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Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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Je suis surpris que des historiens remettent en cause cette fin du poète. COmme je le disais dans le premier post du fil, en alalnt à Grenade, fief réactionnaire, il savait forcément qu'il mettait sa vie en danger. Mais il affirmait sa liberté, ses choix, tant politiques que sexuels. Peut-être qu'il n'était pas tout à fait rétabli de la dépression qu'il avait connue et qu'il souhaitait cette mort.
Ensuite, bien sûr que la gauche espagnole a voulu récupérer cette figure forte. La situation aurait été inversée, le parti de Franco aurait fait pareil. Par contre, l'historien se décrédibilise un peu lorsqu'il affirme "Il était un fervent républicain, mais n'a milité dans aucun parti politique." Il a prononcé certains discours, écrit certains textes qui ne laissent que peu de doutes sur ses engagements.
Steven Zen littéraire
Messages : 4499 Inscription le : 26/09/2007 Age : 52 Localisation : Saint-Sever (Landes)
Je suis surpris que des historiens remettent en cause cette fin du poète. COmme je le disais dans le premier post du fil, en alalnt à Grenade, fief réactionnaire, il savait forcément qu'il mettait sa vie en danger. Mais il affirmait sa liberté, ses choix, tant politiques que sexuels. Peut-être qu'il n'était pas tout à fait rétabli de la dépression qu'il avait connue et qu'il souhaitait cette mort.
Ensuite, bien sûr que la gauche espagnole a voulu récupérer cette figure forte. La situation aurait été inversée, le parti de Franco aurait fait pareil. Par contre, l'historien se décrédibilise un peu lorsqu'il affirme "Il était un fervent républicain, mais n'a milité dans aucun parti politique." Il a prononcé certains discours, écrit certains textes qui ne laissent que peu de doutes sur ses engagements.
Je souscris totalement à ton propos, Steven ...
Citation :
Engagement poétique et politique :
À la suite de la " guerre des Asturies ", le poète fait son choix décisif. La résistance politique et la révolte sociale luttent pour se faire jour, et n’en paraissent que plus vives. À partir des élections de février 1936, qui aménent le Front Populaire au pouvoir, l’antagonisme est déclaré. On en trouve les échos au fil des interviews de Lorca, des manifestations publiques auxquelles il a pris part, des déclarations collectives qu’il a signées. Avec le groupe des poètes les plus engagés de l’époque, Alberti, Luis Cernuda, Pablo Neruda, il évolue sans à-coups.
Sa propre poésie n’est pas, dit-il, " La poésie comme abstraction mais comme chose réelle et existante, qui est passée prés de moi ". La "clé" de toute création n’a rien à voir avec l’artifice de l’imagination rhétorique ou théâtrale. "L’essentiel est de trouver la clé de la poésie", dans la réalité de chaque jour, et de se faire son interprète. Lorca précisait : "Tous les personnages de mes poèmes ont existé". Mais cette réalité qui dépasse toute invention, les créatures de l’esprit humain l’habitent aussi.
De sa dernière pièce, il affirme, au cours du prologue : "En toute modestie, je dois faire remarquer que rien n’est inventé. Anges, ombres, cris, lyres de neige et de songes existent et volent parmi vous, aussi réels que la luxure, les pièces de monnaie dans votre poche, le cancer qui palpite au sein d’une femme ou la lèvre fatiguée du commerçant."
Et il interpelle le public citadin, artisan ou complice, lui aussi de sa propre aliénation :
"Surtout vous, gens de la ville, qui vivez dans la plus pauvre et la plus triste des fantaisies. Tout ce que vous faites, c’est de vous ingénier à ne rien savoir. Lorsque sonne le vent, vous jouez du piano mécanique pour ne pas l’entendre ; pour ne pas voir l’immense torrent de larmes qui nous entoure, vous couvrez de dentelles vos fenétres afin de dormir tranquilles, et pour faire taire le perpétuel grillon de la conscience, vous inventez les maisons de charité."
De circonstances ou presque à la date de ce message .
Sous la vidéo une traduction proposée et le poème en langue originale. Si vous continuez et recherchez des vidéos "dailymotion" postées par l'ID Lpetirrojo vous trouverez toute une ribambelle de poèmes de Federico García Lorca, et c'est bonheur .
colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
Sujet: Re: Federico Garcia Lorca [Espagne] Mar 7 Oct 2014 - 12:07
Poésies II (1921-1927)
Défaut de traduction ou défaut de thème, les poèmes de Federico Garcia Lorca ne contribueront pas à me rapprocher de la poésie. Ce qu’il trouve beau, ce qui le rend vivant, ce qu’il a envie de chanter n’éveille en moi aucune inclination émotive. Peut-être convenable à un autre moment de ma vie, voire dans une autre vie.
Pour vous donner un aperçu, j'ai réussi tout de même à relever un poème que j'aime plus que les autres.
Le lézard est tout en larmes
« Le lézard est tout en larmes La lézarde est tout en larmes.
Le lézard et la lézarde En petits tabliers blancs,
Ils ont perdu par mégarde Leur anneau de mariage.
Hélas, leur anneau de plomb Leur joli anneau de plomb !
Personne dans le grand ciel Où monte un globe d’oiseaux.
Le soleil, gros capitaine, porte un gilet de satin.
Regardez comme ils sont vieux ! Comme ils sont vieux, les lézards !
Et comme ils pleurent, mon Dieu, Et comme ils sont tout en larmes ! »
Citation :
« Sous le laurier-rose sans lune Tu étais laide, toute nue. »
*peinture de Susan Dorothea White
tina Sage de la littérature
Messages : 2058 Inscription le : 12/11/2011 Localisation : Au milieu du volcan
Mais je viens de finir La Maison de Bernarda Alba et Noces de sang. Deux pièces qui m'ont éblouie !
Nous touchons l'âme ibérique au plus profond, au plus tragique. Ainsi que les moeurs du début du 20è siècle, avec le poids de la religion et du regard de l'autre. Dans les deux cas, il s'agit d'histoires d'argent, d'amour, d'honneur, de jalousie d'une grande violence. Ce sont des huis-clos asphyxiants dans des milieux ruraux, où la terre est aussi un personnage à part entière.
On retrouve la furia dans les sentiments, les situations.
La langue est synthétique, suggère. Les silences, les non-dits sont éprouvants. Les tempéraments brossés bien trempés.
Je veux continuer avec cet auteur.
A lui seul, il est l'Espagne !!!
La plus sombre, la plus secrète.
Immense écrivain.
Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence
Le vingt-cinq du mois de Juin, on vint prévenir Amargo ; Tu peux couper, si tu veux, les lauriers-blancs de ta cour. Peins une croix sur ta porte et mets au-dessous ton nom, car la ciguë et I'ortie naîtront bientôt de tes flancs et des pointes de chaux vive déchireront tes souliers. Ce sera dans la nuit noire, parmi les monts aimantés où les bœufs de la rivière boivent des joncs dans leur rêve. Commande lampes et cloches. Apprends à croiser les mains et ä goûter les vents froids des métaux et des rochers, Car tu seras dans deux mois raide mort et enterré.
Une épée de nébuleuse s'élève au poing de Saint-Jacques et des flancs du ciel cambré ruisselle un silence grave.
Le vingt-cinq du mois de Juin il avait les yeux ouverts et le vingt-cinq du mois d'Août il gisait pour les fermer.
Chansons gitanes. - Seghers
Traduction Armand Guibert
Dernière édition par bix229 le Lun 14 Mar 2016 - 15:50, édité 1 fois
Je n'ai jamais lu Garcia Lorca... mais j'écoute depuis des années un disque d'Ana Belén (datant de 1998) qui chante Lorca, ici mis en musique par Leonard Cohen [Take this Waltz]... (mais il y a d'autres compositeurs pour chaque chanson) :
Pequeño vals vienés
En Viena hay diez muchachas, un hombro donde solloza la muerte y un bosque de palomas disecadas. Hay un fragmento de la mañana en el museo de la escarcha. Hay un salón con mil ventanas.
¡Ay, ay, ay, ay! Toma este vals con la boca cerrada.
Este vals, este vals, este vals, este vals, de sí, de muerte y de coñac que moja su cola en el mar. Te quiero, te quiero, te quiero, con la butaca y el libro muerto, por el melancólico pasillo, en el oscuro desván del lirio, en nuestra cama de la luna y en la danza que sueña la tortuga.
¡Ay, ay, ay, ay! Toma este vals de quebrada cintura.
En Viena hay cuatro espejos donde juegan tu boca y los ecos. Hay una muerte para piano que pinta de azul a los muchachos. Hay mendigos por los tejados, hay frescas guirnaldas de llanto.
¡Ay, ay, ay, ay! Toma este vals que se muere en mis brazos.
Porque te quiero, te quiero, amor mío, en el desván donde juegan los niños, soñando viejas luces de Hungría por los rumores de la tarde tibia, viendo ovejas y lirios de nieve por el silencio oscuro de tu frente.
¡Ay, ay, ay, ay! Toma este vals, este vals del « Te quiero siempre ».
En Viena bailaré contigo con un disfraz que tenga cabeza de río. ¡Mira qué orillas tengo de jacintos! Dejaré mi boca entre tus piernas, mi alma en fotografías y azucenas, y en las ondas oscuras de tu andar quiero, amor mío, amor mío, dejar, violín y sepulcro, las cintas del vals.
À Vienne il y a dix jeunes filles, une épaule où sanglote la mort et un bois de colombes empaillées, Il y a un fragment de matin au musée du givre. Il y a un un salon à mille fenêtres.
Ay, ay, ay, ay ! Prends cette valse la bouche fermée.
Cette valse, valse, valse De oui, de mort et de cognac, Qui mouille sa traîne dans la mer.
Je t’aime, t’aime, t’aime, avec le fauteuil et le livre mort, dans le couloir mélancolique, au grenier sombre de l’iris, dans notre lit de la lune et par la danse que rêve la tortue.
Ay, ay, ay, ay ! Prends cette valse aux reins cambrés.
À Vienne il y a quatre miroirs où jouent ta bouche et les échos. Il y a une mort pour piano qui peint en bleu les jeunes gars. Il y a des mendiants sur les toits. Il y a de fraîches guirlandes de pleurs.
Ay, ay, ay, ay ! Prends cette valse qui meurt dans mes bras.
Parce que je t’aime, je t’aime, amour, dans le grenier où vont jouer les enfants, rêvant de vieux lustres de Hongrie dans la rumeur du tendre après-midi, voyant des brebis et des iris de neige dans le silence obscur de ton front.
Ay, ay, ay, ay ! Je prends la valse « Je t’aime toujours. »
À Vienne, je danserai avec toi dans un déguisement qui aura une tête de fleuve. Vois mes rives de jacinthes ! Je laisserai ma bouche entre tes jambes, mon âme dans des lis et des photographies et dans la vague obscure de ta démarche je veux, mon amour, mon amour, laisser, violon et sépulcre, les rubans de la valse.