Lecture en commun - Goethe : Les affinités électives

Je crois que je vais rester seule, moi qui n'étais pas censée le lire
Mais comme il me plaît vraiment, je ne l'abandonne pas.

Epi a écrit:

Je crois que je vais rester seule, moi qui n'étais pas censée le lire
Mais comme il me plaît vraiment, je ne l'abandonne pas.

Tant mieux

Epi a écrit:

Je crois que je vais rester seule, moi qui n'étais pas censée le lire

Bien sûr que non, Epi.
J’ai fini de lire le roman hier soir, j’y ai réfléchi un peu, relu / recherché tel ou tel passage le roman est archi construit, je me répète, mais chaque détail, chaque épisode a une signification ou bien en retrouve une quelques pages plus loin. En regardant ma montre il était passé 2 heures du mat’ quand j’ai filé au lit.

Mes commentaires vont venir. Pour l’instant je suis encore à vouloir décoder une partie de ce que Goethe a voulu dire à ses contemporains à travers le roman et à la barbe de l’Anastasie, très vigilante à son époque.

Epi a écrit:

Cette lecture est-elle abandonnée ? Maline ? Expie ?
Je continue tout doucement moi, pas trop eu le temps au bureau ces deux derniers jours

Ah non, pas abandonné, j'aime vraiment bien, il y a beaucoup plus d'humour que ce à quoi je m'attendais.
Le problème, c'est le boulot... j'en suis à mon dixième jour consécutif de travail, je suis censé être en congé ce soir, ça ira mieux.

Amusant, donc (mais pas que), même Lucienne, qui est franchement insupportable, est rendue très supportable (chapitre V, deuxième partie). Le même passage aurait été écrit de son point de vue à elle, ça aurait été moins supportable pour moi, même si je me serais dit que, objectivement, c'est une tête à claque (syndrome Lys dans la Vallée).

En vrac, le passage un peu long du chapitre IV, partie 1, où on nous explique les Affinités Electives par A + B, avec illustrations de qui est A et qui est B est rendu également spirituel par le fait que Edouard, sa femme et le capitaine imaginent plusieurs combinaisons mais, évidemment, pas la bonne, à laquelle le lecteur pense tout de suite (j'ai effleuré des pupilles la 4° de couv, qui m'a l'air d'en dire beaucoup trop, je verrai ça à la fin).
En fait, curieusement, ça me fait un peu penser à Svastika, de Tanizaki, cet effet de bal où les partenaires changent.
Objectivement, ça n'a rien à voir, il n'y a rien de mécanique ou de provocateur ici (contrairement au livre de Tanizaki).

Odile. J'aime beaucoup son amour, la façon dont même son écriture se rapproche jusqu'à se confondre avec celle d'Edouard.
J'aime aussi l'égoïsme d'Edouard, évoqué par petites touches, qui m'ont parfois bien amusé.

Les jardins, les discours sur l'éducation (terriblement rétrograde avec nos yeux d'aujourd'hui, bien sûr). Le fait que les garçons devraient être habillés avec un uniforme, tous pareil, alors que pour les filles, non, c'est bien sympathique...

Il y a plusieurs thèmes (jardin, art, éducation) qui ressemblent à l'Arrière-Saison (Stifter), ce qui doit être assez normal (époque, pays).

Ah, et le baptême avec le bon vieillard (chapitre VIII, partie 2), j'étais dans le métro, j'en ai rigolé, personne pourrait imaginer que Goethe fasse rire, enfin, moi, je ne l'imaginais pas (Goethe sei Dank !). C'est souvent assez pétillant.

Bon, je vais méditer sur une des annotations profondes d'Odile "L"homme sensé trouve presque tout ridicule, l'homme raisonnable presque rien".

Maline a écrit:

J’ai fini de lire le roman hier soir

Déjà fini ! Super, moi j'en suis loin...

Et donc Expie continue aussi

eXPie a écrit:

Le problème, c'est le boulot... j'en suis à mon dixième jour consécutif de travail

Vivement ce soir

eXPie a écrit:

il y a beaucoup plus d'humour que ce à quoi je m'attendais.

C'est vrai qu'il y a de l'humour même si ce n'est pas ce qui saute aux yeux tout d'abord.

Je suis un peu à la traine mais je pense pouvoir avancer un peu plus et même le terminer d'ici demain, j'espère.

Epi a écrit:

Maline a écrit:

J’ai fini de lire le roman hier soir

Déjà fini ! Super, moi j'en suis loin...

et moi je l'ai commandé hier... après ma lecture de B.Atxaga, je vais le lire.. et profiter de vos commentaires en cours de route

Chapitre XI

Après avoir eu une conversation avec le Comte dont Charlotte était le sujet principal, Edouard, se retrouve, un peu par hasard, devant la porte dérobée de la chambre de sa femme. J'y vais, j'y vais pas... Il a des envies Edouard mais il hésite, c'est sa femme derrière la porte, pas Ottilie. Finalement, il frappe. Charlotte, ne pensant qu'au Capitaine et à son prochain départ, en larmes, ne l'entend pas mais il insiste tant qu'elle finit par lui ouvrir, déçue que ce ne soit pas, comme elle en a eu un instant l'espoir, le Capitaine.

Ils passent la nuit ensemble mais imaginant chacun tenir dans ses bras une autre personne. Autant dire que le réveil fut difficile, quand ils ont bien été obligés de mettre leurs fantasmes de côté pour voir la réalité en face.

Edouard va donc assouvir son désir pour Ottilie dans les bras de sa femme et se sauve au petit matin, un peu effrayé.

Citation :

Edouard se réveilla au point du jour ; en se voyant dans les bras de sa femme, il lui sembla que le soleil ne se levait que pour éclairer le crime de la nuit, et il s'enfuit avec égarement.

Le "crime de la nuit", celui d'avoir trompé sa femme en pensée alors qu'il se servait d'elle pour assouvir un désir qu'il avait pour une autre ?
Ou bien, a-t-il eu le sentiment d'avoir trahi sa nouvelle chérie en couchant avec sa femme ?

Quelle que soit la réponse, cet Edouard n'est franchement pas cool.


Chapitre XII

Les choses s'accélèrent un peu. Le Comte et la Baronne sont partis, Edouard s'arrange pour passer un moment seul avec Ottilie et lorsque Charlotte et le Capitaine rentrent, ils les trouvent pratiquement dans les bras l'un de l'autre, en tout cas dans une position qui ne laisse plus aucun doute quant à leur attachement.

Au dîner, Edouard avoue être amoureux sans toutefois nommer la personne de son cœur mais évidemment, tout le monde a compris. On peut dire qu'il a vraiment du tact… Toutefois, Charlotte, trop occupée de son côté par son capitaine ne semble pas spécialement perturbée. Surtout qu'elle a échangé avec son amoureux un baiser fougueux qui les a retournés tous les deux.

Pourtant, la nuit venue, Charlotte, en sage et fidèle épouse, se remet à penser qu'elle peut vivre avec son mari de nouveau le bonheur qu'ils ont connu autrefois. La nuit passée avec lui, qui l'a tout d'abord légèrement dégoûtée, revient à son souvenir avec plus de douceur. Bien, mais est-elle complètement inconsciente ou aveugle ou stupide ?
Elle oublie un peu vite Ottilie, qui fait son petit bonhomme de chemin sans en avoir l'air…
Et surtout, elle n'a pas compris que son Edouard a passé la nuit dans son lit faute de pouvoir atteindre celui d'Ottilie…

kenavo a écrit:

Epi a écrit:

Maline a écrit:

J’ai fini de lire le roman hier soir

Déjà fini ! Super, moi j'en suis loin...

et moi je l'ai commandé hier... après ma lecture de B.Atxaga, je vais le lire.. et profiter de vos commentaires en cours de route

Très bonne idée ! C'est un régal ce livre

Chapitre XIII

Ici, on arrive à un moment où le petit cours sur les affinités électives en chimie, donné par le Capitaine et Edouard à Charlotte dans le chapitre IV, prend toute sa valeur, appliqué au couple Edouard/Ottilie. Ces deux-là sont attirés irrésistiblement l'un vers l'autre, la chimie a opéré sans qu'ils puissent contrôler leurs élans. Il faut qu'ils se mélangent ! Ottilie, de par son caractère plus effacé arrive encore à se contenir, à l'inverse d'Edouard qui devient de plus en plus obsédé par sa belle. Il en arrive à ne plus supporter sa femme et le Capitaine, qui, ayant ouvert les yeux sur ce qui se passe, lui mettent quelques bâtons dans les roues et freinent ses élans passionnés.

En revanche, Charlotte a renoncé au Capitaine et espère se débarrasser d'Ottilie afin de retrouver le calme dans sa maison et l'amour de son mari. Dans le même temps, Edouard pense au divorce et Ottilie a un rôle de plus en plus actif, jusqu'à rapporter à Edouard (la méchante !) que Charlotte et le Capitaine n'apprécient pas sa façon de jouer de la flûte. Cela met Edouard dans une colère folle et attise encore la haine qu'il éprouve envers sa femme.

Tous gardent cependant un semblant de cordialité et continuent de vivre comme si de rien n'était. (Mais ça va péter, je le sens )

Il est donc encore une fois question de divorce, il semblerait bien que Goethe n'aime pas le mariage du tout (en tout cas, tel qu'il se présentait à l'époque)

Epi a écrit:

Très bonne idée ! C'est un régal ce livre

depuis le temps que je voulais le lire
en plus - j'ai constaté lors du rangement de mes livres - j'ai pour beaucoup de 'classiques' des versions plus modernes.. mais rarement le classique.. j'en ai aussi trouvé un pour ce livre dans mes rangés.. alors il me faut maintenant aussi lire l'original

kenavo a écrit:

j'ai pour beaucoup de 'classiques' des versions plus modernes..

Qu'appelles-tu versions plus modernes ? Tu veux dire réécrits ?

Epi a écrit:

kenavo a écrit:

j'ai pour beaucoup de 'classiques' des versions plus modernes..

Qu'appelles-tu versions plus modernes ? Tu veux dire réécrits ?

des auteurs d'aujourd'hui qui ont écrit en quelque sorte 'le même livre' - mais en le situation dans notre temps

j'ai vérifié : Die Wahlverwandten de Christa Schmidt n'a pas réussi la traduction vers le français, ni Benjamin Anastas qui a écrit dans son livre The Faithful Narrative of a Pastor's Disappearance une très belle version nouvelle de Madame Bovary

kenavo a écrit:

Epi a écrit:

kenavo a écrit:

j'ai pour beaucoup de 'classiques' des versions plus modernes..

Qu'appelles-tu versions plus modernes ? Tu veux dire réécrits ?

des auteurs d'aujourd'hui qui ont écrit en quelque sorte 'le même livre' - mais en le situation dans notre temps

j'ai vérifié : Die Wahlverwandten de Christa Schmidt n'a pas réussi la traduction vers le français, ni Benjamin Anastas qui a écrit dans son livre The Faithful Narrative of a Pastor's Disappearance une très belle version nouvelle de Madame Bovary

Ok ok, je vois

kenavo a écrit:

... j'ai vérifié : Die Wahlverwandten de Christa Schmidt n'a pas réussi la traduction vers le français, ni Benjamin Anastas qui a écrit dans son livre The Faithful Narrative of a Pastor's Disappearance une très belle version nouvelle de Madame Bovary

Et puis il y a surtout "Ich bin nicht Ottilie" de Sigrid Damm. Je regrette beaucoup que seule sa biographie de Christiane von Goethe a été traduite en français et pas du tout le roman, une version moderne des Affinités électives du temps de la défunte RDA.

Maline a écrit:

Et puis il y a surtout "Ich bin nicht Ottilie" de Sigrid Damm.

ah oui.. il y a seulement quelques jours que je l'avais en main pour le mettre du carton sur l'étagère.. et je me suis dit, combien j'ai aimé cette lecture