Lecture en commun - Goethe : Les affinités électives

Il y a apparemment trois adaptations cinématographiques des « Affinités électives ». La première (Die Wahlverwandtschaften ), certainement la moins connue en France, est un film de 1974 des studios de l’ancienne RDA. La seconde est un téléfilm de Claude Chabrol de 1981/82 avec Helmut Griem dans le rôle d’Edouard, Stéphane Audran dans celui de Charlotte, Michael Degen mimait le Capitaine Otto et Pascale Reynaud jouait Odile. Enfin, la troisième (Le Affinità Elettive ) est un film franco-italien de 1996 signé Paolo Taviani et Vittorio Taviani avec Isabelle Huppert, Jean-Hugues Anglade, Fabrizio Bentivoglio, Marie Gillain.

Kenavo, lequel des trois as-tu vu ?

Maline a écrit:

Il y a apparemment trois adaptations cinématographiques des « Affinités électives ». La première (Die Wahlverwandtschaften ), certainement la moins connue en France, est un film de 1974 des studios de l’ancienne RDA. La seconde est un téléfilm de Claude Chabrol de 1981/82 avec Helmut Griem dans le rôle d’Edouard, Stéphane Audran dans celui de Charlotte, Michael Degen mimait le Capitaine Otto et Pascale Reynaud jouait Odile. Enfin, la troisième (Le Affinità Elettive ) est un film franco-italien de 1996 signé Paolo Taviani et Vittorio Taviani avec Isabelle Huppert, Jean-Hugues Anglade, Fabrizio Bentivoglio, Marie Gillain.

Kenavo, lequel des trois as-tu vu ?

Il y en a eu d'autres, apparemment : Mitte Ende August (2009), Tarot (1986).
Mais c'est vrai que la plus ancienne version semble dater de 1974. Ce qui est très étonnant, vu que la première adaptation de Goethe semble être Le Roi des Aulnes et Faust en 1909, suivi de Werther, l'année suivante.

eXPie a écrit:

Hop, voilà, j'ai mon exemple des Affinités électives.
J'ai élu la version folio (la traduction est différente de la Garnier-Flammarion, après, tout est histoire de goûts).

Super, eXPie.
J'ai une toute vielle édition sur papier bible qui était déjà à l'honneur dans la bibliothèque de ma mère

eXPie a écrit:

Il y en a eu d'autres [adaptations cinématographiques, n.M.], apparemment : Mitte Ende August (2009), Tarot (1986).
Je n'en avais pas encore entendu parler.

Mais c'est vrai que la plus ancienne version semble dater de 1974. Ce qui est très étonnant, vu que la première adaptation de Goethe semble être Le Roi des Aulnes et Faust en 1909, suivi de Werther, l'année suivante.

Mise en scène de Siegfried Kühn avec Beata Tyszkiewicz, Hilmar Thate, Magda Vasaryova. Il existe apparemment un DVD en allemand seulement et en mono.

Arabella a écrit:

Et tu ne l'aurais pas par exemple ce film

malheureusement pas - seulement vu à la télé il y a des... années

Maline a écrit:

Kenavo, lequel des trois as-tu vu ?

celui de 1974

Je pourrai commencer la lecture des Affinités Electives samedi 5, normalement (très peu de temps libre à cause du travail, cette semaine).

eXPie a écrit:

Je pourrai commencer la lecture des Affinités Electives samedi 5, normalement (très peu de temps libre à cause du travail, cette semaine).

C'est pareil pour moi, je trouverai bien 2 ou 3 heures pendant ce weekend - plutôt dimanche que samedi - pour lire les premiers chapitres. Le travail garde la priorité jusqu'au 15 env., ensuite je devrais trouver plus de temps libre pour la lecture.

Moi qui attendais avec impatience de lire vos commentaires

Bon, je viens de (re)lire les quatre premiers chapitres des « Affinités électives ». [Je suis donc arrivée jusqu’à la page 44 de l’édition du web.]

Edouard et Charlotte se sont présentés, y compris l’histoire de leurs amours contrariés de jeunesse, leurs mariages de connivence, leurs veuvages réciproques et leur remariage, ensemble cette fois-ci. Le capitaine et Ottilie ont été introduits. Pas besoin d’être le commissaire Maigret pour sentir les complications que ces quatre vont bientôt vivre et monsieur Mittler, un médiateur comme son nom l’indique, ne va pas manquer de revenir.

Citation :

- Je n’ai qu’une observation à faire, lui dit-il : la cabane me parait un peu trop petite.
- Il y a assez de place pour nous deux, répondit Charlotte.
- Sans doute, peut-être même pour un troisième…
- Pourquoi pas ? à la rigueur, on pourrait encore admettre un quatrième.

Autre exemple, au chapitre IV au moment où les deux hommes expliquent à Charlotte le terme d’affinités électives. (Intéressant d’apprendre qu’il est couramment employé en chimie.)
C’est le capitaine qui parle :

Citation :

Figurez-vous A si étroitement uni à B, que plus d’une expérience déjà a prouvée qu’ils étaient inséparables ; supposez les mêmes rapports entre C et D, mettez les deux couples en contact, et vous verrez A s’unir à D, et C à B, sans qu’il soit possible de dire lequel a le premier abandonné l’autre, lequel a le premier cherché et formé un lien nouveau.

Citation :

Pourrait-on ne pas voir dans ce phénomène la séparation d’une ancienne union et la formation d’une union nouvelle ? Nous appelons cette sorte d’union des affinités électives, car il y a eu choix, préférence, élection, puisqu’un ancien lien a été brisé, afin qu’un autre lien, qu’on lui ait préféré, ait pu se former.

« Elémentaire, mon cher Watson, » que c’est exactement ce qui va arriver aux quatre personnages du roman. Les liaisons existantes vont être dissoutes pour en créer de nouvelles.

Contre toute attente je n’ai pas trop de mal à relire la prose de Goethe (à condition d’être bien éveillée, en fin de journée ses digressions ont un petit effet soporifique). Va-t-il y avoir une pointe d’humour p.ex. grâce au personnage de M. Mittler ? Même si le but du roman est assez clair dès les deux premiers chapitres, je suis curieuse comment Goethe va m’y mener.

Néanmoins la langue de Goethe souffre quand même de la distance de 200 ans qui nous sépare. Le discours entre les deux époux est terriblement affecté et artificiel pour l’esprit d’un lecteur du XXIe siècle. En même temps son style est bien rythmé et j’en prends volontiers ma partie pendant une petite heure

Et puis, il y a encore beaucoup de petits passages qui réclament un commentaire. Je prends pour exemple les remarques sur l’apprentissage tout au long d’une vie. C’est de nos jours une opinion généralisée mais de facture assez récente à ce qu’il me semble, la lire dans un roman classique est d’autant plus étonnante.

Citation :

- Rien n’est plus douteux, s’écria le Baron ; nous vivons à une époque où l’on ne saura plus rien apprendre pour le reste de sa vie. Nos ancêtres étaient bien plus heureux, ils s’en tenaient à l’instruction qu’ils avaient reçue pendant leur jeunesse, tandis que nous autres, si nous ne voulons pas passer de mode, nous sommes obligés de recommencer nos études tous les cinq ans au moins.

Au fait, l’époque de Goethe était déjà très moderne, tout n’a fait que de s’accélérer depuis.

Lu les deux premiers chapitres.

Avant tout, parlons des traductions."Les deux premières traductions françaises, assez insuffisantes, des Affinités ont paru en 1810, la dernière, très fidèle, de M. Angelloz a été publiée en 1942 [il s'agit de la traduction chez Flammarion]" (page 339)

Chapitre 1.
Nous faisons la connaissance de Edouard et de sa femme Charlotte.
Ce sont des gens très polis, bien élevés, on se croirait chez Adalbert Stifter (ma référence en la matière de poli et de bienséance), c'est dire.
Nul doute que c'est dû au temps et au lieu.
Ils font du jardinage, arrange une jolie cabane de mousse, tout cela est très beau et très bon.
Mais voilà que Edouard s'ouvre à sa femme des malheurs de son ami Le Capitaine.

Citation :

"Tu connais la triste position où il est, comme tant d'autres, réduit, sans qu'il y ait de sa faute. Qu'il doit être pénible pour un homme ayant ses connaissances, ses talents, son expérience, de ce savoir inactif, et... Je ne retiendrai pas d'avantage ce que je désire pour lui : je voudrais que nous le prenions quelque temps chez nous." (page 25).

Plus loin, il avance des arguments, sa femme n'étant pas très enthousiaste.

Citation :

"Ton intention est que nous fassions valoir nous-mêmes nos terres, dès que les baux des fermiers actuels seront expirés. Ce genre d'entreprise est fort délicat ! Pour acquérir les connaissances préalables qu'il y faut, de quelle aide ne nous sera-t-il point! Je ne sens que trop qu'il me manque un homme comme lui. Les paysans ont des idées justes, mais ils parlent avec confusion et sans droiture. Les savants de la ville et des académies ont sans doute d la clarté et de la méthode, mais il leur manque une expérience directe des choses." (page 27).

Tout cela est bel et bon.
Mais Charlotte ne se laisse pas infléchir aussi vite. Elle aussi aimerait avoir quelqu'un auprès d'elle : plus que sa fille, qui se débrouille fort bien, en pension, dans l'apprentissage long et compliqué qui doit l'amener à être une parfaite femme d'intérieur, c'est sa nièce bien-aimée qui lui manque. La fille de sa chère amie. Elle pourrait tellement plus profiter de sa compagnie, et tellement apprendre avec elle, plutôt que dans la pension où elle ne se plaît point.
Mais non, elle s'était Charlotte s'est sacrifiée pour son bonhomme de mari qui, plus que tout, avait pour agréable qu'ils vivassent tous deux ensembles, comme seuls au monde (avec leurs domestiques, et leurs jardiniers, quand même, il y a des limites).

Charlotte fait remarquer à son mari que les hommes pensent plus à l'instant présent, alors que les femmes, par la force des choses, songent à l'enchaînement (des événements, elle ne parle pas de sa condition sociale). Bref, elle doit avoir ses raisons de renâcler à la venue du capitaine.
Mais voilà qu'on en apprend plus sur les vie des deux tourtereaux. Il s'aimaient d'un amour tendre alors qu'ils étaient jeunes. Mais le père d'Edouard l'a fait marier à une femme beaucoup plus âgées, mais riche. Elle mourut rapidement et il fut riche (bon calcul, donc). Il fit des voyages.
Elle, Charlotte, se maria sans amour et, quelques plus tard, fut finalement libre elle aussi.
Sur l'insistance d'Edouard, ils finirent par se marier.
Tout cela est bel et bon, mais le capitaine doit-il venir ou point ?

Le problème n'est pas réglé.

Chapitre 2.

Suite de l'épineux problème. Le capitaine doit-il venir ?
Edouard fait montre de tout son charme pour tenter de convaincre sa femme.
Mais on apprend un détail assez sidérant.

Citation :

"Charlotte, si franchement qu'elle parût parler, dissimulait pourtant quelque chose. En effet, c'est à dessein qu'elle avait présenté Odile à Edouard, qui revenait de ses voyages, afin de procurer à cette chère fille adoptive un si beau parti : car elle ne pensait plus à Edouard pour elle-même. Le capitaine avait été chargé d'attirer l'attention d'Edouard ; mais celui-ci, qui avait gardé obstinément dans son coeur son ancien amour pour Charlotte, ne regarda ni à droite ni à gauche, uniquement heureux de sentir qu'il lui était possible enfin de posséder un bien si vivement désiré et qu'une suite d'événements semblait lui avoir refusé pour toujours" (page 36).

Eh bien ! Le charme de Charlotte est intact, elle éclipse même le tendron Odile.
Ceci dit, soit Charlotte a le goût du sacrifice, soit son Edouard ne lui plaît plus tant que cela.

Enfin, le problème est toujours là : le capitaine doit-il venir ?
On comprend mieux la réticence de Charlotte.

Il est décidé de faire appel à un étrange personnage : M. Courtier (Mittler en Allemand), un homme dont le passe-temps, la vocation, est de résoudre les problèmes.
Mais il dit qu'il n'y a pas de problèmes, ou du moins pas encore. Et, qui sait ce qu'il advient ? Que le capitaine vienne ou pas, il se peut qu'il en resulte du bien comme du mal. Qui sait ?
Si un problème survient, un vrai problème, là on pourra faire appel à lui.
Ciao, le voilà qui repart au galop.
On sent qu'on le reverra.

Allez, c'est décidé, il va venir, ce capitaine.
Odile aussi.
Et le chapitre se finit sur un concert de chambre, avec Edouard à la flûte et CHarlotte au clavecin.

Citation :

"Il exécuta donc sa partie avec beaucoup d'inégalité ; et fort bien, peut-être trop vite, dans certains passages ; dans d'autres, il s'arrêtait, parce qu'ils ne lui étaient pas familiers, et il eût été difficile pour toute autre de se tirer d'un duo avec lui. Mais Charlotte savait s'y retrouver : elle s'arrêtait, et se laissait de nouveau entraîner par lui, et remplissait ainsi le double devoir d'un bon chef d'orchestre et d'une maîtresse de maison prudente, qui savent conserver toujours le mouvement d'ensemble, quand bien même la mesure de chaque passage ne serait pas trop observée." (page 42)

C'est amusant, joliment écrit, et en dit long sur les relations du mari et de la femme.

Maline a écrit:

Bon, je viens de (re)lire les quatre premiers chapitres des « Affinités électives ». [Je suis donc arrivée jusqu’à la page 44 de l’édition du web.]

Oh mais c'est excellent ça ! Je vais pouvoir en lire quelques pages de temps en temps, j'ai commencé et j'ai eu du mal à m'arrêter

Heureusement j’ai pu avancer un peu dans ma lecture dimanche soir et j’arrive au chapitre 16 (page131 de l’édition du web). La grande fête se déroule truffée d’accidents, Edouard se comporte comme le parfait goujat, Charlotte essaye de sauver les meubles et le capitaine vient d’annoncer son départ.

Merci, eXPie, pour tes commentaires détaillés. Tu montres bien comme ce roman est bien construit de bout en bout. A part les romans de Thomas Mann je ne connais - plus près de nous - que la série des Harry Potter où chaque détail mentionné en passant retrouve une grande importance plusieurs chapitres plus loin.

Ainsi la scène de la musique de chambre, qu’eXPie cite au chapitre II, est reprise plus loin, cette fois c’est Ottilie qui accompagne Edouard et qui encore quelques pages plus loin, ne saura tenir sa langue pour rapporter l’opinion d’autrui sur la musicalité du Comte

@ Epi
Aucune hâte. D’ici le week-end prochain mon travail (y compris en soirée) a priorité absolue et je ne lirai point. Tu auras toutes les loisirs de lire.

Maline a écrit:

@ Epi
Aucune hâte. D’ici le week-end prochain mon travail (y compris en soirée) a priorité absolue et je ne lirai point. Tu auras toutes les loisirs de lire.

En fait, Maline, je n'étais pas du tout partie pour faire cette lecture et puis j'ai cliqué sur ton lien... J'ai commencé à lire deux, trois lignes... Et j'en suis arrivée au chapitre VI... Et maintenant, je suis obligée de continuer tu vois, obligée, obligée

Epi a écrit:

Et maintenant, je suis obligée de continuer tu vois, obligée, obligée

pour porposer des prochaines lectures en commun, je vais essayer de trouver les livres en ligne

kenavo a écrit:

Epi a écrit:

Et maintenant, je suis obligée de continuer tu vois, obligée, obligée

pour porposer des prochaines lectures en commun, je vais essayer de trouver les livres en ligne

N'empêche, c'est la première fois que je lis en ligne et finalement, ce n'est pas si désagréable que ça. Le gros gros problème, c'est que forcément, il reste à l'écran toute la journée et que je suis un peu trop souvent tentée d'y jeter un petit coup d'oeil... L'avantage, c'est que je peux décider de ne lire que 5 minutes chaque fois

Je rejoins donc cette lecture commune, bien indépendamment de ma volonté