Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Wallace Stegner

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MessageSujet: Wallace Stegner   Wallace Stegner EmptyVen 18 Mai 2007 - 1:40

Wallace Stegner Stegne10


Wallace Stegner est mort en 1993, et trop peu de son oeuvre a été traduite , voilà ce que j'aurais à lui reprocher. Et à son traducteur aussi, Eric Chedaille, toujours le même, excellent, mais très paresseux.
Voici un lien sur Wallace Stegner.
http://ecrivainsmontana.free.fr/bibliographie/stegner/stegner.htm
J'étais tombée par hasard il y a quelques années sur Angle d'équilibre , merveilleux, et j'ai donc lu tout ce qui était traduit, malheureusement je ne lis pas suffisamment bien l'anglais, j'envie ceux qui le font! Ont été traduits en plus "La bonne grosse montagne en sucre" 2002et " En lieu sûr " 2003
Et j'avais tout aimé.... Wallace Stegner fait de magnifiques descriptions de la nature, dans sa réalité crue souvent et sa cruauté. Surtout celle des grands espaces américains! Et de la vie, la simple vie avec ses espérances et ses épreuves . Eric Chedaille dit de lui que c'est un stoïcien. C'est vrai, un stoïcien mélancolique, tendre et plein d'humour. Clairvoyance, désenchantement et gentille ironie.
Vous aurez peut être compris à quel point j'aime Wallace Stegner .

Le Goût sucré des pommes sauvages ( The Sweetness of Twisted Apples ) 1948
Traduit de l'anglais ( EU) par Eric Chedaille
Ed Phébus

C'est en 1990 que W. Stegner a rassemblé l'essentiel de ses nouvelles. Cinq ont été retenues dans ce volume. Elles ont été écrites bien avant les romans , et quelquefois " cannibalisées " comme il l'écrit lui-même dans la préface, et utilisées comme chapitre de roman. Les nouvelles présentées figurent un parcours personnel: " Je les ai vécues en tant qu'acteur, spectateur ou auditeur, avant d'en faire des fictions. Je possède un sens tyrannique du lieu, elles ont pour cadre des endroits que je connais bien....J'y ai dépeint le type de gens que je connais et les lieux que j'ai connus. Si l'art est un produit dérivé de la vie, et c'est mon opinion, alors j'entends que ma production reste aussi proche que possible de la terre et de l'expérience humaine- or la seule terre que je connaisse est celle sur laquelle j'ai vécu, la seule expérience humaine dont je sois sur est la mienne."


Le plus beau texte est sans doute "Genèse", l'épopée d'un jeune Anglais émigré qui s'engage pour la première fois comme cow boy.
Mon préféré est quand même "Guide pratique des oiseaux de l'Ouest" , un texte plein d'ironie , et très autobiographique, qui raconte un dîner au cours duquel la maîtresse de maison cherche des mécènes pour un pianiste maudit, qui tient absolument à le rester.....
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MessageSujet: Re: Wallace Stegner   Wallace Stegner EmptyVen 18 Mai 2007 - 10:35

"Mélancolique, tendre et plein d'humour" dis-tu...
Et sur un autre fil: "- "Le goût sucré des pommes sauvages",ah Stegner ,c'est simple, je l'aime autant qu'Aériale aime James Thiérrée, c'est tout dire "...

Tu m'as convaincue Marie...C'est noté! :)
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MessageSujet: Re: Wallace Stegner   Wallace Stegner EmptyMer 20 Juin 2007 - 13:22

Comme Marie, ma préférence va à "Guide pratique des oiseaux de l'Ouest", la troisième nouvelle, même si "Genèse", la dernière nouvelle, est sans doute le texte le plus fort, émotionnellement parlant.
Dans celle-ci, nous avons surtout l’homme Wallace Stegner alors que dans la troisième nous avons l’écrivain.

"Guide pratique des oiseaux de l'Ouest" fait 70 pages et se lit d’une seule traite, comme s’écoute un récital de virtuose…vocabulaire très riche, excellemment traduit, flottant dans l’air comme autant de parfums d’émotions…toute cette finesse contraste étonnamment avec "Genèse", remplie d’émotions primaires ; l’homme brut et l’écrivain subtil…la puanteur de 5 cow-boys frigorifiés qui se réchauffent au whisky sous une tente dans le blizzard face à la délicatesse de petits fours servis pendant un concert de musique.

Mais si le chemin est différent, nous voyons la même chose dans ses nouvelles, les réactions humaines face à la réalité et le poids de l’expérience pour qui sait être attentif…même si, comme le dit si bien un de ses personnages : « Je ne sais pas trop. Je ne sais si je suis fatigué, ou triste, ou désorienté. Ou peut-être tout simplement irrité de ce que, dans une vie, il ne nous soit pas donné suffisamment de temps pour débrouiller quoi que ce soit. »
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MessageSujet: Re: Wallace Stegner   Wallace Stegner EmptyMer 20 Juin 2007 - 20:19

Ah, je suis très satisfaite,Sous-marin, que tu aies apprécié l'écriture de Wallace Stegner!
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MessageSujet: Re: Wallace Stegner   Wallace Stegner EmptyMar 24 Juil 2007 - 9:06

J'ai terminé "Angle d'équilibre" et mon commentaire est en train d'être écrit. J'ai adoré son écriture et son imaginaire! Je guetterai ses autres titres chez ma libraire et à la bibli!
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MessageSujet: Re: Wallace Stegner   Wallace Stegner EmptyMar 24 Juil 2007 - 12:32

"Angle d'équilibre"


Un vieil universitaire, Lyman Ward, professeur d'histoire à la retraite, unijambiste, ronchon et condamné au fauteuil roulant, se plonge dans le passé de pionnier de des grands-parents. Il épluche, classe, met en mots, recopie les lettres que sa grand-mère adressait à ses amis Thomas et Augusta Hudson, patriciens newyorkais restés dans l'Est.
Oliver Ward est un jeune ingénieur inventif et aventurier qui se lance à corps perdu dans la construction de l'Ouest américain encore sauvage. Il participe à la construction, à la consolidation de mines aurifères ou d'argent, perdues aux frontières montagneuses du monde civilisé: dans le Colorado, le souvenir de Custer face aux Indiens est encore vivace et frais, les hommes sont frustres, peu éduqués, paillards, sans foi ni loi. La dure loi de l'Ouest sauvage règne, les appétits des investisseurs insatiables, l'apport de la civilisation héroïque. Susan Burling Ward, jeune fille de l'Est des années 1860 éduquée par la littérature et les bonnes manières d'une société américaine encore très victorienne (on se croirait parfois au coeur de Londres bien que l'on soit à New York!) et étudiante aux Beaux Arts, suit son époux dans ces contrées encore brutes et sauvages. Elle rêve d'un avenir radieux de réussite et de reconnaissance professionnelle pour son Oliver, hélas toujours en avance sur son temps. En effet, la vie rêvée de succès et d'établissement stable et durable fait long feu: Susan suit la vie errante de son ingénieur de mari, ses angoisses, ses échecs, ses éternels recommencements dans des territoires toujours en devenir. Cependant, en femme déterminée et talentueuse, elle profite de ses pérégrinations de pionnière pour croquer cet Ouest en construction, pour rédiger une correspondance abondante, détaillée et émaillée des menus comme des grands faits de son quotidien. Elle est la reporter privilégiée de ce monde neuf qui se bâtit à la sueur des hommes et des femmes qui ont tout laissé derrière eux. Elle envoie dessins, croquis et textes à diverses revues de l'Est et sans doute offre ainsi à ceux qui demeurent au coeur de la civilisation des frissons d'aventure!

Le lecteur part à la découverte des bâtisseurs de civilisation, de villes, d'états, d'insfrastructures. Il suit, sous la plume épistolaire de Susan et l'oeil fasciné de Stegner, la progression du chemin de fer, la conquête des cols des Rocheuses à la sueur et la mort des animaux de bâts qui crèvent de fièvres et de froid: les chevaux, les ânes et les mules sont les véhicules précieux annonçant la venue du cheval de fer, les chevaux, le chapeau et les pistolets sont les accessoires vitaux de ces pionniers frustres, vivant à la dure et violents.
Stegner, par les yeux et les mots de Susan, peint l'avidité brutale des humains assoiffés de gloire et de richesses: rien ne les fait reculer, pas même la tromperie ni le meurtre, pour accaparer les concessions! Le mythe américain de tous les possibles est à nouveau sur les rails. A travers le regard de son héroïne, si victorienne si est des Etats-Unis, il nous parle de ces rêves qui font avancer et vivre certains bien que le monde tente, sans relâche, de leur mettre les bâtons dans les roues pour qu'ils ne réalisent pas: Oliver est l'icône de l'idéaliste qui ne pense en aucun cas à son enrichissement mais toujours à l'avancée du progrès et de la civilisation (pour transformer, grâce à la construction d'un canal, un désert en champs fertiles). On se demande comment fait Oliver pour survivre à la lente destruction de ses rêves alors que le monde neuf et sauvage n'est que merveilles et richesses! Sans doute Oliver est-il un homme qui ne pense qu'au bien-être d'autrui et à celui de l'Humanité? C'est à dire, un homme qui ne fera jamais fortune sonnante et trébuchante et qui sera, aux yeux des pionniers, assoiffés de gloire et d'or, figure de « raté » alors que ce qui l'intéresse est la richesse intérieure que procure la satisfaction d'un travail bien fait avec honnêteté! Un extra-terrestre en quelque sorte!

Wallace Stegner fait partie des écrivains de l'école du Montana et est considéré par Jim Harisson et Thomas Mcguane « comme leur initiateur à une certaine vision du monde ».
Il a reçu le prix Pulitzer pour « Angle d'équilibre » en 1972 et quelques romans sont publiés en français:
« Angle d'équilibre » « La vie obstinée » « Vue cavalière » et « L'Amérique redécouverte » (recueil de textes de Wallace et de photographies d'Eliot Porter).
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MessageSujet: Re: Wallace Stegner   Wallace Stegner EmptyMer 25 Juil 2007 - 2:47

Je suis toujours contente quand il y a de nouveaux lecteurs de Wallace Stegner!

J'ai récupéré sur un autre forum quelques mots sur The Big Rock Candy Mountain ( La bonne grosse montage en sucre)
traduit de l'anglais ( Etats- Unis ) par Eric Chédaille
Editions Phébus


Ce roman, traduit en 2002, a été écrit trente ans avant Angle d'équilibre. Mais il traite en fait du même thème, analysé avec peut-être moins de recul, et ça se comprend, trente ans de vie aident, quelquefois, à prendre du recul !
C'est une histoire très autobiographique, celle de la famille de cet écrivain américain mort en 1993.
Cette fameuse "candy mountain" représente ce qu'on appelle couramment le "rêve américain", partir de rien et arriver... à quoi, c'est autre chose !
La grande majorité des habitants de ce pays y aspiraient, en tout cas, en ce début de siècle dernier. De là à tous y aboutir....
C'est le récit d'une quête effrénée pour "réussir", en allant toujours plus loin et de manière toujours plus aventurière, du père, donc, de Wallace Stegner, un homme de l'étoffe des premiers pionniers, mais né un peu tard, peut être, alors que la fortune des pionniers est déjà faite, et qu'il ne reste que des miettes à grappiller dans des conditions toujours plus difficiles.
Cet homme traîne derrière lui sa famille, bien obligée de suivre et de s'adapter, sa femme (merveilleux hommage rendu à la femme dans son personnage de mère, le reste est beaucoup plus ambigu) et ses fils, de plus en plus révoltés par les sautes d'humeur d'un père éternellement sujet à des revers de fortune. Un des fils en mourra, et l'autre deviendra universitaire puis écrivain, et son histoire familiale lui servira de trame pour ce premier roman.
A la mort du père, ce fils va lui rendre une sorte d'hommage en écrivant : "Harry Mason était et un enfant et un homme. Quoiqu'il fît jamais, à n'importe quel moment de sa vie, il fut, jusqu'en ses colères, un être mâle de bout en bout, et il fut presque toujours un enfant.
A une époque plus ancienne, en d'autres circonstances, il aurait pu être un individu montré en exemple par la nation toute entière, mais il n'eût été en rien différent. Il n'en fût pas moins resté un être humain au développement imparfait, un animal social immature ; or, plus la nation va de l'avant, moins il y a de place pour ce genre de personnage. Harry Mason vécut avec celle qui fut ma mère et que je révère pour sa bonté, sa douceur, son courage et sa sagesse. Mais j'affirme, en ce jour où sont célébrées les obsèques de cet homme, et en dépit de la haine que j'ai eue pour lui pendant de nombreuses années, qu'il possédait plus de talents, plus de ressources et d'énergie qu'elle. En affinant les qualités de ma mère, on arriverait à la sainteté, jamais à la grandeur. Ses qualités à lui étaient la matière brute à partir de laquelle se construisent les hommes remarquables. Quoique je l'aie toujours détesté, et bien qu'aujourd'hui je ne l'honore ni ne le respecte, je ne peux lui retirer cela...
"

Dans des extraits d'entretiens publiés par le journal Libération en juin 2002, Stegner, parlant de la littérature, écrit :
"Penser qu'il y ait quelque chose de nouveau à dire, à mon sens, ne mène à rien. Ce qui importe, c'est la compréhension toujours plus approfondie de ce qui de tout temps a existé."

C'est ce que, je pense, il a essayé de faire au long de son oeuvre (du même auteur, toujours chez Phebus, deux très beaux romans d'un écrivain plus assagi sinon plus serein, "Vue cavalière" et "La vie obstinée").
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MessageSujet: Re: Wallace Stegner   Wallace Stegner EmptyMer 25 Juil 2007 - 9:49

Il va falloir que je le lise!!!!! j'ai vraiment été conquise par son écriture et sa vision du monde sunny
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MessageSujet: Re: Wallace Stegner   Wallace Stegner EmptyMar 18 Mar 2008 - 1:31

J'en reparlerai plus tard, quand j'aurai relu la vie obstinée, les deux vont ensemble, et ce sont deux livres très personnels de Wallace Stegner, je vais juste recopier deux extraits de Vue cavalière ,dont le titre en anglais est tout à fait différent, et un clin d'oeil à Bix, The Spectator Bird:

Je n'arrive à tenir cette parenthèse danoise ni pour une aventure, ni pour une crise surmontée, ni encore moins pour l'assouvissement de quelque désir bien précis. ce ne fut rien d'autre qu'un épiphénomène de la vie, comme le déjeuner de tout à l'heure: on le rencontre en chemin, on le traverse et il est bientôt derrière soi. Ce moment me fait toucher du doigt à quel point la vie change peu; de quelle façon, sans évènements dramatiques ni décisions cardinales, sans tragédie, sans même de pathos, l'homme raisonnablement doué, raisonnablement bien intentionné, peut franchir dans la longueur la grande cuisine du monde et arriver à l'autre bout avec la faim au ventre.


La représentation la plus exacte que je connaisse de la vie est proposée par Bède le Vénérable: c'est cet oiseau qui entre dans le hall éclairé, y volette quelques instants, puis ressort dans la nuit. Mais Ruth est dans le vrai. Ce n'est pas rien- et cela peut être tout- que de s'être trouvé un compagnon oiseau avec qui se reposer sous les combles pendant qu'au-dessous libations, rodomontades, déclamations et échauffourées vont bon train; un congénère dont on prenne soin, auquel on aille chercher des graines et des vermisseaux; un congénère qui soignera vos bobos, lissera vos plumes ébouriffées et pleurera sur vos plaies et vos bosses quand vous volerez par accident dans quelque chose qui vous dépasse...
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MessageSujet: Re: Wallace Stegner   Wallace Stegner EmptyMar 13 Mai 2008 - 2:17

Je persiste et je signe, je viens de finir de relire La vie obstinée ( All the Little Live Things) traduit de l'américain par Eric Chedaille ( Phébus) , et je crois toujours que Wallace Stegner est un auteur à lire absolument...en tout cas, il me fait toujours autant de bien! J'y retrouve les descriptions de la nature ( ah, les jardins californiens...), la finesse d'analyse de sujets oh combien complexes que sont les conflits de générations, les rapports familiaux avec toutes leurs erreurs- et surtout tous leurs non-dits qui se perpétuent, tout cela sans aucun pathos, avec même de l'humour...
Bix, aide moi à dire pourquoi il faut lire Wallace Stegner!

Donc, les deux volumes La vie obstinée et Vue cavalière sont à lire ensemble. A mon avis.
La Vie obstinée a été publié aux Etats-Unis en 1967 et Vue cavalière (qui a obtenu le National Book Award) en 1976.on y retrouve le même narrateur, Joseph Allston, un homme d'une soixantaine d'années, et sa femme Ruth, un vieux couple lié par une complicité et une tendresse remarquables.
Agent littéraire en retraite, Joe Allston et sa femme se sont retirés dans la campagne californienne, au sud de San Francisco. Comme Wallace Stegner.
Liens rompus avec le passé.. à voir. C'est leur entourage, en particulier deux personnages, un campeur un peu sans gêne et une jeune femme , Marian,qui aime la vie mais est en train de mourir, qui vont donner l'occasion à Joe Allston de voir plus clair en lui-même. Et cela rouvre sans cesse la même blessure que le temps n'a jamais vraiment guérie, la mort du fils et l'incapacité qu'a eue le père à lui manifester son amour, à trouver avec lui le moindre lien.
Cela n'a rien d'un roman ( ou un roman selon la définition de Philippe Forest..), c'est tout à fait autobiographique . Et déchirant de lucidité.

Vue cavalière se situe donc quatre ans plus tard. C'est la lecture par Joe à sa femme d'un journal entrepris, vingt ans avant, lors d'un voyage au Danemark sur les traces de ses origines , sa mère étant une émigrée danoise ( la rencontre avec la baronne Blixen est un régal, on est loin du sourire de Meryl Streep..);
C'est le temps de l'acceptation de ce qui aurait pu être et n'a pas été.
Comment se construit une vie..le hasard bien sûr et d'abord. Et puis, un luxe, les choix. Et la dernière étape, pouvoir accepter de ne pas les regretter..
Bon, mon commentaire ressemble à de la philosophie pour les nuls, mais je vous promets que ce n'est pas du tout le cas de ces deux livres...

Même de son vivant, jamais son apologie d'un perfectionnisme biologique n'a pu me convaincre. Elle n'a jamais réussi à me persuader d'ignorer ou de simplement regarder comme des plaisirs âpres le mal que je ressens dans chaque rouille, charbon, nuisible qui infeste mon jardin- et que pour ma part je ressens comme un crapaud posé sur mon coeur. Songez à la force de vie, oui, mais songez aussi à la part de ténèbres qui s'y tient tapie . Il y a dans le lait de la baleine un élément qui annonce la souffrance et la mort.

Et alors? La flagrante évidence est admise, et puis quoi? Effacerais-je, si je le pouvais, Marian Catlin de ma conscience imparfaite? Renoncerais-je au plaisir de sa compagnie pour m'épargner la tristesse de sa disparition? En reviendrais-je à ma propre solution ,qui était le sommeil crépusculaire, afin d'esquiver la souffrance qu'elle apporta avec elle?

Jamais de la vie. Ainsi donc, malgré quelques grincements de dents, je reconnais la réalité de ma conversion. Il se passe pour moi ce qu'un jour je lui ai dit qu'il se passerait pour sa fille. Je serai, toute ma vie durant, plus riche de ce chagrin.
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MessageSujet: Re: Wallace Stegner   Wallace Stegner EmptyMar 13 Mai 2008 - 11:26

Marie a écrit:
Je persiste et je signe, je viens de finir de relire La vie obstinée ( All the Little Live Things) traduit de l'américain par Eric Chedaille ( Phébus) , et je crois toujours que Wallace Stegner est un auteur à lire absolument...en tout cas, il me fait toujours autant de bien! J'y retrouve les descriptions de la nature ( ah, les jardins californiens...), la finesse d'analyse de sujets oh combien complexes que sont les conflits de générations, les rapports familiaux avec toutes leurs erreurs- et surtout tous leurs non-dits qui se perpétuent, tout cela sans aucun pathos, avec même de l'humour...

Bon...Tu as gagné...Je viens de le noter...une deuxième fois... Wink
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MessageSujet: Re: Wallace Stegner   Wallace Stegner EmptyMar 13 Mai 2008 - 21:15

Moi aussi je l'ai noté, j'avais réussi à résister la première fois, mais pas la deuxième.
Trop forte, Marie diablotin
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MessageSujet: Wallace Stegner   Wallace Stegner EmptyMar 13 Mai 2008 - 21:27

Je pense comme Marie que Stegner est une vraie grande révélation du roman américain. Et qu'il aurait du etre traduit depuis
longtemps, vu qu'il est né au début du siècle dernier et qu'il est un peu le
chainon manquant entre la "Génération perdue" (Faulkner, Hemingway...),
avec E. Welty , C. Mc Cullers, F. O'Connor et des romanciers comme Salinger ou Kennedy Toole...

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MessageSujet: Re: Wallace Stegner   Wallace Stegner EmptyMar 24 Juin 2008 - 17:04

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Vue cavalière
Citation :
4e de couverture :
Un homme qui croit avoir à peu près réussi sa vie rouvre le journal intime qu’il tenait vingt ans plus tôt et s’aperçoit qu’il n’est pas loin d’avoir tout raté. Humour, autodérisions, mélancolie. Et une clairvoyance qui n’hésite pas à appuyer là où ça fait mal.

N’ayant pas fait attention, j’ai pris Vue cavalière comme première lecture de Wallace Stegner, bien que La vie obstinée situe la vie de Joe Allston quelques années plutôt. Après cette lecture, ce sera un plaisir de le retrouver – peut être un peu moins mélancolique, un peu plus dynamique.


Marie a écrit:
C'est le temps de l'acceptation de ce qui aurait pu être et n'a pas été.
Comment se construit une vie..le hasard bien sûr et d'abord. Et puis, un luxe, les choix. Et la dernière étape, pouvoir accepter de ne pas les regretter..
Le temps de l’acceptation oui – mais il se donne assez de mal à accepter.. surtout concernant l’état dans lequel se trouve son corps et bien que je suis consciente qu’à partir de 69 ans on a le droit de parler de sa santé – parfois il en dit un peu trop et surtout avec assez de lamentation qui m’ont fait la lecture pendant ces passages un peu plus dure.


À part cela j’ai bien aimé ce roman, cette écriture et son montage de l’histoire. Enfiler sa vie près de San Francisco comme retraité et le voyage en Danemark 20 ans plutôt est intéressant à lire.
Seulement un tout petit 'mais' pour la fin de l'épisode au Danemark - du moment qu’il parle pour la première fois d’un roman gothique et puis nous décrit en plus une rencontre avec Karen Blixen – ont pouvait s’attendre un peu.. en tout cas je trouve la solution du secret familial des connaissances que lui et sa femme ont fait au Danemark au plus haut niveau gothique – et je ne me suis pas retrouvé dans cette théorie de la ‘race pure’…

Mais concernant l’écriture et sa méthode de raconter une histoire je suis convaincue.. donc.. La vie obstinée m’attend
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MessageSujet: Re: Wallace Stegner   Wallace Stegner EmptyMar 24 Juin 2008 - 18:13

La vie obstinée

Un soixantenaire retraité dans un coin paradisiaque de la Calofornie raconte quelques mois de sa vie, marqués par la figure de Marian, jeune femme rayonnante et remplie de vie, qui va apporter une grande joie dans la vie du vieil homme et de sa femme. Mais Marian va se mourir, apportant encore plus d'amertume dans une vie qui n'en manque pas.

J'avoue ne pas être vraiment rentrée dans cette histoire, le personnage principal m'a terriblement agacé, ce vieil homme grincheux, en train de dénigrer tout le monde, ne s'aimant pas lui même et n'aimant pas les autres. Et j'ai été totalement insensible au charme de Marian.

Alors même si c'est très bien écrit, je suis resté complètement en dehors et je n'ai pas vraiment envie de continuer en lisant Vue cavalière.


(Kenavo, le personnage principal est aussi très mélancolique et peu dynamique dans ce livre-ci, cela semble même ses caractèristiques principales.)
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