Lecture en commun - Goethe : Les affinités électives

Me voici donc à la fin du chapitre VIII où les situations ont bien changé depuis l'arrivée du capitaine et, un peu plus tard, d'Ottilie.

Dans les chapitres précédents, Edouard était de moins en moins aimable et patient avec sa femme, s'éloignant d'elle chaque jour davantage, il était même à la limite de l'impolitesse. Sous l'influence du capitaine, il est devenu plus indépendant et plus sûr de lui, et beaucoup moins sympathique.

Dans le même temps, on en apprend un peu plus sur Ottilie et sur la fille de Charlotte, Luciane, toutes deux en pension. Cette dernière a l'air d'être une vraie petite peste, imbue de sa personne et quelque peu dédaigneuse vis-à-vis de Ottilie, qui elle, a plutôt l'air doux et modeste. Il faut cependant se méfier de ces caractères un peu trop effacés, et on verra que, une fois arrivée au château, Ottilie, sournoisement il faut bien le dire (les gentils diront "innocemment"), va prendre peu à peu les rennes du ménage en même temps que le cœur du mari de Charlotte.

Si Charlotte, au début, a ressenti quelque jalousie de l'attention que son mari portait à Ottilie, elle l'a oubliée très vite, occupée à son tour par le capitaine qu'elle apprécie davantage chaque jour. Et le capitaine, au début un peu réticent vis-à-vis de Charlotte, n'est plus du tout indifférent à ses charmes.

Maline a écrit:

Ainsi la scène de la musique de chambre, qu’eXPie cite au chapitre II, est reprise plus loin, cette fois c’est Ottilie qui accompagne Edouard et qui encore quelques pages plus loin, ne saura tenir sa langue pour rapporter l’opinion d’autrui sur la musicalité du Comte

Oui, j'ai bien aimé cette scène, elle est intéressante car c'est à ce moment que chacun réalise le sentiment qui le lie à l'autre. Deux nouveaux couples se sont formés : Edouard et Ottilie et le capitaine et Charlotte. Si le premier couple est encore dans le jeu plus ou moins inconscient de la séduction, le second est plus avancé dans la reconnaissance de l'attachement qui les lie. Drames à venir ?

Maline a écrit:

@ Epi
Aucune hâte. D’ici le week-end prochain mon travail (y compris en soirée) a priorité absolue et je ne lirai point. Tu auras toutes les loisirs de lire.

Tant mieux, moi aussi j'ai des problèmes de temps à cause du boulot... qui se finira pendant le week-end, au petit matin entre samedi et dimanche, autant dire que je ne vais pas avancer des masses ce week-end non plus.

J'ai déjà bien avancé et j'en suis au chapitre XI. Cette lecture me plait vraiment bien

Epi a écrit:

J'ai déjà bien avancé et j'en suis au chapitre XI. Cette lecture me plait vraiment bien

Ravie de voir que tu plonges dans Goethe avec délices

Et je trouve que la traduction en ligne n'est pas la plus flatteuse, comme beaucoup de textes de ce type, elle date. (je n'ai pas pu m'empêcher d'y jeter un coup d'oeil)


Il faudra que je pense à mettre des liens en ligne pour les prochaines lectures communes, j'en ai trouvé un pour l'Enosorcelée, ce va peut être accrocher d'autres amateurs.

Arabella a écrit:

Epi a écrit:

J'ai déjà bien avancé et j'en suis au chapitre XI. Cette lecture me plait vraiment bien

Ravie de voir que tu plonges dans Goethe avec délices

Et je trouve que la traduction en ligne n'est pas la plus flatteuse, comme beaucoup de textes de ce type, elle date. (je n'ai pas pu m'empêcher d'y jeter un coup d'oeil)


Il faudra que je pense à mettre des liens en ligne pour les prochaines lectures communes, j'en ai trouvé un pour l'Enosorcelée, ce va peut être accrocher d'autres amateurs.

J'avais déjà lu de Geothe Les souffrancees du jeune Werther, il y a bien longtemps et j'avais bien aimé aussi

Pour la lecture en ligne, je n'en ferais pas une habitude, ce n'est quand même pas l'idéal mais cela peut être pratique dans certaines circonstances, comme c'est le cas pour moi en ce moment avec Les affinités électives. Mais il peut y avoir des adeptes donc pourquoi pas, oui, proposer des liens quand c'est possible.

J'ai trouvé aussi L'ensorcelée en ligne mais je vais tout de même acheter le livre

je suis vos commentaires de cette lecture qui parait intéressante (je note pour plus tard)

Epi qui lit "à l'insu de son plein gré

Bédoulène a écrit:

Epi qui lit "à l'insu de son plein gré

C'est exactement ça Bédou
Et je suis rentrée dans cette lecture commune un peu comme par effraction , j'espère qu'on ne m'en voudra pas

Chapitres VIII et IV

Edouard, toujours aussi peu prévenant envers sa femme, ne souhaitait pas fêter son anniversaire mais le capitaine y tient, il veut que ce jour soit une grande fête et qu'en cette occasion, Charlotte pose la première pierre de la future maison de vacances. Au passage, c’est Ottilie, qui a choisi l'emplacement de la maison, différent de celui retenu au départ par les époux. Bref, Edouard laisse volontiers le capitaine organiser la fête, ainsi se dit-il, il pourra sans complexe organiser une fête pour sa petite chérie Ottilie. Celle-ci est toujours plus empressée auprès d'Edouard, leur complicité est évidente.

Nous apprenons également la venue au château du Comte et de la Baronne. Ces deux-là s'aiment d'amour mais étaient mariés, séparément. La Baronne a pu obtenir le divorce mais pas le Comte. Ils sont donc condamnés à se voir plus ou moins en secret, en tout cas pas à la cour. Charlotte n'est pas emballée par leur visite, craignant qu'ils aient une mauvaise influence sur la jeune Ottilie, qui de toute façon, n'a besoin de personne pour faire ce qu'elle à a faire… mais Charlotte ne s’en est pas rendu compte, ou préfère l’ignorer… Mittler, le médiateur, en visite ce jour-là au château, se sauve pour ne pas rencontrer ce couple qu'il désapprouve.

Dans ces deux chapitres, les époux s'éloignent de plus en plus l’un de l’autre et deux nouveaux couples se forment. On se demande ce qui attachait Edouard et Charlotte l'un à l'autre quand on voit la vitesse à laquelle ils en sont venus à pratiquement se séparer. Il est évident que leur mariage n'a duré aussi longtemps que parce qu'ils sont restés isolés toutes ces années et le moindre changement est fatal. Il suffit qu’un autre homme et une autre femme arrivent dans leur vie pour qu’ils s’en entichent aussitôt. Ah oui, quel bel amour ils avaient là ! La présence de Mittler dans ce chapitre annonce probablement qu’il aura un rôle important à jouer un peu plus tard. Sa première visite n’était pas justifiée mais il va certainement avoir beaucoup de travail plus tard…

Chapitre X

Le séjour du Comte et de la Baronne va chambouler le petit quotidien douillet que s'étaient ménagé les deux couples.

Tout d'abord le Comte fait une critique violente du mariage et la Baronne et lui prennent l'exemple d'Edouard et Charlotte en révélant quelques uns de leurs petits manquements lorsqu'ils étaient jeunes. Edouard aurait manqué de persévérance et aurait fort bien pu éviter son premier mariage s'il l'avait vraiment voulu. Quant à Charlotte, son habitude de rendre jaloux Edouard aurait encouragé celui-ci à épouser la femme choisie par ses parents. Cette conversation sur le mariage met Charlotte mal à l'aise à cause d'Ottilie. Mais elle arrive difficilement à les faire taire. Bref, le Comte et la Baronne sont le genre d'amis dont on pourrait facilement se passer… Et c'est pour nous l'occasion d'avoir la confirmation que les époux qui paraissaient si bien assortis et amoureux au début du roman, ne le sont finalement pas tant que ça.

En plus de cela, le comte, impressionné par le Capitaine, lui trouve un emploi chez une de ses connaissances à qui il espère ainsi rendre service. Charlotte, l'apprenant, est fort affligée et pleure toutes les larmes de son corps, cachée dans la cabane en mousse.
De son côté, la Baronne a vu dans le cœur d'Edouard et, par solidarité féminine, plus que par amitié pour Charlotte, prend en grippe Ottilie et prévoit de lui trouver une position auprès d'une de ses amies afin de l'éloigner d'Edouard. Charlotte, très affectée par le départ prochain du capitaine, est triste et la Baronne croit qu'Edouard est la cause de son chagrin.

Le soir venu, Edouard s'est complètement lâché sur la bouteille de vin et ne s'est quasiment plus retenu auprès d'Ottilie, le capitaine est accaparé par le Comte et Charlotte et la Baronne restent seules, pensives et pas très gaies. La soirée n’est vraiment pas très réussie sauf pour Edouard, complètement pété et qui s’en donne à cœur joie avec Ottilie. On ne sait d’ailleurs pas ce qu’elle en pense mais on devine qu’elle est plutôt satisfaite.
Une journée qui s'annonçait joyeuse finit dans une atmosphère plutôt tendue, où les vies de chacun se retrouvent complètement bouleversées.

J'avais trouvé la critique du mariage par le Baron assez jouissive, et pour l'époque c'était quand même très fort.

Arabella a écrit:

J'avais trouvé la critique du mariage par le Baron assez jouissive, et pour l'époque c'était quand même très fort.

Oui, très original pour l'époque, c'est une vraie remise en question du mariage
Et j'ai bien ri en imaginant la tête que pouvaient faire Edouard et Charlotte en entendant la théorie du Comte. C'est vraiment une scène comique pour moi. Il y a d'ailleurs pas mal de comique dans ce livre, je ne m'y attendais pas du tout.

Chapitre XI

Après avoir eu une conversation avec le Comte dont Charlotte était le sujet principal, Edouard se retrouve devant la porte dérobée de la chambre de sa femme et frappe. Celle-ci, ne pensant qu'au capitaine et à son prochain départ, en larmes, ne l'entend pas mais il insiste tant qu'elle finit par lui ouvrir, déçue que ce ne soit pas, comme elle en a eu un instant l'espoir, le capitaine.
Ils passent la nuit ensemble mais imaginant chacun tenir dans ses bras une autre personne. Autant dire que le réveil fut difficile, quand, au petit jour, ils ont bien été obligés de laisser leurs fantasmes de côté pour voir la réalité en face.

Edouard se sauve, un peu effrayé.

Citation :

Edouard se réveilla au point du jour ; en se voyant dans les bras de sa femme, il lui sembla que le soleil ne se levait que pour éclairer le crime de la nuit, et il s'enfuit avec égarement.

Le "crime de la nuit", celui d'avoir trompé sa femme en pensée alors qu'il se servait d'elle pour assouvir un désir qu'il avait pour une autre ?
Ou bien, a-t-il eu le sentiment d'avoir trahi sa nouvelle chérie en couchant avec sa femme ?
En tout cas, il n'est franchement pas net, Edouard.

Cette lecture est-elle abandonnée ? Maline ? Expie ?
Je continue tout doucement moi, pas trop eu le temps au bureau ces deux derniers jours

Bien dommage, je vous lisais avec grand intérêt

moi aussi j'aime bien vous lire.

à tantôt