Alain Corneau

Mort dans la nuit du 29 au 30 août 2010, Alain Corneau était né le 7 août 1943 à Meung-sur-Loire (Loiret). Le fils du vétérinaire, comme on l'appelait souvent dans sa petite ville natale, fait ses études au Lycée Pothier d'Orléans et découvre la base américaine peuplée "d'extraterrestres". De là vient son attachement à l'Amérique et surtout au jazz, sans doute sa plus grande passion, bien que son érudition s'étende également à la littérature et, bien entendu, au cinéma, avec un amour particulier pour les films noirs. Après l'IDHEC et l'échec de son premier film, France Société Anonyme (75), Corneau obtient d'ailleurs le succès avec un polar, Police Python 357, tourné à Orléans. Série noire (79) lui vaut un beau succès critique et public et le fait accéder au rang des cinéastes français qui comptent. Dans les années 80 et 90, il diversifie sa palette avec, entre autres, Fort Saganne (84), Nocturne indien (89), Tous les matins du monde (91)... Stupeur et tremblements, adaptation du roman d'Amélie Nothomb (2002) est sa dernière grande réussite. Son film Crime d'amour (2010) est toujours sur les écrans.
Il a obtenu le prix Louis Delluc, le César du meilleur film et du meilleur réalisateur pour Tous les matins du monde.

Filmographie :

1974 : France, Société anonyme.


1976 : Police Python 357.


1977 : La menace.


1979 : Série noire.


1981 : Le choix des armes.


1984 : Fort Saganne.


1989 : Nocturne indien.


1991 : Tous les matins du monde.


1995 : Le nouveau monde.


1997 : Le cousin.


2000 : Le prince du Pacifique.


2003 : Stupeur et tremblements.


2005 : Les mots bleus.


2007 : Le deuxième souffle.


2010 : Crime d'amour.

France, société anonyme (Alain Corneau, 1973)
"En l'an 2222, un ancien trafiquant de drogue est maintenu en état d'hibernation. Réanimé, il conte son histoire. Leader sur le marché des narcotiques, sa situation était prospère jusqu'à ce que, lors d'un changement politique, le gouvernement en légalise l'usage. Il avait alors rejoint le Front des Toxicomanes Révolutionnaires, constitué de militants pour une « défonce libre » et opposés à ce que les multinationales tirent profit de la vente de drogues." Oui, c'est bien le pitch du premier film de Corneau, une politique fiction anti-capitaliste et libertaire, dans laquelle on trouve quelques thèmes aujourd'hui cruciaux comme l'écologie. Dommage que ce soit aussi foutraque (le mot est faible), le sujet méritait mieux que ce brouet absolument pas comestible.

Crime d'amour d'Alain Corneau

Dans le décor aseptisé des bureaux d’une puissante multinationale, deux femmes s’affrontent… La jeune Isabelle travaille sous les ordres de Christine, une femme de pouvoir qu’elle admire sans réserve. Convaincue de son ascendant sur sa protégée, Christine entraîne Isabelle dans un jeu trouble et pervers de séduction et de domination.


Blier et Corneau. La même génération (4 ans de différence d'âge), des films marquants dans les années 70/80 (Police Python 357, Série noire, Nocturne indien ..., Les valseuses, Buffet froid, Tenue de soirée ...) et puis, une inspiration qui semble les abandonner peu à peu avec des oeuvres de moins en moins convaincantes. Les voici de nouveau en selle, en ce mois d'août, avec chacun un film qui semble vouloir les remettre sur le devant de la scène. En attendant Le bruit des glaçons de Blier, Crime d'amour, le dernier Corneau, promet (beaucoup) mais ne tient (presque) pas. Question de crédibilité, d'emblée. Il est difficile d'adhérer à cette attirance/répulsion/fascination qui régit les rapports entre Kristin Scott Thomas et Ludivine Sagnier dans une très, très grande entreprise. La manipulation machiavélique qui s'ensuit est encore plus difficile à avaler. On a beau avoir les yeux de Chimène pour Ludivine, elle n'est pas le rôle et elle y semble bien peu à l'aise. Corneau a voulu faire un thriller glacé mais c'est du congelé qu'il nous sert, une mécanique bien huilée, certes, mais sans âme et qui tourne à vide, au point que le destin des deux héroïnes nous importe peu. On entend bien le bruit de ces deux glaçons qu'elles incarnent, mais on ne l'écoute point.

pas une contribution très sympa au fil mais je suis allé déterrer mes impressions à la vision du deuxième souffle (qui reste une référence du film de m... )

animal a écrit:

raaaaaaaaaaaah, vu sur imdb (toujours sur ce "film") :

2008 Nominated César :

Best Cinematography (Meilleure photographie)
Yves Angelo

Best Costume Design (Meilleurs costumes)
Corinne Jorry

Best Production Design (Meilleurs décors)
Thierry Flamand

c'est pas vraiment que ce soit mal ce qu'ils ont fait mais le mélange va très mal. du coup on retombe dans cette discussion de savoir ce qui ne va pas avec le cinéma français actuel... je crois que ce film, cette production, ce truc représente un beau morceau de "qui ne va pas".

animal a écrit:

bon, ben c'est fait.

pas trop envie de me lancer sur le fil "rattrapage" parce que... n'en vaut pas la peine. c'est triste. c'est mauvais. ce n'est pas beau. les acteurs ont l'air posés là et le décor pareil. il n'y a aucun naturel, les acteurs ne sont pas à l'aise avec les dialogues. la reconstitution historique est... reconstituée. la caméra bouge pour faire on ne sait pas trop quel effet. l'image est travaillée (jaune en fait) mais on se demande pour quoi faire aussi...

du coup on se demande comment ça se fait. pour que ça aille jusqu'au bout il faut une certaine confiance. deux-trois ingrédients plus ou moins périmés dans la gamelle (empruntés ailleurs de préférance) et de la confiance ?

si c'est ça du "cinéma français", ou ce qu'il peut faire avec une bonne base et des moyens (et un casting), on peut le laisser crever tout seul et ce n'est pas la peine de se retourner... (je crois que les marchands/faiseurs de cinéma devraient se poser des questions... )

et je vous passe les gunfights au ralenti façon jeux videos et la touche gore/réaliste wahou c'est trop bien vu qui vont avec...

déprimant et exaspérant. honte complète.

et le temps passé ne me fait pas revoir cet avis à la hausse.

Tout le monde est d'accord : faire un remake d'un Melville est impossible (surtout en empruntant des éléments au cinéma asiatique), même si je suis moins sévère que toi, animal, sur Le deuxième souffle.

on aura possiblement pire le jour où john woo s'y colle... héhé.

je ne sais pas si les emprunts sont beaucoup au cinéma asiatique, il y a l'effet de mode certes... ce qui est horrible c'est tout le "qui colle pas" à commencer par les paroles... tant qu'à faire une adaptation (moche mais différente, ce qui était le semblant de bonne idée), une avec laquelle c'est possible quitte à perdre un peu par rapport au texte...

franchement en acteurs on a ce qu'il faut... pourquoi on invite pas un réalisateur doué de l'autre bout du monde, rien qu'une fois... juste le début du bazar avec johnny et de johnny to, avec Sylvie Testud qui fait à manger on tenait déjà une impression autre, un truc... mais je m'égare...

(plus ça va plus j'ai des mauvais souvenirs de ce film qui me revienne (un Dutronc de synthèse en Facel Vega,... j'arrête !)

Pour une autre idée de Corneau, vois ou revois Série noire

traversay a écrit:

Pour une autre idée de Corneau, vois ou revois Série noire

Oui... Série noire, Police Python...
C'était vraiment un réalisateur très divers, éclectique. Curieusement, Tous les Matins d'un Monde m'a paru sonner plus "vrai" que Le Nouveau Monde, alors que Le Nouveau monde parle de jazz, de l'"occupation américaine", bref de choses, d'événements qu'il a vécu. Et pourtant, ça fait vraiment reconstitution, c'est tellement moins vivant que le monde hiératique de Tous les Matins.
Mais entre Nocturne Indien (d'après Tabucchi, avec Jean-Hugues Anglade), qui baigne dans la magnifique musique de Schubert (le Quintette à cordes en Ut Majeur D. 956 ! ah, les divines longueurs !) et Le prince du Pacifique, c'est vraiment le grand écart.
Un réalisateur vraiment capable du pire et du meilleur...

Le deuxième souffle, je ne l'ai pas vu. Les extraits qui m'ont effleuré l'oeil m'ont donné une impression de fausseté, de reconstitution (un peu le même problème qu'avec Le Nouveau Monde).

Stupeur et tremblement, c'était bien sympathique (mais très proche de livre de Nothomb). Bonne idée, les variations Goldberg, pour la musique.

Avec certains réalisateurs, on sait, on imagine quels sont les films dont la mort nous a privés.
Avec Corneau, impossible de savoir.

eXPie a écrit:

Mais entre Nocturne Indien (d'après Tabucchi, avec Jean-Hugues Anglade), qui baigne dans la magnifique musique de Schubert (le Quintette à cordes en Ut Majeur D. 956 ! ah, les divines longueurs !) et Le prince du Pacifique, c'est vraiment le grand écart.

J'adore Nocture Indien et la musique est sublime, elle colle parfaitement et chaque fois que je l'écoute, je revois des images du film. Vraiment très beau.

J'ai aimé aussi Série noire et Tous les matins du monde. Je ne suis pas certaine d'avoir vu les autres.

Bout de Tous les matins du monde (adapté du livre de Quignard)

cliquez

Crime d'amour.


Un film, comme Traversay le dit, qui laisse passer un moment sans rien apporter de spécial... Si ce n'est que jusqu'au bout, on essaye de deviner, cerner, comprendre, décortiquer ce qu'il s'est passé et comment ça s'est passé.
Et Corneau nous tient jusqu'au bout, en attente, grâce à son suspens, non sur la fin (que l'on connaît), mais sur le le démêlement des fils. Je ne peux pas en dire plus, sous peine de dévoiler des choses.

Mais vraiment, ça m'a bien accroché, et puis en sortant, j'avais presque déjà tout oublié. Un film de l'instant.

Article Bibliobs

"L'aventure de Tous les matins du monde est unique: j'avais déjà discuté de mon projet sur la musique avec de nombreux écrivains ou scénaristes, sans succès. Grâce à un autre écrivain scénariste, mon ami Louis Gardel, j'ai alors rencontré Quignard. Il m'a d'emblée suggéré de délaisser la lumière de Versailles pour me tourner vers l'obscurité, les jansénistes, les rebelles, les oubliés, en somme." Alain Corneau.

Bah comme vous pour "une crime d'amour".
Pas nul, mais pas convaincue. Et assez prévisible.
Mais les lunettes de Ludivine ont la classe.

Vu Crime d'amour, rien à ajouter aux commentaires précédents (c'est lent, improbable, trop grand pour Sagnier...), bon, mais je retiens la B.O. de Pharoah Sanders, délicieuse...