Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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Parfum de livres… parfum d’ailleurs

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 Chartres (Eure et Loire)

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MessageSujet: Chartres (Eure et Loire)   Chartres (Eure et Loire) EmptySam 25 Sep 2010 - 15:44

Petite escapade dans le calme, au volant d'un mini bolide, les kilomètres s'avalent aisément. Et après un peu plus d'une heure et demie de route, voilà que je découvre Chartres.

C'est un peu le hasard qui m'a mené là-bas, je devais passer une nuit dans le coin, une journée à Versailles, il me restait une journée à "tuer", Chartres étant la seule ville dont le nom me disait quelque chose, ça a été l'étape.

Et quelle étape !

Non mais c'est Superbe comme ville !

D'abord c'est super calme (le centre ville historique n'est quasiment que piéton), il y a peu de monde, les magasins ferment encore entre 12h et 14h (ça donne un peu l'impression de ville morte mais ce n'était pas désagréable), les gens sont ultra sympathiques, polis, souriants.

Si vous connaissez bien cette ville, ou ce qui l'entoure, hésitez pas à compléter ce fil ! Je pense que j'y retournerais un de ces quatre. Ça m'a requinquée.

En attendant... les photos vont suivre !
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MessageSujet: Re: Chartres (Eure et Loire)   Chartres (Eure et Loire) EmptySam 25 Sep 2010 - 16:03

Arrivée près de Chartres, au loin la seule chose qu'on voit, c'est la cathédrale, sûr de sûr on arrive dans la bonne ville :

Chartres (Eure et Loire) 23_24_10

C'est étonnant d'ailleurs de la voir se détacher aussi bien cette église !
Toute la ville a été bâtie autour d'elle, elle est énorme, majestueuse, et elle ne rentre jamais dans le cadre de l'appareil photo !

Chartres (Eure et Loire) 23_24_11

Chartres (Eure et Loire) 23_24_12

De petites rues qui montent, qui descendent, pas mal de passages, de Tertres qui ont été transformés en escalier : au début c'est tout Schön mais au bout d'un moment ça crève !

Chartres (Eure et Loire) 23_24_13

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traversay
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MessageSujet: Re: Chartres (Eure et Loire)   Chartres (Eure et Loire) EmptySam 25 Sep 2010 - 16:12

Bien qu'habitant à 70 km, j'y suis allé rarement, moins souvent qu'à Blois ou Tours, par exemple. La cathédrale est une merveille absolue et le vieux Chartres adorable. Et pour être calme, c'est calme ! Un peu trop, à mon goût, pour y habiter.
Une petite ville superbe, dans le même département : Chäteaudun.
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MessageSujet: Re: Chartres (Eure et Loire)   Chartres (Eure et Loire) EmptySam 25 Sep 2010 - 16:13

Ça creuse drôlement ces montées et descentes, alors une petite pause s'impose... Étrangement, on s'arrête dans un Estaminet (peut-être pour nous donner un avant goût de la Belgique... !!)


Chartres (Eure et Loire) 23_24_20

Et Hop, une bière locale, brassée à quelques kilomètres de Chartres :

Chartres (Eure et Loire) 23_24_21

Elle existe dans toute la gamme de couleur, et elle est franchement bonne, avec un goût prononcé qui reste en bouche.


Et puis, comme il est 13h30-14h, et que la plupart des magasins sont fermés jusqu'à 15h, on zone un peu dans les rues piétonnes commerçantes vides :

Chartres (Eure et Loire) 23_24_22 - Chartres (Eure et Loire) 23_24_23
(Tiens ça existe encore les magasins Singer!)

Et puis BAM, on tombe enfin sur tous les commerçants de la ville : ils déjeunent bruyamment sur les deux places situés en plein centre :

Chartres (Eure et Loire) 23_24_24
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MessageSujet: Re: Chartres (Eure et Loire)   Chartres (Eure et Loire) EmptySam 25 Sep 2010 - 16:15

traversay a écrit:
Bien qu'habitant à 70 km, j'y suis allé rarement, moins souvent qu'à Blois ou Tours, par exemple. La cathédrale est une merveille absolue et le vieux Chartres adorable. Et pour être calme, c'est calme ! Un peu trop, à mon goût, pour y habiter.
Une petite ville superbe, dans le même département : Chäteaudun.

Le truc, c'est quand on vient de Paris, et qu'on a envie de coupure avec le bouillonnement de la ville, c'est idéal, et c'est tellement tout choukinou que l'impression de calme ne donne pas la sensation de mort. Une nuance qui doit être soulignée.


Ah tiens, j'ai vu Chateaudun sur la carte, ce nom me disait quelque chose, mais je n'arrive pas à retrouver pourquoi. Je note, pour une prochaine expédition, pourquoi pas !
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MessageSujet: Re: Chartres (Eure et Loire)   Chartres (Eure et Loire) EmptySam 25 Sep 2010 - 16:28

Bon, jusqu'à maintenant, vous vous dites peut-être : ouais ok, une chouette cathédrale, et un centre ville historico-calme, et après ?

Voilà l'après : une ville où l'Eure se balade.

Chartres (Eure et Loire) 23_24_25 - Chartres (Eure et Loire) 23_24_26 - Chartres (Eure et Loire) 23_24_27 -
Chartres (Eure et Loire) 23_24_28

La cathédrale, (un peu jalouse ?) qui tente de ramener son clocher. Histoire de ne pas oublier qui est la star ?

Chartres (Eure et Loire) 23_24_29


Chartres (Eure et Loire) 23_24_30 - Chartres (Eure et Loire) 23_24_31 - Chartres (Eure et Loire) 23_24_32
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MessageSujet: Re: Chartres (Eure et Loire)   Chartres (Eure et Loire) EmptySam 25 Sep 2010 - 16:35

C'est super nice, ceux qui habitent au bord de l'eau à mon avis ils sont pas près de déménager et en plus les petits canots pour se balader sur la rivière c'est chouette
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MessageSujet: Re: Chartres (Eure et Loire)   Chartres (Eure et Loire) EmptySam 25 Sep 2010 - 16:40

Pointes d'humour et d'hospitalité chartrain :

Chartres (Eure et Loire) 23_24_33

Chartres (Eure et Loire) 23_24_34

Chartres (Eure et Loire) 23_24_35

Chartres (Eure et Loire) 23_24_36

Pour preuve :

Chartres (Eure et Loire) 23_24_37
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MessageSujet: Re: Chartres (Eure et Loire)   Chartres (Eure et Loire) EmptySam 25 Sep 2010 - 16:44

Et ils ont une vraie chouette librairie, j'ai trouvé. Étonnamment grande, installée à moitié dans une sorte de cour intérieure, avec des libraires qui avaient l'air de vouloir partager leur amour de la lecture.

L'esperluette ça s'appelait - malheureusement je n'ai pas pris de photo.
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MessageSujet: Re: Chartres (Eure et Loire)   Chartres (Eure et Loire) EmptySam 25 Sep 2010 - 16:53

Tu l'as vue la nuit aussi la ville ? car elle est bien mise en valeur je crois me souvenir , avec les réverbères , les éclairages indirects
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MessageSujet: Re: Chartres (Eure et Loire)   Chartres (Eure et Loire) EmptySam 25 Sep 2010 - 17:10

Il y a eu tout l'été des illuminations de nuit...

Chartres c'est aussi de merveilleux conerts d'orgue le dimanche am à la cathédrale et c'est la ville du vitrail avec des ateliers de restauration et de création

Mais quelle tristesse cette ville beauceronne, le dimanche d'hiver ou l'après midi entre 13/15h s'il ne fait pas beau avec le vent qui tourne !

Chateaudun et Orléans sont assez près ainsi qu'Illiers-Combray si cher à Marcel Proust..


Chartres: ce sont les poèmes de Peguy.


Présentation de la Beauce à Notre-Dame de Chartres

Étoile de la mer voici la lourde nappe
Et la profonde houle et l’océan des blés
Et la mouvante écume et nos greniers comblés,
Voici votre regard sur cette immense chape

Et voici votre voix sur cette lourde plaine
Et nos amis absents et nos cœurs dépeuplés,
Voici le long de nous nos poings désassemblés
Et notre lassitude et notre force pleine.

Étoile du matin, inaccessible reine,
Voici que nous marchons vers votre illustre cour,
Et voici le plateau de notre pauvre amour,
Et voici l’océan de notre immense peine.

Un sanglot rôde et court par-delà l’horizon.
À peine quelques toits font comme un archipel.
Du vieux clocher retombe une sorte d’appel.
L’épaisse église semble une basse maison.

Ainsi nous naviguons vers votre cathédrale.
De loin en loin surnage un chapelet de meules,
Rondes comme des tours, opulentes et seules
Comme un rang de châteaux sur la barque amirale.

Deux mille ans de labeur ont fait de cette terre
Un réservoir sans fin pour les âges nouveaux.
Mille ans de votre grâce on fait de ces travaux
Un reposoir sans fin pour l’âme solitaire.

Vous nous voyez marcher sur cette route droite,
Tout poudreux, tout crottés, la pluie entre les dents.
Sur ce large éventail ouvert à tous les vents
La route nationale est notre porte étroite.

Nous allons devant nous, les mains le long des poches,
Sans aucun appareil, sans fatras, sans discours,
D’un pas toujours égal, sans hâte ni recours,
Des champs les plus présents vers les champs les plus proches.

Vous nous voyez marcher, nous sommes la piétaille.
Nous n’avançons jamais que d’un pas à la fois.
Mais vingt siècles de peuple et vingt siècles de rois,
Et toute leur séquelle et toute leur volaille

Et leurs chapeaux à plume avec leur valetaille
Ont appris ce que c’est que d’être familiers,
Et comme on peut marcher, les pieds dans ses souliers,
Vers un dernier carré le soir d’une bataille.

Nous sommes nés pour vous au bord de ce plateau,
Dans le recourbement de notre blonde Loire,
Et ce fleuve de sable et ce fleuve de gloire
N’est là que pour baiser votre auguste manteau.

Nous sommes nés au bord de ce vaste plateau,
Dans l’antique Orléans sévère et sérieuse,
Et la Loire coulante et souvent limoneuse
N’est là que pour laver les pieds de ce coteau.

Nous sommes nés au bord de votre plate Beauce
Et nous avons connu dès nos plus jeunes ans
Le portail de la ferme et les durs paysans
Et l’enclos dans le bourg et la bêche et la fosse.

Nous sommes nés au bord de votre Beauce plate
Et nous avons connu dès nos premiers regrets
Ce que peut receler de désespoirs secrets
Un soleil qui descend dans un ciel écarlate

Et qui se couche au ras d’un sol inévitable
Dur comme une justice, égal comme une barre,
Juste comme une loi, fermé comme une mare,
Ouvert comme un beau socle et plan comme une table.

Un homme de chez nous, de la glèbe féconde
A fait jaillir ici d’un seul enlèvement,
Et d’une seule source et d’un seul portement,
Vers votre assomption la flèche unique au monde.

Tour de David voici votre tour beauceronne.
C’est l’épi le plus dur qui soit jamais monté
Vers un ciel de clémence et de sérénité,
Et le plus beau fleuron dedans votre couronne.

Un homme de chez nous a fait ici jaillir,
Depuis le ras du sol jusqu’au pied de la croix,
Plus haut que tous les saints, plus haut que tous les rois,
La flèche irréprochable et qui ne peut faillir.

C’est la gerbe et le blé qui ne périra point,
Qui ne fanera point au soleil de septembre,
Qui ne gèlera point aux rigueurs de décembre,
C’est votre serviteur et c’est votre témoin.

C’est la tige et le blé qui ne pourrira pas,
Qui ne flétrira point aux ardeurs de l’été,
Qui ne moisira point dans un hiver gâté,
Qui ne transira point dans le commun trépas.

C’est la pierre sans tache et la pierre sans faute,
La plus haute oraison qu’on ait jamais portée,
La plus droite raison qu’on ait jamais jetée,
Et vers un ciel sans bord la ligne la plus haute.

Celle qui ne mourra le jour d’aucunes morts,
Le gage et le portrait de nos arrachements,
L’image et le tracé de nos redressements,
La laine et le fuseau des plus modestes sorts.

Nous arrivons vers vous du lointain Parisis.
Nous avons pour trois jours quitté notre boutique,
Et l’archéologie avec la sémantique,
Et la maigre Sorbonne et ses pauvres petits.

D’autres viendront vers vous du lointain Beauvaisis.
Nous avons pour trois jours laissé notre négoce,
Et la rumeur géante et la ville colosse,
D’autres viendront vers vous du lointain Cambrésis.

Nous arrivons vers vous de Paris capitale.
C’est là que nous avons notre gouvernement,
Et notre temps perdu dans le lanternement,
Et notre liberté décevante et totale.

Nous arrivons vers vous de l’autre Notre-Dame,
De celle qui s’élève au cœur de la cité,
Dans sa royale robe et dans sa majesté,
Dans sa magnificence et sa justesse d’âme.

Comme vous commandez un océan d’épis,
Là-bas vous commandez un océan de têtes,
Et la moisson des deuils et la moisson des fêtes
Se couche chaque soir devant votre parvis.

Nous arrivons vers vous du noble Hurepoix.
C’est un commencement de Beauce à notre usage,
Des fermes et des champs taillés à votre image,
Mais coupés plus souvent par des rideaux de bois,

Et coupés plus souvent par de creuses vallées
Pour l’Yvette et la Bièvre et leurs accroissements,
Et leurs savants détours et leurs dégagements,
Et par les beaux châteaux et les longues allées.

D’autres viendront vers vous du noble Vermandois,
Et des vallonnements de bouleaux et de saules.
D’autres viendront vers vous des palais et des geôles.
Et du pays picard et du vert Vendômois.

Mais c’est toujours la France, ou petite ou plus grande,
Le pays des beaux blés et des encadrements,
Le pays de la grappe et des ruissellements,
Le pays de genêts, de bruyère, de lande.

Nous arrivons vers vous du lointain Palaiseau
Et des faubourgs d’Orsay par Gometz-le-Châtel,
Autrement dit Saint-Clair ; ce n’est pas un castel ;
C’est un village au bord d’une route en biseau.

Nous avons débouché, montant de ce coteau,
Sur le ras de la plaine et sur Gometz-la-Ville
Au-dessus de Saint-Clair ; ce n’est pas une ville ;
C’est un village au bord d’une route en plateau.

Nous avons descendu la côte de Limours.
Nous avons rencontré trois ou quatre gendarmes.
Ils nous ont regardé, non sans quelques alarmes,
Consulter les poteaux aux coins des carrefours.

Nous avons pu coucher dans le calme Dourdan.
C’est un gros bourg très riche et qui sent sa province.
Fiers nous avons longé, regardés comme un prince,
Les fossés du château coupés comme un redan.

Dans la maison amie, hôtesse et fraternelle
On nous a fait coucher dans le lit du garçon.
Vingt ans de souvenirs étaient notre échanson.
Le pain nous fut coupé d’une main maternelle.

Toute notre jeunesse était là solennelle.
On prononça pour nous le Bénédicité.
Quatre siècles d’honneur et de fidélité
Faisaient des draps du lit une couche éternelle.

Nous avons fait semblant d’être un gai pèlerin
Et même un bon vivant et d’aimer les voyages,
Et d’avoir parcouru cent trente-et-un bailliages,
Et d’être accoutumés d’être sur le chemin.

La clarté de la lampe éblouissait la nappe.
On nous fit visiter le jardin potager.
Il donnait sur la treille et sur un beau verger.
Tel fut le premier gîte et la tête d’étape.

Le jardin était clos dans un coude de l’Orge.
Vers la droite il donnait sur un mur bocager
Surmonté de rameaux et d’un arceau léger.
En face un maréchal, et l’enclume, et la forge.

Nous nous sommes levés ce matin devant l’aube.
Nous nous sommes quittés après les beaux adieux.
Le temps s’annonçait bien. On nous a dit tant mieux.
On nous a fait goûter de quelque bœuf en daube,

Puisqu’il est entendu que le bon pèlerin
Est celui qui boit ferme et tient sa place à table,
Et qu’il n’a pas besoin de faire le comptable,
Et que c’est bien assez de se lever matin.

Le jour était en route et le soleil montait
Quand nous avons passé Sainte-Mesme et les autres.
Nous avancions déjà comme deux bons apôtres.
Et la gauche et la droite était ce qui comptait.

Nous sommes remontés par le Gué de Longroy.
C’en est fait désormais de nos atermoiements,
Et de l’iniquité des dénivellements :
Voici la juste plaine et le secret effroi

De nous trouver tout seuls et voici le charroi
Et la roue et les bœufs et le joug et la grange,
Et la poussière égale et l’équitable fange
Et la détresse égale et l’égal désarroi.

Nous voici parvenus sur la haute terrasse
Où rien ne cache plus l’homme de devant Dieu,
Où nul déguisement ni du temps ni du lieu
Ne pourra nous sauver, Seigneur, de votre chasse.

Voici la gerbe immense et l’immense liasse,
Et le grain sous la meule et nos écrasements,
Et la grêle javelle et nos renoncements,
Et l’immense horizon que le regard embrasse.

Et notre indignité cette immuable masse,
Et notre basse peur en un pareil moment,
Et la juste terreur et le secret tourment
De nous trouver tout seuls par devant votre face.

Mais voici que c’est vous, reine de majesté,
Comment avons-nous pu nous laisser décevoir,
Et marcher devant vous sans vous apercevoir.
Nous serons donc toujours ce peuple inconcerté.

Ce pays est plus ras que la plus rase table.
À peine un creux du sol, à peine un léger pli.
C’est la table du juge et le fait accompli,
Et l’arrêt sans appel et l’ordre inéluctable.

Et c’est le prononcé du texte insurmontable,
Et la mesure comble et c’est le sort empli,
Et c’est la vie étale et l’homme enseveli,
Et c’est le héraut d’arme et le sceau redoutable.

Mais vous apparaissez, reine mystérieuse.
Cette pointe là-bas dans le moutonnement
Des moissons et des bois et dans le flottement
De l’extrême horizon ce n’est point une yeuse,

Ni le profil connu d’un arbre interchangeable.
C’est déjà plus distante, et plus basse, et plus haute,
Ferme comme un espoir sur la dernière côte,
Sur le dernier coteau la flèche inimitable.

D’ici vers vous, ô reine, il n’est plus que la route.
Celle-ci nous regarde, on en a bien fait d’autres.
Vous avez votre gloire et nous avons les nôtres.
Nous l’avons entamée, on la mangera toute.

Nous savons ce que c’est qu’un tronçon qui s’ajoute
Au tronçon déjà fait et ce qu’un kilomètre
Demande de jarret et ce qu’il faut en mettre :
Nous passerons ce soir par le pont et la voûte

Et ce fossé profond qui cerne le rempart.
Nous marchons dans le vent coupés par les autos.
C’est ici la contrée imprenable en photos,
La route nue et grave allant de part en part.

Nous avons eu bon vent de partir dès le jour.
Nous coucherons ce soir à deux pas de chez vous,
Dans cette vieille auberge où pour quarante sous
Nous dormirons tout près de votre illustre tour.

Nous serons si fourbus que nous regarderons,
Assis sur une chaise auprès de la fenêtre,
Dans un écrasement du corps et de tout l’être,
Avec des yeux battus, presque avec des yeux ronds,

Et les sourcils haussés jusque dedans nos fronts,
L’angle une fois trouvé par un seul homme au monde,
Et l’unique montée ascendante et profonde,
Et nous serons recrus et nous contemplerons.

Voici l’axe et la ligne et la géante fleur.
Voici la dure pente et le contentement.
Voici l’exactitude et le consentement.
Et la sévère larme, ô reine de douleur.

Voici la nudité, le reste est vêtement.
Voici le vêtement, tout le reste est parure.
Voici la pureté, tout le reste est souillure.
Voici la pauvreté, le reste est ornement.

Voici la seule force et le reste est faiblesse.
Voici l’arête unique et le reste est bavure.
Et la seule noblesse et le reste est ordure.
Et la seule grandeur et le reste est bassesse.

Voici la seule foi qui ne soit point parjure.
Voici le seul élan qui sache un peu monter.
Voici le seul instant qui vaille de compter.
Voici le seul propos qui s’achève et qui dure.

Voici le monument, tout le reste est doublure.
Et voici notre amour et notre entendement.
Et notre port de tête et notre apaisement.
Et le rien de dentelle et l’exacte moulure.

Voici le beau serment, le reste est forfaiture.
Voici l’unique prix de nos arrachements,
Le salaire payé de nos retranchements.
Voici la vérité, le reste est imposture.

Voici le firmament, le reste est procédure.
Et vers le tribunal voici l’ajustement.
Et vers le paradis voici l’achèvement.
Et la feuille de pierre et l’exacte nervure.

Nous resterons cloués sur la chaise de paille.
Et nous n’entendrons pas et nous ne verrons pas
Le tumulte des voix, le tumulte des pas,
Et dans la salle en bas l’innocente ripaille.

Ni les rouliers venus pour le jour du marché.
Ni la feinte colère et l’éclat des jurons :
Car nous contemplerons et nous méditerons
D’un seul embrassement la flèche sans péché.

Nous ne sentirons pas ni nos faces raidies,
Ni la faim ni la soif ni nos renoncements,
Ni nos raides genoux ni nos raisonnements,
Ni dans nos pantalons nos jambes engourdies.

Perdus dans cette chambre et parmi tant d’hôtels,
Nous ne descendrons pas à l’heure du repas,
Et nous n’entendrons pas et nous ne verrons pas
La ville prosternée au pied de vos autels.

Et quand se lèvera le soleil de demain,
Nous nous réveillerons dans une aube lustrale,
À l’ombre des deux bras de votre cathédrale,
Heureux et malheureux et perclus du chemin.

Nous venons vous prier pour ce pauvre garçon
Qui mourut comme un sot au cours de cette année,
Presque dans la semaine et devers la journée
Où votre fils naquit dans la paille et le son.

Ô Vierge, il n’était pas le pire du troupeau.
Il n’avait qu’un défaut dans sa jeune cuirasse.
Mais la mort qui nous piste et nous suit à la trace
A passé par ce trou qu’il s’est fait dans la peau.

Il était né vers nous dans notre Gâtinais.
Il commençait la route où nous redescendons.
Il gagnait tous les jours tout ce que nous perdons.
Et pourtant c’était lui que tu te destinais,

Ô mort qui fus vaincue en un premier caveau.
Il avait mis ses pas dans nos mêmes empreintes.
Mais le seul manquement d’une seule des craintes
Laissa passer la mort par un chemin nouveau.

Le voici maintenant dedans votre régence.
Vous êtes reine et mère et saurez le montrer.
C’était un être pur. Vous le ferez rentrer
Dans votre patronage et dans votre indulgence.

Ô reine qui lisez dans le secret du cœur,
Vous savez ce que c’est que la vie ou la mort,
Et vous savez ainsi dans quel secret du sort
Se coud et se découd la ruse du traqueur.

Et vous savez ainsi sur quel accent du chœur
Se noue et se dénoue un accompagnement,
Et ce qu’il faut d’espace et de déboisement
Pour laisser débouler la meute du piqueur.

Et vous savez ainsi dans quel recreux du port
Se prépare et s’achève un noble enlèvement,
Et par quel jeu d’adresse et de gouvernement
Se dérobe ou se fixe un illustre support.

Et vous savez ainsi sur quel tranchant du glaive
Se joue et se déjoue un épouvantement,
Et par quel coup de pouce et quel balancement
L’un des plateaux descend pour que l’autre s’élève.

Et ce que peut coûter la lèvre du moqueur,
Et ce qu’il faut de force et de recroisement
Pour faire par le coup d’un seul retournement
D’un vaincu malheureux un malheureux vainqueur.

Mère le voici donc, il était notre race,
Et vingt ans après nous notre redoublement.
Reine recevez-le dans votre amendement.
Où la mort a passé, passera bien la grâce.

Nous, nous retournerons par ce même chemin.
Ce sera de nouveau la terre sans cachette,
Le château sans un coin et sans une oubliette,
Et ce sol mieux gravé qu’un parfait parchemin.

Et nunc et in hora, nous vous prions pour nous
Qui sommes plus grands sots que ce pauvre gamin,
Et sans doute moins purs et moins dans votre main,
Et moins acheminés vers vos sacrés genoux.

Quand nous aurons joué nos derniers personnages,
Quand nous aurons posé la cape et le manteau,
Quand nous aurons jeté le masque et le couteau,
Veuillez vous rappeler nos longs pèlerinages.

Quand nous retournerons en cette froide terre,
Ainsi qu’il fut prescrit pour le premier Adam,
Reine de Saint-Chéron, Saint-Arnould et Dourdan,
Veuillez vous rappeler ce chemin solitaire.

Quand on nous aura mis dans une étroite fosse,
Quand on aura sur nous dit l’absoute et la messe,
Veuillez vous rappeler, reine de la promesse,
Le long cheminement que nous faisons en Beauce.

Quand nous aurons quitté ce sac et cette corde,
Quand nous aurons tremblé nos derniers tremblements,
Quand nous aurons raclé nos derniers raclements,
Veuillez vous rappelez votre miséricorde.

Nous ne demandons rien, refuge du pécheur,
Que la dernière place en votre Purgatoire,
Pour pleurer longuement notre tragique histoire,
Et contempler de loin votre jeune splendeur.

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MessageSujet: Re: Chartres (Eure et Loire)   Chartres (Eure et Loire) EmptySam 25 Sep 2010 - 18:06

Merci pour ce fil et ces photos (j'aime comme tu as bien saisi le chat!), c'est agréable de revoir Chartres, je n'y suis pas allée depuis longtemps. Quand j'étais gamine je trouvais le centre historique charmant et bien préservé contrairement à Orléans où j'habitais, détruit aux 3/4 pendant la guerre et largement bétonné. La cathédrale est splendide (il faut monter dans les tours surtout, voir les gargouilles de près). Il y a aussi cet endroit en hauteur d'où on a une vue plongeante sur des vieux toits et jardins clos, c'est très beau et reposant.
Par contre Martine R n'a pas tort, les dimanches après-midi d'hiver, avec le vent de la Beauce et la nuit qui tombe vite, ce n'est ni animé ni gai. Ça peut avoir son charme aussi, mais faut aimer.
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kenavo
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MessageSujet: Re: Chartres (Eure et Loire)   Chartres (Eure et Loire) EmptySam 25 Sep 2010 - 19:12

Chouette ce fil et ces photos, merci
j'y étais une fois, à l'âge de... trop longtemps pour garder un souvenir
mais je vois le nom toutes les années sur ma route en vacances.. je devrais y consacrer un arrêt comme je vois Very Happy
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Madame B.
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MessageSujet: Re: Chartres (Eure et Loire)   Chartres (Eure et Loire) EmptySam 25 Sep 2010 - 20:08

Sympa ce reportage, Queenie.
Ces noms de rues et messages sont très amusants.
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odrey
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MessageSujet: Re: Chartres (Eure et Loire)   Chartres (Eure et Loire) EmptySam 25 Sep 2010 - 22:07

Ca a l'air joli Chartres. Ton reportage est très chouette Queenie. Avec mon copain on cherchait des idées de villes à visiter le week-end. je retiens Chartres.
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MessageSujet: Re: Chartres (Eure et Loire)   Chartres (Eure et Loire) Empty

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