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| William Gibson | |
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Auteur | Message |
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shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: William Gibson Dim 27 Juil 2014 - 11:17 | |
| Identification des schémasJ'ai adoré ce livre. J'ai adoré suivre Cayce Pollard dans sa recherche du logo qui tue de la mort et à la poursuite d'un cinéaste qui distille sur le Net d'improbables morceaux d'un film envoûtant. J'ai copieusement détestée sa rivale, je me suis longuement interrogée sur la franchise de son employeur, j'ai été émue par son amitié avec Damien. J'ai adoré la manière dont Gibson se sert des traumatismes et des phobies de son héroïne (qui n'a cependant rien d'une tendre âme perdue) pour nous faire découvrir à travers un monde-miroir la ville de Londres. Oui, Cayce vient de New York et analyse la ville à l'aide du prisme américain, du coup tout lui semble à la fois familier et étranger dans cette Londres aimée, étrangère et attirante. Et c'est un peu aussi ce qu'éprouve le lecteur de Gibson, un sentiment mélangé de familiarité et d'étrangeté, de compréhension et d'étonnement, de normalité et de bizarreries, comme si le monde se reflétait à travers l'œil légèrement troublé d'une femme en plein jet lag. Pire que ça même, puisque Cayce est sûre que son âme est restée en rade entre Manhattan et Londres et qu'elle peine à venir la rejoindre. Tout ici est question de décalage, de point de vue, de manière de refléter le réel. J'ai adoré suivre Cayce en haut des gratte-ciels de Tokyo et déambuler dans les érotiques ruelles d'un quartier chaud, adoré retrouvé Moscou et son impénétrable placidité. Mais surtout j'ai aimé la manière dont Gibson nous fait parvenir des fragments d'un réel issu d'une culture underground, souterraine et cependant jamais obscure. Qu'il parle de science avec les Curtas de Curt Herzstark, de culture numérique, d'un certain Edgar Cayce, l'un des plus grands mystique américain ou de mode alternative, Gibson reste un fétichiste explorant les arcanes sensibles d'un monde qui vibre juste à côté de nous. Un monde dans lequel il est facile, fascinant et ludique de s'immerger. Extrait (Cayce doit donner son avis sur un nouveau logo pour une marque de chaussures) : - Citation :
- Dorotea tire un carré de papier cartonné, vingt-sept centimètres d'arête. Le montre à Cayce.
Il y a un dessin. Une sorte de gribouillis au pinceau japonais, un trait noir et épais. Elle y reconnait la marque de fabrique de Herr Heinzi lui-même. Pour Cayce, on dirait un spermatozoïde en syncope, par le dessinateur underground américain Rick Griffin, en 1967. Elle sait tout de suite que pour les obscurs standards de son radar interne, cela ne fonctionne pas. Elle ne sait pas comment, mais elle le sait. Mais elle imagine soudain la foule d'ouvriers asiatiques qui pourraient, si ele disait oui, passer des années à appliquer des interprétations de ce symbole sur une marée écrasante et incessante de chaussures. Quel sens aurait-il, pour eux, ce spermatozoïde sautillant ? Finirait-il par pénétrer leurs rêves ? Leurs enfants le dessineraient-ils sur le trottoir avant de connaitre son sens de marque ? - Non. Mark Griffin affiche pour Frank Zappa Bref ce roman est un pur régal. J'ai été complètement happée par l'aventure de Cayce, hypnotisée par sa personnalité et les évènements dans lesquels je me suis laissée entraînée avec plaisir, avec envie, avec palpitation ! Un grand grand livre de Gibson !! Galvanisant !! (P.S. : un livre qui pourrait convenir parfaitement à Igor !) | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: William Gibson Dim 27 Juil 2014 - 12:04 | |
| et voilà que ça taquine de pourtant rares envies de relectures... | |
| | | Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
| Sujet: Re: William Gibson Lun 28 Juil 2014 - 13:38 | |
| Ça donne furieusement envie ! | |
| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: William Gibson Jeu 8 Jan 2015 - 15:40 | |
| Lumière virtuelle Proposé par animal dans le cadre de la chaîne de lecture.
Et bien il m'a gâtée, le panda. Pour ce qui est de me faire découvrir un univers nouveau, en l’occurrence le cyberspace de William Gibson, ce monde tellement comme le nôtre, quoique juste un peu outré et décalé, c'est pleinement réussi !
J'ai relevé le défi : pourquoi réfuter d'entrée de jeu ce qui me rebute ? Bon, ça n'a pas été facile, je dois dire que sur bien 150 pages, j'étais complètement larguée ; mais mon objectif était de tenir . Pour me récupérer, j'ai lu divers commentaires sur le net, j'ai repris le quatrième de couverture. Après, c'est allé mieux : je me suis mise à comprendre grosso modo l'intrigue, mais pour être vraiment honnête, je ne peux pas dire que je comprenais tout. J'étais quand même bien perdue dans cette foultitude d'informations mêlées de références, d'ellipses, de détails et d'allusions, dans cet éclatement des horizons, dans ces néologismes, dans ces technologies foldingues. Débordée, j'avais dû manquer quelques infos cruciales : cela part dans tous les sens, dans un bouillonement d'inventivité délirante, il me manquait des clés.
Ah ! Quand même, des choses m'ont accrochée. Ce pont squatté par des hommes perdus qui me rappelait Le lointain souvenir de la peau de Russell Banks ou Les saisons de la nuit de Colum McCann. Ces paysages urbains délabrés, cette boutique de tatouage, ces bars glauques, cette galerie désaffectée, Jean Rolin aurait bien pu y rôder. Ce mal qui rôde à travers les sectes et le sida, avec l'intolérance comme mode de vie, c'est d'une actualité brûlante. Et cet humour, oui, souvent un peu trop déjanté, mais parfois léger et poétique dans son regard sur chacun et notre monde. Ce roman noir haletant mettant en scène des personnages archétypaux, flics, privés, paumés, virant au final à la parodie de film d'action où les héros naïfs triomphent à grands coups d'effets spéciaux..
Mais bon, quand même, je me suis sentie bien petite dans un monde qui m'était trop étranger , un truc trop rapide, trop fourmillant, trop loufoque. Ce feu d'artifice de Réalité Virtuelle est un truc que j'ai été contente d'effleurer, mais contente de laisser, aussi :dérangée, sans doute. Il y a lieu à reconnaître de nombreux parallèles constructifs avec notre monde, (shanidar en a parlé) car, oui, les délires ont toujours un sens, mais je n'avais plus la force.
Mais bon c'était assez flatteur, au final, cette proposition , mais quand même, animal a un peu surestimé ma plasticité !! Ca m'a filé comme un coup de vieux (la vengeance de l' »intermédiaire » ?), mais comme on dit, tout ce qui ne te tue pas te grandit !
Dernière édition par topocl le Ven 9 Jan 2015 - 10:18, édité 1 fois | |
| | | Maline Zen littéraire
Messages : 5239 Inscription le : 01/10/2009 Localisation : Entre la Spree et la Romandie
| Sujet: Re: William Gibson Jeu 8 Jan 2015 - 22:17 | |
| topocl, tes observations me donnent très envie de lire un livre de William Gibson. Je ne sais pas si Virtual Light est une bonne entrée en matière pour moi, mais peut-être les connaisseurs gibsoniens peuvent-ils être de bon conseil. | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: William Gibson Ven 9 Jan 2015 - 0:54 | |
| c'est marrant. je l'ai proposé sans réfléchir trop loin après le "chamboulement potentiel d'habitude". à lire ton commentaire ce que j'identifierai comme déboussolant c'est la part de techno-gadgetification ... ou plutôt d'espaces moins géographiques ? ( virtuels ?). terminologies un peu forcées. ou alors la capacité d'intrigue décentrée avec une action et des péripéties qui maintiennent en alerte mais un propos et une partie du livre qui semble résidé dans l'arrière plan voire en filigrane ? de ce côté je misais sur l'aspect, finalement assez classique, de littérature populaire/roman noir. en même temps l'hallucination ou le fait de ne pas tout comprendre, de n'avoir des repères visuels ou d'objets que par ricochet, ça fait partie de la lecture, du jeu, être largué par la vitesse (qui n'est donc pas tout, qui a ses contre-coups utiles)... et génération intermédiaire mais il a l'âge de mes parents Gibson ! à lire ton commentaire je ne regrette pas l'expérience, héhé, oui, c'est marrant, et la lecture du commentaire mérite réflexion. pour la porte d'entrée je dis (maintiens ?) : possible. pour sa part cyberpunk et son efficacité sans doute et le fait qu'il est représentatif. après les récents/contemporains ont leur marque (au propre et au figuré) et d'autres aussi. Le courant de celui-là est moins barré, est quand même plus facile à cerner je trouve que d'autres qui jouent plus de l'ellipse et des rapports de forces de multinationales mais vus de loin (lire la courte nouvelle New Rose Hotel peut donner une idée, en version cependant presque terre à terre). anyway, je suis content avec ça moi. | |
| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: William Gibson Ven 9 Jan 2015 - 8:45 | |
| - Maline a écrit:
- topocl,
tes observations me donnent très envie de lire un livre de William Gibson. Bon, c'est bien. Mon idée n'était surtout pas d'en dégouter mais de montrer l'inadéquation du couple topocl- gibson. | |
| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: William Gibson Ven 9 Jan 2015 - 10:17 | |
| - animal a écrit:
- c'est marrant. je l'ai proposé sans réfléchir trop loin après le "chamboulement potentiel d'habitude". à lire ton commentaire ce que j'identifierai comme déboussolant c'est la part de techno-gadgetification ... ou plutôt d'espaces moins géographiques ? (virtuels ?). terminologies un peu forcées.
ou alors la capacité d'intrigue décentrée avec une action et des péripéties qui maintiennent en alerte mais un propos et une partie du livre qui semble résidé dans l'arrière plan voire en filigrane ? de ce côté je misais sur l'aspect, finalement assez classique, de littérature populaire/roman noir.
en même temps l'hallucination ou le fait de ne pas tout comprendre, de n'avoir des repères visuels ou d'objets que par ricochet, ça fait partie de la lecture, du jeu, être largué par la vitesse (qui n'est donc pas tout, qui a ses contre-coups utiles)...
Non ce ne sont pas les techno-gadgets qui m'ont gênée. Ce n'est pas ma tasse de thé, mais je m'y attendais et ils ne sont pas du tout envahissants. Juste une petite note marrante. A la limite, faire u remake situé en 2015, ça paraîtrait presque jouable. L'espace géographique ressemble beaucoup au nôtre, juste un peu plus dévasté, ça me va. La terminologie , finalement c'est le plus souvent une langue assez classique de roman noir, le peu que j'en connais. Ca donne plutôt une vivacité. Oui, c'est plutôt l'arrière plan, le filigrane, l'allusif. Et le grouillement. Peut-être étais je partie trop légèrement et j'ai vraiment cette sensation d'avoir loupé des trucs de repères capitaux au début . Mais, malgré mon admirable courage, pas assez de ressource pour tout recommencer à zéro. J'étais vraiment souvent à ne pas comprendre, et il y a aussi un aspect de "folie", de "délire" , qui était trop pour mon petit esprit cartésien et terre à terre. Pas assez joueuse pour le "jeu", comme tu dis. Et d'autres moments, tout était clair, j'avais la disponibilité pour apprécier. - animal a écrit:
et génération intermédiaire mais il a l'âge de mes parents Gibson ! Ca ne m'a pas échappé! il est même bien plus vieux que moi, Gibson ! Quand je parle d'âge, c'est un âge dans la tête. Je sais très bien que des gens de ma génération (voire pire!!!) aiment ce genre de trucs. Sont assez rapides pour ça, assez joueurs. Je parlais de l'âge du proposeur. - animal a écrit:
à lire ton commentaire je ne regrette pas l'expérience, héhé, oui, c'est marrant, et la lecture du commentaire mérite réflexion.
pour la porte d'entrée je dis (maintiens ?) : possible. pour sa part cyberpunk et son efficacité sans doute et le fait qu'il est représentatif. après les récents/contemporains ont leur marque (au propre et au figuré) et d'autres aussi. Le courant de celui-là est moins barré, est quand même plus facile à cerner je trouve que d'autres qui jouent plus de l'ellipse et des rapports de forces de multinationales mais vus de loin (lire la courte nouvelle New Rose Hotel peut donner une idée, en version cependant presque terre à terre).
anyway, je suis content avec ça moi. Ben moi non plus je ne regrette pas, moi aussi je suis contente, c'est de toute façon beaucoup mieux que de lire un petit roman insipide. Mais je ne suis pas sûre que j'irai jusqu'à lire New Rose Hotel. Quand même! | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: William Gibson Ven 9 Jan 2015 - 11:23 | |
| Bien d'accord avec animal pour dire que sans doute Lumière virtuelle (mais je n'ai pas tout lu, hein) est le moins étrange des étranges romans de Gibson -en tout cas dans le domaine du cyberpunk- car Identifications des schémas qui est aussi excellent et sans doute moins complexe au niveau narratif (et qui en plus ravira les amoureux de Londres) est tout de même bien différent de l'univers auquel nous a habitué Gibson (plus soft). | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: William Gibson Ven 9 Jan 2015 - 12:57 | |
| et qui peut donner une idée pour le "remake 2015".
sinon New Rose Hotel il y a aussi le film (excellent). | |
| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: William Gibson Ven 9 Jan 2015 - 17:45 | |
| - animal a écrit:
sinon New Rose Hotel il y a aussi le film (excellent). Au lit, le panda! | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: William Gibson Mar 13 Jan 2015 - 22:46 | |
| pour les curieux anglo-lecteurs, un article sur le nouveau Gibson, The Peripheral, sorti l'année dernière : theguardian.comet topocl est sûrement d'accord avec le début : If you were to plot your reading of a William Gibson book on a graph – reading speed on one axis, progress through the book on another – it would produce a strange, choppy waveform. The first 30 or 40 pages take a good couple of minutes each, as you struggle to place yourself in the novel’s world, acclimatise to its language and make out what is going on.et un retour à la SF... avec des futures multiples ? | |
| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: William Gibson Mer 14 Jan 2015 - 7:32 | |
| Et bien disons, qu'après avoir fait marcher mon traducteur, je me sens moins seule, mais un deuxième Gibson n'est pas pour autant mon objectif immédiat! | |
| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: William Gibson Jeu 19 Mar 2015 - 13:00 | |
| New Rose Hotel - animal a écrit:
- (lire la courte nouvelle New Rose Hotel peut donner une idée, en version cependant presque terre à terre).
- animal a écrit:
- sinon New Rose Hotel il y a aussi le film (excellent).
Apparemment, quand animal a une idée dans la tête, elle n'est pas dans les pieds (pardon, les pattes). Me voilà donc, depuis quelques temps déjà, à la tête de Hotel New Rose , version papier et version DVD ! J'hésite, au début, entre et , et je laisse reposer. Et puis je décide de commencer par la nouvelle. L'écriture est un langage qui m'est plus proche que l'image, je comprendrai peut-être mieux (ça c'est mes a-priori sur Gibson suite à ma lecture de Lumière virtuelle). Honnêtement, c'était quand même naïf : je ne peux pas dire que j'ai tout compris. C'est une espèce de James Bond au pays des multinationales spécialisées en génie biologique, avec ce que cela implique d'allusions scientifiques, de barbouzes, de flingues, de suspense et de belle nana. Mais qu'importe. Parce que la nana en question, si étrange, je ne sais pas ce qu'elle vaut, mais le sentiment nostalgique qu'en exprime le héros, la douceur qui frise le désespoir, la beauté des passages où il exprime ça, dans sa petite boite en plastique du New Rose Hotel, ça, ça m'a parlé Je vais aller voir ce que donne ce film. | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: William Gibson Jeu 19 Mar 2015 - 13:22 | |
| sale panda c'est tout un boulot, heureusement qu'il y a ce genre de petite compensation. en plus tout ça c'est en pas beaucoup de pages. | |
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