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| OneShot - BD | |
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colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: OneShot - BD Mar 19 Fév 2013 - 20:24 | |
| Les Mohamed (2011) de Jérôme Ruillier Alors que les adaptations se font souvent du format écrit au format visuel, Jérôme Ruillier inverse la donne en transposant le livre/documentaire « Mémoires d’immigrés » de Yamina Benguigui en bande dessinée –quoiqu’ici, l’usage du terme « roman graphique » semble particulièrement recommandé en vue de la densité de l’ouvrage. Dans l’œuvre originale, Yamina Benguigui écoutait et rapportait les témoignages d’immigrés maghrébins installés en France. Jérôme Ruillier s’inscrit tout de suite dans un rapport de subordination et évoque la fascination qu’a provoquée la découverte de cet ouvrage. Celle-ci se mue bientôt en volonté de contribuer à son tour à ce recueil de témoignages. Même si l’on comprend quelles raisons personnelles ont donné envie à Jérôme Ruillier de s’impliquer, la démarche reste tout de même curieuse. En effet, après la parution d’un film et d’un livre de Yamina Benguigui, on peut se demander s’il est bien nécessaire de faire paraître ces témoignages qui n’ont d’original que leur format graphique. Si, en tant que lectrice, la démarche de cette parution m’a permis de découvrir un document que je ne me serais sans doute pas procuré autrement, du point de vue de Jérôme Ruillier, cette même démarche semble supposer une volonté de pallier à un inconvénient majeur de l’œuvre de Yamina Benguigui : son manque d’accessibilité. Que peut-on trouver dans les Mohamed[b] de Jérôme Ruillier qu’on ne trouvera pas dans le travail de Yamina Benguigui ? Le seul ajout semble être le témoignage du dessinateur rencontrant les [b]Mémoires d’immigrés : celles-ci font écho à son expérience directe alors que sa fille va être scolarisée dans une école comptant 80% d’enfants d’immigrés, ainsi qu’à son passé et à ses rapports avec ses aïeux. Mais ces contributions restent modestes et comptent pour à peine quelques dizaines de pages perdues dans des centaines. Là ne se situe donc pas l’atout majeur de Jérôme Ruillier face à Yamina Benguigui. Pour tenter un comparatif plus hasardeux, on pourrait dire que les Mohamed constituent une version bande dessinée des Mémoires d’immigrés pour les Nuls : résumé, simplifié sans que le discours ne devienne simpliste, revêtant des formes qui paraissent peut-être plus accessibles qu’un texte ou qu’un documentaire, le lectorat sera sans doute plus large et plus diversifié que celui initialement concerné par le travail de Yamina Benguigui. Incursion de Jérôme Ruillier entre les pages... Laissons donc de côté les questions de l’intérêt de cette adaptation et reconnaissons que les Mohamed de Jérôme Ruillier paraissent aussi vivants et sont aussi troublants que de vrais hommes que l’on aurait pu rencontrer en chair et en os. Aucun type de discours n’est épargné : ni celui qui combat les préjugés racistes, ni celui qui les confirme, faisant de cette somme un recueil de témoignages qui ne semblent pas vouloir utiliser la parole d’hommes déracinés comme le seul moyen de construire une thèse purement intellectuelle. Et du format BD au format texte ou vidéo, il ne reste plus qu’un pas à franchir pour le lecteur qui aura été convaincu par l’adaptation de Jérôme Ruillier. Seul danger : cette-ci semble si réussie qu’on se surprend à se demander ce que l’on pourrait apprendre de plus dans les Mémoires d’immigrés… Comble de l’adaptation : lorsque l’inspiré s’empare du rôle de l’inspirateur ! - Citation :
Quand on entre chez Renault, on regarde comment vous vous appelez. Si c’est Mohamed, on vous envoie à la chaîne. Khémaïs ou Mohamed, hein, c’est pareil ! | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: OneShot - BD Dim 10 Mar 2013 - 19:24 | |
| La conversion (2012) de Matthias Gnehm On le sait depuis longtemps, toutes les raisons sont bonnes pour se convertir à une nouvelle religion, excepté celle de la croyance pure et absolue –qui n’existe visiblement pas. Qu’on soit en période de doute, qu’on se questionne sur le sens que l’on veut donner à sa vie, ou simplement que l’on cherche à plaire à une fidèle, comme c’est le cas pour Kurt Koller, l’adhésion à la foi semble rester le plus pratique des cache-misères. Kurt n’a que 14 ans lorsqu’il assiste à sa première réunion du groupe biblique, animée par le pasteur Obrist. Dans le village, on dit qu’il a dû quitter sa précédente paroisse pour avoir abusé de la crédulité des enfants en plaçant des bougies dans une forêt et en leur faisant croire qu’il s’agissait de manifestations divines. Pour cette raison, son enseignement religieux n’a pas bonne réputation et c’est à contre cœur que les parents de Kurt le laissent assister à ses réunions. S’ils savaient que leur fils ne s’y rendait qu’afin de se rapprocher de Patrizia et de satisfaire un émoi amoureux bien de son âge, peut-être s’inquièteraient-ils moins ? Mais Kurt finit bien vite par se prendre sérieusement au jeu de la conversion religieuse, cherchant à travers Dieu le moyen le plus simple pour atteindre sa dulcinée. Dans le petit village suisse où officie le pasteur Obrist, les nouvelles se répandent vite et la mère de Kurt tient à le mettre en garde des risques de l’endoctrinement. L’occasion de lancer un débat sur les prétentions de chacun à connaître la vérité : la mère de Kurt, en affirmant que le pasteur Obrist prêche des paroles qui sont fausses, ne commet-elle pas elle aussi cet acte odieux de prétendre avoir raison envers et contre tous ? Kurt, petit à petit, s’éloigne de sa famille, ce que Matthias Gnehm nous fait comprendre en faisant s’égrener à grands blocs les pages d’un calendrier. La solitude du personnage au sein de sa famille disparaît derrière les ellipses, finissant essentiellement à relever du concept à la charge du lecteur. En réalité, ce n’est pas la conversion de Kurt Koller en elle-même qui bouleversera son existence, mais la proximité qu’elle installera entre lui et Patrizia, permettant des révélations qui précipiteront le petit garçon dans la maturité. Découvertes qui transforment un Kurt Koller naïf et à peine pubère en un jeune garçon prêt à entrer dans le monde un peu glauque des frustrations adultes. On peut dès lors s’amuser des multiples sens attribuables au titre de la conversion, mais le jeu lassera rapidement. La conversion n’a rien de divin et résulte d’une opération transgénérationnelle : il s’agit pour les anciens de faire dégouliner leurs déceptions, leurs croyances et leurs névroses sur les plus jeunes, afin de leur préparer une existence tout aussi compliquée que la leur. L’histoire, intéressante dans ses grandes lignes, ne parvient malheureusement pas à retenir l’attention tout au long des centaines de pages qui la constituent. Beaucoup de dessins muets s’enchaînent, qui ne permettent pas particulièrement de s’imprégner de l’ambiance cloîtrée d’un village suisse voué aux commérages, et les rares conversations ne renouvellent pas une réflexion sur les conséquences négatives de l’endoctrinement religieux des enfants. Nous devons le reconnaître : le personnage a dépassé le créateur, et le vilipendé pasteur Obrist s’avère finalement beaucoup plus convaincant que Matthias Gnehm lui-même. - Citation :
- C’était dans le village qui, autrefois, il y a 25 ans, était considéré par beaucoup comme le plus laid de tout le pays. Pourtant, de cet endroit, ils ne voyaient que l’extérieur, le visage… ou, certes, la grimace. Ils ne voyaient que sa tour d’habitation aberrante construite dans les années septante. Son triste assemblage de maisons individuelles. Les autoroutes qui s’y croisaient. Ils demeuraient bien évidemment aveugles à tout le reste. Seul celui qui avait grandi ici pouvait voir des choses qui demeuraient invisibles au reste du monde.
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| | | colimasson Abeille bibliophile
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| Sujet: Re: OneShot - BD Mer 13 Mar 2013 - 16:26 | |
| Les Poils (2011) de Grégory Mardon Les poils, c’est important ! Demandez un peu à Gladys pour savoir ce qu’elle en pense… si elle a épousé Fabrice et si elle l’aime d’un amour qu’elle croit indéfectible, ce n’est pas seulement pour sa pilosité simiesque, d’accord, mais quand même : cette chevelure hirsute qui parsème son corps et lui donne un air sauvage d’australopithèque fait partie intégrante de son identité. Lorsque Fabrice décide alors de lui faire la surprise de se raser des pieds à la tête pour sortir leur couple d’une certaine routine pourtant pas désagréable, Gladys pousse un cri de terreur. Non pas que Fabrice imberbe soit immonde, mais parce qu’il ne ressemble plus du tout à son époux, l’éternel homme poilu. Et finalement, c’est plutôt excitant… Avec ce nouvel homme dans son lit, Gladys oublie sa responsabilité d’épouse fidèle et de mère aimante. Retournée à l’âge d’or adolescent, elle ouvre de nouveau l’œil sur toute forme masculine séduisante passant à sa portée. Dans la rue, chaque homme lui apparaît comme un réservoir de potentialités à explorer. La capture paraît si simple… il suffit de s’asseoir seule à la table d’une terrasse pour faire approcher les éphèbes solitaires. Faillira ? Faillira pas ? L’intrigue se tend autour de ce dilemme dans une progression qui ne semble jamais pouvoir s’assouvir. Les possibilités sont nombreuses : il suffirait d’entrer dans un club privé et de se laisser aborder par les dizaines d’hommes en rut qui attendent leur proie, d’aborder un inconnu dans la rue ou de suivre un collègue séduisant mais mystérieux dans l’espoir de découvrir sa seconde vie… Déstabilisée par l’idée d’avoir pu connaître l’extase avec son mari alors même qu’il ne ressemblait plus à celui qu’elle avait toujours connu, Gladys ne semble plus qu’obnubilée par ce vivier d’hommes inconnus dont elle pourrait s’approcher avec toute l’aisance de sa jeunesse, de son charme et de sa confiance. Grégory Mardon a construit son album des Poils à l’image de la quête de Gladys. L’action est tendue par la corde du désir : désir de Gladys de connaître d’autres hommes, désir cathartique du lecteur de la voir céder à une impulsion qu’elle avait toujours vivement condamnée. Mais Gladys hésite et semble ne jamais oser dépasser le stade du fantasme. De propositions refusées à possibilités contournées, le désir s’exacerbe et les pages se tournent et s’envolent avec frénésie. Après la Moustache d’Emmanuel Carrère, les hommes sont une nouvelle fois avertis : vous n’êtes rien de plus que votre moustache, votre barbe ou vos poils. Gare à vous si, en tentant de surprendre votre moitié, vous décidez de leur rendre la liberté : dénudé par la disparition de cette frontière de barbe, la confrontation directe avec la réalité risque d’être brutale… - Citation :
- C’est vrai que tu as un truc de changé. Tu n’aurais pas perdu du poids ? - Pas autant que ta mère le jour où elle a décidé de se raser la chatte. | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
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| Sujet: Re: OneShot - BD Lun 25 Mar 2013 - 20:15 | |
| Beauté – Tome 1 : Désirs exaucés (2011) de Kerascoët & Hubert Avant qu’Einstein ne théorise sa loi de la relativité générale, les contes de fées étaient encore capables de transformer le pire laideron de ses personnages en beauté fatale, réelle et tangible. Après qu’Einstein ait théorisé sa loi de la relativité générale, les contes de fées ont destitué leurs personnages de leur magie : le pire laideron restera objectivement laid, mais échappera aux humiliations et aux brimades imposées aux gens de pauvre apparence en incarnant l’image subjective de la beauté absolue. Pas facile les contes de fées à l’ère de la relativité générale ! Kerascoët et Hubert ont eu la très bonne idée de s’inspirer d’un mythe ancien et connu pour l’adapter à des modes de pensées plus modernes. Dans Beauté, l’histoire se déroule toujours dans un Moyen Âge peu surprenant, avec villageois pauvres et rustres d’une part, et noblesse riche et distinguée d’autre part, mais cette notion moderne de relativité des goûts et des concepts introduit une sorte d’anachronisme qui fait toute l’originalité de l’album. Morue, pauvre jeune fille laide et puant le poisson, lasse des brimades et humiliations qu’elle subit quotidiennement, rencontre un jour la fée Mab, cachée sous le déguisement d’un crapaud au-dessus duquel Morue a versé une larme de compassion. Lorsque la fée permet à Morue d’exercer un de ses vœux, la jeune fille choisit aussitôt d’obtenir la beauté. « Si Mab ne peut changer ta nature, elle peut en changer la perception ». Morue ne deviendra pas vraiment belle, mais elle sera « aux yeux des autres l’idée de beauté faite femme ». Mab s’éclipse. Morue contemple son reflet dans un point d’eau pour vérifier si son vœu a été correctement exécuté. Quel malheur ! Morue est toujours aussi laide ! Mais de retour chez elle, le charme agit : hommes comme femmes, adultes comme enfants, tous sont stupéfaits et comme enchantés par la beauté nouvelle de Morue. L’horreur semble avoir glissé de son apparence au comportement de ses semblables. Les hommes enchantés s’entretuent pour s’attirer les faveurs de Morue ; les femmes rendues folles de jalousie pourchassent la belle et la brûlent, et si Morue réussit à échapper in extremis à leur excitation meurtrière, ce n’est pas le cas de la mère qui périt de la beauté de la fille. Véritable promotion sociale, la beauté de Morue lui permettra finalement de s’extraire de sa pauvreté en s’attirant les faveurs du prince local. Mais Morue peut-elle se contenter de cette modeste élévation sociale ? La jeune fille se laisse griser par les compliments. Si Hubert et Kerascoët choisissent par moments de nous la représenter à travers les yeux de ses congénères –personnage alors splendide-, aux yeux du lecteur, elle continue la plupart du temps à apparaître dans toute sa laideur. Et pourtant, nous finissons presque par croire à notre tour que Morue est réellement devenue belle, car son assurance et sa confiance nous éblouissent. Un peu trop peut-être ? Jusqu’où ira Morue dans ses prétentions à obtenir le meilleur ? Le premier volume de la série se termine en nous laissant supposer que le sort risque de n’être pas toujours aussi favorable à notre pauvre Morue s’acharnant à s’extirper de sa vase… - Citation :
- A force d’écailler les poissons, l’odeur avait pénétré la peau de Morue si profondément qu’aucun bain, aucun savon ne pouvaient l’en faire partir. Morue sentait le poisson du lever au coucher, hiver comme été.
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| | | colimasson Abeille bibliophile
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| Sujet: Re: OneShot - BD Ven 29 Mar 2013 - 13:46 | |
| Beauté – Tome 2 : La Reine indécise (2012) de Kerascoët et Hubert Après un premier volume qui nous présentait les émois d’une Morue douée de beauté par magie, Kerascoët et Hubert cavalent avec plus d’assurance sur la piste de ce sortilège qu’on ne saurait qualifier d’heureux ou de malheureux… Pour Morue, cela ne fait aucun doute : la beauté est un miracle sans lequel elle ne pourrait plus concevoir de vivre. Pauvre souillon méprisée de tous, elle est devenue celle dont on se dispute les faveurs : à l’échelle des pauvres brigands de son village, on se massacre inutilement pour un regard de la belle ; à l’échelle des princes du royaume, les duels permettent au moins l’organisation de noces somptueuses. Et voici Morue faite Reine de Beauté, cheminant à côté du Roi Maxence, lui aussi réputé pour une grâce cependant bien naturelle. A Morue la richesse, le luxe et les plaisirs ! Il lui suffit de réclamer une chose pour l’obtenir. La princesse Claudine, sœur du Roi Maxence, ne s’y laisse pas prendre : elle a compris que Morue est une simplette qui voit rarement plus loin que le bout de son nez, mais qu’elle constitue un outil de choix lui permettant de manipuler à l’envi les hommes dans les décisions de guerre et de pouvoir. Frivole à l’extrême, réclamant sans cesse les privilèges qu’elle croit pouvoir réclamer du fait de sa beauté pourtant artificielle, Morue se laisse elle-même berner par la nouvelle image qu’elle renvoie à ses semblables. Princesse échappée d’un conte de fées pour enfants, elle ne se doute pas des enjeux que comportement l’administration d’un royaume, et lorsqu’elle cherche à le comprendre, son entourage la détourne de la vérité, bien trop cruelle pour une merveille aussi resplendissante qu’elle. Toujours aussi modernes dans leur manière de revisiter cette légende à la sauce médiévale, Kerascoët et Hubert explorent la psychologie de personnages crédibles jusque dans leurs contradictions. Morue, frivole et séductrice, attise la jalousie de son époux le Roi Maxence qui essaiera d’user de son pouvoir pour capter son attention, déployant d’abord les forces du bien, avant de dévoiler l’attirail de la vengeance sanguinaire. Entre les deux, la sœur Claudine use de toute sa ruse pour mener à bien la guerre, manipulant Morue afin que sa beauté, en rencontrant certains personnages et en traversant certaines contrées, déstabilise les éléments moteurs de la bataille. Un peu d’érotisme, beaucoup de massacres, et un humour cynique vibrant de la première jusqu’à la dernière case de ce volume : le rythme s’accentue et les contradictions de chaque personnage semblent culminer… Ne reste plus qu’à dénouer cet enchevêtrement, par l’intelligence ou par la folie. On se prend au jeu des miroirs dans une impatience qui nous fait guetter la suite avidement… - Citation :
- Beauté attendait avec appréhension de voir son bébé. A quoi pouvait-il ressembler ? Quand elle vit les traits disgracieux de son enfant, elle fut émue jusqu’aux larmes. Elle défit son corsage et tendit à la petite lippe un sein magnifique.
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| | | colimasson Abeille bibliophile
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| Sujet: Re: OneShot - BD Dim 21 Avr 2013 - 11:05 | |
| Feynman (2012) d’Ottaviani & Myrick Les physiciens aussi peuvent être des gens intéressants. Ceci n’a rien d’une révélation. Mais il semblerait malgré tout qu’il faille le répéter régulièrement pour que personne ne l’oublie. Richard Feynman obtient le Prix Nobel de physique à 47 ans. Ses talents ne se résument cependant pas uniquement à ses capacités de compréhension abstraite exceptionnelles. Qu’on le croie ou non, les physiciens ne vivent pas uniquement pour la physique, même si elle est quantique. A la base de la fascination de Feynman pour cette science dure se trouve une curiosité insatiable pour les phénomènes les plus anodins de l’existence et une disposition pour les relations humaines qui le fait se montrer badin et enjoué. Caractéristiques parfaites pour faire de lui un personnage de bande dessinée attachant. Pour construire le portrait de cet homme, Ottaviani et Myrick se sont inspirés des nombreux livres qu’il a publiés au cours de sa carrière. On en trouvera la liste à la fin de l’ouvrage, parmi lesquels on peut citer La nature de la physique, Vous voulez rire, Monsieur Feynman !, Le cours de physiquement de Feynman ou encore Physique : les astuces de Feynman -entre autres publications qui tentèrent de rapprocher la physique du commun des mortels. Dans leur album, Ottaviani et Myrick ont emprunté une démarche similaire en construisant une image de proximité de Richard Feynman. Au départ, il ne s’agit que d’une conférence donnée parmi tant d’autres. Derrière un discours souvent blagueur, Feynman revient sur son parcours et nous permet de suivre le développement d’un enfant qui deviendra professeur de physique à 23 ans et qui raflera le prix Nobel de Physique à 47 ans. Que s’est-il passé entre temps ? Et comment Richard Feynman a-t-il mené son existence, parallèlement à ses travaux scientifiques absorbants ? On découvrira la vie d’un homme dont les principaux critères de réussite semblent être son originalité et sa capacité de résilience. Ces qualités lui permettent non seulement de rebondir dans une existence qui aura pourtant été chaotique, mais aussi d’aborder les sciences et ses zones troubles par des abords qui ne sont pas conventionnels –ce qui permet à Richard Feynman de défricher des territoires que d’autres n’avaient même pas pensé à explorer. Suivre cet homme dans sa vie et dans ses travaux scientifiques relève donc de l’aventure et se montre éblouissant à maintes reprises. On peut essayer de faire sienne la formule magique qui lui a permis de surmonter la plupart des difficultés de son existence : « Attends, ça peut pas être si difficile, ça doit être tout simple. Je vais prendre du recul et traiter ça avec légèreté. »Toutefois n’est pas Richard Feynman qui veut… Nous tournons les pages, et le déroulement de la conférence progresse. Ottaviani et Myrick se proposent alors de nous faire comprendre les découvertes majeures du physicien dans une démonstration peu convaincante. Quel niveau de connaissances en physique faut-il avoir commencé à atteindre pour comprendre les explications fournies en accélérée par ce Richard Feynman de papier ? Certains principes démontrés, pris isolément, pourront être globalement appréhendés, mais impossible de comprendre ce qui relie les différents phénomènes entre eux. Le défaut vient probablement du fait qu’Ottaviani et Myrick supposent que le lecteur connaît les découvertes effectuées par Richard Feynman. Connaissant le résultat, il serait ainsi plus facile de comprendre les étapes préalables de la démonstration. Cependant, à aucun autre moment de l’album les découvertes de Richard Feynman ne seront explicitement nommées, et le lecteur qui ne connaissait pas le physicien avant de lire cet album aura plus d’une fois l’occasion de se sentir complètement perdu. Pour ma part, les dernières dizaines de pages de l’album m’ont paru incompréhensibles. C’est à regret que j’ai dû accepter de passer à côté de découvertes visiblement enthousiasmantes (il n’y a qu’à voir l’air enjoué de Richard Feynman livrant ses explications pour s’en persuader) mais qui souffrent soit d’un défaut d’accessibilité, soit de mauvaises explications. Ce n’est donc pas aujourd’hui encore que le physicien redeviendra un homme banal parmi tant d’autres… Tant que ses théories resteront hors de notre portée, il nous semblera toujours inaccessible –et les évènements plus anodins de son existence ne parviendront pas à nous persuader du contraire. Anecdote drôle sur la "politesse japonaise" : - Citation :
- A Kyoto, j’ai pris des leçons [de japonais] une heure par jour.
- Puis-je visiter votre jardin - Non, je crains qu’on ne dise pas comme ça. Il faut dire : « Puis-je admirer voter superbe jardin ? » Maintenant, que diriez-vous si c’était moi qui voulais visiter le vôtre ? - Euh… « Voulez-vous visiter mon jardin ? » - Je suis navrée, mais c’est encore incorrect. Dans ce cas, il faudrait dire : « Souhaitez-vous jeter un œil à mon jardin minable ? » « Si c’est lui, l’homme le plus intelligent du monde, on est dans de beaux draps ! »
Étrange, cette citation de couverture ? Ce propos aurait été prononcé par la mère de Richard Feynman lorsqu'elle apprit que celui-ci avait été distingué par un magazine américain (selon James Gleick dans le Génial Professeur Feynman (1994)). Ottaviani et Myrick nous listent les ouvrages écrits par Feynman qui ont nourri leur enthousiasme à son sujet : - Citation :
- - La nature de la physique
- Vous voulez rire, Monsieur Feynman ! - Le cours de physique de Feynman - Physique : les astuces de Feynman - Vous y comprenez quelque chose, M. Feynman ? - Qu’en pensez-vous Monsieur Feynman ? - Lumière et matière, une étrange histoire - Particules et lois de physique - Leçons sur la physique Et d'autres lectures autour de Feynman, de ses découvertes, et de la physique quantique en général : - Citation :
- Les dérangeurs de l’univers de Freeman Dyson - D’Eros à Gaïa : pour une science à l’échelle humaine de Freeman Dyson - Le génial professeur Feynman de James Gleick | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
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| Sujet: Re: OneShot - BD Ven 26 Avr 2013 - 11:10 | |
| Blue (2012) de Pat Grant Blue est une fausse histoire autour du surf. Pour Pat Grant, c’est surtout l’occasion de revenir sur sa jeunesse et d’évoquer les sentiments que lui a inspirés l’atmosphère de Bolton au cours de son enfance, puis de son adolescence. Bolton est une ville champignon d’Australie. Elle doit tout à l’artificialité des discours politiques et de la propagation du rêve américain. Aujourd’hui, alors qu’il est adulte, Christian retrace la genèse de l’élaboration de cette ville. A la fierté laborieuse de ses parents a succédé l’ambiguïté d’une période au cours de laquelle les véritables autochtones se sont vus peu à peu envahir par des homoncules tentaculaires à la peau bleue. Malpropres, bruyants, vulgaires, ils sont accusés d’être la cause de la décadence amorcée de Bolton. Cette période, Christian l’a vécue lorsqu’il entrait dans l’adolescence. Entre fascination pour la déchéance et haine viscérale pour ces nouveaux arrivants, le trouble se traduit, chez lui et ses amis, par un accident de train survenu au cours de la nuit. Explosé sur les rails de la voie ferrée, le cadavre d’un homoncule bleu continue à répandre ses membres alentours. Le surf devient un prétexte pour s’approcher des rails et pour observer le cadavre. Christian, Verne et Muck se montrent aussi bourrins devant cette hécatombe que lorsqu’il s’agit de pousser chacun dans ses retranchements face à l’affront des vagues du Pacifique. En évoquant cette pudeur qui rejette l’aveu de la faiblesse et qui provoque l’évènement de la mort, Pat Grant parvient à transformer les fanfaronnades malhonnêtes de ses personnages pour révéler le trouble, la terreur et les interrogations qu’elles dissimulent. Blue traite de l’enfance sur le mode fantastique. La narration fait s’alterner des rythmes plus ou moins lents, des réflexions mélancoliques puis des dialogues crus, argotiques et d’une mauvaise foi attendrissante. Parfois, ce sont uniquement des visions qui reviennent à Christian. Des paysages fourmillants de détails s’inscrivent alors sur plusieurs pages et parviennent, dans la continuité de ses évocations, à faire revivre le sentiment de nostalgie qui survient dès lors que l’on pense au passé. On comprend que le souvenir laissé par le passé dépend pas de son caractère bon ou mauvais –s’il est possible de trancher aussi clairement- mais de la quantité d’incompréhensions qu’il aura laissées derrière lui. Blue se conclut par un court essai de Pat Grant qui confirme ces impressions : « Dans une certaine mesure, il se peut que toute narration traite de la mémoire, mais la bande dessinée semble reliée avec plus de force aux vocabulaires juvéniles de l’être et de la connaissance que n’importe quelle autre forme d’écriture. Plonger dans l’espace narratif que l’art de la bande dessinée met à notre disposition –en tant que dessinateurs, mais aussi en tant que lecteurs –nous permet de retourner à un état d’adolescence ou de préadolescence en contournant les filtres analytiques et historiques avec lesquels nous, en tant qu’adultes, traitons les données sensorielles. »Et en effet, Blue contourne tous ces filtres. Il laisse son lecteur décontenancé, sans qu’il ne soit possible pour celui-ci d’en expliquer les raisons précises. Il est difficile de trancher : Blue est-il un triste rêve ou un doux cauchemar ? … - Citation :
- - Comment on est censé les appeler ?
- Je sais pas. Juste « les gens bleus ». - C’est pas un peu raciste. Ou quoi ? - Peut-être. Mais ils sont bleus. Comment ça peut être raciste si c’est vrai ? - Ils sont comme les négros ? - Nan. Les négros sont différents. Les gens bleus sont plus comme les rebeus. Ou les bouffeurs de curry. - Connerie ! Ce gamin avait rien à voir avec un bouffeur de curry. Il ressemblait plus à un nabot-rigène. En exergue : - Citation :
- Tout le monde arrivait avec le sentiment d’aller de l’avant, d’être unis. Tout le monde puisait son courage dans le spectacle d’une autre camionnette orange se garant devant la porte d’à côté. Une famille exactement comme la nôtre déchargeant des pieds de lampe, des berceaux et des tables en formica comme les nôtres.
Ayant reçu le vide auquel nous aspirions, nous avions devant nous la tâche de mettre du sens dans le néant. David Beers, Blue Sky Dream | |
| | | Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
| Sujet: Re: OneShot - BD Ven 26 Avr 2013 - 16:59 | |
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| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: OneShot - BD Dim 28 Avr 2013 - 21:42 | |
| A donf. C'était pas convaincant ? | |
| | | Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
| Sujet: Re: OneShot - BD Lun 29 Avr 2013 - 9:13 | |
| - colimasson a écrit:
- A donf. C'était pas convaincant ?
Il me fallait un commentaire clair et précis : à donf, c'est parfait ! Là, je comprends ! | |
| | | krys Sage de la littérature
Messages : 2093 Inscription le : 06/09/2009 Age : 65 Localisation : sud ouest
| Sujet: Re: OneShot - BD Lun 29 Avr 2013 - 13:39 | |
| J'avais lu le début des aventures de Morue dans Spirou Magazine, j'avais beaucoup aimé le concept et les images. Je n'ai jamais lu la fin car j'ai oublié d'acheter les numéros suivants | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: OneShot - BD Mer 1 Mai 2013 - 21:51 | |
| - Queenie a écrit:
- colimasson a écrit:
- A donf. C'était pas convaincant ?
Il me fallait un commentaire clair et précis : à donf, c'est parfait ! Là, je comprends ! Pour te servir ! - krys a écrit:
- J'avais lu le début des aventures de Morue dans Spirou Magazine, j'avais beaucoup aimé le concept et les images. Je n'ai jamais lu la fin car j'ai oublié d'acheter les numéros suivants
Tu vas pouvoir te rattraper avec les albums maintenant ! (ou bien vas-tu trouver un autre prétexte pour ne pas connaître la suite des aventures de Morue ? ) | |
| | | Heyoka Zen littéraire
Messages : 5026 Inscription le : 16/02/2013 Age : 36 Localisation : Suède
| Sujet: Re: OneShot - BD Jeu 16 Mai 2013 - 14:26 | |
| - Citation :
- Risquer le crash relationnel sur les rigides autoroutes de la franchise? Plus jamais ça ! Grâce aux répliques de Focu, faites voyager votre interlocuteur sur les petits sentiers diplomatiques de campagne, et progressez ainsi sans encombre jusqu'aux plus hautes cimes de la vie sociale !
Aujourd'hui, je vous présente une BD qui se lit toute seule. Focu fait sourire et même rire à quelques occasions mais je me dois d'apposer un léger bémol : les répétitions dans les défauts visés sont un peu lassantes (moche, boutonneux, grosse). Pour ces défauts là, ça devient vite bête et méchant, aucun intérêt. C'est d'autant plus dommage que quand Diego Aranega sort des sentiers battus des défauts classiques, il fait mouche avec des tournures piquantes. J'aurais peut être dû le lire par petits bouts - c'est comme ça qu'il a été construit - plutôt que de tout lire d'une traite. De même qu'il ne faut pas abuser des bonnes choses, il ne faut pas abuser des moqueries (ou alors, il faut varier les plaisirs ). Je ne veux pas non plus être trop sévère parce que ça reste une BD rigolote. - Citation :
- Tu ne diras pas : Bon sang mais arrête de me postillonner dessus !
Tu diras plutôt : T'as vraiment un don pour immerger les gens dans ce que tu racontes.
Tu ne diras pas : T'as une vraie tête de gland ! Tu diras plutôt : Je t'imagine bien à la tête d'un truc vachement important.
Tu ne diras pas : T'es vraiment le croisement d'une taupe et d'un asticot ! Tu diras plutôt : Toi, dans la vie, t'auras pas de mal à faire ton trou.
Tu ne diras pas : Y'a plus de miel dans tes oreilles que dans une ruche ! Tu diras plutôt : Au fond de toi, y'a une reine qui sommeille. | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: OneShot - BD Ven 17 Mai 2013 - 18:53 | |
| L’ascension du haut mal – Tome 1 (1996) de David B. Lorsqu’ils étaient enfants, Jean-Christophe s’emparait toujours des textes écrits par David pour les raturer, les corriger et imposer la marque de son esprit sur le sien. Devenus adultes, Jean-Christophe n’écrit plus. On le découvre dans les premières pages, traînant les pattes dans la salle de bains, complètement abruti par des années de médicamentation brutale. David continue quant à lui à écrire et cette fois, personne ne l’en empêche plus. Aux histoires de guerriers a succédé l’histoire de sa famille, c’est-à-dire l’histoire de Jean-Christophe et de son épilepsie. Même si les premières crises d’épilepsie de son frère ne se manifestent pas tout de suite dans son enfance, tout ce qui les précède semble devoir en expliquer la cause. David et Jean-Christophe grandissent ensemble et ce qui sépare les deux frères est infime. On imagine qu’avec ce récit, David cherche à analyser ce qui l’a différencié de son frère et ce qui lui a permis d’échapper au « haut mal » qui n’a pas épargné Jean-Christophe. Culpabilité ou envie ? David est conscient de sa chance de n’être pas épileptique mais, enfant, lorsqu’il voit son frère entrer dans ses transes incontrôlables, c’est aussi de la jalousie qu’il ressent. Jean-Christophe lui échappe –il a maintenant accès à une dimension de l’existence que David ignore, et qui dit qu’il ne s’agit pas là d’un monde merveilleux ? Un monde aussi endiablé que celui de Michel Strogoff de Jules Vernes, où les combats sanguinolents font frissonner comme sous le règne de Gengis Khan ? David et Jean-Christophe avaient toujours partagé un intérêt intarissable pour ces histoires qui permettaient à leur violence de trouver un exutoire mais avec l’épilepsie, la violence devient réelle ; elle s’exprime à présent de manière incontrôlable, sans qu’on ne la convoque. David et Jean-Christophe font l’apprentissage de la réalité. La guerre leur avait toujours semblée drôle –les grandes personnes qui l’ont vécue leur font comprendre qu’elle est tragique ; le mal leur avait toujours paru dérisoire –il devient paniquant lorsqu’il se trouve en soi et qu’il est incontrôlable. Anubis surgit une nuit dans les rêves de David et le guérit de sa peur des figures d’angoisse fictives pour lui inoculer la peur du réel. « Je rêvais du dieu des morts Anubis. Il s’avançait vers moi, j’étais terrorisé. Je me suis réveillé. Anubis était toujours là, il continuait d’avancer. Soudain, tout s’est arrêté. Il n’y avait plus que l’ombre de l’armoire qui avait vaguement la forme d’un chacal. Depuis, je peux avoir peur des gens, de la vie, de l’avenir. Mais je n’ai pas peur des fantômes, des diables, des sorcières, des vampires »L’épilepsie de Jean-Christophe perturbe aussi la famille et David raconte leur « grande ronde des médecins ». On imagine une époque moins sensibilisée que la nôtre à l’épilepsie. Le cas de Jean-Christophe est atypique et suscite différentes réactions du milieu médical, de l’incompréhension avouée au fanatisme inquiétant en passant par l’incompétence dangereuse (« Madame, votre fils est méchant ! »). Alors que Jean-Christophe doit bientôt se faire lobotomiser partiellement, celui-ci découvre la macrobiotique de Georges Oshawa. C’est l’occasion ou jamais d’échapper aux chirurgiens, même s’il faut pour cela changer tout le mode de vie d’une famille qui, jusque-là, avait vécu sans jamais se soucier des préceptes macrobiotiques. L’ascension du haut mal n’est que le premier volume d’une série qui en comporte six. La conclusion de ce premier épisode paraît donc surprenante pour ne pas dire tristement cynique : effectuer l’ ascension du haut mal semble devoir nécessiter de passer par la phase de la guérison. Utiliserait-on trop souvent ce terme à mauvais escient ? La guérison n’est-elle qu’une aggravation d’un état pathologique ? Un terme servant à masquer l’incompétence du corps médical et de l’entourage ? Il nous faut retrouver David rapidement pour le savoir. - Citation :
- Il explique que c’est une opération très délicate, que si son bistouri taille un demi-millimètre à côté, mon frère sera aveugle. Il énumère tout ce qui risque d’arriver s’il loupe son coup. S’il taille là, mon frère perd l’usage de ses membres, là, il perd l’usage de son bras droit, là de ses jambes, là il sera sourd… Ma mère s’évanouit. Le professeur T. la rassure : rien de tout ça n’arrivera car il est d’une habilité hors du commun. Les dégâts seront limités. Il perdra son champ visuel sur les côtés.
- Alors il ne pourra plus voir sur les côtés ? Et il sera paralysé deux jours après l’opération. - S’il veut regarder sur les côtés, il tournera la tête, c’est tout ! | |
| | | Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
| Sujet: Re: OneShot - BD Lun 20 Mai 2013 - 9:17 | |
| Scénario : Scott Snyder & Scott Tuft Dessin : Attila Futaki Un graphisme tout joli. Qui donne au tout une ambiance qui colle au thème de la BD : les Etats-Unis, début XXème, le foisonnement des grandes villes, la beauté et la dangerosité des voyages clandestins en train. Des couleurs douces, et des dessins très fins, avec une foule de petits détails. Avec des plongées dans le sombre et l'horreur, des gros plans sur des dents acérées, des lames ensanglantées, des maisons obscures, poussiéreuses et mortifères. L'histoire, en elle-même, démarre dans un classicisme prévisible, ce qui fait entrer le lecteur dans une torpeur légèrement ennuyée : on voit tout venir à l'avance. Et puis, quand les choses s'accélèrent, Snyder et Tuft font sortir leurs personnages des petits rails tranquilles et codifiés des histoires d'horreur. Sans en dire plus, sinon ce serait gâcher. Juste que limite, du coup, ça s'accélère et ça va un chouia trop vite sur la fin. Pour ceux quia aime avoir peur des Ogres planqués dans le noir, qui aime les violonneux hobos dans les trains rouillés, les ados qui se cherchent une identité et des racines dans un monde qui tourne vite et vers le futur, les Etats-Unis (Chicago et la campagne aux maisons-cabanes inquiétantes) Finalement, une BD agréable à lire, avec une plongée dans une atmosphère glauque et inquiètante, qui rappelle les histoires de King ou Barker (côté fable fantastique). | |
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| Sujet: Re: OneShot - BD | |
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