Ben Okri [Nigeria]

Ben Okri est un romancier et poète nigérian né en 1959 à Minna dans le nord du Nigeria. Il a passé son enfance à Londres, mais il est retourné au Nigéria avec sa famille dès 1968. Il fera des études universitaires de littérature comparée à l’Université d’Essex au Royaume-Uni grâce à une bourse d’état. Son envie d’écrire lui vient de sa mère, d’une part, qui lui racontait des contes et légendes de son pays et aussi de son père qui lui fit découvrir les grands auteurs  comme Dickens, Shakespeare, ou encore Tourgueniev.
Dans ses deux premiers romans ‘Flowers and Shadows’ (1980) et ‘The Landscapes Within’ (1981) le récit se passe au Nigéria et les personnages principaux sont deus hommes jeunes qui tentent de trouver un sens dans la désintégration de leur nation et du chaos qui les entourent (guerre du Biafra). Très vite après ces deux roman, Okri jouit d’une reconnaissance internationale, on dit même de lui qu’il est l’un des plus grands auteurs africains. Son roman ‘La Route de la Faim’ remportera le Booker Prize en 1991, et sera le premier volet d’une trilogie narrant les aventures d’Azaro un jeune enfant-esprit. Le deuxième volet sera ‘Songs of Enchantment’ (1993) et ‘Infinite Riches’ (1998). Il a remporté de nombreux prix littéraires internationaux.

Bibliographie
Flowers and Shadows ,  Longman, 1980
The Landscapes Within ,  Longman, 1981
Incidents at the Shrine,   Heinemann, 1986
Stars of the New Curfew ,  Secker & Warburg, 1988
The Famished Road ,  Cape, 1991
An African Elegy,   Cape, 1992
Songs of Enchantment ,  Cape, 1993
Astonishing the Gods,   Phoenix House, 1995
Birds of Heaven,   Orion, 1995
Dangerous Love,   Phoenix House, 1996
A Way of Being Free,   Phoenix House, 1997
Infinite Riches,   Phoenix House, 1998
Mental Fight,   Phoenix House, 1999
In Arcadia ,  Weidenfeld & Nicolson, 2002
Starbook ,  Rider & Co., 2007
Tales of Freedom,   Rider & Co, 2009

La Route de la Faim
The Famished Road
Ben Okri

Azaro est un enfant-esprit, c’est à dire que contrairement aux autres esprits, il a choisi de quitter le paradis des esprits et leur vie facile pour vivre sur terre, pour faire le bonheur d’une mère, mais que cela soit dit, les autres esprits lui ont promis une vie difficile, semée d’embûches. Qu’à cela ne tienne Azaro naît. Et c’est ainsi qu’il nous raconte sa vie et celle de ses parents dans son quartier, qu’il explore sans cesse, en tous sens, sans relâche, et parfois, il disparaît malencontreusement au cours d’aventures peu banales. Azaro n’est pas comme les autres, il peut voir les esprits, les bons et les mauvais, ceux qui gravitent sans cesse autour de lui et qui parfois l’entraînent avec eux.
Azaro raconte la vie difficile de ses parents qui se tuent à la tâche pour ramener de quoi manger, son père manutentionnaire et sa mère qui fait les marchés. Il y a aussi Madame Koto, un personnage formidable qui tient un bar et qui est aussi un peu sorcière à ses heures. Elle tient à ce qu’Azaro soit présent chez elle tous les jours pour attirer les clients dit-elle, en fait ce serait plutôt le contraire ; quand Azaro est là il se produit toujours des événements bizarres. Le bar est le théâtre de bien des scènes : de bagarres, de meetings politiques, de confidences, de beuveries sans fin, de combats de boxe….Azaro raconte bien aussi les manipulations et les campagnes des partis politiques, celui des riches et celui des pauvres, mais quel que soit le parti, leurs visites se finissent souvent en émeutes ou en scènes violentes.

Un bon livre, qui allie avec beaucoup de finesse réalisme et magie / fantastique – un mélange que je prise habituellement peu, en particulier chez les sud-américains. On ne peut s’empêcher d’être entraîné dans les aventures parfois abracadabrantes d’Azaro, parce que la toile de fond est parfaitement réaliste. La vie de cette petite ville et de ses habitants est parfaitement décrite, les querelles de voisinages pourraient aussi bien avoir lieu sur le pas de vos portes, les disputes du couple, les corrections que prend Azaro…tout cela rend le roman profondément attachant et il n’est pas pesant de se laisser entraîner dans les rêves et les délires d’Azaro l’enfant-esprit. Le style d’Okri est magnifique, à la fois minutieux, léger et poétique. Un beau roman, (malheureusement un peu long pour moi) et un Booker prize mérité !