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| William Gibson | |
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Auteur | Message |
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animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: William Gibson Dim 23 Aoû 2015 - 12:55 | |
| Petits extraits en rapport avec les objets : - Citation :
- - Non, dit Tessa, tu te trompes. Les gens ne savent pas ce dont ils ont envie, pas avant de le découvrir. Tout objet de désir est un objet trouvé. En principe en tout cas."
- Citation :
- Il sortit le couteau de sa poche et pressa le bouton. La lame noire jaillit et se verrouilla. Il pressa encore, regarda la lame rentrer, l'ouvrit de nouveau. Pourquoi faisait-on toujours ça avec un cran d'arrêt, se demanda-t-il. Il pensa que ce devait être pour ce mécanique surgissement d'acier que les gens les achetaient, quelque chose de psychologique mais primaire comme une cervelle de singe. A la vérité, les surins étaient d'une efficacité quasi nulle, se dit-il, hormis sur un plan purement utilitaire. Les gosses les aimaient pour leur aspect dramatique, mais qu'un quidam vous voie en ouvrir un devant lui, il pouvait très bien, s'il ne prenait pas la fuite, soit vous botter le cul, soit vous flinguer, trois attitudes dépendant de l'humeur et de la force de frappe du sujet. Il supposait qu'il devait y avoir des situations très particulières requérant que vous ouvriez votre cran et en plongiez la lame dans un ventre, mais cela ne devait pas être fréquent.
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| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: William Gibson Lun 24 Aoû 2015 - 19:41 | |
| Merci animal, j'avais également souligné la phrase dite par Tessa ! Elle fait bien réfléchir (car comment désirer une chose dont on ignore l'existence mais en même temps où placer le rêve et l'absolu dans cet objet déjà trouvé ??). | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: William Gibson Mar 25 Aoû 2015 - 21:28 | |
| Tomorrow's parties
Je ne pouvais plus le lâcher et je l'ai terminé ce matin ! C'est tout de même un bien beau bazar avec beaucoup de personnages et des situations non maîtrisées qui s’enchaînent de plus en plus rapidement avec en prime l'effet boucles (celles des deux premières parties de la trilogie) qui se rattrapent avant de se boucler, ou presque. En effet la fin est assez ouverte et ses implications laissées copieusement plus floues que le déroulement des événements et ce n'est pas la moindre des étrangetés du livre.
Le bric-à-brac qui saute aux yeux d'abord, un étalage précis d'objets passés ou pas encore apparus sous le radar ou toujours là en fond. Malgré tout on n'est pas exactement dans la geek-attitude, l'étalage ne vaut pas bannière et l'addiction pourrait se trouver du sens. Un sens primitif (extrait plus haut) ou une manière de réappropriation d'une réalité toujours mouvante et redéfinie parfois à l'extrême, par exemple par le dragon souriant du Lucky Dragon, l'infernale chaîne de supérette croisée géant de la vente en ligne, du système bancaire, etc.
La musique aussi à cette étrange valeur détournée, la country pas nette de Creedmore qui n'en finit plus de jouer le rôle qu'il s'est inventé. Un peu comme Maryalice d'ailleurs (qu'on retrouve avec un certain plaisir elle aussi). Petit à petit, et avec ces personnages en marge, on s'aperçoit qu'on a un noyau de personnage en phase de survie contre un monde agressif et déréglé.
Constat simplet peut-être mais la fuite en avant qui en résulte, rebondissant sur l'énergie du réflexe, a un très gros capital sympathie. Pour la sympathie on remarque aussi que tout ce qui va mal ou très mal, tourne à une violence physique assez extrême, n'a même pas le goût du mal nécessaire. Il encaisse Rydell mais il a mal et il s'en passerait bien, pareil pour Chevette et les autres et tous les habitants du pont (si, souvenez vous le pont de San Francisco, le Golden Gate, transformé en ville suspendue alternative).
A l'extrémité de ce désarrois on trouve deux gamins : Silencio qui a l'air en état de choc constant et Boomzilla le petit gars lambda grandit un peu trop vite, pas un mauvais bougre, lambda mais pas aussi dupe que pourrait le vouloir le monde. Et puis il y a Rei Toei, l'Idoru plus forte et énigmatique que jamais et qui sert de final plutôt poétique (la simplicité de son incarnation ?) et chargé d'une espérance, d'un message de dérèglement mais positif cette fois.
Donc, c'est le bordel, ne commencez pas par là mais c'est bon quand même et ça fait toujours du bien (et malgré le côté potentiellement chaotique de la traduction ?). | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: William Gibson Ven 25 Déc 2015 - 9:20 | |
| The PeripheralUn grand retour de William Gibson à la SF ? Avec deux couches de future pour le prix d'une ? Le fait qu'il s'agisse "vraiment" de SF est important mais le principal est qu'avec The Peripheral nous sommes avec un très bon cru et que ce qui compte avec la SF c'est peut-être simplement le fait de retrouver une capacité à se projeter vers autre chose, un possible qui reste en partie inconnu. Et une des grandes forces de The Peripheral c'est de vous proposez deux futurs qui communiquent entre eux et de vous coller dans les pattes en plus de l'anticipation interrogative un retour vers un passé qui n'est même pas votre présent mais qui a un goût de nostalgie pour l'inconnu. A côté de ça les adeptes du voyage dans le temps expliqué risquent la déception, le nœud technique ça serait un serveur informatique. C'est que plus simplement ou pratiquement c'est l'information qui voyage, on communique avec un temps qui n'est pas le nôtre, du web, de la messagerie en visio, du jeu en ligne et des avatars devenus des moi de substitution avec une réalité physique. Dans le futur du futur de ce livre, ce qui nous situe un petit monde saturé de nanotechnologies passé une longue catastrophe économico-écologique (ou l'inverse) un peripheral, c'est un avatar physique, un corps de location qui nous permet d'être ailleurs, de sentir, ressentir et agir à distance. Pour esquisser l'histoire, dans le futur le plus proche de nous, un 2040 (ou 2070 ?) et des bananes, Flynne une jeune femme branchée au sens techno et douée pour le jeu virtuel remplace son vétéran marine de frère dans un jeu ou une obscure mission de télésurveillance. Dans l'autre futur Netherton, sorte d'indépendant londonien et alcoolique de la relation publique se retrouve perdu dans un plan qui tourne très mal... Flynne serait le témoin d'un événement annexe. On se retrouve avec un hobby spécialisé qui consiste à manipuler, sorte de jeu, des passés qui bifurquent vers d'autres futurs... qu'on ne suit pas. On reste sur nos deux époques en chapitres alternés et chacun avec leur galeries de personnages et leurs séductions réciproques. Donc SF oui mais qui, et c'est toujours le pied chez Gibson, s'intéresse en fait à notre rapport au monde et ici avec un sens acéré de la fiction, du rapport entre la fiction et le réel. Avec quelque chose de tragique aussi. Et de drôlement contemporain. Le futur londonien extrêmement policé et monstrueusement technologique, luxueux, déshumanisé (presque), contraste furieusement avec un environnement de province américaine de petits boulots et aux parkings de petits centres commerciaux hantés de vétérans blessés, mutilés, choqués, modifiés par une guerre qui n'a pas de nom... Fiction donc mais qui avec cette appui dresse une image à peine extrême d'une vision d'aujourd'hui. Une périphérie, déclassée qui se construit son mode de fonctionnement à base de fabrication artisanale aux marges de la légalité avec le renfort d'imprimantes 3D et de réflexes militarisés paranoïaques. On part de là, d'une violence et d'un dérèglement qui met mal à l'aise, la fiction commerciale, ludique, militarisée, brutale qui est aussi une réalité. Un état qui pousse aussi vers un ailleurs qui n'a pas vraiment de nom ou de qualité... Anyway, que ce soit du réel, ou de la fiction, ce ne serait que des réalités virtuelles que The Peripheral ferait mouche quand même avec son univers palpable, son rapport intuitif à tout ce qui nous échappe et son très honnêtes suspens en béton. C'est un excellent morceau dans lequel je suis resté plongé avec délectation et émerveillement (bien que tout ne soit pas jojo dans cette vision du monde). Et ce sens de la fiction, un sens "actualisé" de la fiction et du rapport qu'on entretien avec elle, c'est quelque chose de terriblement vivifiant ! Excellent (et plein de gadgets ahurissants). | |
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