Claes Oldenburg [Sculpteur]

Citation :

Claes Oldenburg, né le 26 janvier 1929 à Stockholm, vivant et travaillant à New York, où il a grandi, est un artiste du pop art.

Lorrie Moore en parle dans un de ses livres , il s'agit de Claes Oldenburg , spécialisé dans la sculpture d'objets géants , mouvance pop-art , un peu à la manière de Duchamp , je ne me pose pas la question de savoir si c'est beau ou si c'est laid , simplement ça m'amuse et provoque mon étonnement.

J'aime bien la pincette et la cuillère avec la cerise

Rivela , tu te souviens de la fourchette dans le lac Léman ? (pour sensibiliser au musée de l'alimentation à Vevey je crois me souvenir ) , mais elle n'y est plus

Tiens , je l'ai retrouvée

Très chouette! Je ne le connaissais pas.

Balancing Tools by Claes Oldenburg and Coosje van Bruggen

Et cela amene au Le complexe Vitra - Opinions architecturales - une aire de jeu mais le ludique peut être tout à fait sérieux. Un site ici

C'est funky.
Par contre, pour ce qui est de déchirer ses oeuvres, en effet, on risque d'avoir un peu de mal...

Dans le genre moche, il a fait un hamburger :



MacDo devrait s'en inspirer pour ses pubs.

Je l'ai vue à Cologne celle-ci.
En fait, l'intérêt de cette œuvre, je trouve : on se balade dans une rue commerçante, à un moment au loin, on voit une assez grande tour, et renversée dessus, un cornet de glace. Hésitation : pub ou art ? Drôle ou moche ? Finalement, ça interloque un peu. Et surtout on se demande si la prédominance des visuels publicitaires dans les villes ne nous empêchent pas de nous réapproprier notre architecture. Et puis, il fait beau, on a le nez un peu en l'air... et soudainement envie d'une glace.

J'aime les surprises aux coins des rues.

c'est intéressant ce que tu dis Queenie, à propos du 'but', de la 'raison' de l'oeuvre : simple manière de voir l'urbanisme autrement, un urbanisme qui à force d'être déshumanisé a besoin d'être réinvesti par l'image, aspect ludique d'une présence fantomatique de la consommation qui permet une prise de conscience (celle de vouloir une glace, sorte de réflexe pavlovien d'une société de l'information dans laquelle la publicité est une incitation à un certain mode de satisfaction).

le travail de Claes Oldenburg est cité dans le livre sur le Postmodernisme de Jameson, comme une preuve, un symptôme d'un art postmoderne qui serait détaché de l'Histoire (générale comme de l'histoire de l'art), comme si les oeuvres surgissaient ex nihilo, sans se rattacher à aucune forme historique les précédant et sans vouloir offrir d'autres déclinaisons possibles dans l'avenir.

Thermomètre géant construit en Californie et qui donne la température la plus haute relevée en 1913, température de 134 degrés farenheit équivalent à 56.5 degrés celsius... ouf !

Le thermomètre surgit, venu de nulle part, atterissant ici au hasard d'une volonté individuelle, sans être rattaché à aucune forme ou formulation précédente. Une sorte de création en vase clos, sans référent. De ce processus de création, Jameson se sert pour illustrer une de ses analyses, celle d'une société schizophrène, dans laquelle le présent n'aurait pas de véritable fixation par rapport à un avant ou un après. Il exprime alors l'idée que la fascination pour l'instant, pour le geste, pour l'évènement est l'un des symptomes de la société postmoderne. Une société qui crée des oeuvres à mi-chemin entre la basse culture et la haute culture et qui renoncent à s'inscrire dans une chronologie, une historicité. Des oeuvres à consommer immédiatement, dans l'émerveillement de l'instant et sans possibilité de les inscrire sur une ligne historique. Un art qui serait alors le pur reflet de notre société de consommation...

(il me parait important de souligner que tout le travail de Jameson est de ramener l'art postmoderne dans une historicité et non dans cette espèce de nébuleuse surgie de rien)

shanidar a écrit:

(il me parait important de souligner que tout le travail de Jameson est de ramener l'art postmoderne dans une historicité et non dans cette espèce de nébuleuse surgie de rien)

(Ah oui, c'est important, parce que pour le coup, je me disais que c'était complètement en contradiction avec le thermomètre qui rappelle un fait historique)

De toute façon je ne crois pas que ce soit possible de n'avoir pas de fixation par rapport à un avant ou un après. L'artiste, déjà, n'est pas tout juste né quand il crée. Même s'il ne le veut pas, il a plein d'histoires en lui qui se reflète dans son art, et l'endroit où il place cette oeuvre, si pour lui ça n'a pas de temporalité, pour d'autres oui. Déjà y'a un avant et après que l’œuvre soit là. Y'a une place occupée qui signifie toujours quelque chose pour quelqu'un.
Ensuite l'objet en lui-même se nourrit d'histoire sitôt qu'il est créé. L'objet d'art a une existence.
Je trouve ce concept de vase clos assez naïf.

Mmmh c'est différent de la continuité choisie et travaillée (qu'on pourrait différencier du mimétisme même si ça doit se discuter sur le fond ce raccourci). quand même, non ?

(ça a l'air bien ce livre).

bien d'accord avec toi Queenie et en voyant les oeuvres d'Oldenburg on voit bien à quel point elles s'inscrivent dans un espace qui est lui-même porteur d'une histoire.

animal a écrit:

Mmmh c'est différent de la continuité choisie et travaillée (qu'on pourrait différencier du mimétisme même si ça doit se discuter sur le fond ce raccourci). quand même, non ?

(ça a l'air bien ce livre).

un peu compliqué (des phrases looonngues) mais passionnant parce qu'il pose beaucoup de questions avec des réponses à choix multiples. A vouloir s'inscrire dans le temps comme des évènements ponctuels les oeuvres perdent de leur rapport au temps historique, à vouloir utiliser le quotidien comme oeuvre (Duchamp et ses ready made) ou même Oldenburg qui en faisant du gigantisme avec des objets usuels ne fait que déplacer le regard et inconstestablement on regarde sa fourchette ou son thermomètre géant autrement alors qu'il s'agit d'objets de notre quotidien mais surdimensionné et mis à des endroits incongrus. Les artistes ont créé une nouvelle forme de superficialité (physique et esthétique)(le problème est qu'en français le terme de superficialité est tout de suite connoté de manière négative, alors qu'il s'agit ici d'une réflexion sur l'absence de profondeur qui est une manière de dire une autre façon de penser, une manière à-plat, immédiate, focalisée sur l'instant qui n'est pas privée de sens ou de richesses mais de repères). Jameson s'évertue à démontrer qu'il serait illusoire de penser l'art postmoderne comme détaché de toute histoire de l'art, de toute antériorité même si l'oeuvre semble se satisfaire d'elle-même ou ne pas être inscrite dans une linéarité. C'est malgré tout compliqué de rapprocher les sculptures d'Oldenburg d'une forme classique d'oeuvre d'art (à moins que les natures mortes puissent faire le lien ?) ou de l'inclure dans une 'école', une 'lignée', une 'méthode', Jameson dit que le postmodernisme n'est peut-être même pas structuré, il n'est peut-être même pas un processus et que c'est seulement après coup que l'on peut faire entrer un Oldenburg dans une sorte de case (ici, le postmodernisme), parce qu'on aura cherché à créer des grilles pour commenter, expliquer, 'circonscrire' le surgissement de l'oeuvre. (tout ceci est mon interprétation).