Hopper à Lausanne

mmmh encore une histoire avec des bouts d'impressions éparpillés ?

j'y ai mis les pattes la semaine dernière, dans la petite ville qui monte et j'ai donc vu cette expo.

ça commence pas mal avec un peu de chronologie, des esquisses/dessins des débuts : autoportraits et mains, des intérieurs plongés dans l'obscurité. En parallèle on découvre également des productions plus alimentaires illustrations/pub et parfois saugrenues comme la voiture faisant la course avec un train avec dans un wagon un bonhomme avec une chinoise, façon film.

présente également une jeanne d'arc mutante...

quelques tableaux connus exposés avec leurs travaux préparatoires et pas mal d'absents.

je suis très content d'avoir vu "en vrai", certains tableaux sont beaux, d'autres intéressants, et d'autres nettement plus anecdotiques... une forme pas de franche déception mais de modération que j'anticipai vaguement. c'est l'effet d'en voir beaucoup et sans sélection (en un sens, après tout ce que je préfère ce sont ses paysages coupés en hauteur... ) et un effet renforcé par la médiocrité des commentaires associés au tableau : des lectures imposés de certains tableaux en fait : angoisse, érotisme,... oui mais si je veux seulement ! et puis les seuls rapprochements fait avec d'autres peintres sont des influences historiques de musée dues à sa période parisienne ???

bord... et les autres peintres américains ? Sheeler, O'Keefe ? et plus récemment en Europe ? il a vraiment tout sorti de son chapeau et tout seul ? juste un mot pour dire qu'il n'a pas suivi l'abstraction... et une fausse superposition de sa chronologie avec une histoire US, ça commence synchro puis ça dérape et c'est pas franchement réussi.

bref l'organisation de cette expo m'a déplue et est pire que seulement légère, c'est presque mensonger ? Hopper est reconnu de toute façon pourquoi en rajouter ces foutues tartines ?

pour en revenir au sujet, je reste sur ma faim et je me coltinerai probablement un ouvrage sur le bonhomme et sa peinture pour la combler... visuellement ça veut dire que je ne sais pas préciser l'impression que me fait Hopper par son américanité qui apparait dans cette expo plus grande, je ne suis pas persuadé que son rapport à la modernité soit absolument négatif (une sombre historie de "sombre de glaive et de modernité) et je suis perturbé par la sensation d'une peinture éventuellement trop décorative... ce qui ne l'empêche donc pas de pouvoir être séduisante. (et je ne parle pas de la salle de sous sol réservée à ses dessins érotiques et au tableau de la strip-teaseuse, tableau que je n'apprécie pas des masses d'ailleurs et pas beaucoup plus pour le reste de cette salle).

frustration ?

si vous avez des bons titres de bouquin...

Je n'ai guère que le Taschen, mais je n'ai pas encore lu le texte qui va avec les images...

héhé, pas mieux... mais ça ne saurait tarder, ceci dit j'ai bien peur que ça ne m'apporte pas beaucoup de réponses... en espérant me tromper (comme un sale panda).

dommage que tu n'as pas aimé plus que ça..
pour l'instant je ne peux pas juger ce qu'ils ont fait concernant le "autour" de cette expo, faut attendre encore un peu avant mon séjour à Lausanne, mais ce serait dommage si tu fait un reproche à Hopper si les organisateurs ont mit son travail dans un angle qui ne te convient pas..

en ce qui concerne livres, tout comme eXPie je dirais pour une première approche, Taschen est toujours bon.
J'en ai tellement sur lui, difficile de vraiment te dire lequel prendre pour une première lecture

en ce qui me concerne, mon coup de coeur de ses derniers temps - mais à ce prix, faut vraiment aimer plus que beaucoup


Walter Wells, Silent Theater: The Art of Edward Hopper

kenavo a écrit:

en ce qui me concerne, mon coup de coeur de ses derniers temps - mais à ce prix, faut vraiment aimer plus que beaucoup


Walter Wells, Silent Theater: The Art of Edward Hopper

Une cinquantaine d'euros, ça n'est pas un prix exceptionnel pour un livre d'art (après tout, les nouveautés en littérature dépassent souvent les 20 euros). Les livres de chez Citadelles, coûtent beaucoup plus cher...

eXPie a écrit:

Une cinquantaine d'euros, ça n'est pas un prix exceptionnel pour un livre d'art (après tout, les nouveautés en littérature dépassent souvent les 20 euros). Les livres de chez Citadelles, coûtent beaucoup plus cher...

d'accord avec toi (surtout qu'il faut prendre ce livre en anglais, version française coûte 10 Euro de plus )
mais pour une première approche en lecture? je pense que Taschen est dans ce cas la meilleure option.. rapport qualité-prix chez eux toujours acceptable

la table des matières du taschen laisse un espoir, le début... on verra

c'est vite dommageable de faire passer quelqu'un ou son œuvre pour plus, enfin on verra !

Tu as changé d'avis parce que il y a 2 ou 3 semaines tu disais être plutôt intéresser pour aller voir l'expo sur Nicolas de Stael.

En recherchant des livres pour toi, j'ai trouvé un pour moi
commandé ce matin:


Pierre Fresnault-Deruelle, Des images lentement stabilisées: Quelques tableaux d'Edward Hopper

Citation :

Quatrième de couverture
La force d'Edward Hopper est de s'être très vite confronté aux images de masse (E. Hopper a longtemps travaillé pour la publicité). Tout comme Gerald Murphy, Charles Sheeler, Monory, Lichtenstein, etc., Hopper comprend que peindre le monde revient à reconstituer une image " toujours déjà " donnée par la photographie, les couvertures de magazines ou le cinéma. Travaillant donc sur des images d'images, Hopper se livre à un patient filtrage au terme duquel la peinture se dépouille du pathos qui " informait " les toiles de ses contemporains. Son oeuvre, à cet égard, annonce celle de Diebenkorn. Relativement à la question de la narration, l'artiste n'aura de cesse de capter ces " temps morts " qui, contrairement aux moments consacrés du récit peint classique, sont pour lui les seuls espaces de peinture possible. Ainsi, remise à sa place, l'anecdote laisse-t-elle le champ libre à des situations picturales où peut s'exalter le jeu d'une plastique hors-pair.

animal a écrit:

héhé, pas mieux... mais ça ne saurait tarder, ceci dit j'ai bien peur que ça ne m'apporte pas beaucoup de réponses... en espérant me tromper (comme un sale panda).

pour l'instant je retrouve pas mal d'interprétations "magiques" avec beaucoup de projections et de discours sur ce qui n'est pas montré, sur ce qu'on doit voir mais servi par des arguments parfois discutables et de pures paroles", il y a heureusement un peu de contexte avec... ça ne m'aide pas beaucoup pour l'instant

j'ai beau retourner le problème je ne suis pas le hopper qui refuse la modernité ou qui peint une technologie intrusive dans la nature (avec des poteaux télégraphiques sur une route ??? )... ça me dépasse, je crois bien devenir paranoïaque de l'image à force, faut voir...

eXPie a écrit:

Je n'ai guère que le Taschen, mais je n'ai pas encore lu le texte qui va avec les images...

je te recommande le début du chapitre nature et civilisation (à partir du 3 ou 4ème paragraphe, pages 77-78 ?) il y a un passage qui devrait te plaire...

animal a écrit:

eXPie a écrit:

Je n'ai guère que le Taschen, mais je n'ai pas encore lu le texte qui va avec les images...

je te recommande le début du chapitre nature et civilisation (à partir du 3 ou 4ème paragraphe, pages 77-78 ?) il y a un passage qui devrait te plaire...

Ah, je vois notamment une belle phrase de Marcel Duchamp : "Les seules oeuvres d'art que les Américains ont créée, ce sot leurs installations sanitaires et leurs ponts". Le tout dans un passage qui parle de la Nature et de l'Art. "...[...] nature et art sont tout près l'un de l'autre dans la conception de la réalité."

fantastique ce passage je trouve

je continue, à petites doses.

animal a écrit:

et puis les seuls rapprochements fait avec d'autres peintres sont des influences historiques de musée dues à sa période parisienne ???

bord... et les autres peintres américains ? Sheeler, O'Keefe ? et plus récemment en Europe ? il a vraiment tout sorti de son chapeau et tout seul ? juste un mot pour dire qu'il n'a pas suivi l'abstraction... et une fausse superposition de sa chronologie avec une histoire US, ça commence synchro puis ça dérape et c'est pas franchement réussi.

ben oui, en quelque sorte à partir du moment qu'il a eu ses premiers succès, il n'avait plus trop besoin "d'influences", les autres ont commencé à s'inspirer chez lui
je ne pense pas qu'il ait tout sortit tout seul de son chapeau, mais reste qu'il était du début un 'solitaire' et s'est surtout inspiré de lectures et films.. moins chez d'autres peintres

animal a écrit:

bref l'organisation de cette expo m'a déplue et est pire que seulement légère, c'est presque mensonger ? Hopper est reconnu de toute façon pourquoi en rajouter ces foutues tartines ?

et moi j'ai bien aimé, faut quand même aussi dire que je n'ai pas lu trop les textes accompagnants puisque j'en ai pas mal de lectures faites sur lui
Les "foutues tartines" ne sont pas tout à fait des rajouts, il reste encore aujourd'hui LE grand peintre du XXe siècle côté américain et plus que 40 ans après sa mort on n'arrête pas de s'inspirer, s'influencer, parler de lui...

Ce que je peux comprendre - pour une première approche de son oeuvre, il manquait en effet pas mal de ses tableaux les plus fameux.. pour moi c'était réjouissant d'avoir plusieurs images que je n'ai pas encore vue et du coup c'était une 'continuation' pour moi qui m'a fait grand effet

animal a écrit:

si vous avez des bons titres de bouquin...

je l'ai acheté sur place, donc je ne sais pas si cela existe aussi dans d'autres lieux, mais pour 9 Euro t'as pas mal de bonnes informations dans ce magazine:

En ce qui me concerne, j'ai trouvé cette exposition très bien faite et judicieusement conçue, dans un cadre très agréable.
Comme Kenavo, j'en ressors convaincue que Hopper est un artiste majeur du 20e siècle, toutes nationalités confondues.
Ce qui se dégage de ces toiles que certains peuvent trouver inexpressives et vides est très fort.
En voir autant ensemble permet de réaliser à quel point ce sont toujours les mêmes thèmes qui reviennent, ressassés jusqu'à l'obsession. A l'image de cette femme qui a toujours les mêmes traits (la propre femme du peintre) et que l'on suit d'une toile à l'autre.
Je me suis rendue compte de détails que l'on ignore quand on ne voit que les reproductions: la présence très fréquente de petits bois noirs et inquiétants en arrière-plan.
Plus que l'évocation des grands espaces naturels, c'est cette fascination pour l'architecture, urbaine ou pas, qui frappe, et les jeux de lumière sur les murs. Il n'est pas étonnant qu'en sortant de cette expo, on voie bâtiments et surfaces d'un oeil neuf. L'art apprend à regarder.
Je n'avais pas réalisé que Hopper était à ce point un peintre de la lumière et de la couleur, notant scrupuleusement sur ses croquis préparatoires les noms des couleurs à utiliser.
C'est également impressionnant et émouvant de se retrouver face aux croquis , tout simples, de toiles majeures telles que Nighthawks.
On se rend compte aussi de l'influence énorme qu'il a eue sur des cinéastes tels que Lynch et les frères Coen.