bonne et sa détresse occupent toute la place. Assurément pas pour remonter le moral, ce roman, même si la fin est très formatée attendue "happy end". | |
| | | Sahkti Envolée postale
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| Sujet: Re: Joyce Carol Oates Mar 27 Nov 2007 - 8:31 | |
| Un amour noir Nous sommes en 1912, dans l'Amérique raciste et mal-pensante. Calla, de son vrai prénom, Edith, est une jeune fille élevée par des membres de sa famille (ses parents sont morts quand elle était assez jeune) qui n'ont de cesse de la marier. C'est que la gamine est étrange, éprise de liberté, souvent contrariante et n'en faisant qu'à sa tête; il faut s'en débarrasser. On lui trouve un riche paysan, silencieux, emprisonné au sein d'une famille étouffante. Le couple va tant bien que mal, Calla donne trois enfants à son mari puis estime qu'elle a fait son boulot et qu'elle peut reprendre ses errances. C'est alors qu'elle croise le chemin d'un sourcier, Tyrell, un homme noir qui attire les regards méfiants de toute la population. Ils deviennent amants. Leur histoire se terminera par un drame, mais ne sera pas pour autant close, Calla poursuivant un semblant de vie, recluse et incomprise par tous.
Joyce Carol Oates nous livre ici un court roman dont l'idée de départ est assez banale, la liaison interdite entre une bourgeoise blanche et un vagabond noir, à l'époque où les alliances mixtes sont vilipendées. Ce qui différencie ce récit d'autres textes sur le même sujet, c'est l'atmosphère étrange que Oates dessine au fil des pages. Calla est une femme vraiment mystérieuse, qui agace et émeut à la fois. On se surprend à rêver avec elle de grands espaces et d'une solitude sans fin. On comprend l'oppression familiale, on lui en veut de délaisser à ce point ses enfants, on suit son parcours en s'en imprégnant totalement et sa fin de vie rend non pas triste, mais un brin mélancolique. Texte court et dense, qui reste cruellement d'actualité si on en extrait les éléments de l'incompréhension, de la marginalité et du carcan social imposé par des normes pas toujours en adéquation. | |
| | | Sahkti Envolée postale
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| Sujet: Re: Joyce Carol Oates Mar 27 Nov 2007 - 8:32 | |
| Johnny Blues John Reddy Heart est devenu la coqueluche des filles de Willowsville en quelques heures. Dès son arrivée dans la ville en fait. A bord d'une voyante cadillac couleur rose orange fluo, au volant alors qu'il n'a que onze ans. Sa mère, Dahlia Heart, surnommée le Dahlia blanc, est une starlette outrageusement maquillée qui fréquente beaucoup les hommes dit-on. Ce n'est pas pour rien qu'elle a hérité de cette somptueuse demeure léguée par un colonel à la retraite, plein aux as et ayant rendu l'âme dans les bras de la belle, alors qu'elle occupait un poste de "spécialiste en relations publiques" dans un casino de Las Vegas. La famille vit sous les regards des voisins jusqu'au jour où, quatre ans après leur arrivée, Johnny tue l'amant de sa mère. Il fait un an de maison de correction avant de revenir en ville, en résidence surveillée. Il est devenu un héros. Et les filles en sont encore plus amoureuses... Changement de style pour Joyce Carol Oates. C'est toujours l'Amérique profonde qu'elle dépeint, avec force détails, mais son écriture sombre fait place ici à des chroniques plus rythmées, vives et presque juvéniles. Elle donne la parole à l'entourage de John Red Heart et tente de comprendre comment il en est arrivé à tuer l'ami de sa mère. De multiples digressions, d'incessants retours dans le passé permettent de cerner la personnalité du héros assassin et de comprendre la vie aux States dans ces années 50-60. Un récit peut-être plus dense et par moments plus confus que d'autres romans de Oates, ce n'est pas celui que j'ai préféré. La trame a trop souvent tendance à s'éparpiller et se rompre pour reprendre un peu plus tard, avec de nouvelles idées, d'autres informations, des facettes supplémentaires destinées à dresser un portrait complet des protagonistes et de la situation. | |
| | | Sahkti Envolée postale
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| Sujet: Re: Joyce Carol Oates Mar 27 Nov 2007 - 8:32 | |
| La Fille tatouée En refermant ce livre, je me suis dit "Quel génie!". Parce que la fin, qui pourrait sembler banale ou facile, est en réalité une interrogation profonde et dérangeante sur le sens de la culpabilité et de la vengeance. Une réflexion qui prend tout son sens quand on sait qu'à de nombreuses reprises dans le roman, il est question de l'Holocauste, du révisionnisme et du poids de la faute à porter. Joyce Carol Oates réalise ici un coup de maître en glissant autant d'intensité dans un roman qui raconte une histoire somme toute assez simple de relation entre un professeur d'université fou de Virgile et de littérature liée à l'Holocauste et sa jeune assistance, femme brute et insensible, qui n'a qu'une idée en tête, le tuer. Parce que petite, on lui a dit qu'il fallait haïr les Juifs et que Joshua Seigl, son employeur, est Juif. Nous sommes à Mount Carmel, le récit se déroule de nos jours et aujourd'hui encore (l'actualité nous le répète hélas tous les jours), l'obscurantisme fait son sale travail. Beaucoup de sensisibilité et de pudeur dans la plume de Oates et aussi, comme toujours chez elle, cette habileté à décrypter les sentiments humains et à les exposer via des monologues de qualité. Que ce soit Seigl sur sa maladie qui peu à peu le diminue tant physiquement que moralement. Ou Alma Bush qui se convainc tant bien que mal que son employer doit être haï et en même temps, plaint et aidé. A mes yeux, un des meilleurs de l'auteur, d'une autre veine mais tout aussi plaisant que "Les chutes". La plume de Joyce Carol Oates, déjà de très bonne qualité, gagne en maturité et en excellence au fil des années. Les situations ou les faits qu'elle dénonce le sont avec plus de subtilité encore et leur actualité permanente n'en est que plus dérangeante. La fin de ce livre m'a fait penser à ce que j'avais éprouvé lorsque le film Dogville s'achève: un malaise par rapport à la vengeance que l'on souhaite pourtant (ce qui n'est pas forcément le cas de tout lecteur ici, mais cette vengeance fait partie intégrante du récit), tout en sachant que ce n'est guère très moral. Et de la moralité, chez Joyce Carol Oates, il en est souvent question, mais pas toujours celle qu'on imagine... | |
| | | Sahkti Envolée postale
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| Sujet: Re: Joyce Carol Oates Mar 27 Nov 2007 - 8:32 | |
| Nous étions les Mulvaney Il y a une famille heureuse, un brin déjantée, vivant dans la ferme du bonheur. Et puis un jour, il y a "ça", l'agression sexuelle dont est victime Marianne, l'unique fille de la famille, la princesse. Souffrance générale, le processus de la lente érosion destructrice se met en place. Plus rien ne sera jamais comme avant et l'empire familial Mulvaney commence déjà à appartenir au passé. Magistrale Joyce Carol Oates qui démontre de manière sensible et détaillée comment une famille s'autodétruit, comment ce qui était autrefois amour passionnel peut virer au désatre, parfois en dépit de tout bon sens. J'ai particulièrement apprécié l'intense humanité avec laquelle elle dépeint chacun des personnages, animaux y compris (et il y en a dans ce récit!). Cette proximité instaurée par et grâce à l'auteur permet au lecteur de s'attacher à chacun et de vivre profondément tous les événements qui marque le destin des Mulvaney. Impossible de rester extérieur ou insensible, l'immersion est totale et c'est ce qui permet de ressentir de telles colères ou de tels moments d'apitoiement devant ces gens qui vivent, qui souffrent, qui rient et qui pleurent comme chacun d'entre nous. La fin, en apparence heureuse, démontre à quel point l'éclatement a été fracassant et l'amertume n'en est que plus grande. Joyce Carol Oates livre ici un roman d'une très grande qualité! | |
| | | Sahkti Envolée postale
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| Sujet: Re: Joyce Carol Oates Mar 27 Nov 2007 - 8:33 | |
| Le ravin Joyce Carol Oates et le polar, ça ne donne pas forcément un mariage heureux. Essentiellement parce que l'auteur demeure fidèle à ses habitudes, à savoir dépeindre la psychologie des personnages et d'une société au détriment des faits et d'une intrigue à suspense. Si cette recette marche bien dans la plupart de ses romans, ici, on sent nettement que ce n'est pas du tout sa tasse de thé habituelle. C'est lent et assez mou, impossible de vraiment s'attacher à Matt McBride, contrairement à d'autres détestables héros de JC Oates qui finissent par nous toucher en dépit de leurs vies tourmentées. Un peu l'impression que l'auteur a écrit tout ceci autour d'une étincelle d'idée qui lui serait venue, avec des meurtres, et que son écriture s'est promenée sans trop savoir où aller, ce qui donne ce côté décousu et par moments trop rapide dans la succession des événements. Pas un bon polar, pas un bon Joyce Carol Oates non plus. Avec pourtant les ingrédients connus qui lui sont chers et que j'ai eu malgré tout du plaisir à retrouver, mais sans plus. | |
| | | Sahkti Envolée postale
Messages : 260 Inscription le : 21/11/2007 Age : 50 Localisation : Belgo-Suisse
| Sujet: Re: Joyce Carol Oates Mar 27 Nov 2007 - 8:33 | |
| Viol - Une histoire d'amour C'est une histoire d'amour. Celle d'une femme avec la vie. Celle d'une enfant pour sa mère. Celle d'un flic pour la justice. Celle d'un lecteur pour des personnages détruits. Un 4 juillet comme tant d'autres à Niagara Falls, un viol collectif, une enfance qui prend subitement fin et le commencement d'atroces rumeurs disant "Elle l'a bien cherché". Face au poids des accusations et du doute qu'elle lit partout dans le regard des autres, Tina Maguire préfère se taire, renoncer au procès et s'enfermer dans une semi-démence éthylique. Sa fille Bethel veille, aidée par Dromoor, un flic qui exerce la justice de manière très particulière. Pas de voyeurisme chez Joyce Carol Oates, ce n'est pas son truc et c'est très bien. Ses mots pour dire ce qu'il y a autour d'un fait sont bien plus percutants que toutes les images qu'elle voudrait nous livrer. Très tôt la révolte s'installe face à cette injustice hélas encore trop fréquente de la victime devenue coupable. On ne sort pas indemne de cette lecture, il y a de la colère mais aussi énormément d'attachement ressenti pour les protagonistes, tant Tina que Bethel. Oates n'a pas son pareil pour raconter la noirceur et la souffrance en les conservant vivantes, palpables, presque remplies d'espoir. Parce que même quand tout est noir, il y a de la vie. Encore et toujours. | |
| | | Sahkti Envolée postale
Messages : 260 Inscription le : 21/11/2007 Age : 50 Localisation : Belgo-Suisse
| Sujet: Re: Joyce Carol Oates Mar 27 Nov 2007 - 8:34 | |
| Hantises
Hantises est un recueil de nouvelles de Joyce Carol Oates, précédemment publiées dans divers magazines et journaux américains. Ces nouvelles ont toutes un fil conducteur: leur étrangeté, entre surréalisme et fantastique. Leur gravité également, elles abordent des sujets douloureux, des souvenirs qui font mal. Chaque narrateur fait un plongeon dans le passé, revit des scènes qui oblige la mémoire à travailler avec tout ce que cela comporte comme dangers et risques d'effondrement des repères. Une fois de plus, Joyce Carol Oates explore à fond l'âme humaine et ses mécanismes de pensées. Beaucoup de subtilité dans ses lignes et puis ce petit côté étrange, presque palpitant des différentes nouvelles; on frôle le moment où tout pourrait basculer, on attend avec impatience un rebondissement et puis rien, elle laisse au lecteur le soin d'entretenir le mystère et d'imaginer ce qu'il veut, les non-dits sont riches de silences et de significations, c'est bigrement bien mené.
Personnellement, je trouve que Joyce Carol Oates est plus efficace sur le long terme, ses romans permettent de cheminer en compagnie des protagonistes et faire pleinement connaissance avec eux et leur monde. les nouvelles ne permettent pas toujours cette approche en profondeur mais l'auteur se défend malgré tout très bien dans ce domaine et ce recueil peut donner envie à ceux qui ne connaitraient pas encore Joyce Carol Oates de partir à la conquête de son oeuvre si riche et si belle. | |
| | | Steven Zen littéraire
Messages : 4499 Inscription le : 26/09/2007 Age : 52 Localisation : Saint-Sever (Landes)
| Sujet: Re: Joyce Carol Oates Dim 30 Mar 2008 - 16:00 | |
| Je viens de finir "Les Chutes". J'ai eu beaucoup de mal à entrer dans ce roman. L'idylle entre Ariah Littrell, fille de révérend, chanteuse douée, et Gilbert Erskine, révérend brillant, plein d'avenir, qui s'achève brusquement par le suicide de ce dernier. La description précise du corps retrouvé après plusieurs jours dans le fleuve... Un fait divers banal. Une jeune mariée, veuve le lendemain de sa nuit de noce. (Est-elle encore vierge, c'est ce qu'elle se demande)... Puis l'obstination de la veuve blanche des Chutes à ne pas lâcher (elle mènera les recherches plutôt que regagner sa ville, Troy, et un passé dont elle ne veut plus). Puis la passion dévorante de Dirk Burnaby, passion physique avant tout... Bref, je me suis obstiné et j'ai continué la lecture. Et puis e temps qui passe, qui érode la passion... Et puis l'affaire Love Canal... Je n'accrochais pas encore. Et il y a la damnation de la veuve blanche qui me poussait à continuer pour savoir quand elle resurgirait. A partir de ce moment-là, quand on s'est intéressé avec l'auteur à la "deuxième génération" je n'ai plus lâché le livre. Chandler, Royal et Juliet qui vont se forger leur histoire, se créer un destin sans leur père mort et avec leur mère excentrique et distante. "Ca s'est passé avant votre mort" s'obstine à dire Ariah. Mais rien n'y fait, le destin les rattrape et jusqu'au bout la malédiction semble devoir frapper... Le destin de Juliet m'a particulièrement touché. Personnage gracile, fragile rêveur. Oates dépeint en toile de fond une société américaine tournée entièrement vers son développement industriel aux dépens des habitants des quartiers les plus pauvres sacrifiés pour que les industriels et les politiques, mains dans la mains, puissent s'enrichir... Dirk Burnaby, avocat brillant sacrifiera sa carrière et sa vie à cette cause. Et le destin de sa famille changera. Le style de narration est surprenant, avec des incursions du "je" et du "nous" au milieu d'une narration impersonnelle (je me suis demandé si le narrateur était un des personnages - pas de réponse). C'était, il me semble, un bon roman pour aborder cette auteure qui en écrivant les Chutes avec une majuscule lui confère la place d'un personnage du roman. - Citation :
- Les voix ! Les voix dans les Chutes... En hiver les Chutes sont gainées de glace et des arc-en-ciel scintillent au-dessus des gorges et la brume est gelée comme du verre filé sur les arbres et un frêle pont de glace se forme sur le fleuve entre Luna Island et les Bridal Veil Falls et tu as envie de croire qu'on peut traverser ce pont et les voix sont assourdies, presque inaudibles. Il faut retenir sa respiration pour les entendre. Mais fin mars, début avril, avec le dégel, les voix reviennent, plus fortes, plus stridentes et ce pendant attirantes, et en juin quand le jour anniversaire de sa mort approche, les voix se font tonitruantes et impatientes et tu les entends dans ton sommeil loin du fleuve tumultueux.Juliet ! Juliet ! Burn-a-by ! Honte, honte sur ce nom. Tu connais ton nom. Viens rejoindre ton père dans les Chutes.
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| | | sousmarin Zen littéraire
Messages : 3021 Inscription le : 31/01/2007 Localisation : Sarthe
| Sujet: Re: Joyce Carol Oates Dim 30 Mar 2008 - 18:33 | |
| Quand on n’est pas habitué, et même parfois quand on l’est, il faut toujours un certain temps pour s’accoutumer au style de Joyce Carol Oates. C’est pour cela que ses plus gros romans sont aussi les meilleurs. Dans ce domaine, le plus emblématique de ces romans est Blonde, absolument stupéfiant et très déstabilisateur. Il faut également accepter, en tant que lecteur, à ne pas avoir de réponses à de nombreuses interrogations…il règne toujours une certaine ambiguïté dans sa littérature. Je persiste pour conseiller, aux bienheureux qui ne l’ont pas encore lu, Nous étions les Mulvaney, Eux ou Corky comme les meilleurs pour appréhender le style de l’auteur…si vous n’aimez pas ceux là, inutile de continuer. PS : Pour Queenie, c’est 'Confessions d'un gang de filles'… | |
| | | Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
| | | | Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence
| Sujet: Re: Joyce Carol Oates Dim 13 Avr 2008 - 15:53 | |
| Je viens de terminer les "Chutes".
je ne vais pas en faire le résumé, Marie l'a parfaitement commenté.
Je ne trouve pas ce livre "mélo" . La situation des habitants de cette ville, pauvres ou riches était une réalité.
Quant à l'histoire de ce couple, si les faits sont dramatiques je n'ai trouvé aucune mièvrerie, ni dans les actes, ni dans les paroles.
c'est le premier livre que je lis et je ne demande qu'à continuer. | |
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