OneShot - BD

Disons que si je détaille autant que ça, c'est que ça m'a plu !
Je m'en serais pas donné la peine autrement...

Résumé fourni par le Festival d’Angoulême :

Citation :

Meti est le récit des rencontres entre Aapo Rapi et sa grand-mère Meeri, aujourd'hui âgée de 85 ans, qui coule une vie tranquille dans la forêt finlandaise, loin du tumulte citadin. Elle y raconte avec sérénité, humour et franchise ses tracasseries au travail ou ses relations parfois difficiles avec les hommes…

Source : ICI

Bande dessinée déroutante au premier abord…
On ne comprend pas tout de suite qui sont les personnages… Pourquoi ce gamin vient-il chez cette vieille dame, écouter une histoire qu’il note d’un air impatient avant de repartir presque aussitôt, abandonnant une nouvelle fois la pauvre vieille à sa solitude ?
Le lendemain, le jeune revient encore, il écoute une nouvelle histoire et il repart en ville retrouver les siens. Cette relation semble tout d’abord assez brutale et trop mécanique, comme si les rendez-vous entre les deux personnages, convenus de longue date, étaient subis sans grand plaisir.
Mais plus Meeri se confie, plus le jeune homme, Rapi (on comprend qu’il s’agit de son petit-fils) lui accorde de l’intérêt et il se met en place une relation plus respectueuse et curieuse.

L’évolution de cette relation est le premier point intéressant que l’on suit dans cette bande dessinée. Vient ensuite l’évolution du regard que porte Rapi sur la société actuelle suite aux histoires que lui raconte sa grand-mère. Beaucoup de choses ont changé, mais les mentalités n’ont pas beaucoup évolué. Meeri, bridée dans son enfance par un père violent qui ne communiquait pas, a connu les mêmes angoisses que Rapi, aujourd’hui, qui n’arrive pas à jouir d’un moment de tranquillité à cause d’un sentiment d’urgence qui l’étreint sans cesse, même lorsqu’il n’a rien de spécial à assurer.

Les histoires racontées par Meeri sont souvent dures. Elles parlent d’une époque où la destinée des gens semblait toute tracée dès leur enfance, où la communication et l’ouverture aux idées étaient réduites, voire inexistantes, où l’amour semblait bien ténu. Pour autant, pas de pathétique dans le ton. Meeri raconte tout cela avec un détachement tranquille, ne reniant pas les quelques moments de joie pure qui ont, en dépit de tout, réussi à rejaillir de son quotidien.
La cruauté de certains passages est également atténuée par le dessin coloré aux couleurs psychédéliques.

Les histoires de Meeri tiennent sur une page, avec beaucoup de texte, complétées par une colonne qui reporte les discussions échangées avec son petit-fils suite à la rédaction qu’il en fera :


D’autres pages ne représentent que des images. Elles sont les souvenirs muets que Meeri se remémore lorsqu’elle se retrouve à nouveau seule :

Extrait :
- Tu te souviens que j’t’ai parlé des pages d’écriture que j’faisais pour m’amuser… ? Ben j’ai réalisé que ça m’plairait bien d’en écrire d’autres…et d’les compiler en un vrai bouquin et d’les publier. J’en ai plein l’dos de c’monde hypocrite et en toc. Ca m’démange de dire comment qu’je vois les choses.
- T’as qu’à l’écrire ton bouquin. Il trouvera bien sa place dans ces d’abondance. Deux double-burgers avec deux cafés.
- Pour moi aussi.




Biographie de l’auteur fournie par le Festival d’Angoulême :

Citation :

Aapo Rapi est né en 1976 et vit actuellement à Helsinki. Après des études à Tampere et à l'Edinburgh College of Art il se consacre à la bande dessinée et - avec Marko Turunen, Tommi Musturi et Matti Hagelberg - fait partie de la jeune génération d'auteurs finlandais. Il est membre du collectif Kutikuti et publie régulièrement dans la revue Kuti. Il est aussi très actif comme enseignant et donne des cours de bande dessinée aux enfants.

Bande dessinée à lire intégralement sur le site DigiBD : ICI

ça me tente, il y a un je ne sais quoi qui me plait.

C'est vraiment très original, et si tu aimes bien les personnages un peu "à côté de la plaque" (comme dans les BDs d'Adrian Tomine), tu devrais y trouver ton bonheur !

Les trois filles de Girls don’t cry sont trois pestes liées par une amitié cruelle et mordante. Chaque page est consacrée à une histoire brève qui relate un passage de leur vie, vie banale et insignifiante au possible mais c’est le jeu. Il faut savoir qu’on ne sera pas transporté dans un univers parallèle en lisant cet album.

Points positifs : De l’humour noir à chaque page. De la bêtise, de la méchanceté, des préoccupations existentielles futiles. Ca fait plaisir de voir qu’il existe encore plus tarte que soi-même.
La découverte qu’il est possible d’avoir des pensées très originales sur des sujets très terre-à-terre.

Points négatifs : Des envies d’étriper les jeunes filles de Girls don’t cry à chaque page, parce qu’elles dépassent souvent les limites du supportable. Et puis, elles finissent par lasser à force de ne parler que de garçons, de fringues et de coiffures. En même temps, je ne vois pas de quoi elles pourraient parler autrement…

Best-of des répliques qui tuent :

- Arrête de me regarder comme ça.
- Tu sais, y a vraiment des trucs auxquels je préfèrerais ne pas assister ; genre, mes parents en train de faire l’amour, et toi flirtant avec Eric Schmidtt en fait partie !


« Je déteste sortir après m’être lavé les cheveux ! Ca fait trop l’Oréal… »


« Je sais pas ce qui me plaît le plus… Lui, ou son t-shirt ? »


« Quel charmant visage il a… Et cette bouche ! Il a dû en embrasser, des filles… Dix, peut-être vingt… Ou plus encore, il ne doit pas se souvenir de certaines quand il les croise ; c’est triste… Il devrait faire comme moi, les noter. Ca aide à mieux se rappeler. »

Pas de risque de migraine donc après avoir lu ce charmant petit recueil débile et moqueur à souhait. A réserver pour les jours de bonne humeur !

Et pour le dessin, plutôt coloré et agréable à regarder, quelques planches :

Terreur Graphique est un dessinateur que je suis depuis pas mal de temps sur son blog, où il publie des planches de très grande qualité et dans un style cynique que j’apprécie beaucoup.
(son blog : ICI )

Pas question donc, pour moi, de louper son premier roman graphique version papier, d’autant plus qu’on ne trouve que de l’inédit. Il s’agit d’une histoire longue (contrairement aux strips de son blog qui contiennent généralement 4 cases)dont le scénario est construit autour du fameux test de Rorschach.
Dès le début du livre, histoire que tout le monde suive bien, Terreur Graphique nous fait un petit rappel du principe du test de Rorschach :

« Le test de Rorschach ou psychodiagnostik est un outil d’évaluation psychologique de type projectif élaboré par Hermann Rorschach. L’idée est d’utiliser l’interprétation que donne un individu à des dessins pour en déduire des traits de sa personnalité. J’ai fait des études, moi, monsieur… J’ai pas passé mon temps à faire la teuf et à fumer des pétards, moi. »

Le personnage (figure de l’auteur ? On ne le saura pas… il n’est pas clairement désigné dans l’histoire) acceptera de se soumettre au test, à son plus grand malheur…
Rendre visite aux psychiatres rend fou, tout le monde le sait bien…


« …Au lit, ma femme n’accepte pas que je me déguise en lapin pour lui faire l’amour… Comme dans la pub Duracell, vous voyez ? »

La simple vision de la tache plonge notre héros dans une traversée délirante de son inconscient, où il commencera tout d’abord à régler ses problèmes avec son père en le tuant.
Réitérant à plusieurs reprises l’expérience, il se retrouvera de nouveau confronté à ses pires souvenirs d’enfance, puis d’adolescence, jusqu’à l’annonce de la mort de sa mère, moment tragique de son existence, qu’il résoudra en…faisant l’amour avec elle !


A ce point de l’histoire, on commence déjà à ressentir une impression de déjà-vu… Tiens, tiens, le déroulement de cette intrigue nous en rappelle une autre… Mais bon, on poursuit quand même la lecture…

Plus les séances chez le psychiatre défilent, plus le personnage semble perdre complètement pied et s’éloigner de la réalité. Il voit des taches partout, sur le visage de chaque personne qu’il croise. Devinez la suite ? Eh bien oui, pour ne plus être poursuivi par ses visions, le personnage…se crève les yeux !

Et on referme le livre à ce moment-là, se disant qu’on tient entre les mains une version moderne du mythe d’Œdipe. Un peu moins creusée psychologiquement, voire même ridicule, elle ne rend pas du tout hommage au mythe initial !

De toute façon, l’intérêt de cette bande dessinée se situe clairement ailleurs que dans le scénario. Terreur Graphique, c’est avant tout un style, proche de la BD américaine underground en noir et blanc (Clowes, Crumb, Burns…) et des planches de délire pur, avec des dessins psychédéliques qui représentent tous les méandres tortueux de l’inconscient du personnage.

Coli, tes posts sont toujours extrêmement intéressants. Ni trop, ni pas assez ! Donne envie mais ont le recul suffisant pour désigner la faille ! je suis impressionnée... petite suggestion : tu pourrais peut-être t'offrir le luxe d'ouvrir un fil auteur quand tu fais au moins 2 posts sur le même dessinateur, non ? Je pense au Chat du Rabbin et à Fritz Haber, tu as suffisamment de matière pour proposer des fils à part, non ?

Merci Shanidar, ça me fait plaisir de partager mes lectures BDs avec vous !

Et pour l'ouverture de fils spécifiques, je suis bien d'accord, mais je ne sais pas comment faire...

shanidar a écrit:

Coli, tes posts sont toujours extrêmement intéressants. Ni trop, ni pas assez ! Donne envie mais ont le recul suffisant pour désigner la faille ! je suis impressionnée... petite suggestion : tu pourrais peut-être t'offrir le luxe d'ouvrir un fil auteur quand tu fais au moins 2 posts sur le même dessinateur, non ? Je pense au Chat du Rabbin et à Fritz Haber, tu as suffisamment de matière pour proposer des fils à part, non ?

j'adore aussi les commentaires de Colimasson et je voulais d'ailleurs déjà retirer ses messages sur le Chat du Rabbin de ce fil.. trop bon pour se perdre sur un fil One Shot

colimasson a écrit:

Et pour l'ouverture de fils spécifiques, je suis bien d'accord, mais je ne sais pas comment faire...

au lieu de te répondre dans un fil existant, tu cliques "nouveau" dans la section, p.ex. BD, tu tapes le nom de ton auteur dans la ligne de sujet, photo, bio et ton commentaire.. envoyer - et voilà un nouveau fil

C'est noté !
Les grands maîtres modérateurs effectuent ensuite le reste du travail en faisant le transfert des messages de ce fil, par exemple, au nouveau que j'aurais créé ? (il faut tout m'expliquer, c'est pas pour rien que j'ai arrêté mes études d'informatique )

colimasson a écrit:

Les grands maîtres modérateurs effectuent ensuite le reste du travail en faisant le transfert des messages de ce fil, par exemple, au nouveau que j'aurais créé ?

ah non.. surtout pas - le forum aligne chronologiquement, c'est-à-dire si tu crées aujourd'hui un fil et veut ajouter un message du One-Shot, ce message, datant d'avant, va se mettre en premier dans le fil.. donc, si tu veux extraire un message du One-shot, fais moi signe en mp, je peux le retirer du One-Shot et tu peux ensuite ajouter d'autres messages/commentaires

D'accord c'est noté !

Cet album est construit autour de 17 histoires courtes formées sur le même modèle : 12 cases du même format, 2 cases par page. Au dessin : Loustal, au scénario : Benacquista, et c’est parti pour la lecture de 17 histoires « originales ». Enfin, ça, ce sont ceux qui les ont conçues qui le disent… Selon eux, les histoires d’amour qui réussissent forment un thème totalement inédit, profondément provocateur… Ben voyons !

A travers les critiques de cet ouvrage, le défaut qui ressort en premier concerne le dessin de Loustal. Traits grossiers et simplistes, couleurs claquantes, les yeux en ont vite marre. Mais pour ma part, je ne trouve pas que le dessin soit le plus dérangeant. Les histoires imaginées par Benacquista sont mille fois plus répugnantes que ces personnages aux gros traits pâteux !
Ah, les histoires d’amour qui réussissent, voilà un thème original, voilà quelque chose de rare et, par conséquent, de provocateur ! Il suffit de le dire pour le croire… Si chaque histoire s’empare de protagonistes et de situations initiales différentes, la conclusion est toujours la même. En gros, pour s’aimer jusqu’à la mort (c’est-il pas mignon !), il faut être à l’écoute de l’autre, éviter d’empiéter sur son territoire, le regarder avec le cœur, pas trop avec les yeux (un peu quand même, allez, on vous l’accorde !), et surtout, se séparer de lui très-très longtemps, essayer de trouver quelqu’un de mieux, se rendre compte que ce n’est pas possible et, par dépit, revenir vers la première victime… On a l’impression de tenir entre les mains un vieux roman à l’eau-de-rose qui veut se faire passer pour le bouquin de Sade le plus trash. C’est rempli de clichés, et si vous ne me croyez pas, je vous en livre un bon et bien gras :

« Il installait des écrans vidéo pour les grands concerts. Il aimait l’asphalte, la vodka, le cuir et le délicat staccato d’une Harley Davidson bien réglée. Elle était archéologue au CNRS, elle aimait les déserts, le coton blanc, l’eau citronnée, et le profond silence des cimetières étrusques. »

Pour ce qui est des conclusions, un petit florilège :

« En la revoyant, tant d’années plus tard, il ressentit comme une évidence. Sans qu’elle comprenne pourquoi, son cœur se mit à battre quand il s’assit en face d’elle. »

« Giulia et Remo s’étaient unis pour le meilleur et pour le pire. Et malgré les années, jamais ils ne connurent le pire. »

« Plus jamais il ne se quittèrent. L’un était le guide, l’autre était sa lumière. Et si parfois, il lui arrivait de la regarder avec ses yeux, Marisol ne le vit jamais qu’avec son cœur. »

Sur le dos du bouquin, le prix est indiqué : 20€ ! Argh ! Heureusement que je l’ai emprunté à la bibliothèque ! Malheur à ceux qui ont sorti un billet de leur poche pour l’acquérir ! 20€ pour ces quelques pages qui se lisent en dix minutes (parce que c’est con, parce que ça fout la nausée, et parce que c’est sans saveurs) ! ? Il y a mille autres façons de mieux dépenser son argent !

Un aperçu pour la fin…
Une des 17 histoires du bouquin…