Marko Faune frénéclectique
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| Sujet: Vladimir Jabotinsky Mer 15 Aoû 2012 - 12:36 | |
| Vladimir Jabotinsky (1880-1940) - Citation :
- Vladimir Zeev Jabotinsky (1880-1940) est né à Odessa. Il commence une carrière journalistique comme correspondant à Berne de deux journaux d’Odessa.
Revenu dans sa ville, il signe dans des revues littéraires.
Le pogrom de Kichinev en 1903 l’incite à se lancer dans des activités politiques. Alors que les sionistes socialistes encourageaient les Juifs à combattre dans leurs pays d’origine, Jabotinsky affirmait que la délivrance de son peuple ne se trouvait qu’en terre d’Israël. En 1914, il lance un appel en faveur de la création d’une force juive qui combattrait aux côtés des alliés pour libérer la Palestine de la domination ottomane.
Après la Première Guerre mondiale, il s’installe en Palestine et devient rédacteur en chef du nouveau journal hébreu, Hadoar. Suite à des dissensions au sein de l’Organisation sioniste il constitue en 1923 une fédération sioniste indépendante fondée sur la « révision » des relations avec la Grande-Bretagne et réclamant un État juif.
À partir de 1925, il donne des conférences afin de promouvoir la cause de l’État juif dans le monde entier. Conscient de l’imminence d’un danger pour son peuple, en 1936 il appela à « l’évacuation » des Juifs d’Europe Orientale vers la Palestine.
Par la diversité de son talent dans de nombreux domaines, Jabotinsky rappelle les grands hommes de la Renaissance. Homme politique courageux, il a laissé un héritage intellectuel très important. Malgré sa vie agitée, il écrit sans répit, parlant plusieurs langues : hébraïque, russe, yiddish, anglaise, française, italienne. Sa vocation première est la littérature, avec le russe comme langue pour son œuvre littéraire. Il est l’auteur de nombreux articles polémiques, discours, poèmes, traductions.
Il a traduit en hébreu Edgar Poe et son Corbeau, traduction inégalée encore aujourd’hui, Verlaine ou Dante.
En 1901 et 1902 il écrit deux pièces : Le Sang et D’accord, jouées au théâtre municipal d’Odessa ; en 1911 il publie L’Étranger puis le poème Pauvre Charlotte sur Charlotte Corday. En 1914, il traduit en russe La légende du pogrom du poète national hébraïque Chaïm Nahman Bialik, traduction qui stupéfait Maïakovski. Deux romans seront édités : Samson le Nazaréen, en 1926 et Les Cinq, en 1936. Il est également l’auteur de deux drames, Vivre à l’étranger et Religion. Parallèlement, il s’est employé à trouver un système de transcription de l’hébreu en caractères latins et a commencé un dictionnaire des rimes en hébreu. Pour nous, en Russie, c' était « le printemps », et «ça bouillonnait », mais vue d'ici, à la veille de 1905, la Russie avait l'apparence d'un lac aux eaux dormantes, à l'opposé de cette logorrhée torrentielle où il n'y avait pas de place pour les allusions, où tout pouvait être dit en termes extrêmes, et imprimé en toutes lettres, et où rien ne pouvait se faire spontanément. En ce mois d'automne à Berne, j'ai compris pour la première fois la malédiction virulente pesant sur l'émigration, la valeur de vieilles métaphores : la roue qui roule avec une force énorme dans un espace vide, justement avec une force énorme parce qu'elle na pas de transmission et quelle n'a rien à faire tourner ; « et le suc de l'âme se corrompt dans ce tourment, tout comme le lait de la mère privée de son nourrisson». Seulement, le suc corrompu de l'âme ne se résorbe pas, il s'accumule, durcit et détruit la conscience pour toujours ; et si le destin décide que les exilés reviennent soudain en masse dans leur patrie et qu'ils en deviennent les maîtres, ils mettront le pays entier sans dessus dessous.Les Cinq est un roman en partie autobiographique qui évoque l'âge d'or de la ville d'Odessa avant la révolution russe de 1905 puis l'éclatement de la famille Milgrom à partir de la révolte des ouvriers et de l'équipage du cuirassé Potemkine. Le narrateur raconte les jeux d'enfants, la beauté de cette ville d'Odessa, son amour pour Maroussia, solaire et passionnée comme certaines grandes héroïnes russes, ses 3 frères et sa soeur qui vont chacun à sa façon subir l'influence de ces mouvements révolutionnaires. Odessa est alors une ville où se mêlent harmonieusement ukrainiens, russes, polonais, juifs... A Odessa non plus il ne faisait pas bon vivre. Je ne reconnaissais pas notre ville, récemment encore si légère et dépourvue de méchanceté. Une haine l'avait prise, inconnue dans notre tendre et méridionale métropole qui était née de la sollicitude conjuguée, harmonieuse et amoureuse de quatre races mondiales, tout au long d'un siècle. Certes, elles s'étaient toujours disputées et querellées bêtement, et elles s'étaient même combattues ; mais si j'ai bonne mémoire, il n'y a jamais eu d'hostilité réellement bestiale. Aujourd'hui tout a été chamboulé. La première des marques de bonne volonté entre les hommes a disparu : c'était la coutume méridionale de considérer la rue comme sa maison. Maintenant nous avions peur dans les rues, la nuit nous allongions le pas et nous nous fondions dans l'ombre la plus profonde. Le style est à la fois littéraire avec de très belles pages pour évoquer l'atmosphère de cette ville et les sentiments qui animent ces 6 personnages, et journalistique à travers des analyses du contexte politique et social de cette période de mutations profondes. J'ai dévoré la première partie plus romanesque et j'ai un peu flotté dès que la tourmente vient créer de la confusion. Les considérations historiques intéressantes étant moins séduisantes sur le plan littéraire. Il y a beaucoup de détails et j'ai parfois décroché. C'est une lecture que je recommande à ceux qui s'intéressent à cette époque et à la littérature russe. Jabotinsky a une belle écriture et il y a un certain souffle même s'il m'a manqué un petit quelque chose pour être complètement conquis. Puis nous fîmes tous deux le silence pour mieux laisser nos regards s'abîmer dans la contemplation de l'autre. Selon l'éternelle habitude d'ergotage des écrivains, j'allais me dire par dérision que tout ce qui se passait entre nous en ce moment était comme dans les livres : nuit d'été, vallon, effluves de fleurs flétrissantes, lune aussi, et pas âme qui vive aux alentours, mais la dérision ne vint pas. Je sentis soudain que ces vieilles gouaches de la palette du créateur étaient réellement belles, plus belles que toute autre chose au monde ; en mon âme plus d'ironie, en mon âme je chante le service divin. J'ai pris conscience d'une autre chose, pour la première fois de ma vie : la jeunesse n'est pas seulement le compte des années, mais une nature particulière, authentique, effective ; un temps viendra où elle ne sera plus, mais pour l'instant elle est en moi et en Maroussia, et le vallon et le ciel au-dessus nous servent et nous adorent. | |
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