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| Louis-René des Forêts | |
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+5Sigismond Marko eXPie Constance animal 9 participants | |
Auteur | Message |
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Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Louis-René des Forêts Dim 7 Juil 2013 - 21:39 | |
| Très intéressant tout ça, mais il y a déjà un fil pour l 'auteur ici , ouvert par un certain Animal. | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Louis-René des Forêts Dim 7 Juil 2013 - 21:43 | |
| arf, oui. mais quelqu'un va mettre du scotch autour des deux fils !
je pense que je peux encore être récalcitrant mais ça a l'air bien à la façon dont tu en parles.
(Blanchot ? pour les "procédé narratif" et "extrême qualité de la plume" ?) | |
| | | Sigismond Agilité postale
Messages : 875 Inscription le : 25/03/2013
| Sujet: Re: Louis-René des Forêts Dim 7 Juil 2013 - 21:50 | |
| - Arabella a écrit:
- Très intéressant tout ça, mais il y a déjà un fil pour l 'auteur ici , ouvert par un certain Animal.
arf , le pire est que j'avais bien sûr regardé, mais je me plante dès qu'il y a particule . | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Louis-René des Forêts Lun 8 Juil 2013 - 8:12 | |
| - animal a écrit:
- arf, oui. mais quelqu'un va mettre du scotch autour des deux fils !
c'est fait | |
| | | Sigismond Agilité postale
Messages : 875 Inscription le : 25/03/2013
| Sujet: Re: Louis-René des Forêts Lun 8 Juil 2013 - 15:40 | |
| - kenavo a écrit:
- animal a écrit:
- arf, oui. mais quelqu'un va mettre du scotch autour des deux fils !
c'est fait Grand merci Kenavo ! | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Louis-René des Forêts Lun 8 Juil 2013 - 16:15 | |
| ... ça me rappelle qu' il faut que je lise Ostinato ! | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Louis-René des Forêts Mar 24 Sep 2013 - 22:41 | |
| Le jeune homme qu’on surnommait BengaliIllustré aux Éditions du chemin de fer par Frédérique Loutz - Citation :
- J’avais décidé de le mettre complètement à plat, pour le plaisir ; il était très jeune, à peine vingt ans, et j’en ferais mon souffre-douleur, ce serait une distraction. Pendant un court moment, je ne regretterais plus ma solitude.
Un prisonnier en attente de jugement s’est construit un monde de silence. L’arrivée dans sa cellule du jeune Bengali vient rompre son isolement et l’oblige à faire tomber une à une les défenses qu’il avait érigées. Paru en décembre 1943 dans la revue Le livre des lettres, Le jeune homme qu’on surnommait Bengali est la première nouvelle publiée de Louis-René des Forêts (1918-2000). La même année, paraît son premier roman chez Gallimard, Les mendiants. Méditation sur l’agression et l’affection, sur l’enfermement et la liberté, la parole qui blesse et qui exalte, Le jeune homme qu’on surnommait Bengali concentre les thèmes majeurs des livres à venir, du Bavard à Ostinato, en passant par Un malade en forêt. Saluée par Jean-Paul Sartre, Maurice Blanchot ou Marguerite Duras, l’œuvre de Louis-René des Forêts est aujourd’hui reconnue comme l’une des plus exigeantes de la littérature contemporaine.
À partir d’une référence explicite au corps tatoué des prisonniers, Frédérique Loutz crée une série où la prolifération des signes se joue du plein et du vide, du sens ou du non-sens. Libre à chacun de lire dans ce flux de signes une matérialisation de l’imaginaire, une métaphore de la liberté… chemindefer.orgLa nouvelle est très courte et apparait comme une rêverie malheureuse. Le langage avec ses jeux et ses mensonges est aussi le lieu d'une perméabilité de l'identité entre celui qui parle et imagine et cet autre. Ajoutons à cela un rapport diffus à l'enfance (pas seulement à la jeunesse mais bien à l'enfance) et on retrouve toute l'étrangeté de ce monde presque à part de Louis-René des Forêts. Mais ou et accessible, il n'y paraitrait presque pas dans cette courte nouvelle. Je ne sais pas quel effet pour un lecteur qui n'a pas lu (ou s'est cassé les dents, ou les deux et plus si affinités) sur autre chose de Louis-René des Forêts. Il ne faut pas oublier la qualité de l'édition avec sa postface concise et toute à sa place et avec son sens de l'illustration non intrusive qui tourne autour du texte et l'accompagne réellement sans jamais risquer de s'y substituer (qualité appréciable et appréciée de ces éditions illustrées !). Difficile à recommander pour la découverte mais difficile de croire que le texte va s'effacer de la mémoire comme si de rien n'était (malgré le si peu de mots), une pointe de rage dans la rêverie. | |
| | | eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Louis-René des Forêts Mar 24 Sep 2013 - 23:05 | |
| Ça a l'air intéressant... Je vais peut-être poursuivre mon exploration par "La Chambre des enfants" (d'autant que, pour le moment, "Le jeune homme qu’on surnommait Bengali" n'a pas été acheté par les bibliothèques parisiennes...). | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Louis-René des Forêts Mar 24 Sep 2013 - 23:13 | |
| Toujours pas lu Les Mendiants... Et voilà que ce dernier me fait envie aussi! Vais-je y arriver? | |
| | | Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
| Sujet: Re: Louis-René des Forêts Mer 25 Sep 2013 - 12:38 | |
| Je viens de lire les 40 premières pages de "Le jeune homme qu’on surnommait Bengali", sur le lien "chemindefer.org", et, sachant qu'il ne me reste plus que 28 pages pour en achever la lecture, plutôt que de me procurer l'ouvrage, j'aimerais beaucoup en connaître la fin ... le jeu pervers du narrateur évoluera-t-il vers la reconnaissance de l'altérité ? | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Louis-René des Forêts Mer 25 Sep 2013 - 12:50 | |
| on peut dire oui, un malheureusement oui, l'envolée n'étant que de courte durée. | |
| | | Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
| Sujet: Re: Louis-René des Forêts Mer 25 Sep 2013 - 13:19 | |
| - animal a écrit:
- on peut dire oui, un malheureusement oui, l'envolée n'étant que de courte durée.
L'Homme étant un être de parole porteuse de libération, en cet enfermement contraint, il ne pouvait en être autrement. | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Louis-René des Forêts Mer 25 Sep 2013 - 13:21 | |
| en fait il y a transfert du jeune détenu au moment même où tout s'éclaire. | |
| | | Sigismond Agilité postale
Messages : 875 Inscription le : 25/03/2013
| Sujet: Re: Louis-René des Forêts Mer 5 Fév 2014 - 13:45 | |
| Ostinato 1997, Le Mercure de France, 230 pages environ. Constance a magnifiquement parlé de l'ouvrage, et illustré celui-ci par de nombreuses citations. Il faut dire que c'est une mine inépuisable à potentielles citations de type signature, pour Parfumés en recherche ! - Constance, à propos d'Ostinato:
- Constance a écrit:
- Merci Animal, car, pour le moment, hors Ostinato, je ne connais rien de l'oeuvre de cet auteur.
"Les mégères de la mer" attendent encore sur ma PAL, mais je devrais bientôt l'atteindre.
- Citation :
- L'ostinato est un procédé de composition musicale consistant à répéter obstinément une formule rythmique, mélodique ou harmonique accompagnant de manière immuable les différents éléments thématiques durant tout le morceau.(Wikipedia)
Ostinato s'offre telle l'histoire décousue d'une longue existence fragmentée par des bribes de souvenirs, de sensations : bouffées d'enfance, images de guerre, d'amour, deuils. Eléments restitués par la mémoire kaléïdoscopique du narrateur, parfois interrompus par ses propres réflexions; réflexions mises à distance de ses questionnements et de sa douleur par l'emploi pudique du mode impersonnel ainsi, si l'on ne connaissait sa biographie, devinerait-on qu'il évoque le décès, et le deuil impossible de sa fille dans les extraits des pages 149 et 156 ?
Ostinato ou le lent effacement poétique d'un vieil homme en dérive, au crépuscule de son existence, qui se refuse à admettre la béance existentielle de l'inachevé.
Faut-il chercher et trouver du sens à l'indicible ? Meurt-on lentement de son enfance ? Meurt-on de l'absence des êtres aimés ? Quelle obscure nécessité le pousse encore à lutter obstinément contre l'inéluctable engloutissement définitif dans le Néant avec, pour seule arme, l'impuissance des mots à traduire ses cris de naufragé de la vie ?
A la lecture de cet ouvrage, on songe à cette phrase de Michel Butor : "Chaque mot écrit est une victoire contre la mort".
Parfois, on a le sentiment que le cours fragile de l'évocation de ses souvenirs peut s'interrompre à tout instant, cependant l'auteur donne l'impression de se ressaisir, de se faire violence pour persister à interpréter son Ostinato.
Ostinato peut ne pas se lire dans la continuité, quelle que soit la page à laquelle on l'ouvre, on trouvera toujours sujet à méditation, dans le constant émerveillement d'une écriture fluide, légère, limpide, touchant juste au coeur, et d'une somptueuse poésie.
- Citation :
- Avertissement de l'éditeur :
La plupart des fragments recueillis ici ont déjà paru en diverses revues. l'auteur y a joint quelques inédits sans se soucier toutefois d'assurer un équilibre à cet ensemble dont la publication n'a pour objet que de rendre accessibles les éléments épars d'un ouvrage en cours, son état provisoire excluant toute possibilité d'organisation et sa nature même la perspective d'un aboutissement.
Quatrième de couverture :
- Citation :
- Ce ne sont ici que figures de hasard, manières de traces, fuyantes lignes de vie, faux reflets et signes douteux que la langue en quête d'un foyer a inscrits comme par fraude et du dehors sans en faire la preuve ni en creuser le fond, taillant dans le corps obscurci de la mémoire la part la plus élémentaire - couleurs, odeurs, rumeurs -, tout ce qui respire à ciel ouvert dans la vérité d'une fable et redoute les profondeurs.
Exergue :
- Citation :
- ... comme une langue en peine de parole jeta le bruit de sa voix au-dehors.
Dante (Enfer, chant XXVI)
Incipit :
- Citation :
Le gris argent du matin, l'architecture des arbres perdus dans l'essaim de leurs feuilles. Le parcours du soleil, son apogée, son déclin triomphant. La colère des tempêtes, la pluie chaude qui saute de pierre en pierre et parfume les prairies. Le rire des enfants déboulant sur la meule ou jouant le soir autour d'une bougie à garder leur paume ouverte le plus longtemps sur la flamme. Les craquements nocturnes de la peur. Le goût des mûres cueillies au fourré où l'on se cache et qui fondent en eaux noires aux deux coins de la bouche. [...]
- Citation :
- Loin des autres qui jouent dans la nuit, mêlant leurs rires à la fièvre de l'après-dîner, accroupi dans la chaleur secrète des bois, à écouter le discours d'un oiseau au plumage d'argent, son vif message chiffré, son appel étrange vers les fonds sans écho. (p.20)
- Citation :
- Roi des prairies en col marin et sandales, à califourchon sur la crête du mur potager, les bras en corbeille autour du livre ouvert entre les cuisses, à rêver de féroces histoires, de larges exploits et d'aventures dans la pampa, si retiré dans sa lecture et dominé par elle qu'il sent le vent d'ouest lui traverser la bouche et ses reins se soulever comme d'une monture au galop. (p.32)
- Citation :
- Gisant à plat sur le dos la tête pendante au bord de la falaise, les nuages d'arrière-garde qu'il voit entre ses genoux ouverts se démembrer, s'amenuiser dans l'air bleu comme absorbés à la façon des oiseaux par la pureté de l'espace. (p.36-37)
- Citation :
- Précarité de la pulsion répétitive comparable au rythme de la vie plus qu'à celui de la nature - non pas l'avancée et le retrait ininterrompus des eaux sur la grève, mais le souffle inspirant, expirant jusqu'à l'expiration dernière qui marquera pour le dernier homme la fin des temps, tandis que la mer poursuivra son va-et-vient infatigable à travers un temps de nouveau sans histoire. (p.56)
- Citation :
- Jeunes peuples des casernes si longtemps tenu en laisse et manié comme de la canaille par les gâteux galonnés qu'il se déploie gaiement à travers bois et champs où furent conduits pour vaincre d'autres ouvriers, d'autres paysans, tous les morts obscurs d'autrefois. (p.77)
- Citation :
- Des enfants dansent sur un lit de fer abandonné dans les coquelicots, leur animalité joyeuse s'oppose à celle du troupeau hagard qu'ils voient d'un oeil absent se bousculer et clopiner le long de la route, leurs ébats insouciants à l'horreur comique de ce défilé de petits vieillards chargés de ballots, enfarinés de poussière, cramponnés à des landaus, épuisant leurs forces à marcher sans répit et sans but, la tête aussi vide que le ventre, pris au filet d'une immense migration qui s'ordonne comme un cauchemar sous la cruelle gaieté du ciel. (p.85)
- Citation :
Poignantes retrouvailles au seuil de la demeure de lierre où pâlit sur la sombre toison des murs le visage ravagé du père qui l'aura vu grandir et reconnu si peu.
Une feuille parmi d'autres jette son dernier feu en planant à rebours sur le ciel d'octobre avec la nonchalance majestueuse d'un fil de la vierge, longue chute aérienne qui diffère l'inertie finale, le fatal pourrissement au sol. (p.90)
- Citation :
Un mot de trop met tout en péril. (p.93)
- Citation :
Souffrant de ses propres limites, perdu dans sa contemplation, l'esprit projette son rêve d'infini sur toutes choses dont la durée excède, en deçà et au-delà, le temps historique, lequel n'a par rapport à celui de le vie individuelle qu'une durée relative, oubliant ou voulant oublier que ces forces élémentaires comme indifférentes aux destinées du monde et dont la permanence le rassure sont vouées aussi à disparaître un jour [...] (p.106)
- Citation :
- Les havresacs dénoués pour s'assoupir au tintement des clarines qui vibrent tout autour de leurs deux corps enlacés dans la tendre chaleur de l'alpage comme chante au creux des roches le bleu glacé de la source.
La neige est venue poser sur les bois son fardeau floconneux, tailler le long des branches de fines sculptures qu'au retour de l'école les enfants font craquer comme du sucre sous leurs doigts gantés de laine. Plus légers que des anges, le visage transparent de plaisir, ils s'en vont galoper sur la prairie cristalline pour y tracer d'un index virtuose des cubes, des cercles, leurs noms de baptême qu'on pourra voir quelques jours s'étaler fièrement au soleil, si la fonte qui déjà menace ne met pas fin plus tôt que prévu à cette exposition d'art hivernal. (p117-118)
- Citation :
- Vivre en bonne intelligence avec le doute, mais combattre aves les armes de l'espoir. (p.124)
- Citation :
- Errant en somnambule d’un vestige à l’autre sans s’y attarder, non par impatience d’arriver à destination, mais désir de se perdre dans l’idée que moins il s’y retrouvera plus il a de chances de rester fidèle à la vérité d’une vie qui présente au regard rétrospectif tous les signes de l’égarement. (p.126)
- Citation :
- Enfouir le visage dans ses mains et se désintéresser du monde tout en le surveillant du coin de l'oeil pour se prémunir contre ses mauvais coups, d'ailleurs bien en vain, c'est toujours lui avec son poids dévorant qui aura le dernier mot. (p.134)
- Citation :
- Toi qui ne sais rien de l'aventure de ta mort que seul vaincus par elle nous avons à vivre sans toi côte à côte comme déjà couchés nous-mêmes dans la tombe. (p.149)
- Citation :
Pourquoi interpeller qui ne peut plus entendre et n'a plus de voix pour répondre, pourquoi défier très naïvement l'énorme silence des morts que nul vivant n'a jamais eu la force de rompre. (p.150)
- Citation :
Qui appelle ? Personne. Qui appelle encore ? Sa propre voix qu'il ne reconnaît pas et confond avec celle qui s'est tue. (p.153)
- Citation :
- Mais taire le malheur serait manquer plus gravement encore à ce qu'il eut d'indicible, et qui ne peut s'effacer. Il faut en passer par la misère des mots, quitte à trahir ce qui, leur échappant de toutes parts, se réduit à la nudité d'un cri, au sourd gémissement d'une bête prise le pied dans un piège - pas même : à la perte de souffle, à un atterrement sans fin. (p.156)
- Citation :
Celui qui accomplit ce tour de force de se nourrir d'espérances tout en les sachant chimériques, de quoi n'est-il pas capable ? (p.179)
- Citation :
Que jamais la voix de l'enfant en lui ne se taise, qu'elle tombe comme un don du ciel offrant aux mots desséchés l'éclat de son rire, le sel de ses larmes, sa toute-puissante sauvagerie. (p.191)
- Citation :
- En deçà des provinces de l'enfance, il n'a plus d'entente avec celui qu'il fut. Faire désormais retour au passé est comme arpenter un souterrain aveugle, aller où vont les hommes, à leur tombe. (p.194)
- Citation :
Faire en sorte que la voix sonne gaiement, le discours tenu serait-il le lamento d'un vieillard sentencieux s'acheminant vers sa fin. (p.201)
- Citation :
Attendre de la mort seule qu'elle vienne mettre fin à l'hémorragie verbale qui la précède de peu est par quelque côté se la rendre désirable, surmonter l'aversion qu'elle inspire, à défaut d'en alléger l'épreuve ou d'en retarder l'échéance. (p.214)
- Citation :
- Le temps passé n'est source de vie que pour qui le revit au présent en un jaillissement lumineux, une fulgurante épiphanie, sinon qu'un tas d'ordures à jeter dans la fosse de l'oubli. (p.216)
- Citation :
Foudroyé au coeur ou mourir par la cime à petit feu, hors de toute vie consciente en une lente et insensible consomption où se dissout jusqu'à l'événèment même de la mort qu'une demi-mort aura trop longtemps différé. (p.230)
Excipit :
- Citation :
- Que s'apaise ce tumulte dévastateur, comme se retire d'un pays mis à sac une horde en déroute. (p.232)
On ressort de ce livre plus compréhensif envers le mutisme et la discrétion, confinant à l'effacement, de l'auteur. Même s'il est lucide, ou bien pas dupe, envers cette attitude (il règle aussi son compte à la lucidité dans Ostinato). Une langue impeccable, des mots de poids, des pages teintées d'une poésie prégnante parfois, qui ne dit pas son nom. Quelques longueurs ou phases d'atermoiement comprenant des redites et des illustrations d'une même idée (sur le hasard, la mort, le langage par exemple, etc...), en particulier vers la fin (chapitres Après - Au point mort, Voix bonnes mauvaises conseillères, Au plus loin de la question, A la dérive). Les parties sur l'enfance, l'adolescence, la guerre, les deuils sont de très haute volée (de mon modeste point de vue). Ouvrage qui, comme l'ostinato en musique, a une fonction répétitive et harmonique, qui peut, comme le souligne Constance, s'ouvrir à n'importe quelle page. Archétype du livre sur lequel on peut revenir volontiers, plus destiné à rester sous la main, accessible dans sa bibliothèque, qu'à être ouvert et parcouru en une fois, et refermé définitivement. Procédé peu commun, c'est écrit au "il" et non au "je", comme pour suggérer une distanciation auteur/sujet du livre, du reste, des Forêts s'en explique dans l'ouvrage. Ce condensé d'expérience, de vie, de parcours, d'attitudes, de réflexions compose un patchwork, certes, mais homogène, et même, pour ce grand amateur de musique que fut l'auteur, harmonique. J'ai éprouvé la sensation de lire quelque chose de grand, et de démarqué. Loin des verbiages, loin des forains de la vanité, loin des logorrhées... Ceci fût-il vain, ou "ne valant pas mieux" comme ne manque pas de le souligner des Forêts, à de multiples reprises. Des Forêts ne s'épargne jamais, et ne se pose pas en diseur de vérité. Au demeurant, il ne pose pas... Reste la vacuité de la vie... - Citation :
- Où puiser la force nécessaire à la recherche de ce qui n'a d'existence que par défaut et n'exerce sur lui un tel pouvoir d'emprise qu'en raison de son inaptitude à le définir tout autant qu'à y accéder ? Une recherche que n'anime aucun espoir et qui ne saurait apporter de certitude ni se fonder sur aucune, en quoi sans doute ce terme de recherche est impropre.
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| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Louis-René des Forêts Jeu 6 Fév 2014 - 7:28 | |
| aïe... un jour, un jour je retente un titre copieux de l'auteur ! (et je retente Le bavard un autre de ces jours ?) | |
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| Sujet: Re: Louis-René des Forêts | |
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| | | | Louis-René des Forêts | |
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