Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Lecture en commun - L'oeuvre (Zola)

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kenavo
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MessageSujet: Re: Lecture en commun - L'oeuvre (Zola)   Lecture en commun - L'oeuvre (Zola) - Page 2 EmptyMer 2 Fév 2011 - 8:45

Camille19 a écrit:
Une vingtaine de pages, c'est encore un peu rapide pour juger, mais je crois que plus je lis Zola et plus je l'aime. Du style, des personnages intéressants, on a envie d'en savoir plus, et des descriptions... impressionnistes, j'ai envie de dire. Que demander de plus ? Zola sait emmener le lecteur dans ses histoires et le perdre au coeur du Paris du siècle dernier, on l'y suit avec plaisir.
il y a eu certainement du Zola lors de mes années à l'école, mais je ne m'en rapelle pas.. donc, en quelque sorte c'est une 'première' pour moi, et je suis d'accord avec toi, c'est facile de tomber amoureux de lui, tellement il sait bien faire.. je suis vraiment plus qu'agréablement surprise Very Happy

et si j'ai bien compris les notes, le personnage de Claude est déjà présent dans un autre livre de Zola? Le ventre de Paris? en tout cas je sais déjà que je ne vais pas m'arrêter après cette lecture de découvrir cet auteur
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MessageSujet: Re: Lecture en commun - L'oeuvre (Zola)   Lecture en commun - L'oeuvre (Zola) - Page 2 EmptyMer 2 Fév 2011 - 10:06

kenavo a écrit:
Camille19 a écrit:
Une vingtaine de pages, c'est encore un peu rapide pour juger, mais je crois que plus je lis Zola et plus je l'aime. Du style, des personnages intéressants, on a envie d'en savoir plus, et des descriptions... impressionnistes, j'ai envie de dire. Que demander de plus ? Zola sait emmener le lecteur dans ses histoires et le perdre au coeur du Paris du siècle dernier, on l'y suit avec plaisir.
il y a eu certainement du Zola lors de mes années à l'école, mais je ne m'en rapelle pas.. donc, en quelque sorte c'est une 'première' pour moi, et je suis d'accord avec toi, c'est facile de tomber amoureux de lui, tellement il sait bien faire.. je suis vraiment plus qu'agréablement surprise Very Happy

et si j'ai bien compris les notes, le personnage de Claude est déjà présent dans un autre livre de Zola? Le ventre de Paris? en tout cas je sais déjà que je ne vais pas m'arrêter après cette lecture de découvrir cet auteur
Je ne me souviens pas de Claude dans le Ventre de Paris. Mais sa tante (la charcutière) est l'une des héroïne du bouquin.
Si j'ai bien compris la généalogie de la famille, Claude est le fils de Gervaise (l'Assomoir) et donc le frère d'Etienne (qui se bat pour les droits des mineurs dans Germinal) et de Jacques (la Bête humaine). Tout 3, demi-frères de Nana.

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MessageSujet: Re: Lecture en commun - L'oeuvre (Zola)   Lecture en commun - L'oeuvre (Zola) - Page 2 EmptyMer 2 Fév 2011 - 10:14

J'ai trouvé un texte écrit par Zola au sujet des salons d'art : l'officiel organisé par l'Institut et celui des refusés.
Très utile pour mieux appréhender les colères, les frustrations de nos personnages (j'en suis au début du chapitre 6 et je me régale, comme toujours avec Zola).


Emile Zola : Le Jury - L'Evénement, le 27 avril 1866

Citation :
Le Salon de 1866 n'ouvrira que le 1er mai, et ce jour-là seulement il me sera permis de juger mes justiciables.
Mais, avant de juger les artistes admis, il me semble bon de juger les juges. Vous savez qu'en France nous sommes pleins de prudence ; nous ne hasardons point un pas sans un passeport dûment signé et contresigné, et, lorsque nous permettons à un homme de faire la culbute en public, il faut auparavant qu'il ait été examiné tout au long par des hommes autorisés.
Donc, comme les libres manifestations de l'art pourraient occasionner des malheurs imprévus et irréparables, on place à la porte du sanctuaire un corps de garde, une sorte d'octroi de l'idéal, chargé de sonder les paquets et d'expulser toute marchandise frauduleuse qui tenterait de s'introduire dans le temple.
Qu'on me permette une comparaison, un peu hasardée peut-être. Imaginez que le Salon est un immense ragoût artistique, qui nous est servi tous les ans. Chaque peintre, chaque sculpteur envoie son morceau. Or, comme nous avons l'estomac délicat, on a cru prudent de nommer toute une troupe de cuisiniers pour accommoder ces victuailles de goûts et d'aspects si divers. On a craint les indigestions et on a dit aux gardiens de la santé publique :
" Voici les éléments d'un mets excellent ; ménagez le poivre, car le poivre échauffe ; mettez de l'eau dans le vin, car la France est une grande nation qui ne peut perdre la tête. "
Il me semble, dès lors, que les cuisiniers jouent le grand rôle. Puisqu'on nous assaisonne notre admiration et qu'on nous mâche nos opinions, nous avons le droit de nous occuper avant tout de ces hommes complaisants qui veulent bien veiller à ce que nous ne nous gorgions pas comme des gloutons d'une nourriture de mauvaise qualité. Quand vous mangez un beefsteak, est-ce que vous vous inquiétez du boeuf ? Vous ne songez qu'à remercier ou à maudire le marmiton qui vous le sert trop ou pas assez saignant.
Il est donc bien entendu que le Salon n'est pas l'expression entière et complète de l'art français en l'an de grâce 1866, mais qu'il est à coup sûr une sorte de ragoût préparé et fricassé par vingt-huit cuisiniers nommés tout exprès pour cette besogne délicate.
Un salon, de nos jours, n'est pas l'œuvre des artistes, il est l'œuvre d'un jury. Donc, je m'occupe avant tout du jury, l'auteur de ces longues salles froides et blafardes dans lesquelles s'étalent, sous la lumière crue, toutes les médiocrités timides et toutes les réputations volées.
Naguère, c'était l'Académie des beaux-arts*qui passait le tablier blanc et qui mettait la main à la pâte. A cette époque, le Salon était un mets gras et solide, toujours le même. On savait à l'avance quel courage il fallait apporter pour avaler ces morceaux classiques, ces boulettes épaisses, mollement arrondies, et qui vous étouffaient lentement et sûrement.
La vieille Académie, cuisinière de fondation, avait ses recettes à elle, dont elle ne s'écartait jamais ; elle s'arrangeait de façon, quels que fussent les tempéraments et les époques, à servir le même plat au public. Le bon public, qui étouffait, finit par se plaindre ; il demanda grâce, il voulut qu'on lui servît des mets plus relevés, plus légers, plus appétissants au goût et à la vue.
Vous vous rappelez les lamentations de cette vieille cuisinière d'Académie. On lui enlevait la casserole dans laquelle elle avait fait sauter deux ou trois générations d'artistes. On la laissa geindre et on confia la queue de la poêle à d'autres gâte-sauce.
C'est ici qu'éclate le sens pratique que nous avons de la liberté et de la justice. Les artistes se plaignant de la coterie académique, il fut décidé qu'ils choisiraient leur jury eux-mêmes. Dès lors, ils n'auraient plus à se fâcher, s'ils se donnaient des juges sévères et personnels. Telle fut la décision prise.
Mais vous vous imaginez peut-être que tous les peintres et tous les sculpteurs, tous les graveurs et tous les architectes, furent appelés à voter. On voit bien que vous aimez votre pays d'un amour aveugle. Hélas ! la vérité est triste, mais je dois confesser que ceux-là seuls nomment le jury, qui justement n'ont pas besoin du jury. Vous et moi, qui avons dans notre poche une ou deux médailles, il nous est permis d'élire un tel ou un tel, dont nous nous soucions peu d'ailleurs, car il n'a pas le droit de regarder nos toiles, reçues à l'avance. Mais ce pauvre hère, jeté à la porte du Salon pendant cinq ou six années consécutives, n'a pas même la permission de choisir ses juges, et est obligé de subir ceux que nous lui imposons par indifférence ou par camaraderie.
Je désire insister sur ce point. Le jury n'est pas nommé par le suffrage universel, mais par un vote restreint auquel peuvent seulement prendre part les artistes exemptés de tout jugement à la suite de certaines récompenses. Quelles sont donc les garanties pour ceux qui n'ont pas de médailles à montrer ? Comment ! on crée un jury ayant charge d'examiner et d'accepter les œuvres des jeunes artistes, et on fait nommer ce jury par ceux qui n'en ont plus besoin ! Ceux qu'il faut appeler au vote, ce sont les inconnus, les travailleurs cachés, pour qu'ils puissent tenter de constituer un tribunal qui les comprendra et qui les admettra enfin aux regards de la foule.
C'est toujours une misérable histoire, je vous assure, que l'histoire d'un vote. L'art n'a rien à faire ici ; nous sommes en pleine misère et en pleine sottise humaines. Vous devinez déjà ce qui arrive et ce qui arrivera chaque année. Tantôt ce sera la coterie de ce monsieur, et tantôt la coterie de cet autre monsieur, qui réussiront. Nous n'avons plus un corps stable, comme l'Académie ; nous avons un grand nombre d'artistes qui peuvent être réunis de mille façons, de manière à former des tribunaux féroces ayant les opinions les plus contraires et les plus implacables.
Une année, le Salon sera tout en vert ; une autre année, tout en bleu ; et dans trois ans, nous le verrons peut-être tout en rose. Le public qui n'est pas à l'office, qui n'assiste pas à la cuisson, acceptera ces divers Salons, comme les expressions exactes des moments artistiques. Il ne saura pas que c'est uniquement tel peintre qui a fait l'Exposition entière ; il ira là de bonne foi et avalera la bouchée croyant s'ingurgiter tout l'art de l'année.
Il faut rétablir énergiquement les choses dans leur réalité. Il faut dire à ces juges, qui vont au palais de l'Industrie (1) défendre parfois une idée mesquine et personnelle, que les Expositions ont été créées pour donner largement de la publicité aux travailleurs sérieux. Tous les contribuables paient, et les questions d'écoles et de systèmes ne doivent pas ouvrir la porte pour les uns et la fermer pour les autres.
Je ne sais comment ces juges comprennent leur mission. Ils se moquent de la vérité et de la justice, vraiment. Pour moi, un Salon n'est jamais que la constatation du mouvement artistique ; la France entière, ceux qui voient blanc et ceux qui voient noir, envoient leurs toiles pour dire au public : " Nous en sommes là, l'esprit marche et nous marchons ; voici les vérités que nous croyons avoir acquises depuis un an. " Or, il est des hommes qu'on place entre les artistes et le public. De leur autorité toute-puissante, ils ne montrent que le tiers, que le quart de la vérité ; ils amputent l'art et n'en présentent à la foule que le cadavre mutilé.
Qu'ils le sachent, ils ne sont là que pour rejeter la médiocrité et la nullité. Il leur est défendu de toucher aux choses vivantes et individuelles. Qu'ils refusent, s'ils le veulent, - ils en ont d'ailleurs la mission, - les académies des pensionnaires, les élèves abâtardis de maîtres bâtards, mais, par grâce, qu'ils acceptent avec respect les artistes libres, ceux qui vivent en dehors, qui cherchent ailleurs et plus loin les réalités âpres et fortes de la nature.
Voulez-vous savoir comment on a procédé à l'élection du jury de cette année ? Un cercle de peintres, m'a-t-on dit, a rédigé une liste qu'on a fait imprimer et circuler dans les ateliers des artistes votants. La liste a passé tout entière.
Je vous le demande, où est l'intérêt de l'art parmi ces intérêts personnels ? Quelles garanties a-t-on données aux jeunes travailleurs ? On semble avoir tout fait pour eux, on déclare qu'ils se montrent bien difficiles, s'ils ne sont pas contents. C'est une plaisanterie, n'est-ce pas ? Mais la question est sérieuse, et il serait temps de prendre un parti. Je préfère qu'on reprenne cette bonne vieille cuisinière d'Académie. Avec elle, on n'est pas sujet aux surprises ; elle est constante dans ses haines et dans ses amitiés. Maintenant, avec ces juges élus par la camaraderie, on ne sait plus à quel saint se vouer. Si j'étais peintre nécessiteux, mon grand souci serait de deviner qui je pourrais bien avoir pour juge, afin de peindre selon ses goûts.
On vient de refuser, entre autres, MM. Manet* et Brigot, dont les toiles avaient été reçues les années précédentes. Evidemment, ces artistes ne peuvent avoir beaucoup démérité, et je sais même que leurs derniers tableaux sont meilleurs. Comment alors expliquer ce refus ?
Il me semble, en bonne logique, que si un peintre a été jugé digne aujourd'hui de montrer ses œuvres au public, on ne peut pas couvrir ses toiles demain. C'est pourtant cette bévue que vient de commettre le jury. Pourquoi ? Je vous l'expliquerai.
Vous imaginez-vous cette guerre civile entre artistes, se proscrivant les uns les autres ; les puissants d'aujourd'hui mettraient à la porte les puissants d'hier ; ce serait un tohu-bohu effroyable d'ambitions et de haines, une sorte de petite Rome au temps de Sylla et de Marius. Et nous, bon public, qui avons droit aux œuvres de tous les artistes, nous n'aurions jamais que les œuvres de la faction triomphante. Ô vérité, ô justice !
Jamais l'Académie ne s'est déjugée de la sorte. Elle tenait les gens pendant des années à la porte, mais elle ne les chassait pas de nouveau après les avoir fait entrer.
Dieu me préserve de rappeler trop fort l'Académie. Le mal est préférable au pire, voilà tout.
Je ne veux pas même choisir des juges et désigner certains artistes comme devant être des jurés impartiaux. MM. Manet et Brigot refuseraient sans doute MM. Breton* et Brion*, de même que ceux-ci ont refusé ceux-là. L'homme a ses sympathies et ses antipathies, qu'il ne peut vaincre. Or, il s'agit ici de vérité et de justice.
Qu'on crée donc un jury, il n'importe lequel. Plus il commettra d'erreurs et plus il manquera sa sauce, plus je rirai. Croyez-vous que ces hommes ne me donnent pas un spectacle réjouissant ? Ils défendent leur petite chapelle avec mille finesses de sacristains qui m'amusent énormément. Mais qu'on rétablisse alors ce qu'on a appelé le Salon des Refusés (2). Je supplie tous mes confrères de se joindre à moi, je voudrais grossir ma voix, avoir toute puissance pour obtenir la réouverture de ces salles où le public allait juger, à son tour, et les juges et les condamnés. Là, pour le moment, est le seul moyen de contenter tout le monde. Les artistes refusés n'ont pas encore retiré leurs œuvres ; qu'on se hâte de planter des clous et d'accrocher leurs tableaux quelque part.
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MessageSujet: Re: Lecture en commun - L'oeuvre (Zola)   Lecture en commun - L'oeuvre (Zola) - Page 2 EmptyMer 2 Fév 2011 - 18:26

Harelde a écrit:
Je ne me souviens pas de Claude dans le Ventre de Paris.
peut-être il n'est pas un personnage très présent, mais selon les notes dans ce livre, il y a au moins un portrait de lui:
Note 4: voir le premier portrait de Claude Lantier dans Le Ventre de Paris....
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MessageSujet: Re: Lecture en commun - L'oeuvre (Zola)   Lecture en commun - L'oeuvre (Zola) - Page 2 EmptyJeu 3 Fév 2011 - 2:31

J'ai attaqué également. Toujours aussi aspirée par l'écriture de Zola, si simple mais si profonde à la fois.
Bref j'aime beaucoup. J'ai peu avancé mais je déguste.
Ma version qui a 30 ans, inclut des petits dessins en noir et blanc pour coller à l'histoire. C'est un peu kitchounet mais je trouve que ca met bien dans l'ambiance Razz

Kenavo, je suis étonnée que tu attaques ton premier Zola !!!!
Harelde, merci pour ce texte.
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MessageSujet: Re: Lecture en commun - L'oeuvre (Zola)   Lecture en commun - L'oeuvre (Zola) - Page 2 EmptyJeu 3 Fév 2011 - 8:36

Shay a écrit:
Kenavo, je suis étonnée que tu attaques ton premier Zola !!!!
comme je l'ai dit, on a certainement fait quelques textes.. un livre (?) de lui à l'école.. mais cela n'a pas laissé de mémoire..

et ensuite, j'avoue.. il y a 7-9 ans, j'ai plutôt tenté pour des livres en allemand et Zola était pour moi toujours un de ces 'monuments', comme p.ex. Dostoïevski, qui était trop "difficile" à lire (ce que j'ai aussi rectifié l'année dernière)..
après les dernières années avec beaucoup de lectures en français et depuis 3 ans du papotage avec les parfumés, j'ai trouvé enfin aussi un accès à la langue française qui m'autorise de la savourer pleinement Very Happy et Zola est certainement un plaisir de lecture.. je n'ai qu'un envie - découvrir d'autres livres de lui
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MessageSujet: Re: Lecture en commun - L'oeuvre (Zola)   Lecture en commun - L'oeuvre (Zola) - Page 2 EmptyJeu 3 Fév 2011 - 9:45

Avec Zola, tu vas avoir de quoi te régaler Kenavo.
Au Bonheur des Dames est l'un de mes préférés.
bravo

Pour l'Oeuvre, je suis véritablement conquis.
Claude qui incarne l'impressionisme naissant, les critiques qui ont étrillé les premiers peintres à s'y lancer, le public qui ne comprenait pas.
En son temps, La Pie de Monet a été elle aussi refusée au salon de 1869 (car jugée trop innovante), alors qu'aujourd'hui elle est reconnue comme l'un des plus beaux tableaux. Renoir a eu lui aussi des débuts difficiles.
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MessageSujet: Re: Lecture en commun - L'oeuvre (Zola)   Lecture en commun - L'oeuvre (Zola) - Page 2 EmptyJeu 3 Fév 2011 - 10:00

je l'ai aussi dit sur le fil de Zola, mais tant qu'on y est Wink

malheureusement toujours pas traduit:

Lecture en commun - L'oeuvre (Zola) - Page 2 A45
Ross King, The Judgement of Paris: The Revolutionary Decade That Gave the World Impressionism

c'est un livre sublime qui met au centre Ernest Meissonier et Edouard Manet et la naissance de l'impressionisme
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MessageSujet: Re: Lecture en commun - L'oeuvre (Zola)   Lecture en commun - L'oeuvre (Zola) - Page 2 EmptyJeu 3 Fév 2011 - 10:03

Manet je veux bien.
Mais j'ai du mal à voir Meissonier en impressioniste. Ses toiles sont de factures plus classiques à mon sens.
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MessageSujet: Re: Lecture en commun - L'oeuvre (Zola)   Lecture en commun - L'oeuvre (Zola) - Page 2 EmptyJeu 3 Fév 2011 - 10:13

Harelde a écrit:
Manet je veux bien.
Mais j'ai du mal à voir Meissonier en impressioniste. Ses toiles sont de factures plus classiques à mon sens.
mais non, Meissonier n'est pas dans ce livre en tant que représenant de l'impressionisme, mais c'est la colission entre ses deux peintres et leur méthode de peindre
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MessageSujet: Re: Lecture en commun - L'oeuvre (Zola)   Lecture en commun - L'oeuvre (Zola) - Page 2 EmptyJeu 3 Fév 2011 - 10:23

kenavo a écrit:
Harelde a écrit:
Manet je veux bien.
Mais j'ai du mal à voir Meissonier en impressioniste. Ses toiles sont de factures plus classiques à mon sens.
mais non, Meissonier n'est pas dans ce livre en tant que représenant de l'impressionisme, mais c'est la colission entre ses deux peintres et leur méthode de peindre
Ah ! je comprends mieux.
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MessageSujet: Re: Lecture en commun - L'oeuvre (Zola)   Lecture en commun - L'oeuvre (Zola) - Page 2 EmptyJeu 3 Fév 2011 - 21:56

Harelde a écrit:
kenavo a écrit:
Camille19 a écrit:
Une vingtaine de pages, c'est encore un peu rapide pour juger, mais je crois que plus je lis Zola et plus je l'aime. Du style, des personnages intéressants, on a envie d'en savoir plus, et des descriptions... impressionnistes, j'ai envie de dire. Que demander de plus ? Zola sait emmener le lecteur dans ses histoires et le perdre au coeur du Paris du siècle dernier, on l'y suit avec plaisir.
il y a eu certainement du Zola lors de mes années à l'école, mais je ne m'en rapelle pas.. donc, en quelque sorte c'est une 'première' pour moi, et je suis d'accord avec toi, c'est facile de tomber amoureux de lui, tellement il sait bien faire.. je suis vraiment plus qu'agréablement surprise Very Happy

et si j'ai bien compris les notes, le personnage de Claude est déjà présent dans un autre livre de Zola? Le ventre de Paris? en tout cas je sais déjà que je ne vais pas m'arrêter après cette lecture de découvrir cet auteur
Je ne me souviens pas de Claude dans le Ventre de Paris. Mais sa tante (la charcutière) est l'une des héroïne du bouquin.
Si j'ai bien compris la généalogie de la famille, Claude est le fils de Gervaise (l'Assomoir) et donc le frère d'Etienne (qui se bat pour les droits des mineurs dans Germinal) et de Jacques (la Bête humaine). Tout 3, demi-frères de Nana.

Voir l'arbre généalogique ici

Si, dans Le ventre de Paris, Claude joue un rôle non négligeable. Zola se sert de son oeil de peindre pour nous faire appréhender le formidable déferlement de vie dans les entrailles de Paris. C'est incroyable la force de ce roman :

Citation :
Alors, Claude leur montra le poing. Il était exaspéré par cette fête du pavé et du ciel. Il injuriait les Gras, il disait que les Gras avaient vaincu. Autour de lui, il ne voyait plus que des Gras, s'arrondissant, crevant de santé, saluant un nouveau jour de belle digestion. Comme il s'arrêtait en face de la rue Pirouette, le spectacle qu'il eut à sa droite et à sa gauche lui porta le dernier coup.
A sa droite, la belle Normande, la belle madame Lebigre, comme on la nommait maintenant, était debout sur le seuil de sa boutique. Son mari avait enfin obtenu de joindre à son commerce de vin un bureau de tabac, rêve depuis longtemps caressé, et qui s'était enfin réalisé, grâce à de grands services rendus. La belle madame Lebigre lui parut superbe, en robe de soie, les cheveux frisés, prête à s'asseoir dans son comptoir, où tous les messieurs du quartier venaient leur acheter leurs cigares et leurs paquets de tabac. Elle était devenue distinguée, tout à fait dame. Derrière elle, la salle, repeinte, avait des pampres fraîches, sur un fond tendre; le zinc du comptoir luisait; tandis que les fioles de liqueur allumaient dans la glace des feux plus vifs. Elle riait à la claire matinée.
A sa gauche, la belle Lisa, au seuil de la charcuterie, tenait toute la largeur de la porte. Jamais son linge n'avait eu une telle blancheur; jamais sa chair reposée, sa face rose, ne s'était encadrée dans des bandeaux mieux lissés. Elle montrait un grand calme repu, une tranquillité énorme, que rien ne troublait, pas même un sourire. C'était l'apaisement absolu, une félicité complète, sans secousse, sans vie, baignant dans l'air chaud. Son corsage tendu digérait encore le bonheur de la veille; ses mains potelées, perdues dans le tablier, ne se tendaient même pas pour prendre le bonheur de la journée, certaines qu'il viendrait à elles. Et, à côté, l'étalage avait une félicité pareille; il était guéri, les langues fourrées s'allongeaient plus rouges et plus saines, les jambonneaux reprenaient leurs bonnes figures jaunes, les guirlandes de saucisses n'avaient plus cet air désespéré qui navrait Quenu. Un gros rire sonnait au fond, dans la cuisine, accompagné d'un tintamarre réjouissant de casseroles. La charcuterie suait de nouveau la santé, une santé grasse. Les bandes de lard entrevues, les moitiés de cochon pendues contre les marbres, mettaient là des rondeurs de ventre, tout un triomphe du ventre, tandis que Lisa, immobile, avec sa carrure digne, donnait aux Halles le bonjour matinal, de ses grands yeux de forte mangeuse.
Puis, toutes deux se penchèrent. La belle madame Lebigre et la belle madame Quenu échangèrent un salut d'amitié.
Et Claude, qui avait certainement oublié de dîner la veille, pris de colère à les voir si bien portantes, si comme il faut, avec leurs grosses gorges, serra sa ceinture, en grondant d'une voix fâchée:
- Quels gredins que les honnêtes gens!


J'aime vous lire lors de lecture commune de roman que j'avais déjà lu auparavant. Ainsi, vos remarques sur le premier chapitre de ce roman m'ont fait remonter les raisons qui m'ont fait aimer Zola, ce roman. Quelle force dans ces premières lignes :

Citation :
Claude passait devant l'Hôtel de Ville, et deux heures du matin sonnaient il l'horloge, quand l'orage éclata. Il s'était oublié à rôder dans les Halles, par cette nuit brûlante de juillet, en artiste flâneur, amoureux du Paris nocturne. Brusquement, les gouttes tombèrent si larges, si drues, qu'il prit sa course, galopa dégingandé, éperdu, le long du quai de la Grève. Mais, au pont Louis-Philippe, une colère de son essoufflement l'arrêta: il trouvait imbécile cette peur de l'eau ; et, dans les ténèbres épaisses, sous le cinglement de l'averse qui noyait les becs de gaz, il traversa lentement le pont, les mains ballantes.
Du reste, Claude n'avait plus que quelques pas à faire. Comme il tournait sûr le quai de Bourbon, dans l'Ile Saint-Louis, un vif éclair illumina la ligne droite et plate des vieux hôtels rangés devant la Seine, au bord de l'étroite chaussée. La réverbération alluma les vitres des hautes fenêtres sans persiennes, on vit le grand air triste des antiques façades, avec des détails très nets, un balcon de pierre, une rampe de terrasse, la guirlande sculptée d'un fronton. C'était là que le peintre avait son atelier, dans les combles de l'ancien hôtel du Martoy, à l'angle de la rue de la Femme-sans-Tête. Le quai entrevu était aussitôt retombé aux ténèbres, et un formidable coup de tonnerre avait ébranlé le quartier endormi. Arrivé devant sa porte, une vieille porte ronde et basse, bardée de fer, Claude, aveuglé pu la pluie, tâtonna pour tirer le bouton de la sonnette; et sa surprise fut extrême....
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MessageSujet: Re: Lecture en commun - L'oeuvre (Zola)   Lecture en commun - L'oeuvre (Zola) - Page 2 EmptyJeu 3 Fév 2011 - 22:15


Je m'immisce à mon tour dans ce fil parce que je sais qu'on va s'empresser Kénavo de vouloir te faire lire son Zola préféré. POur ma part, c'est l'Assomoir. dentsblanches

Et vous me donnez vraiment envie de lire L'oeuvre. Continuez.... Cool
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MessageSujet: Re: Lecture en commun - L'oeuvre (Zola)   Lecture en commun - L'oeuvre (Zola) - Page 2 EmptyVen 4 Fév 2011 - 8:40

Merci pour ces extraits Steven

chrisdusud a écrit:
Je m'immisce à mon tour dans ce fil parce que je sais qu'on va s'empresser Kénavo de vouloir te faire lire son Zola préféré. POur ma part, c'est l'Assomoir. dentsblanches
rire j'ai lu quelque part que Marko parlait de 20 livres qu'ils voulait lire autour de ces personnages.. j'ai du pain sur la planche.. et je suis contente d'avoir déjà une recommandation, je note l'Assomoircheers

chrisdusud a écrit:
Et vous me donnez vraiment envie de lire L'oeuvre. Continuez.... Cool
Harelde fait plutôt TGV pour les lectures en commun.. moi, je vais me prendre le temps et déguster.. je n'ai ma prochaine lecture en commun que le 15 de ce mois.. il y a en tout 12 chapitres dans L'oeuvre, donc, je vais déguster chaque jour un chapitre Very Happy

j'avoue que cela a aussi à faire avec mon habitude de lire plusieurs livres en même temps.. je ne peux pas lire qu'un seul livre jypeurien
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Harelde
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MessageSujet: Re: Lecture en commun - L'oeuvre (Zola)   Lecture en commun - L'oeuvre (Zola) - Page 2 EmptyVen 4 Fév 2011 - 9:28

Je termine le chapitre IX.
Claude est de plus en plus aigri. Il souffre de ne pas parvenir à réaliser son grand-oeuvre et des continules rejets dont sa peinture fait l'objet. Sa vie se désagrège et on assiste à une véritable descente aux enfers. Ce sont les débuts de l'impressionisme qui peina à s'imposer.
C'est le lot de toute "contre-culture" qui tout d'abord dérange, bouscule, choque. Avant, parfois, de devenir ensuite la culture officielle. La nouvelle norme que viendra bousculer la contre-culture suivante.

Un très grand roman. Un des meilleurs Zola que j'ai pu lire (c'est mon 10e Rougon-Macquart).
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