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| LC Australie/Nelle Zélande - Commentaires | |
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Auteur | Message |
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Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: LC Australie/Nelle Zélande - Commentaires Mer 14 Avr 2010 - 20:24 | |
| Patrick White / Une ceinture de feuilles
Nous suivons les pérégrinations d’Helen Roxburgh, jeune femme d’origine modeste, qui par son mariage a accédée à la partie huppée de la société. Son mari rend visite à son frère qui s’est installé en Tasmanie, le bateau qui doit ramener le couple en Angleterre fait naufrage, et un dangereux périple commence. Tous les hommes sont tués par les Aborigènes d’Australie, et Helen se retrouve esclave de la tribu. Elle arrivera à s’enfuir grâce à un bagnard évadé.
Un livre très surprenant, dans lequel les péripéties sont nombreuses et l’action ne s’arrête pratiquement jamais. Sans pour autant sacrifier l’analyse des personnages, celui d’Helen tout particulièrement, d’une richesse et complexité étonnante. La société est aussi croquée de façon fine et impitoyable à la fois. Une certaine dose d’humour est toujours présente.
En résumé, un excellent livre dans lequel on ne s’ennuie pas une minute, et qui donne envie de découvrir d’autres volumes de l’auteur. | |
| | | Marie Zen littéraire
Messages : 9564 Inscription le : 26/02/2007 Localisation : Moorea
| Sujet: Re: LC Australie/Nelle Zélande - Commentaires Sam 17 Avr 2010 - 4:42 | |
| La TranchéeGarry Disher traduit de l'anglais ( Australie) par Sophie Bastide-Foltz Actes Sud Deuils - Citation :
Par une matinée chaude et moite au plus fort de la Grande Dépression, alors que la faim sévissait dans les baraquements de tôle ondulée qui s’étiraient le long des oueds de la ville et que les paysans des plateaux du Nord abandonnaient leurs terres, un requin en maraude happa une jeune femme dans les hauts-fonds de la plage de Henley, poussant le mari effondré à se réfugier à l’intérieur des terres avec son bambin, dans la grand-rue de Pandowie où les dangers ne rôdaient qu’en surface. Il ne reprit jamais femme mais l’enfant grandit, entra chez Stock & Station, épousa une Ison, vieille famille de la région, et s’installa avec elle dans la maison de maître d’Isonville pour y fonder sa propre famille : Anna Antonia Ison Tolley, née en 1949 ; Hugo Walter Ison Tolley, né deux ans plus tard. Quand Anna entra à l’école primaire, elle fut bien contente d’aller à Pandowie et d’y voir son patronyme sur l’enseigne du magasin de son grand-père : "Aux Quatre Coins de Tolley". Peut-être qu’Anna ressemblait à sa grand-mère disparue — toute en jambes, volontaire, cheveux auburn, la répartie facile —, ou bien était-ce qu’elle rappelait à grand-père Tolley que la vie ne tenait qu’à un fil, car lorsqu’elle s’ouvrit le genou sur les tortillons d’un fil de fer barbelé qui trônait dans sa vitrine, un après-midi après l’école, il s’affola, étancha le sang avec son grand mouchoir kaki et la secoua à la faire claquer des dents : Tu es une vilaine petite fille, Anna, impossible. L’autre grand-père des enfants les mit en garde contre les inondations subites dont on disait qu’elles gonflaient les fondrières d’Isonville en un clin d’œil. Des pluies diluviennes, expliquait grand-père Ison en montrant les collines de Pandowie fardées de rose, puis courbant son dos gras il fauchait les chardons étoilés qui ceinturaient la pierre tombale du fils du berger disparu dans l’Ison. "James, fils de Geo. Emporté par l’inondation le 5 avril 1875 à l’âge de six ans et l’Ange dit à…", la suite illisible, tous les s penchés en avant comme pour lutter contre les eaux. Anna et Hugo se tenaient à deux pas, assis sur les talons, le menton dans le creux de leurs mains. Anna demandait éternellement pourquoi : Pourquoi le berger avait-il gravé ses s de cette façon ? Parce que, répondait grand-père Ison. Lorsque grand-père Ison mourut d’une crise d’asthme, laissant Isonville exclusivement à son fils, Kitchener, les Tolley se retrouvèrent en sursis dans la maison de maître. La mère d’Anna ne reçut qu’un buffet poussiéreux pour tout héritage, ce qui eut pour effet de lui ôter ses illusions sur ce que l’on tient en général pour acquis — la considération d’un père pour sa fille. La petite famille quitta Isonville pour s’installer dans une ferme en difficulté située un peu plus loin sur la route en creux qu’on appelait la Tranchée. Le bus de l’école de Bitter Wash passait juste devant le portail, et Anna aimait aller s’asseoir où Lockie Kelly pouvait lorgner le haut de ses cuisses. Anna était partie à l’université à l’époque où les garçons qu’elle avait connus à l’école commencèrent de se faire tuer dans une guerre lointaine. Matt Heinrich fut le premier, et Anna apprit la nouvelle le jour où elle sécha un cours pour aller manifester de Frome Street à une filiale de la société Raintree, qui fabriquait du napalm. Elle s’assit dans la rue, refusa de bouger, et quand elle revint à sa chambre à la résidence universitaire, couverte de peinture, hystérique, elle trouva un mot glissé sous sa porte : Appelle chez toi. Matt Heinrich, tué par un tireur embusqué à Nui Dat. Pauvre Matt. Terrible, mais, une semaine plus tard, Anna se fit bousculer devant le consulat américain, et un mois après certaines de ses relations furent arrêtées en application d’une loi oubliée vieille de trois siècles. Ils étaient si naïfs. Puis un deuxième garçon fut tué, et un troisième, déchiqueté en sautant sur une mine antipersonnel. Dans l’esprit d’Anna, ces gars-là étaient devenus des amis, n’étaient plus seulement des gosses du collège de Pandowie qui avaient essayé de la peloter sur un siège crasseux à l’arrière d’une auto. Tous ces beaux garçons. Sur les onze de sa classe d’âge, le tirage au sort en avait sélectionné huit pour le service armé. Lorsqu’un quatrième se noya dans une rizière et qu’un cinquième succomba à ses blessures, Anna se mit à trembler. Elle trembla pour Lockie. Son premier grand amour, un garçon fougueux, rieur, magnifique, mais elle l’avait fait souffrir et à présent elle tremblait de peur qu’il ne lui fût enlevé à jamais. Les choses commencèrent à se gâter. Elle avait du mal à respirer. Elle s’arrêta d’étudier. N’eut plus le cœur à chanter Military Madness sur les marches de la Chambre des députés. Elle avait été la petite futée, la première de Pandowie à entrer à l’université, se détournant de ceux qui s’accommodaient d’une vie de garçons de ferme, des filles qui se contentaient des mômes et de la bague au doigt. Eh bien, Anna n’aurait plus de ces pensées malveillantes, désormais. Elle revint à Pandowie, là où était sa place. Des deux enfants d’Anna, Michael fut celui qui ne se réveillait pas la nuit, tandis que Rébecca lutta contre elle dès le départ. C’est le doux, le paisible Michael, pourtant, qui mourut dans un accident de voiture sur la Tranchée, et Rébecca se mit en tête qu’Anna pourrait, par inattention, la tuer elle aussi. Quand Anna négociait les Coudes du Diable, phares allumés dans des tourbillons de poussière, elle sentait que sur le siège à côté d’elle sa fille ne la quittait pas des yeux, des yeux de braise et de glace sur ce petit visage. Il y a eu une autre saisie dans la région, une autre ferme récupérée par les banques, et le programme de reproduction par insémination artificielle de Showalter Park a été réduit à néant, avec seize millions de dollars de dettes auprès des banques, des contribuables et des investisseurs de la région. La tension se fait sentir : des enfants réduits au chômage sont tentés de se flinguer, des êtres chers de lancer leur voiture de sport contre des pylônes électriques, et au belvédère de Showalter Hill qui se trouve en amont de la Tranchée, la semaine dernière, une jeune mère a introduit les gaz d’échappement à l’intérieur de l’habitacle du break familial, s’asphyxiant, elle et son bébé. Pandowie n’a plus le moral, c’est Anna qui a écrit cela dans son écho du Chronicle, ce qui a provoqué un torrent de lettres acerbes au rédacteur en chef : Ne méritons-nous pas mieux de la part de la personne qui a précisément été chargée d’écrire un livre pour célébrer le cent cinquantième anniversaire de notre ville ? Anna tente une approche thématique pour cette histoire commémorative. Notes : Mort à la frontière. Il y a cent cinquante ans les nôtres mouraient de diphtérie, de dysenterie, de scarlatine, de pneumonie, de jaunisse ou de tyhpoïde. De morsures de serpents. De coups d’épieu. Et même de goudron — de vieux documents attestent qu’à la ferme de Showalter Park un tondeur de moutons jeta un aborigène ngadjuri atteint de petite vérole dans un bain de goudron brûlant. Rébecca a annoncé qu’elle et son amie ont l’intention d’avoir un bébé. Anna regardera sa petite-fille grandir. Elle se fera un devoir de ne pas la menacer du doigt. Quand ses arrière-petits-enfants viendront la voir, Anna sera contente, contente aussi de les voir repartir. Elle ne leur donnera pas de conseils. N’en aura pas à donner. On peut perdre un être cher en moins de deux, mais Anna ne sera pas vieille femme à dire ce genre de choses. Voici le premier chapitre de cet étrange et très beau roman. Etrange non par le fond, qui nous raconte , à travers le parcours de son personnage principal, Anna, la vie d'une famille australienne sur trois générations, mais par la forme. En effet chaque chapitre a un thème particulier, celui-ci était donc deuils,mais il y a aussi Peuplement, Plage, Fermier, Espaces,Investissements, Chez soi, Les maladies , et bien d'autres, et chacun, tout en reprenant des éléments connus, rajoute quelque chose à l'histoire. On est un peu dérouté au début, par le manque de chronologie associé à l'aspect répétitif, mais, très vite, les personnages se mettent en place dans leur rapport précis au thème du chapitre, et le puzzle devient un grand tableau. | |
| | | Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
| Sujet: Re: LC Australie/Nelle Zélande - Commentaires Lun 19 Avr 2010 - 10:29 | |
| Cloudstreet, Tim Winton.
Cloudstreet c'est cette grosse baraque de guingois que vont partager deux familles australiennes. Chroniques familiales qui se coupent et s'entrecoupent, avec son lot de malheurs et de bonheurs. Des gens un peu bizarres, un peu marginaux, qui tentent de s'en sortir, qui affrontent la vie plus qu'ils ne peuvent la savourer. C'est plein d'anecdotes drôles, touchantes, flippantes, énervantes. Les personnages, on les suit d'années en années, on les voit grandir et vieillir, on connaît toutes leurs angoisses les plus profondes, et c'est fascinant de voir comment Winton les fait avancer, se percuter, s'aimer, se détester.
Et en plus c'est fichtrement bien écrit. Et saupoudré de petites touches fantastiques (la maison est hantée, elle pleure la nuit, elle étouffe, elle n'est pas contente, elle grince, elle sent mauvais...) et de parties métaphoriques. Tout ça grâce au personnage incroyable de Fish, qui a ressuscité mais n'en est pas revenu exactement comme avant.
Et y'a aussi le personnage d'Oriel, cette femme, cette mère, cette chef de famille. Elle mène son monde, gère tout et tout le monde. Elle veut protéger les siens, les aimer, et cherche à croire, à espérer. Et finit par se faire son petit refuge, sa grotte, sa cabane, sa tente au fond du jardin, planquée sous le mûrier.
Y'a Quick aussi, qui se sent coupable des malheurs du monde, autour de lui dansent les cadavres des morts qu'il n'a pas connu. Il essaye juste de se donner une chance d'être heureux, de trouver sa place.
Et Rose... qui doit gérer son père flambeur et sa mère alcoolique, qui devient femme avant même de connaître l'adolescence. Qui s'émancipe pour pouvoir retrouver un souffle. Qui le perd souvent, mais qui s'accroche. Qui a juste, finalement, besoin de quelqu'un qui aurait besoin d'elle...
Etc...etc...
Franchement, un super beau roman. Mais, c'était facile : j'adore les histoires de famille sur plusieurs années, j'adore les histoires de vieilles baraques qui grincent, j'adore les personnages un peu barrés en plein cœur de la réalité. Ça m'a rappelé les grands plaisirs que j'avais à bouffer du John Irving lorsque je l'ai découvert.
Ah c'était bien ! | |
| | | Charlie Agilité postale
Messages : 970 Inscription le : 12/01/2010
| Sujet: Ambiguïtés d'Eliott Perlman Lun 19 Avr 2010 - 10:49 | |
| Ambiguïtés d'Eliott Perlman (TO : Seven types of Ambiguity, 2003)
Simon est un jeune instituteur au chômage. Passionné de poésie, il vit seul avec son chien Empson. Son père, ne supportant plus de le voir s’enfoncer dans la dépression, engage pour l’aider à surmonter cette période difficile un psychiatre, Alex Klima. Malgré leurs discussions, celui-ci n’arrive pas à désintéresser Simon de son obsession : Anna, une jeune femme qu’il a fréquenté pendant deux ans il y a une dizaine d’années, à l’université. Maintenant, elle est mariée à un courtier en vue et ils ont un fils Sam. Un soir, sur un coup de tête, Simon décide d’enlever l’enfant…..plus rien ne sera désormais comme avant, ni pour lui, ni pour les autres qui sont touchés par son geste fou…
Un beau coup de cœur pour ce roman très captivant : 600 pages que j’ai lu avec plaisir…je me sentais toute tristounette quand j’ai lu la dernière page ; ça aurait pu continuer !!!!
J’ai beaucoup apprécié la construction du roman : sept parties, sept personnages qui ont un rapport plus ou moins direct avec Simon et l’enlèvement de Sam, vont tour à tour, raconter leur histoire, leur ressenti; les différents récits se croisent, se prolongent, on revient parfois en arrière : c’est passionnant de découvrir chaque personnage, de se laisser toucher par son histoire, sa psychologie, sa manière de voir les choses, de constater combien les relations entre les humains peuvent être complexes, pleines d’ambiguïtés….
L’histoire se passe en Australie mais elle aurait très bien pu se passer en Europe. Perlman propose une réflexion sur notre société capitaliste où l’homme n’occupe plus une place centrale. Si pour Joe, le mari d’Anna, la réussite d’une personne se mesure à la marque de sa voiture, à la taille de sa maison, Simon quant à lui, choisit une société aux valeurs différentes où la connaissance, la littérature, l’art, le questionnement perpétuel, le rejet de tout ce qui est creux sont essentiels….
On sent que l’auteur est avocat : il connaît en profondeur le monde pénitentiaire, le déroulement d’un procès. | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: LC Australie/Nelle Zélande - Commentaires Lun 19 Avr 2010 - 12:41 | |
| Carpentarie d'Alexis Wright J'ai enfin réussi à lire cet imposant roman (500 pages qui valent double par le format du livre) après avoir eu du mal à y entrer par manque de disponibilité. J'ai bien fait de ne pas renoncer et n'allez pas en déduire que c'est une épreuve. Bien au contraire, c'est une Odyssée fascinante qui a le souffle des grands récits fondateurs. L'histoire est simple à suivre avec ses morceaux de bravoure et ses personnages hauts en couleur. L'action se situe à Desperance, petite ville côtière du golf de Carpentarie, colonisée par les "blancs" et entourée de part et d'autre par deux populations aborigènes qui se disputent la décharge municipale et tous les "trésors" qu'elle contient. Les blancs sont venus pour l'exploitation minière et administrent les aborigènes qui par périodes ont le droit de sièger aux réunions de la municipalité. Les héros aborigènes de notre aventure sont Norman Phantom qui ne vit que pour la mer et la pêche, son épouse Angel Day la gardienne têtue et un peu sorcière de la décharge qu'elle s'est appropriée, leur fils Will, Mozzie Fishman qui est l'équivalent du chaman, Elias Smith qui semble sorti de nulle part et appartenir au passé mythique du temps du rêve, Bala le petit fils de Norman qu'il trouvera au cours de son Odyssée en voulant offrir une sépulture de mer à Elias Smith retrouvé mort. Le roman ouvre sur un affrontement très animé entre les 2 tribus rivales qui traversent la ville de Desperance devant les yeux hostiles des blancs. Le périple de Norman Phantom permet de découvrir de somptueux paysages et d'affronter quelques épreuves avant un retour au pays qui est dévasté par un cyclone. On ressent la sécheresse, l'humidité, les catastrophes naturelles dont le cyclone Léda. Le récit épique se déploie avec toute la magie et la poésie de la culture aborigène dont on découvre certains mythes, quelques superstitions, la noblesse d'un peuple incompris et opprimé, humilié, se réfugiant dans l'alcool et prêt à se révolter dans la scène impressionnante de la destruction de la mine. Le style est merveilleux avec une alternance de récit classique, d'envolées poétiques, d'humour et de noblesse. Il y a même l'équivalent du choeur antique avec les voix des vieillards du village. Un roman somme qui a l'ambition d'être LE roman du peuple aborigène au nouveau temps mythique des affrontements coloniaux. Il en a les moyens et l'inspiration. Un superbe livre qu'il faut prendre le temps de déguster sur la durée ou de lire comme je l'ai fait par épsiodes. Alexis Wright, d'origine Waanji, est la grande conteuse de son peuple. | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: LC Australie/Nelle Zélande - Commentaires Mer 21 Avr 2010 - 15:01 | |
| La petite fille dans le cercle de la lune /L'île sous la lune / Sia Figiel Dans ces deux livres, nous partons pour Samoa, que nous voyons par les yeux d'adolescentes. Nous suivons leurs vies et celles des gens qui les entourent, dans des petits chapitres, presque des petites nouvelles, le point commun est le retour des personnages. Sophie a très bien expliqué que le quotidien raconté n'a rien de réjouissant, les parents sont exigeants voire violents, les pères souvent alcooliques préférent aller boire leur paie plutôt que de la ramener à la maison, pour faire manger la famille. Le poids de l'église est pesant et l'école est aussi très dure, et peu de jeunes de milieux modestes peuvent espèrent s'en sortir par les études. Le sommet de la réussite semblent être de pouvoir partir ailleurs, en Nouvelle Zélande, Australie et encore mieux aux USA. Avec une bourse ou pour aller travailler dans des petits boulots. Mais là aussi il y a des désillusions. Il paraît presque impossible aux personnages de trouver une place acceptable dans cette société. Mais on sens en même temps quelque chose de l'ordre d'un attachement à cette culture, même si elle est pauvre. Malgré toute la noirceur, il y a quand même des passages drôles, comme avec l'arrivée des premiers postes de télévisions. L'humour, ou plutôt une sorte d'ironie teintée de tendresse, est présent presque à chaque instant, même si c'est discrètement, en filigrane. Les petits chapitres font que la lecture glisse presque toute seule, sans qu'on y prennent garde. Même si au bout d'un moment j'ai eu la sensation que toutes ces histoires se ressemblaient et que l'auteur ne me surprenait plus. Mais j'ai peut être y tort de lire les deux livres à la suite. Néanmoins une jolie lecture qui m'a découvrir un coin du monde que j'ignorais complètement. A part le célèbre (et contreversé ) livre de M. Mead, je n'ai rien lu concernant cette partie du monde. | |
| | | domreader Zen littéraire
Messages : 3409 Inscription le : 19/06/2007 Localisation : Ile de France
| Sujet: Re: LC Australie/Nelle Zélande - Commentaires Dim 25 Avr 2010 - 17:19 | |
| LE CHAR DES ELUS THE RIDERS IN THE CHARIOT Patrick White
Comment seulement commencer à vous faire partager cet incroyable et formidable roman, d’une densité et d’une richesse exceptionnelles.
Le récit part de Miss Hare, un petit bout de femme ratatinée à l’âge indéfini mais avancé qui vit seule dans une immense maison en décrépitude dans la banlieue de Sydney, à Salsaparilla. Cette propriété autrefois splendide a pour nom ‘Xanadu’ et fut construite par le père de Miss Hare, un héritier fort riche qui n’eut de cesse que de se faire construire un véritable palais et d’y donner des réceptions somptueuses. Xanadu est envahi par les plantes du jardin qui reprennent petit à petit le dessus et détruisent le ‘palais’ avec un certain panache. Miss Hare est une âme simple, à demi-folle, proche de la nature et de ses êtres auxquels elle s’identifie parfois totalement ; elle a peu le sens des réalités pratiques et finit par engager une domestique, Mrs Jolley pour s’occuper des pièces encore habitables de la maison. Cette dernière, sous des dehors joviaux, est plutôt une incarnation du mal, de la bêtise et de la méchanceté, elle sera à l’origine d’actions malfaisantes. Miss Hare est l’un des quatre personnages dont Patrick White va raconter l’histoire dans ce roman, elle est l’un des passagers symboliques du Char, le char des élus, ce char auréolé de feu qui est envoyé pour chercher les âmes pures au moment de leur mort. Il y a aussi Mme Godbold, une blanchisseuse aux nombreux enfants qui vit avec eux et son ivrogne de mari dans une grange minable un peu à l’écart, c’est une sorte d’ange qui vient au secours des plus démunis qu’elle comme Miss Hare et Mr. Himmelfarb, un vieux juif émigré rescapé des horreurs des camps. Il y a encore le pauvre Dubbo un métis aborigène, malade, rejeté de tous. Ces quatre êtres survivent avec grâce dans un monde cruel envahi par l’indifférence ou pire par le mal. Tous ont été abîmés et rejetés, mais tous ont eu la vision du Char à un moment donné et sous une forme différente ; c’est ce qui les relient, les réunit et leur laisse entrevoir la possibilité d’un monde meilleur.
Un livre dense, humain, passionnant, riche en symboles, avec de nombreuses références intertextuelles (souvent bibliques). Les personnages sont à la fois très humains et incroyablement emblématiques. La langue est belle, travaillée, riche en métaphores, en images poétiques qui s’appellent les unes et les autres – des métaphores filées si mes vieux souvenirs sont bons. C’est tout simplement magnifique. Un vrai souffle lyrique, qui touche parfois au mystique et nous emporte jusqu’au bout de ce livre. Pour moi il s’agit d’un chef d’œuvre et croyez-moi, j’emploie rarement ce terme. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: LC Australie/Nelle Zélande - Commentaires Lun 26 Avr 2010 - 18:11 | |
| L’étoffe des rêves Dream Stuff (2001) David MaloufLes dix nouvelles de ce recueil courent sur un siècle d’histoire australienne. Les époques, les lieux et les personnages en sont donc différents, mais leur point commun, en plus d’être remarquablement bien écrites, est de plonger leurs racines dans le souvenir et le passé. Un petit garçon attend le retour de son père disparu au combat en Europe, luttant de toutes ses forces contre l’oubli à mesure que des liens se créent avec le nouvel ami de sa mère. Un romancier à succès expatrié est de retour après de nombreuses années dans sa ville natale de Brisbane, et voit le passé, de la petite enfance à l’âge adulte, ressurgir alors qu’il est confronté à une explosion de violence aussi incompréhensible que soudaine. Un clan familial se réunit comme chaque année dans sa vaste maison du bord de mer, pour fêter l’anniversaire du patriarche, dont l’histoire personnelle est intimement mêlée à celle de son pays. Le fils d’un colon du début du siècle raconte comment son père arracha, dans le sang, leurs terres aux aborigènes, un territoire fertile et hanté… Une autre similitude entre ces histoires est justement d’évoquer continuellement cette terre australienne, cette nature luxuriante, vivace, irréductible, qui même enfouie sous les tonnes de béton et d’acier des gratte-ciels de Brisbane, continue à se faire entendre au creux des rêves. J’ai l’impression de ne pas bien rendre justice à ces histoires à la fois lumineuses et sombres, qui m’ont beaucoup touchée par leur beauté, leur mystère et leur humanisme, leur violence aussi. Il faut donc vous en rendre compte par vous-mêmes ! |
| | | Sophie Sage de la littérature
Messages : 2230 Inscription le : 17/07/2007 Age : 48 Localisation : Tahiti
| Sujet: Re: LC Australie/Nelle Zélande - Commentaires Dim 9 Mai 2010 - 11:34 | |
| En retard je sais, mais j'ai manqué d'inspiration et de courage pour écrire une critique.
LA FUREUR ET L'ENNUI, Richard FLANAGAN:
Une fois de plus,je lis un auteur australien pas gai; effectivement, à part Kenneth Cook, pour l'instant tous les livres d'écrivains australiens et néo-zélandais que j'ai découverts, sont plutôt du genre déprimants. Richard Flanagan ne fait donc pas exception à la règle. J'étais prévenue, puisque j'avais déjà lu de lui, et apprécié, Dispersés par le vent.
Ce deux romans sont peu réjouissants, mettant en scène deux femmes aux destins tragiques. Certes les époques sont différentes, les lieux aussi (la Tasmanie pour Dispersés par le vent, Sydney pour La fureur et l'ennui) mais elles se ressemblent, en lutte contre les préjugés.
L'héroïne ici, c'est la Poupée, stripteaseuse dans une boîte de nuit à la mode de Sydeny; elle se produit chaque soir afin d'entasser les dollars qui lui permettront de s'acheter un appartement, une vie normale et une dignité. Elle y est presque mais une seule aventure d'un soir va tout faire basculer. Il suffira d'une nuit passée avec un beau jeune homme soupçonné d'être un dangereux terroriste pour que les médias s'emballent et que la Poupée se retrouve traquée comme une bête sauvage. Aucune échappatoire possible, à part la mort. Mais la Poupée, bien que proie facile, est maligne et ne renonce pas si vite. Elle erre dans les rues de Sydney, pensant que tout ce battage médiatique autour d'elle, qu'on appelle désormais la Veuve noire, va se tasser; mais non, elle est partout, sur tous les écrans de télé, dans tous les postes de radio. Elle doit agir et va agir...
Richard Flanagan a été inspiré, comme beaucoup, par le 11 septembre 2001, la paranoïa que cela a entraîné, ainsi que l'avidité de certains "journalistes" avides de scoops morbides. Pour tout dire, j'ai préféré Dispersés par le vent, moins actuel. Cela dit, une fois plongée dans le roman,celui-ci a rempli son contrat: l'affaire est bien menée, avec un bon rythme, des rebondissements bien que l'on sente que l'issue risque d'être fatale. Un roman efficace qui met en scène les travers du genre humain. Peu d'espoir, peu d'illusions: une fois que le lecteur a intégré ce principe, il peut lire avec "plaisir" l'épopée malheureuse de la Poupée.
Richard Flanagan est donc pour moi, un écrivain à suivre; peut-être un jour écrira-t-il quelque chose de moins désespéré, ça pourrait être intéressant... | |
| | | dalchmad Espoir postal
Messages : 29 Inscription le : 23/01/2010 Age : 65 Localisation : Bretagne
| Sujet: Re: LC Australie/Nelle Zélande - Commentaires Mar 25 Mai 2010 - 22:02 | |
| Tout vient à point à qui sait attendre. Ayant enfin terminé ma lecture, je vous transmet donc mes impressions à chaud. Pour information, la version française vient de sortir sous le titre: Grand homme: Mort et vie à Palm Island The Tall Man: Death and life on Palm Island de Chloe HooperLe lieu: Palm Island, une île non touristique du nord de l’Australie, dans l’état du Queensland, peuplée en majorité par des aborigènes. L’histoire : Un aborigène de Palm Island est ramassé en état d’ivresse par le sergent Hurley et ramené au poste pour injures envers un policier. 1 heure plus tard, le prévenu décède dans sa cellule, victime de chocs très violents. Le sergent déclare que le prévenu a raté une marche et s’est blessé dans sa chute. Mais l’autopsie parle de coups violents ne pouvant résulter d’une chute. Bref, en clair, nous sommes en présence d’une banale histoire de bavure policière, avec d’un coté le policier blanc, intègre, prêt à rendre service, mais parfois un peu violent quand on l’agresse, bien vu et soutenu par sa hiérarchie et ses collègues, et de l’autre, l’indigène alcoolique, qui bat sa femme quand il est saoul, qui ne connaît que la pêche, la chasse et les beuveries, soutenu par la communauté aborigène. Malgré tous leurs efforts, les policiers ne peuvent pas étouffer l’affaire, et suite à une émeute aborigène réprimée très violemment, le policier modèle se retrouve en accusé au procès suivant l’affaire. L’écrivain nous montre et nous explique dans son récit la condition des aborigènes dans la société australienne, d’abord à l’arrivée des colons qui volent leur terres avec l’armée britannique, puis la déportation sur l’île de Palm Island des enfants aborigènes qui sont expédiés dans des orphelinat gérés par des religieux afin d’extirper en eux les gènes de la sauvagerie, et enfin, maintenant, comment la population en perte de repères, sans racines, s’est réfugiée dans l’alcoolisme, la violence et la misère, tout cela dans l’indifférence des australiens, avec le racisme des australiens du nord envers les aborigènes et l’ignorance des australiens du sud. Ce fait divers est aussi l’occasion de montrer que petit à petit les mentalités changent, car même si le policier est acquitté à la fin du procès, la tenue même du procès est un succès pour la communauté aborigène, une première, même s’il s’est passé 3 ans entre la mort de la victime et la tenue du procès. C’est donc un livre qui permet de mieux comprendre les rapports de la population australienne blanche et la population indigène des aborigènes. Il est toutefois un peu long par moment, il y a des répétitions et des redites, et la culture aborigène est expliquée d’une manière un peu sommaire pour ceux qui ne la connaisse pas un peu déjà. | |
| | | traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
| Sujet: Re: LC Australie/Nelle Zélande - Commentaires Lun 7 Juin 2010 - 0:35 | |
| L'épouvantail de Ronald Hugh Morrieson - Citation :
- Ned Poindexter est ado à Klynham, petite bourgade rurale en Nouvelle-Zélande. Sa famille n’est pas franchement un modèle, entre un oncle qui s’évertue à ne jamais rien faire, un frère spécialiste de billard, et un père qui tente de faire des affaires dans la brocante au volant d’une épave. Heureusement il y a Prudence, sa sœur aînée, la plus jolie fille de la ville, et son pote Les Wilson avec qui il fait les 400 coups. La vie s’écoule, avec ses hauts et ses bas, mais une ombre plane sur Klynham depuis que Salter, magicien itinérant, épouvantail immense et famélique au regard inquiétant est arrivé en ville …
"C'est au cours de la même semaine que nos poules furent volées et que Daphné Moran eut la gorge tranchée." D'emblée, le narrateur adresse un clin d'oeil au lecteur en paraphrasant le début de L'île au trésor. L'histoire, censée se dérouler dans un trou perdu de la Nouvelle-Zélande des années 30, est racontée bien des années plus tard par Ned Poindexter qui à l'époque des faits avait quelque chose comme 14 ans. Un polar ? Pas vraiment, plutôt un roman noir qui ne s'intéresse aux événements criminels de Klynham que pour mieux faire ressortir une gueule d'atmosphère -qui n'est pas sans évoquer le sud des Etats-Unis de Caldwell-, et présenter une galerie de personnages hauts en couleur (euphémisme). De la soeur du héros, baby doll qui affole tous les mâles, aux losers patentés que sont le père et le frère de la susdite, en passant par les ivrognes du coin, le croquemort en tête. La prose de Morrieson est picaresque et truculente, jouant avec brio des ruptures de ton, de la drôlerie à un climat de terreur. En somme, un mélange plutôt détonant de Fantasia chez les ploucs et de La nuit du chasseur. Né en 1922 dans la petite ville de Hawera, Ronald Hugh Morrieson a toujours habité chez sa mère, jusqu'à la mort de celle-ci dont il ne se remettra jamais. Il gagne sa vie en enseignant la musique et en jouant dans des orchestres de bal avant de se découvrir une vocation d'écrivain à 37 ans. L'épouvantail est son premier roman, publié en Australie, où il connait un honnête succès, davantage en tous cas qu'en Nouvelle-Zélande où l'on goûte peu sa description des moeurs des habitants de sa propre ville. Son deuxième roman Came a hot friday parait une année plus tard. Bagarreur, gros buveur, coureur de jupons, Morrieson passe ensuite beaucoup de temps à l'hopital. Après la mort de sa mère, ses manuscrits suivants sont refusés et ce n'est qu'à titre posthume qu'ils seront édités (2 romans et 2 nouvelles). Il meurt à 50 ans, peu après avoir déclaré "J'espère ne pas être l'un de ces pauvres bougres que l'on découvre après sa mort." Aujourd'hui, ses 4 romans ont été portés à l'écran et nombre de ses concitoyens le considèrent, si ce n'est comme le meilleur, tout du moins comme le plus original des écrivains néo-zélandais. A part peut-être dans sa ville natale, qu'il a tellement maltraitée dans ses livres, où sa maison a été détruite en 1992 pour faire place à un fast-food. | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: LC Australie/Nelle Zélande - Commentaires Lun 7 Juin 2010 - 1:38 | |
| Très bon livre Morrieson ! Hors catégories, mais vraiment à découvrir...
J' en ai parlé quelque part, sans doute à littérature néo zélandaise... | |
| | | Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
| Sujet: Re: LC Australie/Nelle Zélande - Commentaires Lun 7 Juin 2010 - 7:47 | |
| - traversay a écrit:
- [...]Il meurt à 50 ans, peu après avoir déclaré "J'espère ne pas être l'un de ces pauvres bougres que l'on découvre après sa mort." Aujourd'hui, ses 4 romans ont été portés à l'écran et nombre de ses concitoyens le considèrent, si ce n'est comme le meilleur, tout du moins comme le plus original des écrivains néo-zélandais. A part peut-être dans sa ville natale, qu'il a tellement maltraitée dans ses livres, où sa maison a été détruite en 1992 pour faire place à un fast-food.
Ah ben... les bougres ! Ça a l'air bien là, comme ça. | |
| | | Steven Zen littéraire
Messages : 4499 Inscription le : 26/09/2007 Age : 52 Localisation : Saint-Sever (Landes)
| Sujet: Re: LC Australie/Nelle Zélande - Commentaires Lun 27 Sep 2010 - 22:37 | |
| Très en retard, mais j'arrive ! Les feuilles du BanianAlbert Wendt Ce livre est un saga, telle que Michelet en France a pu en écrire. Nous suivons la famille Tauilopepe sur trois générations, des années trente au début des années 80. La famille Tauilopepe est une famille influente, des « matais » du village de Sapepe, petit village de Samoa. Au début de cette saga, Samoa est une province Nouvelle-Zélande, une colonie. A Samoa, à cette époque, les gens vivent dans des « fales », constructions de bois rondes ou ovales aux toits de chaumes, sans murs, ouvertes à tous les vents et protégés la nuit par des stores que l’on déroule depuis la charpente. La société se déroule autour des aigas - famille étendue, clan - chacun dirigé par son matai. Les poteaux soutenant la toiture ne sont pas simplement des éléments d’architecture. Leur géométrie recouvre également une hiérarchie sociale strictement observée lors de réunions ou de manifestations : à chaque poteau correspond une place, de la plus importante à la moins prestigieuse. Cette société, très organisée, très codifiée, respectueuse des anciens s’oppose à la vision papalagi (blanc) du peuple Samoan. Car cette culture est soumise aux pressions d’un peuple ouvert aux influence papalagi, du développement économique qui attise les Samoans et à la religion. Les traditions sont fortes mais le peuple samoan est entièrement christianisé, le pasteur joue un rôle prépondérant. La foi est fanatique et est aussi un formidable moyen de manipuler les habitants et de faire aboutir ses projets. C’est à ce moment clé de l’histoire samoane que nous rencontrons Tauilepepe, jeune matai ambitieux, qui prend la place de son père décédé. Il compte bien jouer de sa positon pour arriver, devenir riche. Même s’il doit tourner le dos à la tradition. Et tant pis s’il lui faut abattre l’aiga Malo, puissant et influent commerçant. Il est prêt à tout, même à pêcher avec la femme de Malo pour se servir de son influence sur son mari pour lui soutirer le crédit nécessaire à son essor. On suit donc le parcours de Tauilepepe, sa réussite, ses renoncements, ses petits reniements... Il s’oppose à Toasa, matai le plus prestigieux de Sapepe, garant des traditions locales. Tauileppe va réussir, s’enrichir, développer sa plantation « Les feuilles de Banian », donner du travail à tous ceux de son aiga ; mais il va perdre l’essentiel et voir sa famille proche se désagréger, s’opposer, puis le fuir. La deuxième partie s’attache aux pas de Pepe, fils de Tauileppe, qui en opposition à son père, va prendre un chemin dur, jusqu’à dévaliser le magasin de son père. Avec Pepe, on découvre la population d’un marché de la ville principale de samoan, la rue, les citadins éloignés complètement de la tradition samoane. Dans cette partie, les personnages sont très riches, que ça soit Tataga, le nain, chef du marché, Lafoga, ancien boxeur à la force et à la corpulence inouïe qui sert pour faire régner la loi de Tataga. La vie de Pepe se déroule, courte, intense, violente. Il rue, prend, à chaque fois qu’il a le choix, le chemin opposé à celui qu’aurait pris son père. Pepe a un enfant, un enfant qu’il perdra à sa mort, que Tauileppe récupèrera et élèvera comme le fils qu’il désirait avoir. La saga s’avance, dans cette troisième génération, bientôt enrichie par un nouveau personnage énigmatique, fils « impur » de Tauileppe ; emporté lui aussi par l’orgueil et l’ambition. Samoan n’est plus une colonie, son indépendance gagnée, elle se retrouve « délivrée de l’influence directe » des papalagis. Mais les samoans aspirent à cette culture, tournent définitivement le dos à la culture ancestrale. Ce livre, assez long - près de 600 pages - se lit très facilement. Il y a beaucoup d’aspects très intéressants, sur la culture samoane, sur l’opposition papalagi/samoane et sur les aspirations ambitieuses du peuple samoan. L’aspect qui m’a peut-être le plus intéressé est la place de la religion catholique et surtout, comment les samoans l’ont intégré dans leur culture sans pour autant tourner le dos à leur ancienne culture et à leurs anciennes croyances. Ce livre a été une bonne expérience, une découverte fascinante par bien des aspects. | |
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