Littérature du XXIe siècle.

Je ne comprends pas bien ce que tu veux dire par société du "tout-le-monde-écrit"... on publie plus qu'avant, c'est sûr, mais il y a une différence entre une publication plus importante et une publication possible pour n'importe qui...

est-ce que tu parles de l'écriture de livres uniquement ? ou aussi de blogs, etc ?

Je ne trouve plus qui a utilisé ce terme pour comparer notre société où tout le monde écrit -- faisant effectivement référence au net, mais aussi aux diverses publications en tous genres par des gens "non-écrivains"-- avec la société où tout le monde lit grâce à l'imprimerie. Il me semble que c'est Umberto Eco, et il me semble que c'est un changement de comportement très pertinemment souligné.

d'accord donc lorsque tu te demandais si le "fond" prenait le dessus sur la "forme" est-ce que tu parlais de ça comme d'une démarche littéraire (et dans ce cas si c'est un choix littéraire pour moi il y a toujours un style, qu'il soit simplifié ou autre ne change rien, du moment que c'est voulu) ou plutôt des livres commerciaux, lévy, musso, de la chick-litt, de choses comme ça ?

Citation :

"l'ensemble" était le mot important.

jusqu'où l'ensemble est valide, je pense par exemple à une approche géographique... l'ensemble inclut un tour complet du monde ?


je ne crois pas que la menace d'extinction puisse prendre le dessus sur le besoin instantané de développement d'une capacité à (se) saisir. surtout en ce début de XXIème siècle.

Je me demande quand même si le jugement n'est pas compliqué aujourd'hui par l'hyper médiatisation et le marketting outrancier.

On nous balance des produits clinquants, on les passe à la lustreuse dans les émissions de télé, on nous les présente comme des essentiels, et on les oublie 6 mois plus tard.

Repérer des classiques selon les critères de notre époque, ça ne me semble pas difficile, il suffit de regarder les chiffres des ventes, savoir s'il resteront des classiques, j'en doute beaucoup, mais savoir quels seront les livres qui resteront et marqueront durablement les mémoires, à priori, je penserais aucun, mais je ne sais pas, peut-être qu'on redécouvrira des oeuvres qui sont passées totalement au travers du filtre des médias. En tout cas, s'il y a aujourd'hui des écrivains dignes des plus grands d'hier, moi, je ne les connais pas.

Une question : est-ce qu'il n'était pas DEJA possible, en leur temps, de prédire l'impact qu'auraient dans le futur les grands écrivains d'hier ?

Baudelaire savait que Hugo étain un géant, Flaubert aussi ; Hugo savait Chateaubriand géant ; Corneille le savait aussi à propos de Racine et Molière, et réciproquement ; Sartre a admiré Céline etc etc... les exemples sont nombreux d'auteurs/critiques conscients de l'impact de leurs contemporains. Bon, alors après nous ne sommes ni Hugo, ni Sartre, ni Barthes, mais apriori, rien n'empêche d'avoir une bonne vision de notre époque littéraire.

En revanche, prendre les chiffres de vente des œuvres comme critère de qualité me parait complètement aberrant étant donner le système médiatique qui est le notre. D'ailleurs, même plus tôt, de nombreux exemples d'œuvres reconnues très tard (Certains Diderot, Lautréamont etc etc...) rendent ce critère inopérant.

Et je me permets d'émettre un doute sur la pertinence même des prix littéraires qui, 70ans après Céline, donnent le Renaudot à Beigbeder.

Citation :

d'accord donc lorsque tu te demandais si le "fond" prenait le dessus sur la "forme" est-ce que tu parlais de ça comme d'une démarche littéraire

Je disais simplement que c'était l'une des questions que posait le postmodernisme.

Sydney a écrit:

En revanche, prendre les chiffres de vente des œuvres comme critère de qualité me parait complètement aberrant étant donner le système médiatique qui est le notre. D'ailleurs, même plus tôt, de nombreux exemples d'œuvres reconnues très tard (Certains Diderot, Lautréamont etc etc...) rendent ce critère inopérant.

ça me parait également aberrant, j'avançais surtout l'idée que, les valeurs ayant considérablement changé, les critères qui ont élevé les oeuvres d'autrefois au rang de classique ne sont peut être plus les mêmes non plus.

Citation :

Et je me permets d'émettre un doute sur la pertinence même des prix littéraires qui, 70ans après Céline, donnent le Renaudot à Beigbeder.

Là encore, je te suis.
Je pense que ces prix sont avant tout une affaire de copinages.

Difficile à dire maintenant puisqu'on ne possède pas du recul nécessaire pour évaluer ce qui restera ou pas...Mais je pense aussi que les écrivains comme Lévy ou Musso ne resteront pas ancrés dans les mémoires. Par contre je suis persuadée que des écrivains de valeur ont marqué les vingt dernières années, il n'y a qu'à évoquer Modiano, Quignard, Ernaux, NDiaye, Echenoz, etc.

J'ajouterais à ta liste pour la littérature américaine: Tom Wolfe, Joyce Carol Oates, Toni Morison, Richard Powers (rien que pour "Le temps où nous chantions"), John Updike et Norman Mailer (mais ils sont morts récemment), Joan Didion ("L'année de la pensée magique" c'est très bon!), Raymond Carver... Et plein d'autres!