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| Dennis Cooper | |
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Auteur | Message |
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willself Espoir postal
Messages : 36 Inscription le : 30/07/2010 Age : 43 Localisation : ailleurs
| Sujet: Re: Dennis Cooper Jeu 14 Oct 2010 - 21:36 | |
| J'ai donc lu Closer et suis très partagé. Dès le début j'ai pensé aux premiers romans d'Ellis, Les lois de l'attraction (son plus réussi à mon avis) en particulier. Il s'agit d'un roman choral dans lequel les personnages, des étudiants pas tous homos mais au moins bi (la gent féminine est quasi absente), s'expriment alternativement soit à la première personne soit par le biais d'un narrateur. Bref rien de bien neuf sur le plan formel, je m'attendais à une structure plus éclatée. Le blondinet aime (il vaudrait mieux écrire est fasciné par, mais ce sont les personnages qui disent aimer) Alex qui aime Cliff qui aime George qui aime John qui lui n'aime personne puisqu'il est un artiste en devenir. Lors de leurs rapports l'aimé s'efforce de réduire l'aimant à sa dimension de corps qu'il utilise por mettre en scène des ébats pornographiques, tentant, sans grand succès, d'éviter toute dimension affective. En parallèle, l'aimant, passif, "se fait des films", grâce auxquels il s'essaie à dévaluer l'aspect physique au profit d'un improbable "supplément d'âme" (ce qui fait dire à Alex, après sa première relation avec Cliff, comparant leur coït à un cliché porno queer : "Je veux dire, on regarde une photo, ça nous excite, et pourtant on reste lucide. Tandis que là, ce que tu m'as fait m'a tellement troublé que je ne sais plus où j'en suis". Alors que, précisément, le désir d'Alex est de réduire leurs jeux à une image de ce genre, froide, dépersonnalisée.) J'ai eu le sentiment que l'auteur n'avait pas grand-chose d'autre à dire. Seul le personnage de George surnage un peu, mais l'explication de ses pratiques sexuelles par des relations incestueuses m'a paru un peu pauvre et guère originale. L'écriture est très blanche, bien adaptée à l'indifférence des personnages. Cooper n'en rajoute pas dans les scènes plus violentes qui parlent d'elle-mêmes. Pour ceux que ces question intéresseraient, le roman n'est nullement pornographique. Preuve en est, alors que je ne suis d'ordinaire pas insensible aux récits d'ébats entre garçons, je n'ai eu une légère érection qu'en arriavnt à une des scènes finales, pour des raisons pas entièrement liées au texte Au final, je crois avoir besoin d'un second échantillon pour saisir l'intérêt véritable de l'auteur. Après tout il s'agissait là de sa première tentative. Petite citation, tirée d'une scène (très réussie) où un George sous acide expérimente de nouvelles pratiques avec un homme mûr qui lui injecte un produit : "C'est juste de la novocaïne, comme ça je vais pouvoir te découper sans provoquer d'émotions inutiles." Délicate attention, pensa George" | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Dennis Cooper Ven 15 Oct 2010 - 0:43 | |
| - willself a écrit:
- Pour ceux que ces question intéresseraient, le roman n'est nullement pornographique. Preuve en est, alors que je ne suis d'ordinaire pas insensible aux récits d'ébats entre garçons, je n'ai eu une légère érection qu'en arriavnt à une des scènes finales, pour des raisons pas entièrement liées au texte
Ce ne sont effectivement pas des fictions pour alimenter des fantasmes masturbatoires ou alors il faudrait être sacrément perturbé. En tout cas dans "Salopes" je n'ai ressenti que de l'effroi. - willself a écrit:
- Petite citation, tirée d'une scène (très réussie) où un George sous acide expérimente de nouvelles pratiques avec un homme mûr qui lui injecte un produit : "C'est juste de la novocaïne, comme ça je vais pouvoir te découper sans provoquer d'émotions inutiles." Délicate attention, pensa George"
Voilà un sentiment noble et très altruiste en effet! Ce qui m'intrigue chez Dennis Cooper c'est cette obsession malsaine et forcément révoltante pour ce fantasme ultime visant à détruire l'objet du désir qui revient manifestement à chaque fois. Il y a quelque chose de l'ordre du cannibalisme ou de la dévoration dans cette façon qu'il a de montrer l'attirance pour des jeunes gens les plus "parfaits" possibles, angéliques et presque "purs" selon ses propres critères, avec l'envie non seulement de les posséder mais aussi de les dégrader, de les détruire. Chez lui la sexualité ne peut être qu'un rapport de force dont il montrerait la véritable finalité en l'absence du refoulement. Mais tout se joue à un niveau fantasmatique et non dans le réel (heureusement... quoi que les tueurs en série soient de terribles exceptions). Et je me dis que soit il veut exorciser par des fictions ses propres pulsions sadomasochistes et pédophiles (ce qui en ferait quelqu'un de très inquiétant et de condamnable) soit il tente de créer des paraboles horrifiques pour montrer la véritable nature de nos pulsions sexuelles bien humaines (et non animales justement) en montrant la perversité que la conscience engendrerait si ces pulsions ne subissaient aucune censure. Je ne suis pas moi-même suffisamment intéressé par ce sujet pour aller plus loin mais je me demande ce qu'il cherche vraiment à travers ces récits abominables. Est-ce vraiment intéressant d'ailleurs? Je n'en suis pas sûr. Mais que cette littérature existe me trouble. Finalement c'est une sorte de Sade moderne à l'heure d' internet et des sms. | |
| | | | Dennis Cooper | |
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