La mort au crépuscule - William Gay
Un frère et une soeur, Kenneth et Corrie Tyler, découvrent en ouvrant sa tombe que leur ivrogne de père n'a pas été enterré conformément à ses instructions. Ils volent la sacoche du croque-mort, Fenton Breece, qui contient les photos d'ignobles mises en scène auxquelles se livre Breece avec les cadavres de ses clients après en avoir abusé.
Acculé par le frère et la soeur, Breece engage un tueur psychopathe, vicieux et déterminé, Granville Sutter pour supprimer Corie qui le fait chanter et récupérer les photos détenues par Kenneth.
Sutter prend en chasse Kenneth dans le Harrikin, une forêt sombre et désolée.
Commence alors une course poursuite hallucinante, sous la pluie, dans un décors de cauchemar ravagé par la crise. La forêt est hostile, remplie de silhouettes menaçantes, de ravines, de puits de mines désaffectées, de ruines de fermes, de carcasses métalliques de matériel agricole ...
Sutter, c'est bien entendu le mal incarné mais le reste de l'humanité vaut-il mieux ? Ici, c'est l'Amérique profonde où survit une population à moitié dégénérée, repliée sur elle-même. Dans sa fuite éperdue, Kenneth ne croise qu'une humanité bizarre, des fous, des jeunes nymphomanes, des alcooliques ou des fantômes ...
Pervers et dément, le mélomane Breece qui écoute du Mahler se pense sain d'esprit mais estime que Sutter est un fou. Sutter pense exactement l'inverse.
Le bien a-t-il cessé d'exister ?
Gay a une liberté de pensée et d'expression sidérante et ne porte aucun jugement moral. Il écrit un conte sauvage, gothique et noir, riche d'une langue épaisse comme un vieux vin, rurale et poétique. A côté de
La mort au crépuscule,
La nuit du chasseur, magnifiée au cinéma par Charles Kaughton
, est une pure bleuette.
Extrait :
Tout était figé dans le sommeil et l'obscurité comme si dans ce monde désolé qu'il traversait il était le premier homme attendant l'arrivée des autres ou le dernier homme pleurant ceux qui avaient disparu avant lui.