Lecture en commun - Yukio Mishima : Après le banquet

tiens, un cookie extra pour toi.. ça va alléger la crève un peu?

kenavo a écrit:

moment assez cruel: quand elle remarque la "main flétrie du vieillard" jusqu'à présent elle n'a pas utilisé ce mot pour son mari! et la comparaison avec l'orchidée tâchée de rouge..

Oui, elle se rend compte de pas mal de choses sur son mari, elle le voit enfin tel qu'il est puisque son rêve et ses illusions sont dissipées en fait, elle redescend sur terre (tout au long du roman, on a pu voir à quel point elle se "faisait des films" sur tout). .
Surtout dans le chapitre 17, où elle ressent la défaite exactement à la manière de son mari, elle se rend compte que les idéaux sont vaincus par la puissance de l'argent.
D'ailleurs hier je la trouvais hypocrite à ce sujet, là je comprends mieux, elle ne faisait pas la même utilisation de cet argent.
Dans ce chapitre elle comprend bien mieux son mari, le fait qu'il veuille trouver la sérénité dans sa retraite. Mais plus elle le comprend plus, plus elle se rend compte qu'il n'est pas fait pour elle. Et elle peut alors le trahir sans trop de remords, en allant demander l'argent du parti adverse pour rouvrir son restaurant.

kenavo a écrit:

tiens, un cookie extra pour toi.. ça va alléger la crève un peu?

waouh, c'est génial ça, merci! Mais c'est bien trop joli pour être mangé.

Nezumi a écrit:

D'ailleurs hier je la trouvais hypocrite à ce sujet, là je comprends mieux, elle ne faisait pas la même utilisation de cet argent.
Dans ce chapitre elle comprend bien mieux son mari, le fait qu'il veuille trouver la sérénité dans sa retraite. Mais plus elle le comprend plus, plus elle se rend compte qu'il n'est pas fait pour elle. Et elle peut alors le trahir sans trop de remords, en allant demander l'argent du parti adverse pour rouvrir son restaurant.

oui, d'accord avec tout cela..
le chapitre 17 est très joli.. un de mes préférés.. cette balade dans le nouveau quartier.. et le fait qu'elle arrête de l'idéaliser mais le voit tel qu'il est.. ils arrivent à se parler.. on ressent enfin aussi un certain calme..

et oui, le chouette-cookie/cookie-chouette est vraiment trop joli pour manger..

Eh oui.. faut le terminer quand même un jour.. bien que c'est étrange de quitter ce livre qui m'a tenu compagnie si longtemps

Le chapitre 18 et 19 nous montrent une Kazu bien déterminée de reprendre sa vie en main et de faire ce qu'elle sait faire le mieux: retourner à l'Ermitage, mettre toute son énergie dans le succès de cette maison et même si l'idée d'une tombe familiale si tentante la hante encore pendant un court moment, ce n'est pas près de Nogushi qu'elle veut terminer sa vie..

Je termine cette lecture avec une image de (comment pourrait-il être autrement ) Kawase Hasui



Kazu qui, même se retrouvant seule, poursuit un chemin vers une lumière qui lui garantit encore de belles années à venir.. et je ressors contente pour elle

Merci à Shanidar de nous avoir donné envie de lire ce livre, et merci à Nezumi (Aériale et Marko nous ont quittés trop top ) d'avoir été près de moi pour disséquer ce roman le plus joliment

Tu as bien fait de mettre cette image, c'est exactement celle que j'avais en tête pour la dernière promenade de Noguchi et Kazu, qui comme tu le dis est un des plus beaux moments du livre.
Je te rejoins pour le reste dans la soirée.

Maintenant va falloir commencer le sevrage de Mishima.

Nezumi a écrit:

Maintenant va falloir commencer le sevrage de Mishima.

oui..

Le chapitre 17 apporte son lot de révélations importantes qui nous font comprendre pas mal de choses (il était temps )…
D’abord que c’était Genki qui était à l’origine du pamphlet salissant la réputation de Kazu ou du moins on peut le penser. Est-ce qu’il l’a fait pour se venger que Kazu soit passée à l’ennemi en épousant Noguchi?
Et à propos de Noguchi, on apprend clairement ce qui l’attirait en Kazu : pour lui c’était un challenge de transformer cette femme, l’éduquer en lui enseignant ses principes moraux à l’ancienne. Et que c’était l’impossibilité de cette tâche qui le motivait encore plus. Bien complexes, nos personnages, mais on les comprend mieux.
On apprend aussi pourquoi Kazu était si obsédée par l’idée d’avoir quelqu’un qui s’occupe de sa tombe après sa mort, car elle est si pleine de vitalité que la mort l’épouvante.
Et comme d’hab, la comparaison insolite quand même ! Ni son esprit ni son corps ne supportaient plus toutes sortes d’incertitudes. Tremblotant comme un morceau de fruit dans une gelée, il attendait le moment où la gélatine durcirait.

Dans le chapitre 18, Yamazaki éclaircit encore mieux les choses en parlant de l’union Noguchi-Kzau comme une "contre-façon de bonheur", un échec mais qui s’est heureusement terminé, et surtout parce que la défaite aux élections leur a révélé qui ils étaient l’un à l’autre :
Vous avez sans doute eu raison de retourner à un sang chaud et à une vitalité humaine et M.Noguchi à ses idéaux élevés et à de beaux principes. Il peut paraître cruel de dire cela, mais aux yeux d’un tiers, tout a retrouvé sa place, tous les oiseaux sont revenus à leur perchoir.
Lui aussi (Yamazaki), sa lettre permet de comprendre mieux ce qui l'attire en politique (une sorte d'ivresse qui permet d'échapper aux problèmes humains ?).

Voilà, tout est dit. Kazu peut rouvrir son beau restaurant et peut-être une idylle s’amorce avec Yamazaki (il semble bien prévenant à la fin).
En fait ce roman est la chronique d’un divorce annoncé en somme, et le thème finalement assez inhabituel car je crois que c’est un des rares (seuls?) livres que j’aie lus qui traite d’histoires sentimentales de seniors.

Nezumi a écrit:

Le chapitre 17 apporte son lot de révélations importantes qui nous font comprendre pas mal de choses (il était temps )…

chapitre 18
oui, on reçoit quand même des réponses pour quelques questions et ce n'est vraiment pas trop tard

Nezumi a écrit:

D’abord que c’était Genki qui était à l’origine du pamphlet salissant la réputation de Kazu ou du moins on peut le penser. Est-ce qu’il l’a fait pour se venger que Kazu soit passée à l’ennemi en épousant Noguchi?

tout à fait possible

Nezumi a écrit:

Et à propos de Noguchi, on apprend clairement ce qui l’attirait en Kazu : pour lui c’était un challenge de transformer cette femme, l’éduquer en lui enseignant ses principes moraux à l’ancienne. Et que c’était l’impossibilité de cette tâche qui le motivait encore plus. Bien complexes, nos personnages, mais on les comprend mieux.

il parle de sa "passion éducatrice" et que Kazu n'avait pas assimilé un de ses enseignements.. cela ne pourrait qu'aboutir à l'échec..

Nezumi a écrit:

On apprend aussi pourquoi Kazu était si obsédée par l’idée d’avoir quelqu’un qui s’occupe de sa tombe après sa mort, car elle est si pleine de vitalité que la mort l’épouvante.

on le savait déjà tout au long du livre et je suis bien contente qu'elle s'est libérée de cette idée.. tandis que les raisons de Noguchi étaient moins claires

Nezumi a écrit:

Voilà, tout est dit. Kazu peut rouvrir son beau restaurant et peut-être une idylle s’amorce avec Yamazaki (il semble bien prévenant à la fin).

je pense aussi que c'est une idée de Mishima.. en tout cas leur dernière rencontre dans la voiture (chapitre 18) laisse déjà prévoir une telle option..

Nezumi a écrit:

En fait ce roman est la chronique d’un divorce annoncé en somme, et le thème finalement assez inhabituel car je crois que c’est un des rares (seuls?) livres que j’aie lus qui traite d’histoires sentimentales de seniors.

de même

Et voilà l'illustration du jour, le portrait de Noguchi, qui est tout fatigué et stressé à la fin:


Nèfle du Japon, fruit traditionnel japonais, immergé dans une gelée à base de jus de fruits, le Saisaika

et on va terminer cette lecture sur une telle image?!!

Oui, le chap.18, au temps pour moi!

kenavo a écrit:

on le savait déjà tout au long du livre et je suis bien contente qu'elle s'est libérée de cette idée.. tandis que les raisons de Noguchi étaient moins claires

En effet, Noguchi est un personnage bien plus complexe que Kazu. malgré son comportement assez extravagant, celle-ci reste assez compréhensible au fond, une femme qui suit ses coups de coeur de façon impulsive. Mais le Noguchi, il est vraiment étrange, "plus il prônait ses principes, plus il obligeait inconsciemment cette femme à les profaner", comme si c'était l'échec qui le motivait. A se demander s'il n'a pas voulu se planter aussi aux élections pour pouvoir se retirer à la campagne et mener cette vie de poète-philosophe toute simple.

Nezumi a écrit:

A se demander s'il n'a pas voulu se planter aussi aux élections pour pouvoir se retirer à la campagne et mener cette vie de poète-philosophe toute simple.

en rétrospective, on pourrait le lui reprocher, oui

kenavo a écrit:

et on va terminer cette lecture sur une telle image?!!

mais non mais non.
Voici le nouveau parc de Kazu!


En tout cas merci à toi pour cette LC étonnante et bien agréable comme toujours, ainsi qu'à Shanidar pour l'idée de cette lecture qui m'a assez réconciliée avec Mishima !

Nezumi a écrit:

Voici le nouveau jardin de Kazu!

ah oui.. il fallait terminer avec ce jardin..


(et en revenant sur l'image de ma couverture:



elle va toujours me rappeler l'Ermitage.. et cette lecture en commun)