Des jours et des nuits à Chartres- de Henning Mankell-

-Des jours et des nuits à Chartres-

De Henning Mankell · Traduction Terje Sinding -
Mise en scène Daniel Benoin au TNN-
Création en France

Avec Olivier Sitruk, Fanny Valette, Juliette Roudet, Gaële Boghossian, Paul Chariéras, Paulo Correia, Bastien Bouillon
Décor Jean-Pierre Laporte



La pièce débute dans le studio de Robert Capa, aux murs sont affichées la plupart de ses célèbres photos. On est juste au sortir de la guerre et Capa parle des souvenirs qui y sont liés, sa manière de" fixer l'insondable". Son regard s'arrête sur celle de Chartres et cette toute jeune femme qui fuit une foule haineuse, son enfant dans les bras, le crâne à vif. Elle s'appelait Simone, elle était couturière, et comme toutes les filles de 18 ans allait danser le soir pour oublier la guerre...

Le reste, le photographe l'imagine, des flash backs nous replongent dans les différentes étapes de son triste parcours. Fraîche et insouciante avec son amie, craintive puis amoureuse de son soldat allemand, finalement bloquée dans sa cellule où un jeune FFI la tyrannise. "On avait promis qu'on ne serait pas comme eux" lui rappelle désespérement son camarade. Tout est là dans ce huis clos où la vengeance raciale, la haine et la folie des hommes se bousculent, foulant au pied ce rempart qui les différencie des bêtes sauvages: le respect de l'autre.

C'est une belle réflexion sur ce qui fait de l'homme un bourreau, ce moment où il bascule dans la violence, la force du jugement populaire, ce qui fait loi un temps pour sombrer dans l'oubli plus tard, bref tout un panel de ce sentiment populaire si difficile à déterminer et surtout si malléable.

J'espère que cette belle pièce passera un peu partout en France, Henning Mankell l'a écrite pour nous. "C'est votre histoire, elle doit être jouée chez vous tout d'abord".
Les acteurs sont tous excellents de Fanny Valette (La petite Jérusalem)dont le jeu est si tendu qu'elle en casse sa voix parfois, à Olivier Sitruk qui joue le rôle de Capa (et celui de Hans l'allemand) en passant par le père, Bastien Bouillon, et les décors superbes. Si vous avez l'occasion, n'hésitez pas, c'est un pur bonheur!