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| Thomas Pynchon | |
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Auteur | Message |
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Sydney Envolée postale
Messages : 166 Inscription le : 14/10/2008
| Sujet: Thomas Pynchon Ven 24 Oct 2008 - 11:49 | |
| wikipédia: - Citation :
- Thomas Ruggles Pynchon Junior (né le 8 mai 1937 à Glen Cove dans l'État de New York) est un écrivain américain connu pour ses œuvres mélangeant absurde et érudition.
Originaire de Long Island, il commença des études d'ingénieur à l'université Cornell mais arrêta à la fin de sa deuxième année pour rejoindre l'US Navy dans laquelle il passa deux ans. Il retourna à Cornell en 1957 pour suivre des études de lettres.
Après la publication de quelques nouvelles à la fin des années 1950 et au début des années 1960, il a publié six romans qui l'ont rapidement classé parmi les écrivains contemporains les plus commentés : V. (1963), Vente à la criée du lot 49 (1966), L'arc en ciel de la gravité (1973), Vineland (1990), Mason et Dixon (1997) et, Contre-jour (2008). Pynchon est aussi connu pour son refus de toute apparition publique : depuis les années 1950, très peu de photographies de son visage ont été publiées, ce qui a alimenté de nombreuses rumeurs, allant jusqu'à remettre en cause la réalité de son identité.
En 1997, peu après la publication de Mason & Dixon, il fut traqué et filmé par CNN. Irrité par cette invasion de sa vie privée, il accepta de donner une interview en échange de la non-diffusion de ces photographies. Lorsqu'on l'interrogea sur sa nature recluse, il répondit : « Je crois que reclus est un mot de code utilisé par les journalistes et qui signifie qui n'aime pas parler aux reporters ».
Le critique littéraire, Harold Bloom, a cité Thomas Pynchon comme un des plus grands romanciers américains de son temps, de pair avec Don DeLillo, Philip Roth et Cormac McCarthy. BibliographieRomans1985 V., 1987 Vente à la criée du lot 49, Pages 2, 31987 L'Arc-en-ciel de la gravité 1991 Vineland, Pages 52001 Mason & Dixon, Pages 1, 4, 2008 Contre-jour, Pages 2, 4, 2010 Vice caché, 4, 2014 Fonds perdus, Recueil de Nouvelles1985 L'homme qui apprenait lentement, Pages 3, 4, Essais sur Pynchon Face à Pynchon, Page 2, Fluctua: - Citation :
- V. (1963)
Quête mystique et investigation historique, roman de débauches comiques et de généalogies terrifiantes, V. est le chef d'œuvre d'un jeune homme à la culture historique, scientifique et littéraire hors du commun, doublée d'un goût prononcé pour le baroque et le tarabiscoté. Balzac, Henry James, Melville, Joyce, Borges et Tex Avery viennent immédiatement à l'esprit, mais aussi (et surtout) Raymond Roussel, José Lézama Lima, Carlo Emilio Gadda et Yumeno Kyusaku, ses frères français, cubain, italien et japonais. S'il n'avait écrit que V., Pynchon serait un mythe. Mais il n'a pas écrit que V....
Vente à la criée du lot 49 (1966) Roman d'investigation dense et complexe, Vente à la criée du lot 49 est aussi un texte où Thomas Pynchon confronte la connaissance humaine à ses propres biais, à ses propres limites. Ou comment une enquête criminelle entraîne son héroïne dans les ténèbres du doute infini.
L'Arc-en-ciel de la Gravité (1973) Le roman auprès duquel V. peut faire figure de passe-temps. Oubliez tout ce que vous savez, ou croyez savoir, sur le XXe siècle, la seconde guerre mondiale, la bombe, Pavlov, les statistiques, la parapsychologie, l'espionnage, King Kong, Fritz Lang, le sexe et l'Allemagne. Vos connaissances historiques seront de toutes façons trop fragiles, trop convenues, pour affronter ce livre. Celui qui pourrait lire L'Arc-en-ciel de la gravité serait en mesure de ré-imaginer l'humanité, l'amour, la poésie. Mais quel homme en fut réellement capable à ce jour ?
L'Homme qui apprenait lentement (1985) Livre mineur. Recueil de nouvelles s'échelonnant entre 1959 et 1964, soit peu de temps après V., son premier roman. A lire après le reste de l'œuvre, mis à part Sous la rose qui permet d'éclaircir un chapitre de V., et la très belle préface, seul texte autobiographique officiel de Thomas Pynchon.
Vineland (1990) Poursuivant l'alternance roman fou / roman simple (V. / Vente à la criée du lot 49 / L'Arc-en-ciel de la gravité), Vineland reprend une narration plus continue et souple, et raconte ce que sont les années 1960 devenues. « Where did the freaks go ? » chantait Wild Man Fischer. Vineland apporte un début de réponse, et nous informe des nouvelles luttes.
Mason & Dixon (1996) L'histoire réinventée par le Révérend Cherrycoke des astronomes Mason & Dixon, dont la mission fut en 1763 de tracer la ligne séparant le Maryland de la Pennsylvanie. Ecrit dans un style pastichant la littérature du XVIIIe siècle (et, en particulier, Sterne), Mason & Dixon est une application à la matière romanesque de la période néo-classique de Stravinski.
Il vient également de publier Contre-jour aux éditions du Seuil. Pour ma part, je commence tout juste V., après avoir lu Vente à la criée... qui m'a beaucoup impressionné par son traitement de la paranoia (L'un des thèmes central de l'œuvre de Pynchon), et par la qualité de sa narration (parfois très complexe), qui m'a laissé, au final, à la fois admiratif et frustré (frustration que je ressens également , en tant qu'aspirant écrivain, en lisant Céline ou en ce moment avec McCarthy), devant la finesse du phrasé. J'avoue aussi être complètement "apeuré" devant L'arc-en-ciel de la gravité, acheté récemment, que je n'arrive pas à commencé, effrayé par tout ce que j'ai pu lire à son propos et à celui de Pynchon lui même. Il est vrai que, contrairement à (j'ai l'impression) pas mal de monde ici, je m'intéresse vivement à la vie des auteurs au delà de leurs œuvres. Et le mythe qui entoure l'arc-en-ciel... et son auteur forment pour moi un barrage que j'ai du mal à franchir pour l'instant. Peut-être après V. (considéré comme "le meilleur premier roman de l'histoire de la littérature" d'après Elfriede Jelinek dans le collectif Face à Pynchon) aurai-je plus de courage... - Citation :
- Index mis à jour le 15/06/2016 page 5
Dernière édition par Sydney le Ven 24 Oct 2008 - 14:34, édité 1 fois | |
| | | Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
| Sujet: Re: Thomas Pynchon Ven 24 Oct 2008 - 12:01 | |
| YoupaliYoupala ! Un fil sur Pynchon ! Sur que ça va m'encourager à faire remonter Vente à la criée tout en haut de ma PAL. Et tout ce que tu en dis Sydney me plait bien en plus. (tu vois, savoir des trucs sur l'auteur, ça crée des barrières des fois... Surtout pour Pynchon peut être, qui est si secret.) | |
| | | eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Thomas Pynchon Ven 24 Oct 2008 - 12:32 | |
| Vente à la criée est très lisible, très singulier, très mystérieux (le système postal...).
Ses autres romans... je ne sais pas. J'ai lu quelque part que si l'on n'est pas agrégé dans plein de domaines (littéraires, historiques, etc.), on passe côté de pas mal de choses.
J'ai aussi entendu - à propos de L'Arc-en ciel de la Gravité - que le texte en anglais est nettement meilleur (la traduction n'est pas aisée) que celui en français, mais que vu la difficulté du texte en v.o., il faut un très excellent niveau en anglais pour comprendre.
Mason & Dixon a été un best-seller aux USA, mais cela a été plus un phénomène de mode : un livre de salon plutôt qu'un livre de chevet. Imaginez : 900 pages écrits en anglais du XVIII° siècle... combien l'auront vraiment lu jusqu'au bout ? Et comment traduire un tel livre ? | |
| | | Sydney Envolée postale
Messages : 166 Inscription le : 14/10/2008
| Sujet: Re: Thomas Pynchon Ven 24 Oct 2008 - 12:36 | |
| Eric Miles Williamson dans un article du magazine Transfuge dit à propos de Pynchon: - Citation :
- "Quiconque déclare avec intégralement compris L'arc-en-ciel de la gravité est un menteur"
"Il est tellement plus intelligent que la plupart d'entre nous, qu'il est impossible que quiconque (même avec un Doctorat en poche) termine une roman de Pynchon sans avoir l'impression d'être le dernier des idiots. Il est possible que Pynchon soit trop génial".
Il le place aussi à égalité, au panthéon des artistes américains, avec Hemingway, Faulkner, Poe, Twain et Melville. Sam Thomas, concernant L'arc-en-ciel de la gravité dit: - Citation :
- "Le roman de Pynchon est déjà célèbre pour son expérimentation linguistique, ses systèmes de connaissance ésotérique et la façon dont il démantèle le temps et l'espace [...]. Il est impossible de transcrire l'envergure du style de Pynchon en quelques mots. L'arc-en-ciel de la gravité est une œuvre encyclopédique, qui prolifère et possède divers points d'entrées et de sorties [...]. Cela demeure un jalon de la littérature américaine, un roman épique, carnavalesque, d'une ambition folle, qui retrace le réalignement du pouvoir globale à travers le théâtre de la guerre [...].
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| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Thomas Pynchon Ven 24 Oct 2008 - 13:06 | |
| C'est trop impressionnant...Je ne me sens pas à la hauteur de telles lectures... | |
| | | Nathria Sage de la littérature
Messages : 2867 Inscription le : 18/06/2008 Age : 57
| Sujet: Re: Thomas Pynchon Ven 24 Oct 2008 - 13:07 | |
| Voilà plusieurs années que je tourne autour de cet auteur sans le lire... Mais je pense que je vais finir par me décider pour un titre! Comme tu le soulignes ExPie, la traduction doit jouer son rôle... Je vais jeter un oeil aux diverses quatrième... | |
| | | eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Thomas Pynchon Ven 24 Oct 2008 - 14:21 | |
| Je crois que c'est dans Le Masque et la plume qu'il était fait mention de la rumeur selon laquelle Pynchon ne serait pas UN écrivain, mais un groupement d'écrivains, ce qui expliquerait la taille des livres, et le champ immense de la culture embrassé par ses romans. Un homme, c'est humain, mais un groupement d'homme, ça peut devenir inhumain. Ces romans nous sont-ils destinés ? Il paraîtrait même que Pynchon se ferait aider par des nains… mais ce n'est qu'une rumeur… | |
| | | Sydney Envolée postale
Messages : 166 Inscription le : 14/10/2008
| Sujet: Re: Thomas Pynchon Ven 24 Oct 2008 - 14:31 | |
| Une rumeur selon laquelle il serait en fait J.D. Salinger a aussi couru. Pynchon y aurait répondu: "Not bad. Keep trying" | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Thomas Pynchon Ven 24 Oct 2008 - 14:34 | |
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Thomas Pynchon Ven 24 Oct 2008 - 15:31 | |
| Son dernier roman Contre-jour est mon prochain sur la liste, je vous tiens au courant |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Thomas Pynchon Ven 24 Oct 2008 - 15:55 | |
| Reste-t-il sincèrement du plaisir à lire de telles digressions incessantes comme si on lisait une compilation d'articles scientifiques, économiques, politiques...? Je n'aime pas trop dans les livres ces passages hyper documentés qui donnent le sentiment d'une profonde érudition et d'un vertige mais qui me paraissent toujours me détourner de l'essentiel du récit. J'aime la magie des mots et même si la sienne est évidente, elle demande un tel effort que je décroche. Mason et Dixon m'est tombé des mains! Malgré tout il y a une force narrative et stylistique indéniable. J'ai réussi à accrocher à V. par exemple mais je n'arrive pas encore à y trouver un vrai plaisir. Peut-être dans quelques années... | |
| | | Le Bibliomane Zen littéraire
Messages : 3403 Inscription le : 21/02/2007 Age : 58 Localisation : Bretagne
| Sujet: Re: Thomas Pynchon Ven 24 Oct 2008 - 16:47 | |
| J'ai lu il y a quelques temps "Mason & Dixon" et voici les impressions que j'en avais retirées :
La quatrième de couverture m'avait tout de suite séduit :
« 1786, à Philadelphie. En visite chez sa soeur, le Révérend Cherrycoke entreprend de raconter à ses neveux les aventures de deux astronomes anglais, Charles Mason et Jeremiah Dixon qui, vingt-cinq ans plus tôt, avaient été chargés par la Royal Society d'observer au Cap, le passage de Vénus, avant de se retrouver embarqués, à partir de 1763, dans une incroyable odyssée au coeur de l'Amérique du Nord, où ils ont pour mission de tracer d'est en ouest une ligne absolument rectiligne de huit mètres de large, qui devra séparer le Maryland et la Pennsylvanie, et ce à la demande de Lord Baltimore et de Thomas Penn, les héritiers respectifs de ces deux provinces. Les deux compères – le mélancolique Mason et le sanguin Dixon, le veuf inconsolable et le coureur de jupons – ne savent pas, bien sûr que cette ligne portera un jour leurs noms et symbolisera plus tard la funeste frontière entre les Etats de l'Union et le Sud pro-esclavagiste. Epiés par des conspirateurs de tous bords, surveillés par les indiens ou traqués par l'énigmatique jésuite Zarpazo – le « loup de Jesus » ! - Mason et Dixon vont fréquenter aussi bien George Washington, Benjamin Franklin et Samuel Johnson qu'un homme-castor, un chinois féru de feng shui, un canard mécanique amoureux d'un cuisinier français, un golem des bois et quelques bizarres croisés... Thomas Pynchon signe là une véritable épopée drôlatique, tourmentée et prodigieusement inventive, truffée de majuscules en hommage à la littérature anglaise du XVIIIe siècle et baignée par cette étrange brume érotique qui envahit le ciel quand Vénus l'éclaire de sa lueur. "Mason & Dixon" a été salué à sa sortie comme l'un des sommets du roman contemporain. »
Inutile de dire que j'ai tout de suite emprunté cet imposant roman ( 767 pages d'une écriture serrée) à la bibliothèque, étant un fervent amateur de ce style de romans dont font partie « L'île du jour d'avant » d'Umberto Eco, « Le courtier en tabac » de John Barth ou plus récemment « Les Arpenteurs du Monde » de Daniel Kehlmann.
Je commence la lecture et apprécie d'emblée l'écriture ample et généreuse qui s'offre à moi dès la première page :
« Les Boules de neige ont tracé leur Arc, étoilé les flancs des dépendances, comme ceux des cousins, emporté les couvre-chefs dans la Brise qui souffle de la Delaware, - on rentre les luges, leurs patins sont soigneusement essuyés et graissés, on dépose les souliers au fond du Vestibule, s'ensuit une descente en chaussettes sur la vaste Cuisine, à dessein en grand branle depuis le matin, ponctuée par le tintement des couvercles des diverses casseroles et marmites d'où montent des Odeurs d'épices, de fruits pelés, de graisse de rognon, de sucre chauffé, - les enfants, ayant tous prestement, au Rythme enlevé de la cuiller dans la pâte, soutiré et dérobé, à force de cajoleries ce qu'ils pouvaient, se réfugient, comme chaque après-midi de cet Avent neigeux, dans une pièce confortable sise à l'arrière de la Maison et livrée depuis des années à leurs insouciants Assauts. Ici, l'on a entreposé une longue table de menuisier tout éraillée, flanquée de deux bancs désassortis, appartenant à la branche familiale du Comté de Lancaster, - du mobilier Chippendale de médiocre ouvrage, comprenant une façon du célèbre Sopha chinois, avec un haut dais à l'abondante étoffe pourpre facile à déployer afin d'aménager une tente douillette et pénombreuse, - quelques chaises dépareillées expédiées d'Angleterre avant la Guerre, - la plupart en pin et merisier, fort peu en acajou, hormis une sinistre et merveilleuse table de jeu qui offre cette médiocre fibre en forme de vagues que les ébénistes nomment Coeur Errant, et qui est la cause d'une Illusion de profondeur que les enfants ont contemplée pendant des années comme s'il s'agissait des pages illustrées d'un Livre ... ainsi que d'innombrables charnières, mortaises à coulisse, loquets cachés, et compartiments secrets que ni les jumeaux ni leur Soeur ne sauraient prétendre avoir tous explorés. »
Le style, inspiré de la littérature du XVIIIè siècle, ne peut que me séduire. La syntaxe, volontairement alambiquée, richement colorée, truculente même, me laisse augurer de délicieuses heures de lecture. Friand de prose rabelaisienne, de cette littérature opulente, plantureuse et amphigourique dont j'aime à me régaler dans les romans de Lawrence Norfolk, Sterne, Combescot et Fuentes, je me suis lancé avec une extrême jubilation dans la lecture de « Mason&Dixon. »
Las! Il m'a fallu déchanter très vite. Certes, les aventures cocasses et drolatiques de nos deux astronomes anglais m'ont souvent fait sourire, les situations extravagantes et les personnages pittoresques, tels que décrits sur la quatrième de couverture, abondent et se succèdent en un incessant mascaret qui finit par donner le vertige. L'écriture, finement ciselée, baroque à souhait, classe Thomas Pynchon parmi les plus adroits prosateurs de notre époque, un hybride de Henry Fielding et de James Joyce. Pourtant je l'avoue, j'ai peiné à lire ce roman. Malgré l'aspect anecdotique du récit ainsi que le propos, plein de surprises et d'inventions, l'écriture de Pynchon, à force d'effets stylistiques, de phrases tarabiscotées, et de considérations hermétiques, je me suis senti submergé, noyé sous un déluge phraséologique à la limite de l'intelligible, une prose ardue et nébuleuse qui oblige à une lecture heurtée et incessamment contrainte à des retours en arrière afin de ne pas perdre le fil conducteur d'une narration qui s 'évertue à embrouiller la compréhension immédiate du texte :
« Rebekah, dont les paupières ne battent jamais, car là où tout est Poussière la Poussière ne sera plus, l'affronte sur des surfaces non tant « aléatoires » qu'illégales, - sans être réglées par une fin ou un dessein apparents, - dans la pénombre de l'attention divine, enfin, si cela ne vous dérange pas de comparer son Regard à une Eclipse du Soleil. Les Eaux vives, - Mason essaie d'aller pêcher chaque fois qu'il le peut, car il est difficile de savoir ce que le prochain gué lui proposera, - les abysses rocheux et les flancs de montagne, les feuilles dans le vent qui annoncent la tempête... Des ombres de ferronnerie ouvragée sur un mur...la croûte craquelée des miches sortant du four...Sur les sentiers des guerriers Indiens qui mènent aux triomphes, aux captivités et à la Mort, dans les ruelles envahies par la végétation de villages abandonnés en fin de journée, dans la rouille finissante du ciel embrasé, au plus fort du vent, elle se dresse, guettant l'instant où lui parler. Qu'a-t-elle d'autre à lui dire? Il est depuis longtemps à court de reparties. « Ainsi donc je ne suis point elle, mais une Représentation. Cette Chose », - elle ne dira pas « la Mort ». « Je suis détenue ici, en cette Chose...dont mon corps tout ce temps était capable et où il me conduisait, et qu'il portait en lui aussi sûrement que l'autre Chose, celle que nos corps pourraient faire, ensemble... », elle ne dira pas « l'Amour ». A-t-elle oublié ces Mots, en ces lieux où les Langues se sont tues, et où ni eux ni elles ne sont nécessaires? »
Malgré la beauté formelle du texte, l'élaboration savante de chaque phrase, les références culturelles, historiques, scientifiques, philosophiques et religieuses qui parsèment celui-ci, l'attention du lecteur se dilue dans ce flot torrentiel et finit par se perdre.
« Mason&Dixon », ce monument d'érudition, ce chef-d-oeuvre de la littérature contemporaine, est un roman qui se laisse difficilement appréhender. Comme pour « Ulysse » de Joyce, l'écriture en est ardue, hermétique et semblera pour certains rédhibitoire.
Bien conscient de la valeur intrinsèque de ce roman et du grand talent de Thomas Pynchon, je ne peux qu'avouer mon inacapacité à apprécier pleinement les subtilités de cette oeuvre, ne retenant seulement que la narration surréaliste de l'odyssée hallucinante et picaresque de Charles Mason & Jeremiah Dixon. | |
| | | Marie Zen littéraire
Messages : 9564 Inscription le : 26/02/2007 Localisation : Moorea
| Sujet: Re: Thomas Pynchon Ven 24 Oct 2008 - 20:14 | |
| - Citation :
- je m'intéresse vivement à la vie des auteurs au delà de leurs œuvres.
Après les avoir lus? Par exemple pour Céline? As tu commencé par le lire, puis tu t'es intéressé à sa vie, ou l'inverse? Au sujet de la traduction, n'est ce pas toujours Christophe Claro qui traduit Pynchon? Comme Vollmann et Mark.Z. Danielewski? Un des meilleurs traducteurs actuel, dit-on.. Le blog de Claro ici | |
| | | Nathria Sage de la littérature
Messages : 2867 Inscription le : 18/06/2008 Age : 57
| Sujet: Re: Thomas Pynchon Sam 25 Oct 2008 - 8:07 | |
| Merci d'avoir posté ton ressenti, Biblio pour "Mason & Dixon"... Je m'orienterai pour une première lecture vers un recueil de nouvelles. J'imagine que ça me donnera une idée... "L'homme qui apprenait lentement" sans doute. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Thomas Pynchon Sam 25 Oct 2008 - 10:49 | |
| Il semblerait que le plus accessible, plus court et linéaire soit Vente à la criée du lot 49 ... ? Je vais vais tenter. |
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: Thomas Pynchon | |
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| | | | Thomas Pynchon | |
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