Thomas H. Cook

j'aurai dû préciser en effet.

oui Marko en effet, j'ai mis un avis très bref après mon résumé (comme je fais souvent !) mais j'ai beaucoup aimé l'atmosphère du livre.
Je te l'aurais volontiers envoyé, mais il ne semble pas être chez moi...

krys a écrit:

oui Marko en effet, j'ai mis un avis très bref après mon résumé (comme je fais souvent !) mais j'ai beaucoup aimé l'atmosphère du livre.
Je te l'aurais volontiers envoyé, mais il ne semble pas être chez moi...

C'est gentil mais je l'ai trouvé entre temps

Je te remercie de m'avoir fait découvrir Les feuilles mortes que j'ai dévoré. C'est tout à fait l'ambiance que j'aime : doutes, réflexions sinistres ou désabusées, secret familial, fin amère. Parfait !!!

krys a écrit:

Je te remercie de m'avoir fait découvrir Les feuilles mortes que j'ai dévoré. C'est tout à fait l'ambiance que j'aime : doutes, réflexions sinistres ou désabusées, secret familial, fin amère. Parfait !!!

ça... pour être amère la fin... Gluppps

Le dernier Thomas H Cook, Les Leçons du Mal ("Master of delta" en anglais), est sorti et a de très bons échos... Livre de vacances en perspective.



Présentation de Thomas H Cook himself:

Les leçons du mal recrée un mode de vie qui a disparu: celui du sud des Etats-Unis avant les mouvements des droits civiques. L'ordre social dominant s'était bâti autour de divisions de classes et de races où la vieille aristocratie détenait le pouvoir et se sentait la noble obligation de donner en retour aux communautés sur lesquelles elle exerçait une domination. J'ai voulu créer un tel personnage, l'investir d'un acte de nobesse, puis raconter comment cet acte bien intentionné tourne affreusement mal.
Les leçons du mal raconte en quoi pareille bonne fortune peut être à double tranchant, et à quelles imprévisibles atrocités elle peut mener. Pour moi, ç'a été un retour à mes origines, à la fois en tant qu'homme et en tant qu'écrivain, et l'un de mes voyages littéraires les plus émouvants.

En lisant l'annonce de Marko, je me suis souvenue que je n'avais pas posté mon com' de chaîne de lecture sur ce fil...

-Les Feuilles mortes-

Ce roman qui se présente sous forme de polar est plutôt prétexte à une réflexion fine et glaçante sur les rapports familiaux. Un roman brillant en tout cas, qui m'a tenue en haleine d'entrée, par sa construction ingénieuse -on se doute dès les premières pages qu'il y a eu drame mais on ne sait pas exactement quoi- et son analyse très fine sur le fragile équilibre reliant les membres d'un même foyer.
Eric est photographe, sa vie est parfaitement ordonnée, son bonheur patiemment construit. De son atelier sortent des clichés qui réflètent un monde souriant, des familles, des visages heureux figés dans l'instant. Mais derrière tout cela qu'y a t'il? Où se cachent les imperfections, les non dits? Ou se situe la vérité lorsque les certitudes tombent.

Thomas H Cook en observateur maniaque et pointilleux va nous faire rentrer dans le psychisme de son personnage en partant de cette froide journée où tout s'écroule. Il revit ces retours au passé en scrutant chaque détail, en analysant chaque attitude, et tente de comprendre ce qui a provoqué sa faillite. Le récit qu'il nous donne se double des parallèles de sa propre histoire, constat terrible d'une enfance bâtie sur des non-dits et des faux semblants.

Comment accepter cet autre que l'on voudrait soi et qui nous semble soudain étranger, jusqu'où peut aller cet amour lorsque le doute s'insinue. Et qui est il vraiment d'ailleurs ?Autant de questions sur lesquelles Eric bute, vacille, et manque de sombrer. Blessures, suspicion, lâchetés: on nage en eaux troubles, et le malaise qui finit par étreindre le héros devient aussi le nôtre.
Une totale réussite. Grand merci à Marko pour cette superbe découverte, j'ai vraiment été scotchée par ce suspense du début à la fin. Un livre que je vous recommande très vivement pour ceux qui ne le connaissent pas encore!

Les leçons du mal
traduit de l'anglais ( Etats-Unis) par Philippe Loubat- Delranc

En exergue:

Vois combien les hommes sont prompts à blâmer les dieux.
C'est de nous, disent-ils, que leur viennent leurs maux,
Alors que ce sont eux-mêmes,
par leur folie et leur aveuglement,
Qui s'attirent plus de malheurs qu'il n'était ordonné.

Homère, L'Odyssée

C'est un roman qui dépasse encore une fois le cadre du polar.De nouveau, ThomasH. Cook aborde le thème de la famille, des relations père-fils, de la transmission ( en particulier des tares) à travers l'histoire d'un enseignant d'une petite ville du Mississipi, qui a choisi d'aborder avec ses élèves les figures du Mal dans l'histoire. Dans cette classe, un élève assez discret attire l'attention de cet enseignant, son père a été tué en prison le premier jour de son incarcération pour viol, tortures et assassinat d'une étudiante.. Peu à peu, des liens se créent , et c'est le professeur qui va, plein de bonnes intentions- puisqu'il croit ainsi pouvoir délivrer l'adolescent de ce qui le mine- lui conseiller d'écrire sur son père .
Les bonnes intentions et le mal qui peut en découler, voilà en fait le thème,bien sûr.
Il y a de très bonnes choses dans ce roman, et si j'avais été moi aussi très déçue par Les instruments de la nuit et Les ombres du passé,j'ai retrouvé l'ambiance que j'avais aimée dans Les feuilles mortes. C'est lent, il y a de constants mélanges entre passé et présent qui finissent par dévoiler progressivement l'histoire dans une construction assez bien menée.
Quelques pirouettes un peu rapides à mon goût ( que je n'avais peut être pas remarquées dans Les feuilles mortes?) font de temps en temps hausser le sourcil, mais , au final, c'est un bon cru à emporter sans problèmes en vacances!

Les feuilles mortes

Merci Aériale pour cette belle lecture

« Le soupçon est un acide. Il ronge tout ce qu’il touche. Il s’attaque à la surfce des choses en y laissant une marque indélébile. »
Voilà un thriller comme je les aime : il se lit vite, non pas parce qu’il est une coquille vide, mais parce qu’il contient ce petit quelque chose en plus qui fait qu’il vous colle aux mains comme les feuilles mortes collent à vos chaussures.
L’intrigue est ce qu’elle est, je n’en dirai rien de plus. C’est l’atmosphère qui se dégage de ce livre, et par conséquent de cette famille qui retient toute notre attention ici.
Une famille qui au départ semble d’une grande banalité voit ses failles révélées par une affaire dont on ne trouvera la résolution qu’au dernier moment.
Entre temps, c’est le psychologique qui prend le dessus, plus qu’une enquête à proprement dit. C’est ici le doute, la suspicion qui est au cœur de l’histoire. Le lecteur aussi doute, pense avoir la solution….
Parce qu’au fond on ne connait jamais vraiment l’autre, surtout quand il vit sous son toit .Et quand un jour la confiance s’ébranle, sans que l’on puisse apporter des arguments tangibles, c’est tout l’équilibre d’une famille qui vacille.
C’est le père qui narre, tout au long de ces 25 chapitres idéalement répartis en 4 parties. Chaque partie étant introduite par les pensées du père que l’on devine postérieurs aux faits.

Les feuilles mortes

Un peu déçue par ce thriller psychologique, où le suspense m'a saisie, mais… j’ai trouvé la psychologie un peu lourde, et j'ai souvent eu l'envie de botter les fesses au narrateur : « allez, va lui parler, fais ceci, téléphone, arrête de tourner en rond, bouge-toi… ».
Cependant des notations intéressantes sur le doute, l'attente qu'on a vis-à-vis de ceux qu'on aime, la facilité du déni des situations douloureuses.

Ai je révé Marko ,ou hier soir tu me demandais en quoi la psychologie était un peu lourde et ce matin le message a disparu? Comme j'ai préparé ma réponse je la poste quand même.

Je n'ai plus le livre sous les yeux puisque je l'ai rendu à la bibliothèque, et cela va m'empêcher d'aller dans les détails, mais en gros voilà :
au début, le narrateur est un homme formidablement satisfait. Il parle de ses 2 familles celle où il a grandi très heureux et celle qu'il a construite, on a l'impression qu’il nous dit qu'il est réellement comblé et ne peut pas espérer plus grande sérénité : sa femme qui l’aime et qu'il aime, son fils qu'il adore.
Et puis survient la disparition d'Amy, qui lui fait douter de son fils, il comprend qu'il ne l'a jamais aimé que celui-ci l'a toujours déçu et là dans un enchaînement interprétatif, sans doute une grande bouffée d'angoisse, il « comprend » des choses de son enfance qui a finalement été atroce non pas seulement pour les choses connues (le décès de sa soeur d'une tumeur cérébrale, la mort tragique de sa mère), mais aussi pour des choses qu’il découvre petit à petit, ou s’imagine dans une espèce de délire interprétatif : irascibilité et égocentrisme de son père qu’il va jusqu'à accuser d'avoir assassiné la mère, inaptitude au monde de son frère dont il suppose qu'il aurait plus ou moins violé leur sœur sur son lit de mort…

La, j'ai trouvé que c'était un peu trop, car si c'est simplement du déni, il m’ a paru exagéré, et le contracte vraiment fort et si c'est un épisode de psychotique, il est un peu curieux qu’il s'arrête brutalement au bout de quelques jours avec un retour à la rationalité alors même que les traumatismes psychologiques se multiplient.
Voila ce qui m'a gênée. C'est mon point de vue mais comme le suspense est fort bien mené, je comprends très bien qu'on puisse adhérer parfaitement à ce récit.

Oui j'avais bien posé la question mais je préférais finalement parler de son dernier roman traduit (Mémoire assassine) pour rebondir sur ce que tu disais et que je partage au moins un peu en partie. Mais en partie seulement.



Dans Mémoire assassine le narrateur adulte se souvient du massacre perpétré par son propre père une trentaine d'années auparavant. La mère, le frère et la soeur sont morts et le père a disparu dans la nature. Une femme vient l'interroger car elle s'intéresse aux hommes qui ont tué leur famille et elle le pousse à se replonger dans son passé pour tenter de cerner la psychologie de ce père énigmatique. On sent bien l'intérêt que Thomas Cook porte à l'illusion du souvenir et cela peut par moment sembler artificiel lorsque le narrateur est pris soudainement d'hypermnésie et se met à trouver une multitude d'indices là où il ne voyait auparavant que banalité.

Or, malgré tout, c'est bien ce qui se passe lorsqu'on découvre qu'un pan de notre vie contenait des éléments qui nous étaient cachés en partie. Une femme qui découvre que son mari entretenait une liaison depuis des mois ou des années, une mère qui se rend compte que sa fille a été abusée sexuellement par le père sans qu'elle ait su voir (ou voulu voir)... A chaque fois lorsque la vérité est révélée on se met à refaire le film de sa vie et à traquer le mensonge en percevant tous les signes qui se mettent à faire sens. Parfois à juste titre, parfois par excès. On rentre vite dans un "délire" d'interprétation.

Dans Les Feuilles mortes (qui ne reste qu'un thriller brillant sans ambitionner d'être un grand roman psychologique), ce qui est intéressant c'est que le narrateur rentre dans cette spirale seulement sur la base d'un doute. Un doute qui contamine tout son champ mental et lui fait remettre en question autant sa vie actuelle (en tant que père, en tant que mari) que sa vie passée. C'est non seulement plausible (sans qu'il soit pour autant vraiment psychotique) mais plutôt bien construit. Face à un stress aussi considérable il fait émerger ses propres défenses paranoïaques et découvre peu à peu des "vérités" dont certaines le sont peut-être par excès. Il y a une part d'artifice évidemment mais Thomas Cook est quand même très fort pour nous plonger dans cette tempête sous un crâne et pour nous manipuler un peu. En tant que thriller c'est très au-dessus du lot.

Si tu reviens ce que j'avais écrit, j'ai parlé de " un peu déçue" et "psychologie un peu lourde". Je ne pense pas du tout avoir trouvé ce roman mauvais, juste émis quelques réserves. Par ailleurs la réflexion que tu m'as poussé à avoir sur ce livre fait que je l'apprécie sans doute plus qu'au départ. Donc c'était une bonne question!

topocl a écrit:

Si tu reviens ce que j'avais écrit, j'ai parlé de " un peu déçue" et "psychologie un peu lourde". Je ne pense pas du tout avoir trouvé ce roman mauvais, juste émis quelques réserves. Par ailleurs la réflexion que tu m'as poussé à avoir sur ce livre fait que je l'apprécie sans doute plus qu'au départ. Donc c'était une bonne question!

Je viens de lire les 2 premiers chapitres de ce dernier roman publié de Thomas H Cook mais qui est en fait un ouvrage de 1996 "The Chatham school affair" qui lui avait valu un Edgar Award. On est tout de suite dans une ambiance cinématographique mystérieuse. 1926, Nouvelle-Angleterre, une atmosphère de bord de mer avec une petite ville de province résidentielle comme dans Tree of Life, un phare qui domine la commune face à une côte sauvage et tourmentée, une forêt sombre et un petit cottage où vient s'installer une nouvelle et très belle institutrice, un établissement scolaire pour garçons où un drame va se dérouler ... Ambiance de roman gothique apparemment un peu inspiré des Hauts de Hurlevent. Je sens que ça va me plaire et donc... je continue!