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Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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Messages : 5026 Inscription le : 16/02/2013 Age : 36 Localisation : Suède
Sujet: Re: Joyce Carol Oates Ven 12 Juil 2013 - 16:29
Ça donne envie, je suis impatiente de le commencer !
églantine Zen littéraire
Messages : 6498 Inscription le : 15/01/2013 Age : 59 Localisation : Peu importe
Sujet: Re: Joyce Carol Oates Jeu 15 Aoû 2013 - 18:26
coline a écrit:
Aeriale a écrit:
-La fille du fossoyeur-
Encore une fois un grand roman qu' il me sera difficile d'oublier. Des thèmes lourds sont abordés, suggérés parfois, Oates laissant souvent en suspens des phrases jetées au hasard du récit ( par exemple sur les rapports peut-être incestieux avec son frère ainé ) Elle nous laisse libre d'imaginer, de même que cette fin légèrement tronquée (on n'en saura pas plus sur son mari ou son fils) Mais il y a toujours cette nécessité de se battre, ce destin qui s'acharne et la force vitale qui anime ses héroines. Diablement marquant
Chouette commentaire Aériale!... Ce roman, comme Harelde, est aussi dans mon Joyce Carol Oates's Top 3 ou 4!
Oui ,chouette commentaire Aériale mais d'autres aussi que je viens de lire plus haut : visiblement cet opus aura fait l'unanimité auprès des Parfumés!
Terminé "La fille du fossoyeur" de JCO,lecture complètement addictive !!! .......... Incroyable talent que cette auteure si prolifique ! Mais j'avoue qu' elle représente pour moi un mystère ....cette imagination , cette perspicacité dans la psychologie fouillée de ses personnages , cette audace pour créer des situations extrêmes dans le sordide bien souvent , et cette alchimie unique entraînant le lecteur dans son monde obscur , sans complaisance pour l'âme humaine! Ses personnages, malgré la marque de l'atavisme , le poids du passé , l'inévitable schéma qui se reproduit au fil des générations , la trame douloureuse de l'histoire collective , familiale ou personnelle possèdent bien souvent une puissance vitale salvatrice : telle cette Rebecca , qui passera sa vie à chercher avec la force instinctive de l'animal , la voie du moment pour survivre ! Une vie entière dans la fuite , marquée par une tragédie familiale , puis par un mariage raté qui ne sera que la suite de ce mauvais départ ..... pour rebondir une fois de plus , déterminée par la volonté farouche de faire de son fils un pianiste émérite , phénomène de résilience en mémoire à sa mère qui aimait la musique .....Endossant plusieurs identités au fil de sa vie dans la volonté d'effacer les blessures ,elle ne trouvera la paix qu'à la fin de sa vie en nourrissant passionnément une relation épistolaire avec une cousine ........ renouant ainsi avec ses origines ..... On devine qu'atteinte d'un cancer , elle partira apaisée ......... emportant avec elle tous ses secrets ,laissant le souvenir d'une femme mystérieuse , terriblement attachante , effrayante quelquefois , insaisissable souvent ....
Pas moins de 700 pages encore et pourtant à aucun moment on ne ressent quelque effet de délayage : c'est du grand art d'une magicienne de l'écriture !
Dernière édition par églantine le Jeu 15 Aoû 2013 - 22:08, édité 2 fois
coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
Sujet: Re: Joyce Carol Oates Jeu 15 Aoû 2013 - 19:40
églantine a écrit:
coline a écrit:
Aeriale a écrit:
-La fille du fossoyeur-
Encore une fois un grand roman qu' il me sera difficile d'oublier. Des thèmes lourds sont abordés, suggérés parfois, Oates laissant souvent en suspens des phrases jetées au hasard du récit ( par exemple sur les rapports peut-être incestieux avec son frère ainé ) Elle nous laisse libre d'imaginer, de même que cette fin légèrement tronquée (on n'en saura pas plus sur son mari ou son fils) Mais il y a toujours cette nécessité de se battre, ce destin qui s'acharne et la force vitale qui anime ses héroines. Diablement marquant
Chouette commentaire Aériale!... Ce roman, comme Harelde, est aussi dans mon Joyce Carol Oates's Top 3 ou 4!
Oui ,chouette commentaire Aériale mais d'autres aussi que je viens de lire plus haut : visiblement cet opus aura fait l'unanimité auprès des Parfumés!
Terminé "La fille du fossoyeur" de JCO,lecture complètement addictive !!! .......... Incroyable talent que cette auteure si prolifique ! Mais j'avoue qu' elle représente pour moi un mystère ....cette imagination , cette perspicacité dans la psychologie fouillée de ses personnages , cette audace pour créer des situations extrêmes dans le sordide bien souvent , et cette alchimie unique entraînant le lecteur dans son monde obscur , sans complaisance pour l'âme humain!
C'est ce qui me fascine totalement chez cette auteure. Et ce roman-là est particulièrement réussi.
Harelde Zen littéraire
Messages : 6465 Inscription le : 28/04/2010 Age : 49 Localisation : Yvelines
Sujet: Re: Joyce Carol Oates Mer 4 Sep 2013 - 10:35
Bellefleur
Manoir de Bellefleur, dans les Adirondack, état de New-York. Des montagnes, un lac aux eaux noires. Austérité, sévérité. Une famille (les Bellefleur) sur six générations. La demeure familiale de 64 pièces abrite toute la famille : le père la mère, les enfants, les grands-parents et arrière-grands-parents encore en vie. Une partie des oncles et tantes et une armada de cousins.
Une famille riche. Sur le déclin toutefois : l’immense fortune s’est un peu étiolée. On reste très à l’aise, mais on n’a plus les moyens de réparer le toit du manoir qui fuit de toute part. Les fenêtres mériteraient également d’être changées. Mais pour les gens de la région, les châtelains restent des gens puissants. Respectés. Et craint ! On ne les aime pas beaucoup. Pas certain qu’ils soient des gens bien comme il faut. Ils ont d’ailleurs une particularité : ils ne meurent pas dans leur lit, mais de mort violente. Quand on retrouve leur corps (beaucoup ont disparu sans laisser de trace).
Et je n’en saurai pas beaucoup plus de cette saga familiale de 980 pages qui m’est tombée des mains aux environs de la page 100. Une grande première en ce qui concerne JCO – mon auteur de prédilection dont Bellefleur était le vingtième que le lisais. Un livre qui ne ressemble en rien aux autres : des phrases longues, interminables à la place des phrases courtes et percutantes habituelles. Une multitude de personnages que j’ai eus énormément de mal à situer les uns par rapport aux autres. Un texte très narratif, bien écrit mais sans originalité et sans les fameuses petites sentences en italiques qui font le sel de l’auteur.
Un livre publié en 1981 en France alors que seuls dix romans de l’auteur étaient traduits. Un livre de « jeunesse » bien moins captivant que ses romans suivants. Impossible de lire dix pages sans piquer du nez. Je peux faire l’effort sur 300 pages. Pas sur près de mille !
Un échec retentissant : le premier !
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Joyce Carol Oates Mer 4 Sep 2013 - 10:51
Elle a voulu faire un pastiche de la littérature de la fin du XIXe (Henry James and co). Il y a d'ailleurs des echos à certains romans de James. C'est vrai que l'ecriture est différente de d'habitude. Mais il y a de beaux moments. C'est assez envoûtant. Mes souvenirs sont un peu lointains. J'avais bien aimé ces phrases à rallonge justement. Et c'est surtout une chronique familiale donc ça ne se lit pas tout à fait comme un roman classique. Tu peux y revenir par épisodes par exemple.
Harelde Zen littéraire
Messages : 6465 Inscription le : 28/04/2010 Age : 49 Localisation : Yvelines
Sujet: Re: Joyce Carol Oates Mer 4 Sep 2013 - 11:05
Marko a écrit:
Elle a voulu faire un pastiche de la littérature de la fin du XIXe (Henry James and co). Il y a d'ailleurs des echos à certains romans de James. C'est vrai que l'ecriture est différente de d'habitude. Mais il y a de beaux moments. C'est assez envoûtant. Mes souvenirs sont un peu lointains. J'avais bien aimé ces phrases à rallonge justement. Et c'est surtout une chronique familiale donc ça ne se lit pas tout à fait comme un roman classique. Tu peux y revenir par épisodes par exemple.
Je réessaierai...
Heyoka Zen littéraire
Messages : 5026 Inscription le : 16/02/2013 Age : 36 Localisation : Suède
Sujet: Re: Joyce Carol Oates Mer 4 Sep 2013 - 11:44
Harelde a écrit:
Et je n’en saurai pas beaucoup plus de cette saga familiale de 980 pages qui m’est tombée des mains aux environs de la page 100.
Aaaah je me disais aussi que tu ne pouvais pas l'avoir englouti aussi vite !
Tu n'as pas retrouvé ce que tu aimes d'habitude chez l'auteur, tu apprécieras d'autant plus le prochain.
Je vais commencer mon pavé moi aussi...
Harelde Zen littéraire
Messages : 6465 Inscription le : 28/04/2010 Age : 49 Localisation : Yvelines
Sujet: Re: Joyce Carol Oates Mer 4 Sep 2013 - 11:59
Heyoka a écrit:
Tu n'as pas retrouvé ce que tu aimes d'habitude chez l'auteur, tu apprécieras d'autant plus le prochain.
C'est le cas pour le moment !
Marie Zen littéraire
Messages : 9564 Inscription le : 26/02/2007 Localisation : Moorea
Sujet: Re: Joyce Carol Oates Mer 4 Sep 2013 - 19:42
Harelde a écrit:
Impossible de lire dix pages sans piquer du nez. Je peux faire l’effort sur 300 pages. Pas sur près de mille !
Oui, mais je crois me souvenir que le début de Bellefleur m'avait ennuyée un peu. Et puis, je me suis laissée entraîner dans cette histoire familiale , que j'ai trouvée finalement très maitrisée sur la longueur, et j'ai beaucoup aimé.
Sigismond Agilité postale
Messages : 875 Inscription le : 25/03/2013
Sujet: Re: Joyce Carol Oates Sam 7 Sep 2013 - 22:57
Harelde a écrit:
Spoiler:
Attention : critique teintée d'une certaine dose de partialité !
Petit oiseau du ciel
Zoe Kruller est décédée. Assassinée une nuit de février 1983 dans sa maison de Sparta – NY. A 34 ans, elle aimait chanter avec son groupe et espérait enregistrer un disque. Percer. Etre heureuse. « Petit oiseau du ciel » est sa chanson qui a eu le plus de succès. Un succès néanmoins local. C’est également le surnom qu’elle avait donné à son fils. Zoé était belle, sexy et avait des rêves de carrière. D’ailleurs, ne devait-on pas l’emmener à Végas un jour prochain (preuve que ces espoirs n’étaient pas infondés) ? La police a deux suspects (qui ne seront jamais arrêtés). Delray, le mari d’avec lequel elle vivait séparée : un homme peu bavard, un peu rustre à l’ascendance indienne Seneca incontestable. Et Eddy Diehl, un « blanc » comme elle : l’amant. Ou un des amants comme l’affirment les mauvaises langues. Car Zoe, après avoir travaillé comme vendeuse à la laiterie locale, était employée dans un bar. Et pas seulement comme serveuse à ce qu’on dit. Qui est le coupable ? Delray ou Eddy ? Dans la première partie du livre, le lecteur suit les traces de Krista, la fillette d’Eddy. Agée de 11 ans à l’époque des faits. Elle adore son papa malgré son penchant pour l’alcool. Et son papa l’adore en retour. Lui aussi à surnommé son enfant chérie « Petit oiseau du ciel ». A la suite du meurtre (pudiquement appelé « les ennuis de papa »), le lecteur assiste à ses côtés à l’explosion de la bulle familiale. Papa qui quitte la maison pour s’installer chez un oncle. Ben, le grand frère se met à détester son père qui les a « abandonné ». Maman qui critique papa (adultère) à chaque occasion. Elle a d’ailleurs obtenu du juge une ordonnance interdisant à Eddy d’approcher maison, femme et enfants. Maman cherche à préserver les enfants. Elle s’enferme pour parler au téléphone. On ne regarde plus la télévision (surtout les actualités). Le journal ne traine plus sur la table. Mais Krista est une jeune fille intelligente : elle perçoit le malaise ambiant, elle voit sa mère pleurer, ses camarades de classes répéter ce qu’ils entendent chez eux. La haine de Ben est également dirigé contre les Kruller, les criminels responsables de leurs « ennuis » : rien de bon à espérer avec ces indiens. Pourquoi ne pas les maintenir dans leur réserve comme le demandent certains ? Bien sûr, il déteste Aaron qui a le même âge que lui. Même âge mais une classe d’écart car Aaron a redoublé. Même âge mais bâti bien plus solidement : un bagarreur, un délinquant multirécidiviste (déjà !) qui sait à peine lire et écrire et qui finit par être exclu définitivement du lycée (bon débarras). La seconde partie donne la parole à la seconde famille. L’autre face de la médaille : comme un droit de réponse pour mettre en avant les spécificités, les différences mais aussi tous les points communs. Après Krista, la narration est confiée à Aaron. C’est lui, âgé de 15 ans qui a découvert le corps de sa mère : il venait chercher son cadeau de Noël que sa mère n’avait pas encore trouvé le temps de lui remettre. Le lecteur assiste cette fois à la séparation du couple Zoe/Delray, à l’admiration générale (et pas toujours muette) que la population masculine de la ville voue à la jeune femme. A l’antipathie et la discrimination tout aussi générales que son père et lui-même doivent subir au quotidien de la part des « blancs ». Les difficultés d’argent, le garage du père que les clients désertent un peu plus à chaque nouvelle publication de la photo de Delray à la une. Aaron, cet adolescent ténébreux, secret, qui fascine les filles et que les garçons craignent. Que les professeurs rabrouent sans cesse. Que la police surveille de loin attendant le faux pas non sans une certaine fébrilité malsaine. Le lecteur fait alors corps avec ce « sang-mêlé », gêné de la condescendance des « blancs » bienveillants, offusqué de l’injustice des plus radicaux (délit de « sale-gueule »). Irrité de l’indifférence du plus grand nombre. A l’occasion de ce crime, Joyce Carol Oates nous décrit les deux mondes qui vivent côte à côte, se détestant souvent, se mélangeant rarement. L’affaire policière demeure à l’arrière plan : un simple fil conducteur jalonnant le livre. Le lecteur ne fera qu’apercevoir les enquêteurs, ne lira que quelques manchettes. Un prétexte, donc : un simple point de départ comme un autre pour initier une critique de la société américaine, ces environs des Chutes du Niagara, du lac Ontario et des Adirondacks que JCO connaît si bien. L’omniprésence du qu’en-dira-t-on, la force des rumeurs colportées de bouches à oreilles et qui font le tour de la ville en quelques heures. Les esprits rarement critiques toujours prêts à accepter une nouvelle (surtout les mauvaises), à croire l’incroyable. Les langues peu charitables promptes à invectiver, critiquer, calomnier. A répéter sans analyse et sans retard. Une nouvelle fois, l’auteur étudie davantage les répercussions d’un évènement sur la population que l’évènement lui-même. Malgré son crime initial, ce livre n’a rien d’un roman policier mais reste une étude de mœurs dans laquelle JCO excelle. Comme à son habitude, elle distille ses indices par petite touches impressionnistes et ne n’attache pas trop d’importance pour la chronologie, sautant fréquemment d’une époque à l’autre, ajoutant une à une les pièces du puzzle.
Un opus haut de gamme, à mi-chemin entre « Nous étions les Mulvanney » et « Johnny Blues » et qui, selon moi, rivalise avec les meilleurs. Un des JCO les plus noirs que j’ai eu l’occasion de lire. Un moment de lecture exceptionnel.
Donc ça démarre sur une agacerie bien mineure, le titre: En anglais c'est Little Bird of Heaven (majuscules), très mal rendu (pour autant que ce soit, dès lors, rendu par le traducteur en "petit oiseau du ciel (minuscules). Petit Oiseau de (ou du ? quoique c'est "of" et non "from" en anglais) Paradis était-il moins vendeur ?
En tous cas, c'est une référence musicale à une chanson de Martha Scanlan, celle-ci: Il est même précisé que c'est dans l'interprétation qu'en ont effectuée The Reeltimes Travellers, donc celle-ci: Pour continuer sur l'univers musical suggéré par l'ouvrage, Johnny Cash hante le livre par soubresauts, et le nom d'emprunt d'Eddy Dielh laissé à la réception du motel n'est-il pas John Cass, du reste ? Mais il est fait plus précisément référence à cette chanson-là: Sans redite par rapport au message d'Harelde quoté ci-dessus, et sans vous narrer le livre, il n'y a plus grande matière à vous poster, néanmoins quelques petites choses, en vrac:
- Je note, sans trop savoir qu'en penser, que Mme Oates écrit au "je" quand c'est Krista, mais n'ose le faire quand c'est Aaron (ou "Krull"). Bizarre !!
- L'assassinat de Zoe n'a fait que des victimes, une cascade de victimes: Zoe bien sûr, d'abord, avant toutes les autres victimes. Eddy Dielh. Mais aussi Krista, Ben et Aaron. Lucille, et Delray. Et un personnage d'importance primordiale, Jacqueline DeLucca.
- Par le plus grand des hasards j'ai passé douze mois dans ce coin-là de l'Etat de New-York, juste un peu plus au nord en fait, et ce pile à l'époque des années 80 lors de laquelle se déroule l'action. Oui, Sparta existe vraiment, c'est une bourgade de 1600 âmes environ, la Mohawk et la Black River existent et coulent là, la ligne de chemin de fer Chautauqua & Buffalo est réelle, il semble que les rues le soient aussi, d'ici que les bâtiments dans les rues, avec les adresses précises données par Mme Oates soient aussi "vrais", il n'y a sûrement pas loin, je ne suis pas allé vérifier, en dépit des possibilités de Google Map et de Google Earth...
En tous cas je "vois" l'aspect général des descriptions avec beaucoup d'acuité, beaucoup plus que si on me décrivait, par exemple, le Bordeaux des années 80 dans lequel j'ai vécu et où je vis toujours, parce que je ne suis jamais retourné dans ce coin-là depuis les années 80, et donc mes images et représentations sont intactes, figées telles quelles à cette date-là.
Et cela s'applique bien sûr aux voitures, aux fringues, aux pizzas, cafés, motels, et même aux voix, à l'accent, aux tournures d'esprit et de phrases, aux mentalités et modes de pensées, etc..., au lycée, aux paysages, bref, tout le décor (même si Mme Oates nous dit trop peu, à mon goût, des Adirondacks et de la somptueuse nature environnante).
Je revois bien sûr le lacrosse, ce jeu guerrier, les indiens (c'étaient les Cayugas et non les Senecas du côté où j'étais -deux des six nations Iroquois- mais leur "poids", la problématique liée aux réserves, à leur présence hors de celles-ci, à leur aspect, à la façon de se conduire est bien la même, les scènes de basket-ball ne sont pas écrites à trait forcé, par exemple, et j'avais gagné l'estime et l'amitié d'un garçon Cayuga ce qui était rarissime de parvenir à faire, en bonne partie parce que j'étais...étranger), je revois aussi le côté bien décrit "sale petite blanche", qui peut étonner le lecteur français, en l'occurrence moi c'était plutôt "sale petit blanc" -bec, pour être complet et exact .
Je revois aussi les endroits glauques et sordides, ces décors si fortement rendus par l'auteur, vraiment avec grand talent, où se rejoignent ces paumés sous crystal Meth, sous Quaalude (ou "Q Lude", ou "Lude"), sous mauvaise poudre tenue pour cocaïne, speedball ou héroïne, sous herbe, sous alcool...
Donc c'est peu dire que ce livre me "parle", c'est même minimiser, euphémiser !!
Qu'il est fort, si brillant de technique littéraire comme de profondeur intime, ce livre !
Que ce Petit Oiseau de Paradis (j'insiste, mais enfin cher éditeur et cher traducteur, le ciel et l'endroit commun où se meuvent les oiseaux, pensez-y quand vous mettez "ciel" sans majuscule, ce n'est même pas que j'ai l'impression à lire ce titre que vous tentez l'invention du sel sans sel, mais carrément que vous êtes en plein contresens majeur !), si petit, cet oiseau-là, si ténu soit-il, puisse être le pendant du long arpentage descendant des cercles de l'enfer dans lesquels se meuvent les personnages, là, Mme Oates, je m'incline. Très respectueusement.
Et je rejoins tout à fait Harelde dans la louange.
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Joyce Carol Oates Sam 7 Sep 2013 - 23:55
Ben dis donc! Bel hommage Et bienvenue au fan club JCO.
Marie Zen littéraire
Messages : 9564 Inscription le : 26/02/2007 Localisation : Moorea
Sujet: Re: Joyce Carol Oates Dim 8 Sep 2013 - 1:24
Sigismond a écrit:
Donc ça démarre sur une agacerie bien mineure, le titre: En anglais c'est Little Bird of Heaven (majuscules), très mal rendu (pour autant que ce soit, dès lors, rendu par le traducteur en "petit oiseau du ciel (minuscules).
Et bien voilà encore un exemple de mauvaise traduction du titre.. On en a déjà parlé, dont récemment sur le fil de Sylvia Plath, mais je trouve que c'est un réel problème! Dans l'oeuvre prolifique de JCO que j'aime beaucoup également, celui-là, je l'avais éliminé d'emblée. A cause du titre..
Marie Zen littéraire
Messages : 9564 Inscription le : 26/02/2007 Localisation : Moorea
Sujet: Re: Joyce Carol Oates Dim 8 Sep 2013 - 2:26
Ca y est, j'ai reparcouru tout le fil Ce qui est amusant, c'est que régulièrement, quelqu'un arrive , demande " par lequel me conseilleriez-vous de commencer", et chacun y va de son préféré..
Et là..
Heyoka a écrit:
Bon, puisque je suis grillée, vous conseillez lequel de ses nombreux livres pour un premier pas dans son univers ?
Moi, je t'aurais répondu Marya, une vie.
Non, que ce soit mon préféré, mon préféré est peut être celui que j'ai lu le premier, parce que c'était le premier et que je pénétrais dans un univers et une écriture bien particulières,Les Chutes. Juste un conseil un peu plus personnalisé ,peut être, celui que j'ai trouvé le plus émouvant? C'est tellement difficile, de conseiller un livre..Surtout de cet auteur.
Heyoka Zen littéraire
Messages : 5026 Inscription le : 16/02/2013 Age : 36 Localisation : Suède
Sujet: Re: Joyce Carol Oates Dim 8 Sep 2013 - 10:01
Marie a écrit:
Moi, je t'aurais répondu Marya, une vie.
« Ne commence pas à pleurer, tu ne pourras plus t’arrêter. »
Je suivrai ton conseil, merci Marie.
Epi Escargote Zen
Messages : 14255 Inscription le : 05/03/2008 Age : 64 Localisation : à l'ouest
Sujet: Re: Joyce Carol Oates Dim 8 Sep 2013 - 10:32
Sigismond a écrit:
Donc ça démarre sur une agacerie bien mineure, le titre: En anglais c'est Little Bird of Heaven (majuscules), très mal rendu (pour autant que ce soit, dès lors, rendu par le traducteur en "petit oiseau du ciel (minuscules). Petit Oiseau de (ou du ? quoique c'est "of" et non "from" en anglais) Paradis était-il moins vendeur ?
Je n'ai pas lu le livre donc je ne sais pas si "paradis" aurait été plus adapté que "ciel" mais en ce qui concerne les majuscules/minuscules, c'est normal, la règle en anglais est de mettre une majuscule sur chaque mot (sauf si c'est une préposition à moins qu'elle ne soit au début), cela ne signifie rien de particulier, sauf que c'est un titre, alors qu'en français on ne met la majuscule que sur le premier mot et les noms propres.