Lecture en commun - Lawrence Durrell : Cefalu (The dark labyrinth)

Epi a écrit:

Nezumi a écrit:

Je viens d'apprendre que c'est le livre-culte d'une tante à moi. Scoop du jour.[/size]

Il faut absolument que j'arrive à me le procurer alors

Tu m'étonnes!
Un chouïa excentrique, la tatie, je vous préviens!

Nezumi a écrit:

Un chouïa excentrique, la tatie, je vous préviens!

bon.. voilà en effet l'argument qui vaut le détour de cette lecture

Je n'ai toujours pas trouvé le livre, si j'ai le temps, j'essaierai encore de le trouver demain midi mais pas sûre de pouvoir, sinon tant pis parce que je ne veux pas commencer après vous, je ne vous rattraperais jamais.

Je vais le commencer, j'espère que d'autres vont suivre.

Oui, au moins moi. Je le commence aussi ce soir.

Bonne lecture à vous, la prochaine fois, je commanderai directement sur amazon, c'est plus sûr.

je viens de téléphoner à ma librairie, le mien est arrivé, je vais aller le chercher avant d'aller au travail..
à ce soir avec les premières impressions

Première partie/ L'argument

I/

Dans les premiers jours de juin 1950, un petit groupe de touristes visitant l'île de Crète se trouva bloqué dans le labyrinthe de Cefalû, dont la récente découverte avait été le couronnement de la longue carrière d'archéologue de Sir Juan Axelos.

Ainsi commence ce roman, dont on sent tout de suite que la construction sera aussi complexe que celle du fameux labyrinthe. Le roman commence par l'interview qu'un jeune journaliste américain fait auprès de Sir Juan Axelos et de Lord Graecen qui faisait parti de groupe des touristes mais qui n'a pas été par chance bloqué dans le labyrinthe. Nous apprenons en réalité peu de choses sur l'événement, même les personnes bloquées véritablement ne sont pas sûres à 100%. Par la conversation Lord Graecen et Sir Juan, nous apprenons toutefois que ce dernier a fabriqué les vestiges prétendument découverts par lui-même. Nous allons ensuite sur le paquebot qui a amené les touristes en Crète, nous suivons la femme de ménage en train de vider les cabines des voyageurs disparus, et nous les découvrons un peu dans ses souvenirs.

Une structure extrêmement élaborée, on voit que l'auteur a décidé de nous livrer l'histoire au compte gouttes, et que nous ne saurons vraiment ce qui est arrivé que lorsqu'il l'aura décidé. L'histoire semble mystérieuse, les personnages nombreux et intéressant, il s'agit d'un début qui accroche, même si c'est une lecture qui demande de l'attention parce que l'auteur saute d'un protagoniste à un autre, d'un lieu à un autre et il faut bien suivre pour comprendre où l'on est et avec qui aux moments des ruptures. Mais l'envie de savoir la suite de l'histoire est irrésistible.

J'ai également lu le 1er chapitre, intitulé en anglais "The argument".

Arabella a écrit:

c'est une lecture qui demande de l'attention parce que l'auteur saute d'un protagoniste à un autre, d'un lieu à un autre et il faut bien suivre pour comprendre où l'on est et avec qui aux moments des ruptures.

Cet aspect m'a frappée aussi, mais sans me donner l'impression d'une construction élaborée (pas assez de recul pour le moment), plutôt d'une sorte de désordre qui m'avait assez déconcertée lors de ma 1e (et déjà très lointaine) lecture. Pas de focalisation mais un éparpillement qui provoque un peu de frustration car à peine a t'on fait la connaissance d'un personnage qu'en effet on saute à un autre! Mais si mes souvenirs sont bons, on a amplement l'occasion de les découvrir par la suite.

J'aime bien la façon indirecte et le ton légèrement satirique avec lesquels les personnages disparus sont présentés, par le biais de l'hôtesse irlandaise qui vide leurs cabines et n'hésite pas à faire main basse sur les objets oubliés qui lui plaisent, et ensuite du commissaire de bord. Il est étonnant que l'inquiétante disparition du groupe ne provoque d'ailleurs pas plus de remous que ça, la croisière continue, le journaliste américain dépêché à Cefalu semble suivre l'affaire plutôt mollement ...Une partie du mystère du labyrinthe crétois est également éventé dès le début puisqu'Axelos admet avoir fait des faux.
Et pourtant, comme tu le dis, ce début assez atypique donne vraiment envie de poursuivre!

Nezumi a écrit:

Arabella a écrit:

c'est une lecture qui demande de l'attention parce que l'auteur saute d'un protagoniste à un autre, d'un lieu à un autre et il faut bien suivre pour comprendre où l'on est et avec qui aux moments des ruptures.

Cet aspect m'a frappée aussi, mais sans me donner l'impression d'une construction élaborée (pas assez de recul pour le moment), plutôt d'une sorte de désordre qui m'avait assez déconcertée lors de ma 1e (et déjà très lointaine) lecture. Pas de focalisation mais un éparpillement qui provoque un peu de frustration car à peine a t'on fait la connaissance d'un personnage qu'en effet on saute à un autre!

oui, surtout au début lors de l'interview du journaliste et la discussion qui suit après qu'il est parti.. qui parle, qui dit quoi.. faut faire attention.. mais j'aime bien.. cela me fait une bonne lecture pour me concentrer à nouveau sur des mots.. et j'en avais besoin
En principe le "désordre" ne me dérange jamais trop, je me dis, l'auteur va me donner une chance de faire connaissance plus amplement.. et je sens que Durrell va nous présenter ses différents personnages beaucoup plus sur les pages à venir.. et j'ai hâte de les retrouver..

Nezumi a écrit:

J'aime bien la façon indirecte et le ton légèrement satirique avec lesquels les personnages disparus sont présentés, par le biais de l'hôtesse irlandaise qui vide leurs cabines et n'hésite pas à faire main basse sur les objets oubliés qui lui plaisent, et ensuite du commissaire de bord.

moment fort de ce premier chapitre.. j'adore cette façon de peindre une première image des protagonistes.. et assez étonnant ce qu'on peut trouver à partir de quelques biens oubliés, délaissés..

Nezumi a écrit:

Il est étonnant que l'inquiétante disparition du groupe ne provoque d'ailleurs pas plus de remous que ça, la croisière continue, le journaliste américain dépêché à Cefalu semble suivre l'affaire plutôt mollement ...Une partie du mystère du labyrinthe crétois est également éventé dès le début puisqu'Axelos admet avoir fait des faux.

en effet.. étonnant qu'on ne fait même pas un essai de venir à leur secours..

très envie de pousuivre

Je crois que l'éparpillement le fait de sauter d'un personnage à l'autre est volontaire, pour piquer notre curiosité, nous donner envie d'en savoir plus sur les différents personnages, sur ce qui c'est passé. La femme de ménage est géniale en effet, la première vue de nos protagonistes est un peu humoristique, alors qu'en effet, on pourrait trouver cette disparition inquiétante, voire tragique, puisque sont évoquées d'autres personnes définitivement disparues dans le labyrinthe. Aucun proche ne semble se manifester et vouloir porter secours au groupe.

et l'éparpillement s'arrête déjà au 2e chapitre.. là il n'y aura qu'une personne en question
on en reparler ce soir

kenavo a écrit:

et l'éparpillement s'arrête déjà au 2e chapitre.. là il n'y aura qu'une personne en question
on en reparler ce soir

Oui, j'ai l'impression qu'après ce premier chapitre d'introduction les suivants sont consacrés à des personnages en particulier.
Fin assez curieuse pour ce 2e chapitre (Le fil d'Ariane), la technique narrative de Durell est décidément très particuliere. On y revient ce soir donc...

II Le fil d'Ariane

Nous nous plaçons maintenant à un moment antérieur, dans lequel le voyage n'a pas encore commencé. Nous commençons ( le titre fil d'Ariane prend un de ses sens) dans une salle de musée londonien dans lequel est exposée la statue "trouvée" à Cefalû. Nous suivons Graecen, apprenons qu'il vient de démissionner du musée et aussi qu'il est condamné à brève échéance par les médecins. Il rencontre son ami Hogarth, psychiatre qui se consacre depuis quelques temps à la psychanalyse et qui va faire le lien avec d'autres membres de l'expédition, même si lui même n'en fait pas partie. Enfin pour ce que nous en savons jusqu'à maintenant. Nous voyons aussi que les deux amis se posent des questions sur l'authenticité des trouvailles de Cefalû, mais là pour le coup nous avons la réponse.

Ce chapître est plus continu que le précédent, même si nous trouvons encore quelques ruptures, qui nous font demander qui parle et de quoi. Mais c'est quand même plus facile à suivre, et nous comprenons mieux pourquoi Graecen a entrepris le fameux voyage, et que réchapper du labyrinthe ne constituait pour lui qu'une rémission. Je trouve ce chapître bref très intéressant, très rythmé, revelant des choses mais juste ce qui'il faut pour qu'une part de mystère demeure. Par exemple, il ne nous est pas dit pourquoi les deux hommes soupçonnent la supercherie en ce qui concerne les vestiges trouvés.


III Portraits

Le portrait le plus abouti est celui de Baird, un des patients de Hogarth. Sa vie nous est contée avec un grand luxe de détails, à mon goût un peu trop, je trouve le personnage moyennement intéressant, et trop détailler les choses en ce qui le concerne est à mon avis un peu fastidieux par moments. Mais nous voyons pour la première fois le labyrinthe, puisque Baird y a déjà été, qu'il l'a exploré pendant les opérations militaires, il est lié pour lui à un épisode tragique qui le hante, l'exécution d'un prisonnier allemand. Nous croisons en chemin quelques personnages pittoresques, comme l'abbé Jean que nous allons sans doute retrouver par la suite. Et nous embarquons à bord de l'Europa, où la femme de ménage a rangé les chambres des disparus au premier chapître. Je n'ai pas pu m'empêcher d'ailleurs de revenir à cette description au fur et à mesure que les personnages dont il était question apparaissait dans le récit. Je sais que Durrelle aime semer des petits détails, indices, qui ne prennent leur importance que par la suite, et il s'agit de ne pas les manquer, ce qui est impossible pour tous, donc revenir de temps en temps en arrière aide.
Et le chapître se clôt avec Fearmax, dont je sens que nous allonns faire plus ample connaissance par la suite.

Le 2e chapitre: Ariane's thread

Comme le dit Kenavo un peu plus haut, il n'y a qu'une personne au centre de ce chapitre: Lord Graecen et l'action se déroule à Londres, avant le voyage en Grèce. Il travaille au département des antiquités d'un musée londonien (British Museum sans doute) et il écrit aussi des poèmes assez démodés, volontiers raillés par la critique. Il vient juste de démissionner de son poste au musée et on apprend vite la raison, il ne lui resterait que quelques mois à vivre. Pourquoi? On n'en saura pas plus pour le moment. En tout cas cette perspective semble le plonger plus dans la confusion que dans le désespoir.
Le portrait qu'en fait Durrell, en particulier par les yeux de son ami Hogarth, est doucement railleur. Graecen apparaît comme un être assez flou, timide, inoffensif, à l'apparence enfantine.
Il apprend à Hogarth qu'il a pris un billet pour une croisière en Grèce, pour aller rejoindre leur ami commun Sir Juan Axelos. Vu ce qu'on vient de découvrir à son sujet, ce périple revêt alors un aspect très symbolique: le dernier voyage du condamné.
Hogarth, qui semble être psychiatre (?) invite Graecen à aller retrouver dans un pub un de ses patients, Baird, qui, coincidence, part sur le même paquebot.
A la fin du chapitre, ils rejoignent Baird, et là, au lieu que la narration enchaîne sur la description de ce nouveau personnage (c'est un des disparus du labyrinthe!) et que nous le découvrions directement, il y a une ellipse! La soirée se termine, les deux amis quittent Baird et c'est dans le prochain chapitre que nous ferons sa connaissance, à nouveau de façon indirecte, puisque c'est Hogarth qui le présente.
Habile et inattendu!