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| Vladimir Maïakovski | |
| | Auteur | Message |
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Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
| Sujet: Vladimir Maïakovski Mer 5 Mai 2010 - 11:03 | |
| (1894-1930) - Citation :
Sa famille modeste s'installe à Moscou en 1906, après le décès de son père. Vladimir adhère au parti bolchévique, est arrêté à dix-sept ans suite à sa participation dans des manifestations révolutionnaires et passe un an en prison. En 1910, il entre aux Beaux-Arts mais y fréquente plutôt l'avant-garde poétique. Converti à la littérature, Maïakovski fonde le mouvement des Futuristes russes, révolutionnant le langage poétique dans un rendu de la modernité urbaine aiguisée par une certaine violence. Maïakovski atteint des sommets de lyrisme dans ses recueils 'La Flûte en colonne vertébrale' (1915) et 'Nuage en pantalon' (1914), un quasi manifeste du Futurisme. Après la révolution de 1917, il veut faire de son art un instrument politique révolutionnaire et pour cela cet art doit être fonctionnel et constructiviste. C'est lui qui compose les dessins et les affiches militants exposés dans les vitrines, pour illustrer l'actualité politique afin de remplacer les journaux absents, et réalisera les réclames pour les magasins d'Etat. Vladimir publie deux pièces satiriques 'La Punaise' (1920) et 'Les Bains Publics' (1929), ainsi que 'Mystère-Bouffe', et milite pour un théâtre engagé et anti-psychologique. Dirigent du mouvement de gauche LEF de 1923 à 1925, Maïakovski y défend une position esthétique moderniste, pragmatique et fonctionnaliste. Critiqué pour sa forte personnalité et la modernité de son style, déçu en amour, il se tire une balle dans la poitrine.(Source Evene)
Écoutez ! Puisqu'on allume les étoiles, c'est qu'elles sont à quelqu'un nécessaires ? C'est que quelqu'un désire qu'elles soient ? C'est que quelqu'un dit perles ces crachats ? Et, forçant la bourrasque à midi des poussières, il fonce jusqu'à Dieu, craint d'arriver trop tard, pleure, baise sa main noueuse, implore il lui faut une étoile ! jure qu'il ne peut supporter son martyre sans étoiles. Ensuite, il promène son angoisse, il fait semblant d'être calme. Il dit à quelqu'un : " Maintenant, tu vas mieux, n'est-ce pas ? T'as plus peur ? Dis ? " Écoutez ! Puisqu'on allume les étoiles, c'est qu'elles sont à quelqu'un nécessaires ? c'est qu'il est indispensable, que tous les soirs au-dessus des toits se mette à luire seule au moins une étoile ?
(Extrait du recueil "Ecoutez si on allume les étoiles")
Toile "La nuit étoilée à Arles", de Vincent Van Gogh | |
| | | Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
| Sujet: Re: Vladimir Maïakovski Jeu 6 Mai 2010 - 12:25 | |
| Le poète est un ouvrier On gueule au poète : ” On voudrait t’y voir, toi, devant un tour ! C’est quoi, les vers ? Du verbiage ! Mais question travail, des clous ! “ Peut-être bien en tout cas que le travail est ce qu’il y a de plus proche de notre activité. Moi aussi je suis une fabrique. Sans cheminée peut être mais sans cheminée c’est plus dur. Je sais, vous n’aimez pas les phrases creuses. Débiter du chêne, ça, c’est du travail. Mais nous ne sommes-nous pas aussi des menuisiers ? Nous façonnons le chêne de la tête humaine. Bien sûr, pêcher est chose respectable. Jeter ses filets et dans ses filets, attraper un esturgeon ! D’autant plus respectacle est le travail du poète qui pêche non pas des poissons mais des gens vivants. Dans la chaleur des hauts-fourneaux chauffer le métal incandescent c’est un énorme travail ! Mais qui pourrait nous traiter de fainéants ? Avec la râpe de la langue, nous polissons les cerveaux. Qui vaut le plus ? Le poète ou le technicien qui mène les gens vers les biens matériels ? Tous les deux. Les coeurs sont comme des moteurs, l’âme, un subtil moteur à explosion. Nous sommes égaux. camarades, dans la masse des travailleurs, prolétaires du corps et de l’esprit. Ensemble seulement nous pourrons embellir l’univers, le faire aller plus vite, grâce à nos marches. Contre les tempêtes verbales bâtissons une digue. Au boulot ! La tâche est neuve et vive. Au moulin les creux orateurs ! Au meunier ! Qu’avec l’eau de leurs discours ils fassent tourner les meules !
(Traduction Elsa Triolet)
Statue de Maïakovski à Saint Petersbourg | |
| | | Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
| Sujet: Re: Vladimir Maïakovski Dim 9 Mai 2010 - 9:44 | |
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Elle m’aime, elle ne m’aime pas Je trie mes mains Et j’ai cassé mes doigts.
Alors les premières têtes des marguerites Secouées d’une chiquenaude sont cueillies et sans doute éparpillées en mai que mes cheveux gris se révèlent sous la coupe et la douche que l’argent des années nous enserre éternellement ! honteuse sensation banale- sentiment que j’espère que je jure jamais elle ne reviendra vers moi.
C’est bientôt deux heures Pas de doute tu dois déjà dormir Dans la nuit La voix lactée avec ses filigranes d’argent Je ne suis pas pressé Et rien en moi Ne veille ni ne t’accable de télégrammes La mer va pleurer La mer va dormir Comme ils disent. L’incident s’est cassé la gueule. Le bateau de l’amour de la vie S’est brisé sur les rochers du quotidien trivial Toi et moi sommes quittes ; pas la peine de ressasser Les injures de chacun Les ennuis Et les chagrins Tu vois, En ce monde tous ces sommeils paisibles, La nuit doit au ciel Avec ses constellations d’argent En une si belle heure que celle-ci Quelqu’un alors s’élève et parle Aux ères de l’histoire Et à la création du monde.
Je connais le pouvoir des mots ; je connais le tocsin des mots Ce n’est pas le genre que les boîtes applaudissent De tels mots des cercueils peuvent jaillir de terre Et iront s’étalant avec leurs quatre pieds en chêne ; Parfois ils vous rejettent, pas de publication, pas d’édition. Mais les mots sacro-saints qui vous étouffent continuent à galoper au dehors. Vois comme le siècle nous cerne et tente de ramper Pour lécher les mains calleuses de la poésie. Je connais le pouvoir des mots. Comme broutilles qui tombent Tels des pétales à côté de la piste de danse rehaussée. Mais l’homme avec son âme, ses lèvres, ses os …
(Dernier poème écrit par Maïakovski, qui fut retrouvé dans sa poche après son suicide.)
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| | | Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
| Sujet: Re: Vladimir Maïakovski Jeu 3 Juin 2010 - 9:35 | |
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La guerre est déclarée Édition du soir édition du soir ! Italie, allemagne, Autriche ! La guerre est déclarée Et sur la place cernée d’une bande sinistre se déverse le flot pourpre du sang Un café s’est mis la gueule en sang empourpré du cris des fauves : “Le poison du sang dans les jeux du rhin ! Le tonnerre d’obus sur le marbre de Rome !” du ciel déchiré aux dards des baïonnettes, tombaient les larmes des étoiles en farine tamisée, et la pitié écrasée sous le talon piaillait : “Ah, lâchez-moi, lâchez-moi !”
Les généraux de bronze sur leur socle suppliaient : “Déferrez-nous, nous aussi on veut y aller !” La cavalerie caracolait, les baisers claquaient, et les fantasins désiraient la victoire-assassine la ville entassé gargouillait en rêve la voix basse riante du canon, tandis que de l’ouest tombait la neige rouge des morceaux juteux d’une viande humaine. La place se gonflait de compagnie en compagnie, sur son front en colère se gonflaient les veines. “Attendez, nous allons essuyer nos sabres à la soie des cocotes aux boulevards de Vienne.” Les crieurs de journaux s’égosillaient : “Édition du soir !” Italie, allemagne, Autriche ! Tandis que la nuit, cernée d’une bande sinistre, lâchait et lâchait la pourpre du sang
1914
Toile "Bombardement de nuit" (1918-1919), de Paul Nash | |
| | | Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
| | | | Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
| Sujet: Re: Vladimir Maïakovski Lun 12 Mar 2012 - 17:35 | |
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Stop !
Je dépose sur un nuage la charge de mes affaires et de mon corps fatigué. Endroit propice où je n’étais jamais venu avant.
J’examine les lieux. ainsi ce poli bien léché, c’est donc cela le ciel que l’on nous vante.
Nous verrons, nous verrons !
Ça étincelle, ça scintille, ça brille et cela bruit — un nuage ou bien des esprits qui glissent sans bruit.
"Si une belle jure un amour fidèle ... "
Ici, au firmament du ciel, entendre la musique de Verdi ? Par le jour d’un nuage, je jette un œil — les anges chantent. Les anges vivent dignes, fort dignes.
L’un d’eux se détache et rompt aimablement son silence somnolent : "Alors, Vladimir Vladimirovitch, l’infini vous plaît-il ?" Et moi de répondre aussi aimablement : "Charmant, cet infini. C’est un ravissement ! "
(Extrait de "A pleine voix", in "Anthologie poétique 1915-1930" / NRF/poésie Gallimard)
Illustration : photo de Maïakovski | |
| | | Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
| Sujet: Re: Vladimir Maïakovski Mer 7 Aoû 2013 - 14:09 | |
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Enfant
J'ai reçu ma mesure du don d'aimer Mais dès l'enfance les gens sont dressés à travailler. Pour moi - Je ripais sur la rive du Rion et je traînais à ne fichtre rien de rien. Maman se fâchait : "Le vilain garnement !" Papa me menaçait de ses coups de ceinture Et moi, me procurant un faux billet de trois roubles j'allais derrière l'enclos taper la carte avec la troupe. Sans le poids des chemises, sans le poids des chaussures, me rôtissant au feu de Koutaïssi, je tournais au soleil tantôt mon dos, tantôt ma panse - jusqu'à ce que, sur l'estomac, il me cotisse. Le soleil s'ébahissait. "c'est haut comme trois pommes ! Mais le coeur est accroché. Il le met en quatre. d'où vient-il qu'il y ait dans cette archine place pour moi, pour le fleuve et pour cent verstes de rochers ?!"
(Extrait de "J'aime" in "A pleine voix"/ Anthologie poétique 1915-1930/ Traduction de Claude Frioux/ NRF/Poésie/ Gallimard)
Archine : mesure traditionnelle russe équivalant à 0,71 mètre | |
| | | Dolores Haze Espoir postal
Messages : 23 Inscription le : 22/04/2015
| Sujet: Re: Vladimir Maïakovski Ven 24 Avr 2015 - 15:11 | |
| Quelle belle découverte, merci Constance ! Sec, slave, farouche !
Que me conseilles tu de lire pour un premier recueil ?
Coup de coeur particulier pour "l'Enfant". "Sans le poids des chemises, sans le poids des chaussures, me rôtissant au feu de Koutaïssi, je tournais au soleil tantôt mon dos, tantôt ma panse - jusqu'à ce que, sur l'estomac, il me cotisse. "
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| Sujet: Re: Vladimir Maïakovski | |
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| | | | Vladimir Maïakovski | |
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