Les romans du terroir

La qualification de "roman de terroir" serait-elle à l'origine une récupération de lectorat ? Elle s'adresse me semble-t-il à des personnes qui lisent peu et se sentent attirées parce-que "cela se passe chez eux". On y retrouve à l'infini les situations, gestes, lieux dans lesquels il se reconnaissent.

Ces romans faisaient partie de la littérature générale comme le soulignent fort bien certains intervenants. Mais l'envers du décor se situe là : sous ce vocable sont venus se greffer des écrivains spécialisés dans la littérature régionale au kilomètre. Fort dommage, car à tout catégoriser, certains achèteront un livre qu'ils ne liront jamais, trompés que ce soit dans un sens où l'autre.

Je donne un exemple. L'excellent roman de F. Chandernagor : l'enfant des lumières.
Je passe la plupart de l'été dans la Creuse. La bourgade près de laquelle je vis possède son bar-tabac-journaux-presse. Ne sont plus proposés à la vente depuis plusieurs années que ces "romans régionaux" dans lequel on coitoie du bon comme du mauvais. Hors voici que l'an dernier, je vois l'enfant des lumière proposé avec ce gros bandeau rouge : ça se passe en Creuse.
Quel dommage que ce genre de récupération. Car je doute que les personnes l'achetant pour s'y retrouver chez elles, dans une ambiance... s'y reconnaissent, passeront-elles la page 30 ?... quant aux autres qui ne le connaissent pas risquent d'y voir encore un de ces romans régionaux et passer outre.

Catégoriser à outrance se révèle dangereux et dommageable. En littérature comme ailleurs.

Il en est de même au cinéma. "Le temps des porte-plumes", dans lequel de bons acteurs sont venus se perdre... n'avait épargné aucun poncif. Navrant et très lourd au final.

Chantalcath a écrit:

Il en est de même au cinéma. "Le temps des porte-plumes", dans lequel de bons acteurs sont venus se perdre... n'avait épargné aucun poncif. Navrant et très lourd au final.

Et pour le coup, ça, c'était carrément dans mon terroir à moi! :)

J'apprécie la littérature de terroir, même si certains pensent que les deux termes sont antagonistes.
Bien sûr on ne peut, à mon avis, mettre Pagnol, Vincenot, Pourrat, Ramuz ou même Sand sur le même plan que Signol ou Michelet.

Chez les premiers, il y a des qualités d'écriture indéniables tandis que les seconds ne sont "que" d'excellents raconteurs d'histoires. Cela n'engage que moi et reste bien sûr discutable.

Cependant lire un Michelet de temps en temps n'est pas pour me déplaire, c'est toujours un bon moyen pour connaître une région en écoutant une histoire légère d'une gravité pesante.

C'est vrai cela!
La littérature du terroir est aussi belle que désastreuse...tout dépend de la qualité de l'écriture.
De temps en temps j'aime bien me plonger dans ces ambiances d'autrefois et champêtres voire très sombres parfois!
J'ai lu, il y a trèèèès longtemps, mais cette saga familiale m'avait marqué, "Des grives aux loups" de Michelet!!! J'avais vraiment adoré cette histoire paysanne dans la grande histoire, les progrès techniques qui bouleverseront le rythme de travail autant que les conséquences de la Grande Guerre et de 39/40.
Une image m'est resté: celle des arbres abattus sur les boulevards parisiens lors des évènement de mai 68...le regard scandalisé et incrédule d'un homme de la terre devant le crime du siècle qui est d'abattre de superbes arbres!

Heidebic de Hel a écrit:

C'est vrai cela!
La littérature du terroir est aussi belle que désastreuse...tout dépend de la qualité de l'écriture.

Plus souvent désastreuse que belle la littérature d'aujourd'hui que l'on regroupe sous ce terme, non?...

Vous avez cité cité des noms comme ceux Pagnol, Vincenot, Pourrat, Ramuz,Sand...Bien qu'ils parlent du "pays"...mais je n'arrive pas à les classer "auteurs de romans de terroir".

Je me trompe peut-être dans ce que je mets sous cette expression...

Coline, tu oublies Montpassant.... bon, je sors...

Le Bibliomane a écrit:

Coline, tu oublies Montpassant.... bon, je sors...

...Je sors aussi...sinon je vais flooder...

Je ne vouerai pas aux gémonies certains auteurs contemporains, dits "régionaux" qui écrivent de belles histoires. La preuve avec Hervé Jaouen, auteur breton (et fier de l'être...comme moi ) respecté et respectable littérairement.
En ce moment, je suis en train de lire "Au-dessous du calvaire", un roman de Jaouen retraçant les zones sombres bretonnes pendant la Seconde Guerre et surtout pendant l'Occupation. Il appuie là où cela fait mal avec une plume élégante, au gré des descriptions saisissantes de vérité (pour ceux qui connaissent les alentours d'Huelgoat dans le Finistère, de Carhaix, Quimper...) des paysages bretons, des mentalités et des réalités socio-culturelles régionales.
Il faut comparer ce qui est comparable....on ne peut absolument pas comparer Jaouen avec Quignard...ils ne jouent pas dans la même cour (sans aucun jugement de valeur).
Peut-être alors, pour clarifier la chose, pourrait-on parler de littérature régionale et non de terroir, littérature plus connotée comme véhiculant une image de fond de commerce d'histoires gnan-gnan et répétitives quant au schéma de construction

En effet, où vais-je ouvrir mon fil Jaouen (car au vu de ce que je suis en train de lire, je souhaite continuer la découverte des romans de cet auteur)? Je ne tiens pas à le mettre dans la littérature du terroir car il va au-delà du concept.
Par ailleurs, Mistral et Pagnol sont aussi dans cette veine régionaliste, non?
Aussi, me lancerai-je à solliciter auprès de notre chef suprême, l'ouverture d'un fil "Littératures régionales"

coline a écrit:

Heidebic de Hel a écrit:

C'est vrai cela!
La littérature du terroir est aussi belle que désastreuse...tout dépend de la qualité de l'écriture.

Plus souvent désastreuse que belle la littérature d'aujourd'hui que l'on regroupe sous ce terme, non?...

Vous avez cité cité des noms comme ceux Pagnol, Vincenot, Pourrat, Ramuz,Sand...Bien qu'ils parlent du "pays"...mais je n'arrive pas à les classer "auteurs de romans de terroir".

Je me trompe peut-être dans ce que je mets sous cette expression...

C'est vrai.
Une classification est toujours hasardeuse et réductrice, on pourrait peut-être plus parler d'auteurs régionalistes ?

Une excellente idée Chappy !

je posterai donc sur le nouveau fil (?)

Je vois que les romans de terroir ne font pas l'unanimité !
Je ne sais pas s'ils font vraiment un genre de littérature. Suffit-il qu'ils parlent de la vie à la campagne pour être considérés comme "de terroir" ?
A ce moment là, "les Raisins de la colère" de Steinbeck, ou "elle était verte ma vallée" de Richard appartiennent-ils à cette catégorie inventée toute récemment ?
Il y a des éditions spécialisées dans les romans de terroir (ex : de Borée). J'ai lu au hasard 2 de leurs livres, j'ai trouvé l'un médiocre mais l'autre fantastique ! Une belle découverte ("Les souliers ferrés", de M. Bouchet). Pas très égale, donc, apparemment.

Alberte a écrit:

Je vois que les romans de terroir ne font pas l'unanimité !
Je ne sais pas s'ils font vraiment un genre de littérature. Suffit-il qu'ils parlent de la vie à la campagne pour être considérés comme "de terroir" ?
A ce moment là, "les Raisins de la colère" de Steinbeck, ou "elle était verte ma vallée" de Richard appartiennent-ils à cette catégorie inventée toute récemment ?
Il y a des éditions spécialisées dans les romans de terroir (ex : de Borée). J'ai lu au hasard 2 de leurs livres, j'ai trouvé l'un médiocre mais l'autre fantastique ! Une belle découverte ("Les souliers ferrés", de M. Bouchet). Pas très égale, donc, apparemment.

en fait, au fur et à mesure des discussions, on a fini par "décider" de ne justement pas rentrer dans cette classification étrange qu'est le "roman de terroir". Parce qu'en effet, il y a des romanciers qui ancrent leurs histoires dans des contextes ruraux et le font avec talent... et après.. comme dans tous les "genres", y'a ceux qui ne nous plaisent pas.

Je ne sais si les amateurs du genre ne lisent que ça. Pour ma part, je lis tout, sauf la série "Arlequin" ...à la seule condition que ce soit bien écrit et que l'histoire soit prenante, émouvante, ou drôle, enfin....intéressante

Giono, Pagnol, Signol, Anglade, Thyde Monnier, font partie de cette "secte"...très bien écrit, souvent drôle, plein de fraîcheur, les personnages sont souvent simples et touchants.

On découvre par là-même des régions de la douce France que l'on connaît peu ou mal...

Tous ne sont pas aussi excellents que les sus-nommés...je pense notamment à Michelet que je n'aime pas du tout.

Malgré tout, ces romans nous renvoient à une époque (ou des époques) souvent révolues...au fond, pas si lointaines que ça...où la vie et les moeurs étaient bien différentes et justement là se situe leur intérêt

Tiens Thyde Monier je me souviens, comment oublier Nans le Berger et les autres..........