Lecture en commun - Goethe : Les affinités électives

Tu vas voir Kenavo qu'on va finir par te faire aimer les classiques

Arabella a écrit:

Tu vas voir Kenavo qu'on va finir par te faire aimer les classiques

si je considère ma PAL que j'ai rangé ces derniers jours.. je n'en vois pas trop de classiques.. et il me faut d'urgence réduire cette PAL

Fini le roman aujourd'hui (on avance plus vite avec un jour de congé).
J'ai bien aimé la description de l'enfant issu de la nuit de "double

Epi a écrit:

Et surtout, elle n'a pas compris que son Edouard a passé la nuit dans son lit faute de pouvoir atteindre celui d'Ottilie…

Oui, et ce qui est amusant, dans cette sorte de double adultère en pensée, c'est le bébé qui en a résulté. Il semble avoir le physique du capitaine, et les yeux d'Odile, alors que biologiquement parlant, c'est le fils d'Edouard et Charlotte... Ca m'a bien fait rire.
" « Grand Dieu, s'écrie-t-il, si j'avais lieu de douter de ma femme, de mon ami, cet être porterait contre eux un terrible témoignage. Je n'ai jamais vu pareille ressemblance.
- Mais non, dit Odile, le monde entier dit qu'il me ressemble.
- Serait-ce possible ? » reprit Edouard, et, à l'instant, l'enfant ouvrit les yeux, deux grands yeux noirs, perçants, profonds et aimables. " (page 289).
C'est presque fantastique...

Un peu plus loin, il arrive des bricoles définitives au bébé, le pauvre.
Alors, on lit : "Le commandant s'éloigna, plaignant Charlotte du fond du coeur, sans pouvoir cependant regretter le pauvre enfant qui était parti. Ce sacrifice lui semblait nécessaire à leur bonheur à tous. Il imaginait Odile, tenant son propre enfant dans ses bras, et dédommageant ainsi Edouard de ce qu'elle lui avait ravi. Il imaginait, sur ses propres genoux, un fils qui serait, à meilleur droit que le disparu, son portrait." (page 297).
Là, j'ai imaginé un bébé avec un tête d'adulte, des favoris... En fait, il y a très peu de description des personnages principaux. Les jardins, la nature est décrite, pas Edouard, Charlotte, etc., ou alors si peu.

Concernant le texte, l'édition Folio (1954) ne m'a pas donné d'impression de "vieillot".
Dans l'introduction de cette édition Michel Tournier s'interroge sur la signification du livre. Il dit que les quatre personnages principaux ne font jamais le rapprochement entre ce qui leur arrive et l'"apologue chimique promulgué pourtant par l'un d'entre eux. C'est aussi qu'ils ne connaissent pas le titre du roman à l'intérieur duquel ils vivent et meurent. Le lecteur, lui, le connaît, et il n'a pas d'excuse s'il ne voit dans les Affinités que l'histoire d'un conflit mariage-adultère. S'il y a une « thèse » dans ce roman, c'est que la nature tout entière obéit aux mêmes lois, et qu'il existe d'inexorables correspondances entre les mouvements des molécules et ceux des coeurs amoureux." (page 19)

Globalement, dans le roman, il y a sans cesse une distanciation, l'auteur est toujours là, il résume des discussions, accélère quelques passages. Mais, contrairement à Balzac, ce n'est pas lui qui parle pour émettre des opinions, ce sont ses personnages. Il m'a semblé comme un metteur en scène, un prestidigitateur, un illusionniste qui m'a montré un beau spectacle, une très belle pièce de théâtre. Du coup, même les quelques scènes de pleurs n'en sont pas gênantes, car elles ne sont pas geignardes.

Un très bon livre que je n'aurais pas lu avant... longtemps sans le forum, je crois (pour moi, avant, Goethe = auteur ennuyeux, et un peu prétentieux avec ses tentatives scientifiques).

J'ai été longtemps victime du même préjugé eXPie, et lorsque j'ai enfin lu les romans de Goethe ce fut la divine surprise.

Au risque de me faire lapider par les amateurs, je ne dirais pas la même chose de Faust

Arabella a écrit:

J'ai été longtemps victime du même préjugé eXPie, et lorsque j'ai enfin lu les romans de Goethe ce fut la divine surprise.

Au risque de me faire lapider par les amateurs, je ne dirais pas la même chose de Faust

Ah oui, quand j'avais feuilleté le Second Faust, l'humour ne m'avait pas sauté aux yeux. Je me suis dit que c'était un livre à lire dans quinze ou vingt ans, quand j'aurai un peu plus de culture et serai un peu plus à même d'apprécier les références multiples.
Avant cela, donc, je jetterai sans doute deux yeux aux Souffrances du Jeune Werther, même si je ne m'attends pas (à tort, une fois de plus ? j'aime bien me tromper dans ce sens) au même niveau que Les Affinités Electives...

C'est en effet différent, pas le même humour un peu distancié, que l'on trouve dans les Affinités, c'est plus amer, avec par moments une sorte d'ironie mordante. C'était le premier roman de Goethe que j'avais lu, c'est le plus connu, avec ce fameux suicide du personnage principal, qui aurait provoqué une vague de suicides en Europe, et puis je connaissais l'opéra de Massenet, centré sur l'histoire avec Charlotte. Donc forcement j'avais une idée préconçue. Et le livre que j'ai lu ne correspondait pas à cette idée, une merveilleuse écriture, et une critique de pratiques sociales, cette ironie dont j'ai parlé. Ce serait le livre de Goethe que je conseillerais pour une découverte de l'auteur, par le contenu, et la longueur relativement raisonnable.

eXPie a écrit:

Globalement, dans le roman, il y a sans cesse une distanciation, l'auteur est toujours là, il résume des discussions, accélère quelques passages.

Effectivement, et je trouve qu'il passe parfois un peu trop vite sur certains passages qui auraient mérités d'être un peu plus fouillés, c'est un peu frustrant mais en même temps, le procédé est efficace parce qu'on ne se lasse à aucun moment, il y a pas mal de mouvement.

Il y a, c'est vrai, pas mal d'humour dans ce roman, alors que dans Les souffrances... je n'en avais pas vu, ou alors j'ai oublié.

Epi a écrit:

Il y a, c'est vrai, pas mal d'humour dans ce roman, alors que dans Les souffrances... je n'en avais pas vu, ou alors j'ai oublié.

Hum... Je lirai pour vérifier s'il y a de l'humour.
Au pire, je l'inventerai