Jacques Chardonne

pia a écrit:

ArenSor a écrit:

Je l'ai lu parce que j'avais bien aimé le film.

Tu y arrives donc toi. J’ai toujours du mal. Lire un livre après avoir vu le film ou le contraire. Mais je préfère tout de même le contraire. Je viens d’avoir cette expérience avec le livre de Giono Un roi sans divertissement. J’ai lu le livre et je viens de voir le film de François Letterier. Mais comme Giono a écrit le scénario, le film apporte quelques éléments supplémentaires. Ou clarifie certaines choses.

Je préfère lire le livre avant, mais lorsque le film m'a plu, il me donne envie de lire le livre. C'est dans ce sens que j'ai lu "Les Gens de Dublin" après avoir vu le magnifique film qu'en avait tiré Huston ou "La Femme de sables" de Kobo Abé après avoir vu la belle interprétation de Teshigahara

Les destinées sentimentales

Pauline a perdu ses parents et doit aller vivre chez son oncle qui est dans le commerce du Cognac. Jean a eu aussi des déboires et va vivre chez sa grand-mère dont la famille est dans le commerce de la porcelaine. Pauline n’accepte pas le fait que les femmes n’aient qu’un rôle, détentrice de la bonne marche du foyer. Elle ne veut pas se plonger dans les romans qui semblent ne donner qu’un but aux jeunes filles, celui de ne vivre que pour les sentiments passionnés et romantiques, et qui se solde par un mariage épuisant et décevant. Jean qui pendant une période de sa vie est pasteur voit dans les hommes modestes ce que les hommes de sa famille sont incapables de voir. Il leur reconnait force et dignité, grandeur et héroïsme. Après un mariage sans amour il finit par se marier avec Pauline.

Jean sentit qu’il devait parler des besoins de l’âme à l’approche de la mort, mais devant ces gens si expérimentés et si forts, il ne trouvait que des formules gênantes, des promesses enfantines. Il aimait mieux les regarder.  

L’histoire se passe principalement en Charentes à la transition de la fin du 19ème siècle et du 20ème siècle. On suit la vie de quelques familles aisées qui ont réussi dans le commerce de la porcelaine de Limoges et du Cognac. Les familles que l’on suit de l’ intérieur vivaient bien, les ouvriers étaient exploités. On suit dans cette histoire la montée du Socialisme, les grèves, le patronat qui ne veut pas céder et veut continuer à avoir tous les privilèges. Mais aussi le commerce de masse qui met en péril les entreprises de qualité, la première guerre mondiale et la crise.

« Ce sera très cher mais ce sera bon….je ne veux pas de ces bouteilles truquées, avec leur fausse patine de poussière qui vient de la verrerie. Comme forme, j’ai choisi la bouteille Cognac ; elle est élégante, l’épaule n’est pas trop remontée, le col est fin, le verre est très clair….Regarde ce modèle. La couleur naturelle de la vieille eau-de-vie, pâle, à peine fauve, n’est pas dénaturée par le verre… »

La vie se traine sans éclat tout occupé que l’on doit être par les conventions qu’il ne faut pas transiger.  On finit par accepter le poids de la famille, le devoir, quitte à se sacrifier pour.

Style impeccable et fourni qui m’a tout de suite complu. Il sait nous faire vivre cette époque, par ses descriptions, dans le détail. Il sait nous faire comprendre le malheur (que l’abnégation peut apporter) sous le vernis. Je me retrouve tout à fait dans ton commentaire Arabella. J’aime cet auteur.

Merci de ton commentaire, Pia. Contente que le livre t'ait plu.

Claire

Un roman d'amour, rien d'autre. Un homme raconte un peu sa vie, mais surtout, presque exclusivement son amour pour Claire, l'histoire de cet amour du début jusqu'à son terme. Dans aucun autre livre de l'auteur que j'ai lu, il  n'y a un tel centrage, une telle exclusivité. Il y a quelque chose de rayonnant dans l'expression de ce sentiment, presque solaire.

Mais nous sommes chez Chardonne, et l'amour ne permet pas forcément de comprendre l'être aimé. Le narrateur est dans son récit à lui, nous d'entendrons jamais, le récit, l'histoire de Claire. Il imagine des choses, parfois se trompe, ressent, mais Claire reste une belle inconnue, pour lui et pour nous, au final. Et le sentiment de perte habite à chaque instant cet amour : la perte d'un instant, d'un souvenir, la sensation que l'être que l'on aime devient autre à chaque instant, et qu'on ne retrouvera jamais l'instant perdu, et oublié...La souffrance est au coeur des relations entre les êtres, le fossé entre eux toujours impossible à combler, et la solitude la seule réalité tangible. Même si passer des beaux moments avec quelqu'un peu rendre quelque chose plus supportable à d'autres.

bix229 a écrit:

J' ai lu un livre de Chardonne que j' ai d' ailleurs oublié et je me suis promis de ne jamais
en lire un autre.
Tout comme Céline d' ailleurs..
Ce type était abominable : il trouvait Pétain sublime et haissait les juiifs de toute son ame de larbin...
Larbin oui, tout fier d' aller rencontrer Joseph Goebbels avec une délégation de bons français comme lui...


L' homme bien sur !  L' écrivain, je ne peux pas dire...

Ne mélangeons l'homme et l'écrivain, Chardonne était un tres bon écrivain, Céline aussi d'ailleurs (il était même meilleur). Il faut séparer l'homme de l'oeuvre

Julien a écrit:

bix229 a écrit:

J' ai lu un livre de Chardonne que j' ai d' ailleurs oublié et je me suis promis de ne jamais
en lire un autre.
Tout comme Céline d' ailleurs..
Ce type était abominable : il trouvait Pétain sublime et haissait les juiifs de toute son ame de larbin...
Larbin oui, tout fier d' aller rencontrer Joseph Goebbels avec une délégation de bons français comme lui...


L' homme bien sur !  L' écrivain, je ne peux pas dire...

Ne mélangeons l'homme et l'écrivain, Chardonne était un tres bon écrivain, Céline aussi d'ailleurs (il était même meilleur). Il faut séparer l'homme de l'oeuvre

C' est ce qu' on dit, oui. Mais on n' est pas obligé non plus. Comme l' écrivait Benjamin Peret, il y a leur morale et la notre.

Tiens je ne savais pas Bix tu me l'apprends je n'avais pas lu sa bio, j'avoue). Je peux comprendre que cela fasse réfléchir. En tout cas rien ne transparait dans Les destinées sentimentales.

bix229 a écrit:

Julien a écrit:

bix229 a écrit:

J' ai lu un livre de Chardonne que j' ai d' ailleurs oublié et je me suis promis de ne jamais
en lire un autre.
Tout comme Céline d' ailleurs..
Ce type était abominable : il trouvait Pétain sublime et haissait les juiifs de toute son ame de larbin...
Larbin oui, tout fier d' aller rencontrer Joseph Goebbels avec une délégation de bons français comme lui...


L' homme bien sur !  L' écrivain, je ne peux pas dire...

Ne mélangeons l'homme et l'écrivain, Chardonne était un tres bon écrivain, Céline aussi d'ailleurs (il était même meilleur). Il faut séparer l'homme de l'oeuvre

C' est ce qu' on dit, oui. Mais on n' est pas obligé non plus. Comme l' écrivait Benjamin Peret, il y a leur morale et la notre.

Oui, des fois on peut passer outre, des fois c'est trop nauséabond. Chacun fera son tri, je présume. Ainsi ai-je décidé il y a déjà presque une trentaine d'années de ne plus lire une ligne de Michel Tournier. Je m'y tiens.

Sigismond a écrit:

Oui, des fois on peut passer outre, des fois c'est trop nauséabond. Chacun fera son tri, je présume. Ainsi ai-je décidé il y a déjà presque une trentaine d'années de ne plus lire une ligne de Michel Tournier. Je m'y tiens.

Tu lui reproches quoi?

Plus globalement, je ne m'interdis aucune lecture a priori. (sauf les bouses actuelles hihi. Ca me fait penser à une anecdote, au dernier vide-grenier où j'étais, il y avait une dame toute fière de me dire: j'ai tous les prix littéraires de l'an dernier ici. Ma réponse: je ne lis que les auteurs morts. )

ArturoBandini a écrit:

Tu lui reproches quoi?

Pédophilie, et, pire encore, promotion éhontée de celle-ci.
Tournier a une plume magnifique, ce qui est aggravant quant à l'impact de ses écrits.

ArturoBandini a écrit:

Ma réponse: je ne lis que les auteurs morts. )

Pour ma part, je dis "Un bon écrivain est un écrivain mort."

Sigismond a écrit:

ArturoBandini a écrit:

Tu lui reproches quoi?

Pédophilie, et, pire encore, promotion éhontée de celle-ci.

Comme Gide, Montherlant, Matzneff - ça ne manque pas dans nos classiques (si on peut considérer Matzneff comme un classique )...

Agnès a écrit:

ArturoBandini a écrit:

Ma réponse: je ne lis que les auteurs morts. )

Pour ma part, je dis "Un bon écrivain est un écrivain mort."

Tout à fait d'accord, Agnès, l'écrivain est le bon indien du Général Custer .

Mais, comme Tournier est encore vivant (du moins le prétend-t-il ), par respect pour les victimes de ses prédations je fais un refus à l'idée de lui filer quelques centimes en achetant l'un de ses bouquins.
Et ce bien que je fusse, avant cette résolution, un lecteur assez avide de sa prose.

Je suis disposé à attendre, ensuite, un temps raisonnable après les éloges funèbres, les nécro et autres grandiloquences d'usage, toujours par respect pour ses victimes.

Sigismond a écrit:

Tournier est encore vivant (du moins le prétend-t-il )

j'adore !

J' admets tout à fait qu' on lise des auteurs  en ignorant leur vie. Mais ensuite... Je fais partie de ceux qui pensent que ceux qui ont
accepté/approuvé le génocide sont presque aussi responsables que ceux qui l' ont exécuté.
Et que ça fait tache  dans lueur vie et parfois dans leur œuvre.
Cf. les nouvelles approches de l' œuvre de Heidegger...