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| Le printemps du cinéma tchèque (années 60) | |
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Auteur | Message |
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traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
| Sujet: Le printemps du cinéma tchèque (années 60) Jeu 17 Juin 2010 - 11:25 | |
| Les années 60 marquent une période incroyablement fertile du cinéma tchèque avec une nouvelle vague qui éclot et aborde tous les sujets, en remettant en question les fondements de la société. Un printemps qui se fracassera sur les événements d'août 68 et le retour à la "normalité" communiste. Certains cinéastes s'exileront (Forman, Passer), d'autres continueront en rusant avec la censure (Chytylova, Menzel), d'autres choisiront de se taire. L'éditeur Malavida a sorti récemment une jolie collection de grands films représentatifs de l'époque. Avant de les voir cet été (et d'en parler), une petite introduction s'impose. En précisant qu'il faut, avant toute chose, voir les trois premiers films de Milos Forman, soit : L'as de pique (63), Les amours d'une blonde (65), Au feu, les pompiers (67). - Citation :
- Le début des années soixante apporte un assouplissement du contrôle politique et marque le début de l'une des plus célèbres époques du film tchèque – la nouvelle vague (appelée ainsi d'après le modèle français).
Son précurseur le plus marquant , puis son principal représentant, est Miloš Forman, qui tourne, en 1963, le premier film tchèque sur le modèle du cinéma-vérité, L'as de pique. Forman a tourné encore deux films, en Tchécoslovaquie (Les amours d'une blonde en 1965 et Au feu, les pompiers en 1967), avant de partir en exil en 1968 aux Etats-Unis (où il a tourné un grand nombre de films remarquables avec son collaborateur de toujours, le caméraman Miroslav Ondříček).
Dans les années soixante, d'autres collaborateurs de Forman ont également tourné leurs œuvres-phare : Ivan Passer – Eclairage intime, 1966 (par la suite, Passer a également émigré et tourné aux Etats-Unis) et Jaroslav Papoušek – Ecce Homo Homolka, 1969. Le noyau de la nouvelle vague est formé de jeunes diplômés de l'Académie des arts cinématographiques comme Jiří Menzel, Věra Chytilová, Jan Němec, et d'autres.
Tous les créateurs ont tenté de profiter du dégel (par exemple le metteur en scène Otakar Vávra, qui avait débuté déjà sous le protectorat, et tourne un film historique sur les procès de sorcières au 17ème siècle Le marteau pour des sorcières, dans lequel on peut lire une condamnation claire des années staliniennes).
Des films intéressants voient le jour, qui portent un regard nouveau, plus complexe, sur la guerre (par exemple Les diamants de la nuit (Démanty noci) du metteur en scène. J. Němec, mais surtout Le commerce sur l'avenue (Obchod na korze) des metteurs en scène Elmar Klos et Ján Kadár et Trains étroitement surveillés de J. Menzel , primé en 1965 et 1966 par l'Oscar du meilleur film étranger), mais aussi sur l'histoire ancienne (par exemple Markéta Lazarová, du metteur en scène František Vláčil ) ou l'histoire récente (L'incinérateur de cadavres - Spalovač mrtvol du metteur en scène Juraj Herz , Tous mes bons compatriotes - Všichni dobří rodáci, de V. Jasný , Alouette, le fil à la patte - Skřivánci na niti, de J. Menzel) et sur les relations actuelles (La plaisanterie de Jaromil Jireš, d'après le roman de Milan Kundera) | |
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Messages : 903 Inscription le : 13/09/2009 Age : 71 Localisation : Syldavie
| Sujet: Re: Le printemps du cinéma tchèque (années 60) Jeu 17 Juin 2010 - 13:02 | |
| Traversay, jeme rappelle tres bien "Les amours d'une blonde' de Forman - tu connais surement: - Citation :
- Sorti en 1965, Les Amours d’une blonde est un exemple parfait des aspirations artistiques de la Nova Vlna. Court, simple, ancre dans le reel, decomplexe, souvent leger, le film se veut generationnel, photographie pertinente d’une jeunesse tchecoslovaque bien vivante. En partie autobiographique (Forman qui, depuis 1989, n’a plus ecrit un seul de ses scenarii, trempa nйanmoins sa plume avec application pour ses quatre premiers films, entre 1963 et 1967), vivifiй par un style semi-documentaire et un certain comique de situation herite du cinema muet, le metrage chemine gaiement de vignettes drolatiques en peintures grinзantes, celebrant une jeunesse aspirant а davantage de liberte et brocardant au passage la generation de papa, ronflante, etriquee et ridicule. Free cinema au sens litteral, Les Amours d’une blonde virevolte d’un personnage а l’autre sans jamais chercher а se poser, se laisse porter par sa musique en un elan rock’n'roll guilleret (formidable scene de bal, toujours aussi hilarante quarante ans apres) et joue а la rupture tout en evitant la brutalite. Doux, drole, delicieusement et faussement futile!
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Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
| Sujet: Re: Le printemps du cinéma tchèque (années 60) Jeu 17 Juin 2010 - 14:42 | |
| Justement, Orientale, je ne m'en souviens pas tant que cela. Il faudrait que je revoie les trois premiers Forman. Avant ça, je vais regarder des films de Menzel, Kuchyna, Chytilova, Herz, Jires etc. Ce sera pendant mes vacances en juillet. Le livre de référence (présent dans toutes les bonnes médiathèques) : | |
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Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
| Sujet: Re: Le printemps du cinéma tchèque (années 60) Jeu 17 Juin 2010 - 16:25 | |
| Du courage pour chaque jour (Kazdy den odvahu, Evals Schorm, 1964). Jaroslav Lukas, un jeune ouvrier, travaille dans une grande usine de constructions mécaniques. Quelques années auparavant, il est devenu rapidement et facilement un militant politique influent. Après le congrès qui dénonce le culte de la personnalité, il ne sait plus où il en est et perd ses repères politiques et privés. Son amour pour Véra, une jeune décoratrice, s'en ressentira. Un des films symboles de la grande époque du cinéma tchécoslovaque (1960-1970), annonciateur du printemps de Prague. Evald Schorm, un des réalisateurs phares de l'époque, surtout pour ses documentaires, abandonnera le cinéma après 68. Du courage pour chaque jour est une chronique amère, sociale, un peu décousue, qui rappelle les belles heures du Free cinema britannique, en particulier les premiers films de Tony Richardson.
Dernière édition par traversay le Ven 18 Juin 2010 - 22:28, édité 1 fois | |
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| Sujet: Re: Le printemps du cinéma tchèque (années 60) Jeu 17 Juin 2010 - 16:28 | |
| La fête et les invités (O slavnosti a hostech, Jan Nemec, 1966). Né en 1936, Jan Nemec est l'une des grandes figures de la nouvelle vague tchèque. La fête et les invités, sous des dehors absurdes et bunueliens, est une métaphore/critique à peine voilée de l'embrigadement des citoyens par une dictature et la façon dont celle-ci obtient leur soumission. Au début du film, un pique nique champêtre (dialogues à la Ionesco) est interrompu par un groupe d'hommes inquiétants qui s'amusent à jouer de leur autorité à leurs dépens, en "plaisantant". S'ensuit un banquet où les invités s'inclinent progressivement devant les demandes des hôtes de la fête, jusqu'à pourchasser un fuyard avec l'aide de chiens policiers. La fête et les invités a été interdit à sa sortie, en Tchécoslovaquie. | |
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| Sujet: Re: Le printemps du cinéma tchèque (années 60) Jeu 17 Juin 2010 - 21:34 | |
| « Un jour, un chat » de Vojtech Jasny sorti en 1963. - je l'ai vu aussi. Je me rappelle tres bien l'entree du chat au film qui a declenche une course contre la montre qui devait faire voir combien les personnages etaient des caricatures, une distorsion des hommes et de la sociere presents dans le films! - Citation :
- Spoiler:
Le synopsis de ce film est tout simple : nous sommes dans un petit village tchèque, tout ce qu’il y a de plus banal. Avec son facteur, son boulanger, son mignon petit clocher, son instituteur....Quoique l’instituteur ne semble pas si banal, il détonne même dans le paysage. Complètement à contre-pied du quand-dira-t-on et des règles de bienséance traditionnelle, il encourage les enfants de sa classe à développer leur imagination et à rire en écoutant les contes du clochard marginal du village aux grand dam du directeur de l’école et des parents.
Bref, rien de bien extraordinaire..jusqu’à l’arrivée d’une troupe de magiciens ambulants qui prend place dans le village pour une représentation, parmi eux il y a la belle Diana et son chat à lunettes (peut être un clin d’œil à Lewis Caroll) et c’est à partir de là que tout s’emballe.
Si le début du film est cynique quant à la vie des villageois un peu reclus sur eux même, il en reste tendre et dresse un portrait pittoresque de la vie campagnarde tchèque de la première moitié du XXème siècle. L’image des enfants et de leur instituteur est attendrissante, même si l’on sent de l’hostilité à l’égard de ce dernier, cela renforce l’aspect romantique du personnage. Le début du film se développe lentement, dans un climat printanier, les images sont belles, le réalisateur reste conventionnel…tout va bien.
C’est avec l’entrée en scène du chat, et surtout de ses fameuses lunettes, qui permettent la percée aux grands jours de tous les défauts cachés des personnes, que le spectateur se retrouve embarqué dans une folle danse endiablée, aux couleurs psychédéliques, qui l’abasourdi. Le rythme du film change complètement et laisse une sensation assez étonnante. La scène du spectacle est assez longue, et s’achève dans un souffle dionysiaque. Puis le film ralentit petit à petit jusqu’à la fin qui reprend la même temporalité qu’au début..Ambiance printanière etc… etc…
Dans ce film Jasny dénonce les asservissements aveugles aux règles, la morale réactionnaire, et dans la foulée les comportements hypocrites ou complices de l’hypocrisie. C’est une invitation à la résistance créative, au sens critique, que nous offre Jasny.
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Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
| Sujet: Re: Le printemps du cinéma tchèque (années 60) Mer 23 Juin 2010 - 0:59 | |
| Les fruits du paradis (Vera Chytilova, 1969) Mais qu'est-ce donc que cet OVNI ? Une relecture métaphorique et psychédélique de l'histoire d'Adam et Eve ? Oui, en quelque sorte, bien que le but poursuivi par Vera Chytilova semble bien difficile à saisir, un an après les événements de Tchécoslovaquie. On peut plutôt opter pour une parabole de la société dans laquelle la place des femmes est réduite à la portion congrue, objets de désir et basta. Les fruits du paradis est le film paroxystique de Vera Chytilova, celui où elle pousse l'expérimentation le plus loin, un cinéma avant-gardiste et surréaliste parfaitement étranger au réalisme socialiste. La cinéaste, qui, au contraire de Forman ou Passer, avait choisi de ne pas émigrer, paya les conséquences de cette oeuvre iconoclaste dont l'opacité narrative ne pouvait cacher la critique sous-jacente à l'idéologie en place. Vera Chytilova, interdite de tournage, ne retrouva la mise en scène que 7 ans plus tard ! Le film, lui, reste un objet incongru, avec ses fulgurances formelles, époustouflantes et étranges. Difficile d'aimer ces Fruits du paradis, que même les godardiens et les pasoliniens trouveront bizarres. Difficile aussi de les rejeter en bloc. Juste un OVNI tchèque sans queue mais pas sans tête. Ou l'inverse. | |
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Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
| Sujet: Re: Le printemps du cinéma tchèque (années 60) Lun 26 Juil 2010 - 16:18 | |
| Un été capricieux (Rozmarne leto, Jiri Menzel, 1968) Soit un major de l'armée, un prêtre et un libertin qui nage en tétant un énorme cigare. Et aussi un magicien funambule et la délicate assistante d'icelui, à la cuisse légère. Soit un film à l'érotisme raffiné, aux conversations philosophiques qui se dissolvent dans un ennui policé en cet été paresseux et capricieux. Encore un drôle d'objet cinématographique de l'école tchèque, filmé avec une certaine grâce et un sens de l'absurde quasi permanent. Bunuel et Ionesco ne sont pas loin. La plaisanterie (Zert, Jaromil Jires, 1969) Une adaptation fidèle à l'esprit et à la lettre de Kundera. Critique acerbe du régime communiste à travers 30 ans d'histoire tchécoslovaque marqués par la délation, la pensée unique, la trahison, entre autres. Le film est toutefois cacophonique, bizarrement construit et constamment empreint d'ironie. Il est en revanche très clair dans ses positions politiques. L'incinérateur de cadavres (Spalovec mrtvol, Juraj Herz, 1969) L'un des plus impressionnants films du cinéma tchécoslovaque (et même mondial). Ou comment, en 1939, le responsable d'un crematorium en vient à adhérer insensiblement aux théories raciales nazies. Très stylisé, dans une atmosphère sépulcrale étouffante, Juraj Herz nous montre un monstre en devenir. Le macabre se teinte parfois d'humour, suffisamment pour ne pas suffoquer devant ce film terrible. Une oeuvre qui explore le côté le plus visqueux de l'âme humaine, et qui peut être considéré comme un film d'horreur sur l'Holocauste. D'origine slovaque, Juraj Herz, a tourné ce film à 34 ans. Il a sa place parmi les chefs d'oeuvre du 7ème art. Un jour, un chat (Az prijde kocour, Vojtech Jasny, 1963) Une petite cille tchèque, tranquille, avec ses petites histoires racontars. Voici qu'arrive un magicien, son adorable assistante et, un chat qui porte lunettes. Enlevez-lui cet accessoire et les gens deviennent de toutes les couleurs : rouges sont les amoureux, bleus les hypocrites, jaunes les perfides etc. Le film déraille complètement : un univers à la Jacques Demy, en plus loufoque. La fantaisie, l'imagination, l'amour règnent en maître et les autorités ont bien du mal à mettre de l'ordre dans ce délire désorganisé. Un jour, un chat est un hymne à la liberté de penser et de jouir, inimaginable dans la Tchécoslovaquie de 1963. Et pourtant ... | |
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| Sujet: Re: Le printemps du cinéma tchèque (années 60) Mar 27 Juil 2010 - 16:00 | |
| Les petites marguerites (Sedmikrasky, Vera Chytilova, 1966) Un exercice de collage qui fit son effet à l'époque. Sous influence godardienne. Un peu n'importe quoi, mais pas n'importe comment. L'illustration de "J'sais pas quoi faire ! Qu'est-ce que j'peux faire ?" Expérimental et déstructuré. Pas d'intrigue, juste les 400 coups de deux soeurs, pas même jumelles. Passage du noir et blanc à la couleur, succession d'images en accéléré ... Pas de queue, pas de tête. Les limites du genre sont atteintes. Bof. | |
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| Sujet: Re: Le printemps du cinéma tchèque (années 60) Mar 27 Juil 2010 - 16:04 | |
| La vallée des abeilles (Udoli vcel, Frantisek Vlacil, 1968) Au temps du Moyen-âge. Quelque part entre La source de Bergman et Mère Jeanne des anges de Kawalerowicz, un film vaguement mystique, qui se traîne au gré des errances de son héros à la triste figure. D'un ennui prodigieux. | |
| | | traversay Flâneur mélancolique
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| Sujet: Re: Le printemps du cinéma tchèque (années 60) Mar 27 Juil 2010 - 16:10 | |
| Qui veut tuer Jessie ? (Kdo chce zabit Jessi ?, Vaclav Vorlicek, 1966) Où il est question d'une vache qui a des cauchemars. Où des personnages de BD prennent vie, tout en continuant à s'exprimer par bulles. Un film délirant où les rêves et la réalité se télescopent avec l'irruption d'une Barbarella, d'un Superman et d'un cowboy locaux. parabole d'une société où il serait interdit de rêver ? Qu'importe sa signification, tout ceci est très drôle dans l'esprit Série B survitaminée, où tout est permis. Mort de rire ! | |
| | | traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
| Sujet: Re: Le printemps du cinéma tchèque (années 60) Mar 27 Juil 2010 - 16:16 | |
| L'oreille (Ucho, Karel Kachyna, 1970) De retour d'une réception, un fonctionnaire du parti et son épouse découvrent que l'électricité et le téléphone sont coupés à leur domicile. Des hommes rôdent autour de la maison. Est-ce l'heure de la disgrâce, de l'emprisonnement, peut-être ? Le film est une gigantesque scène de ménage, en partie à la seule lueur des bougies, alors que le paranoïa s'empare de ce couple, persuadé d'être sur écoute (l'oreille). Inutile de dire que ce tableau orwellien ne fut pas du goût des autorités et il fallut attendre le début des années 90 pour que le film puisse être vu en Tchécoslovaquie. | |
| | | traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
| Sujet: Re: Le printemps du cinéma tchèque (années 60) Lun 16 Aoû 2010 - 23:22 | |
| Alouettes, un fil à la patte (Skrivanci na niti, Jiri Menzel, 1969) Tiré du roman de Bohumil Hrabal, le film fut interdit illico et ne connut sa première présentation publique qu'en 1990. Avec Trains étroitement surveillés et Mon cher petit village, il est désormais considéré comme un des meilleurs films de Menzel. L'action se déroule au début des années 50, dans une immense aciérie et se focalise sur des hommes qui ont été forcés de quitter leur emploi d'avant le régime communiste, des intellectuels ou des bourgeois désormais simples ouvriers. Indisciplinés, réfractaires, ils paient cher leur manque d'adhésion aux idéaux nouveaux. C'est pourtant sur le ton de la comédie que Menzel traite le sujet, avec une impertinence et une insolence qui ne pouvaient que lui causer des ennuis. On y parle de Kant en martelant le métal et on flirte avec les détenues qui travaillent à côté (la tension érotique est constante). Un beau film, libre penseur, qui a traversé les époques et est devenu un classique. Belle revanche contre l'oppression. | |
| | | traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
| Sujet: Re: Le printemps du cinéma tchèque (années 60) Jeu 26 Aoû 2010 - 12:04 | |
| La fille sur le balai (Divka na kosteti, Vaclav Vorlicek, 1972) Les films de Vorlicek sont décidément délicieusement loufoques. Dans le même esprit parodique que Qui veut tuer Jessie ?, La fille sur le balai met en scène une adorable sorcière qui a de gros problèmes avec les humains. L'intégration du fantastique dans la réalité se fait avec aisance (les effets spéciaux sont kitsch), le scénario ne reculant devant aucune incongruité (mieux qu'un épisode de Ma sorcière bien aimée). Drôle et rythmé, c'est irrésistible. Chronique morave (Vsichni dobri rodaci, Vojtech Jasny, 1969) A partir de 1945, dix ans de la vie d'un petit village. Avec ses coups de théâtre politiques, ses arrestations arbitraires, ses profiteurs ... Un film difficile à suivre, une multitude de personnages au premier plan, ennuyeux, qui s'enferme dans une certaine grisaille. Jo Limonade (Limonadovy Joe, Oldrich Lipsky, 1964) Un western tchèque ! Il faut le voir pour le croire. Le héros de cette fantaisie est un représentant en Kolaloka (sic) qui devra vaincre ses imbibés ennemis. La limonade contre le whisky, quelle histoire ! Des gags énormes (Les pyramides d'Egypte dans Monument Valley), un montage survolté et, malgré tout, une sorte de respect au genre. Amusant, en dépit quelques longueurs. | |
| | | traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
| Sujet: Re: Le printemps du cinéma tchèque (années 60) Lun 13 Sep 2010 - 14:52 | |
| Marketa Lazarova (Frantisek Vlacil, 1967) Filme culte (enfin, pour certains). Une vision du Moyen-Âge très personnelle. De superbes images, c'est incontestable, mais au service de quoi ? D'une histoire hermétique, qui doit bien avoir un sens, à condition de possèder les clés. A périr d'ennui devant cette vaine agitation et cette violence récurrente. Parfois, on pense à Tarkovski et, parfois pas. Le plus souvent, on pense à quelque chose d'autre. Sur 2h38, cela laisse le temps de laisser son esprit vagabonder. Le marteau des sorcières (Kladivo na carodjenice, Otakar Vavra, 1970) Chasse aux sorcières en Bohème, au milieu du 17ème siècle. La folie furieuse de l'Inquisition, les forces de l'obscurantisme en action. Un thème vu ailleurs, mais rarement avec cette force et cette évidence. Le film, par son esthétique et son montage, évoque irrésistiblement les premières oeuvres de Schlöndorff. Douloureux comme une crucifixion. On n'est pas loin du chef d'oeuvre. | |
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