Lee Daniels

Precious de Lee Daniels

Citation :

Lorsqu'à seize ans, Precious apprend à lire et à écrire dans une école alternative, un monde nouveau s'ouvre à elle. Un monde où elle peut enfin parler, raconter ce qui l'étouffe. Un monde où toutes les filles peuvent devenir belles, fortes, indépendantes.

Precious est une adolescente déjà mère et à nouveau enceinte, à 16 ans. Elle est 1. Obèse, 2. Noire, 3. Séropositive, 4. Analphabète, 5. Violée par son père, 6. Battue par sa mère. Livre culte, Push racontait cette histoire vraie (une mention synonyme désormais de marketing) en essayant d'éviter misérabilisme et angélisme. L'adaptation au cinéma posait évidemment problème puisqu'il ne s'agissait plus de dire mais de montrer. Et le mélodrame de devenir inévitable, non ? Avec un vernis d'espoir au final pour éviter le récit déprimant et sans avenir possible. Nanti d'un point de départ pareil, Lee Daniels s'en tire plutôt bien, dans un film plus rageur que glauque, teinté de fantaisie onirique, manière de respirer un peu dans le quotidien abominable de Precious. Et c'est cette absence de commisération condescendante qui protège le film de tout débordement lacrymal et lui confère une sorte de dignité fondée sur la colère et le refus de la soumission. Avec un tel sujet, l'interprétation se devait d'être exceptionnelle : elle l'est, et pas seulement celle de Precious (Mo'Nique, qui incarne sa mère, a obtenu un Oscar mérité). Bien que pris en otage par une histoire saturée de souffrances, le spectateur n'a pas l'impression d'être contraint de compatir et de s'apitoyer. En soi, c'est déjà un exploit.


Mo'Nique, sa mère.


Prix obtenus aux festivals :
Ex-aequo avec Sin Nombre de Cary Fukunaga, le Prix du Jury du Festival de Deauville.
A Sundance : prix de la meilleure actrice, le prix du public ainsi que le prix du jury.
Aux oscars : meilleur second rôle féminin pour Mo'Nique et meilleur scénario dans la catégorie adaptation.

Ils n'ont pas été tendres au masque mais j'irai le voir. Je redoute quand même la surenchère dans le mélodrame...

Marko a écrit:

Ils n'ont pas été tendres au masque mais j'irai le voir. Je redoute quand même la surenchère dans le mélodrame...

Comme je m'attendais au pire, j'ai été plutôt agréablement surpris par le traitement. Tu es prévenu quand même, il y a surabondance de souffrances (pour un lecteur de Zola, ce ne doit pas être un frein, non ?).

traversay a écrit:

Marko a écrit:

Ils n'ont pas été tendres au masque mais j'irai le voir. Je redoute quand même la surenchère dans le mélodrame...

Comme je m'attendais au pire, j'ai été plutôt agréablement surpris par le traitement. Tu es prévenu quand même, il y a surabondance de souffrances (pour un lecteur de Zola, ce ne doit pas être un frein, non ?).

Je pensais plus à la surenchère dans la mise en scène. Chez Zola il y a son style qui sublime tout. Par contre quand un cinéaste surligne ce qui est déjà explicite dans un scénario chargé ça devient vite insupportable.

Marko a écrit:

traversay a écrit:

Marko a écrit:

Ils n'ont pas été tendres au masque mais j'irai le voir. Je redoute quand même la surenchère dans le mélodrame...

Comme je m'attendais au pire, j'ai été plutôt agréablement surpris par le traitement. Tu es prévenu quand même, il y a surabondance de souffrances (pour un lecteur de Zola, ce ne doit pas être un frein, non ?).

Je pensais plus à la surenchère dans la mise en scène. Chez Zola il y a son style qui sublime tout. Par contre quand un cinéaste surligne ce qui est déjà explicite dans un scénario chargé ça devient vite insupportable.

A toi de juger, peut-être y verras-tu un nouveau navet (pas près de te le pardonner ce mot-là).

traversay a écrit:

A toi de juger, peut-être y verras-tu un nouveau navet (pas près de te le pardonner ce mot-là).

Pour "Le Concert" je suis désolé mais je ne sauve rien (à part le regard de Mélanie Laurent peut-être).

traversay a écrit:

Precious de Lee Daniels Nanti d'un point de départ pareil, Lee Daniels s'en tire plutôt bien, dans un film plus rageur que glauque, teinté de fantaisie onirique, manière de respirer un peu dans le quotidien abominable de Precious. Et c'est cette absence de commisération condescendante qui protège le film de tout débordement lacrymal et lui confère une sorte de dignité fondée sur la colère et le refus de la soumission. Avec un tel sujet, l'interprétation se devait d'être exceptionnelle : elle l'est, et pas seulement celle de Precious (Mo'Nique, qui incarne sa mère, a obtenu un Oscar mérité). Bien que pris en otage par une histoire saturée de souffrances, le spectateur n'a pas l'impression d'être contraint de compatir et de s'apitoyer. En soi, c'est déjà un exploit.

Ce film a un atout, ses actrices. De Precious à sa mère, de la prof aux élèves, elles sont souvent convainquantes et émouvantes. Monique a mérité son prix d'interprétation. De telles femmes monstrueuses existent et même si elle semble être une véritable caricature, elle crée un personnage qui vampirise l'écran dans 2 ou 3 scènes bluffantes. L'histoire m'a beaucoup rappelé "Darling" avec Marina Fois mais, là où Darling disait ce qu'elle s'imaginait pour fuir la réalité insupportable, Precious le rêve. Et malheureusement ces images oniriques sont très faibles, artificielles, et dans le cliché le plus vulgaire (la scène du viol notamment qui est franchement de trop). Tu parles de dignité et de retenue... pour le personnage de Precious elle-même, oui, mais tout le reste est parfois franchement limite. Pas beaucoup de subtilité dans tout ça, peu d'ellipses, on est dans une imagerie assez grasse et plus complaisante que tu ne le suggères. Mais pour quelques scènes fortes et réussies (celle avec l'assistante sociale est incroyable), et pour ce beau personnage qui fait face sans se plaindre (c'est une forme de cliché inversé malgré tout, la tentation de l'angélisme et de la "légèreté" que reprend l'affiche), le film se regarde et peut toucher. Il parait que le livre est formidable...

Precious.

Un film qui se regarde, mais que j'ai trouvé un peu longuet... Comme le dit Marko les scènes de rêves sont franchement ratées et coupent complètement le rythme du film. C'est un peu trop répétitif et mou. Je crois, aussi, que j'ai pas tellement aimé l'actrice principale... qui est justement très froide, dure, fermée. Pourtant y'a des personnages de ce type là qui me "parlent" mais là, rien, donc je pense que ça vient de l'actrice... entre elle et moi y'a pas eu de BAM.

Par contre je n'ai pas trouvé que ça allait trop loin dans le graveleux et le mélo (sauf la scène finale avec la mère... là je commençais à en avoir marre du rabâchage).

A noter l'ahurissement de voir Lenny Kravitz et Mariah Carey interpréter à merveille leurs rôles (bien plus facile pour Kravitz, que fait pas grand chose) !!!!

Quelques images chouettes, bien pensées, pile dans ce qu'il faut. Le démarrage du film (après la scène rêvé avec la mère) est très beau, j'aurais aimé que le film suive sur cette lancée.


Un film qui peut se voir, mais n'est certainement pas incontournable.

Oui... Je ne comprends décidément pas toutes les récompenses et acclamations qu'il a eut.

Queenie a écrit:

Oui... Je ne comprends décidément pas toutes les récompenses et acclamations qu'il a eut.

Peut-être, justement, en attendions-nous beaucoup ce qui fait que nous sommes déçus...

coline a écrit:

Queenie a écrit:

Oui... Je ne comprends décidément pas toutes les récompenses et acclamations qu'il a eut.

Peut-être, justement, en attendions-nous beaucoup ce qui fait que nous sommes déçus...

Hum... pas trop valable pour moi. J'en attendais rien de particulier. J'avais très peu écouté les bruits de couloir.
Je crois qu'il est juste décevant, avec ou sans a priori.
Peut-être qu'il faut être américain eastwoodien pour accrocher à mort.

Il ne m'en reste presque rien. Pas bon signe...

traversay a écrit:

Precious est une adolescente déjà mère et à nouveau enceinte, à 16 ans. Elle est 1. Obèse, 2. Noire, 3. Séropositive, 4. Analphabète, 5. Violée par son père, 6. Battue par sa mère.

Dans le livre, il faudrait rajouter : 7. Incontinente.

Je vous ai trouvés un peu rudes sur Precious. Ce n’est certes pas un incontournable point de vue cinéphilie mais on ne le regarde pas pour ça. Par contre il établit vraiment les bases sur un sujet difficile tournant autour de la maltraitance de l’enfant. Une enfant qui a grandi dans un bazar innommable sans que les voisins, l’école, jamais, puissent intervenir. Comment la société est incapable de protéger ses enfants : c’est le cœur de Precious, pour moi.
Avant même l’arrivée dans l’école alternative le corps enseignant sait qu’il se passe quelque chose. Puis, sous l’aile de l’assistante sociale et de la prof d’alphabétisation, il faut attendre la rencontre finale avec la mère pour une formulation (spectaculaire, mais tellement tardive vis-à-vis d’une décision à prendre en matière de protection).
D’ailleurs aucune décision institutionnelle ne sera prise. Precious se redresse et va se reconstruire, peut-être, mais avec sa seule force.
La scène du viol ou de ses réminiscences n’arrive pas n’importe comment. Il y a un déclenchement à la Aronofsky avec la projection d’un truc à la tête pendant que Precious fait la vaisselle. L’image trouble est renversante sans le mélo qu’on pouvait craindre.
- Un autre aspect vis à vis de l'obésité : Precious est grosse mais jamais on ne le lui dit. "Faire le régime" n'est même pas évoqué, comme ce serait le cas dans un nanar. Par contre le cheminement de l'apprentissage en alpha est décortiqué : les filles se trompent et dérapent sur les mots. Apprendre à écrire revient à comprendre le monde et à parler enfin de soi.