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Parfum de livres… parfum d’ailleurs
Littérature, forum littéraire : passion, imaginaire, partage et liberté. Ce forum livre l’émotion littéraire. Parlez d’écrivains, du plaisir livres, de littérature : romans, poèmes…ou d’arts…
à l'heure où on ne cesse de nous rappeler la souffrance du peuple américain après le 11 septembre, voici une BD (le premier tome) qui nous explique de manière extrêmement claire et simple l'histoire des relations entre les Etats-Unis et les Etats Arabes. Tout commence avec en exergue la légende de Gilgamesh et de Enkidou, ces deux amis (l'un est roi l'autre est gueux) qui partent combattre le Mal ; l'astuce c'est que les auteurs ont mis dans la bouche des deux héros des paroles prononcées par Bush et Powell pour justifier leur intervention en Irak (l'Irak qui est la terre ancestrale de Gilgamesh).
A travers cet exemple, se résume le travail méticuleux sans être rébarbatif, utile et intelligent de J.P. Filiou, historien et spécialiste du Moyen-Orient et David B., dessinateur talentueux aux traits précis et à l'inventivité stimulante.
Un premier tome donc, qui couvre les années de 1783 à 1953. Ultra accessible (si on connait un minimum l'histoire du monde) et révélant également des aventures somptueuses de pirateries et de filouterie humaine, cette BD est de celle qu'il faut recommander impérativement à ceux qui voudraient en savoir un peu plus sur la manière dont le monde tourne.
colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
Sujet: Re: OneShot - BD Sam 10 Sep 2011 - 19:13
J'avais hésité à le noter à ma LAL, de crainte de ne pas pouvoir affronter un propos politique hors de ma portée, mais ton commentaire enthousiaste me fait changer d'avis. Merci Shanidar
colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
Sujet: Re: OneShot - BD Dim 11 Sep 2011 - 9:11
Body world(2011) de Dash Shaw
Body World nous introduit dans un futur pas si lointain que ça, dans la petite ville de Boney Borough, aux Etats-Unis. Nouvellement créée suite à une guerre dont le lecteur ne saura pas grand-chose, ses habitants y vivent en huis-clos. Ils ne connaissent pas le monde extérieur et ils ne s’y intéressent pas. Leur monde quadrillé, dont le plan minutieux est fourni au début du livre, suffit à leur existence. Ici comme ailleurs, les choses évoluent en suivant un cours plutôt habituel. Les élèves étudient en classe, les professeurs dispensent leurs cours, les habitants font leurs courses, les voisins se fâchent entre eux, les histoires d’amour se font et se défont… jusqu’au jour où le Professeur Panther, en charge de la rédaction d’un article de « L’Encyclopédie des hallucinogènes américains », pénètre dans ce territoire inconnu aux multiples forêts pour étudier les effets hallucinogènes d’une plante mystérieuse.
L’introduction de cet élément étranger parmi les habitants de Boney Borough va provoquer quelques remous. Essayant sans succès de se lier avec une des professeurs du lycée, puis récupérant finalement une étudiante délaissée par son ancien petit ami, Panther fait figure d’esprit provocateur. Cette réputation prendra de plus en plus d’ampleur à mesure qu’il découvrira les effets de la nouvelle plante hallucinogène. Les effets de cette dernière, loin de rester confinés uniquement aux sensations de son consommateur, se propagent d’habitants en habitants à l’intérieur de Boney Borough. Elle connecte entre eux tous ceux qui la fument, mettant en place des liaisons directes de transfert de sensations, de sentiments ou de souvenirs. Lorsque la forêt abritant ces plantes se met un jour à brûler, la confusion la plus totale s’abat sur Boney Borough.
Cette histoire de plantes hallucinogènes est un excellent prétexte pour mettre en place une histoire psychédélique à souhait. On sent que Dash Shaw s’y donne à cœur joie, et lorsque ses personnages sont submergés par les effets de la plante, les traits représentant leurs souvenirs se coupent et se recoupent dans une confusion floue et colorée digne du meilleur trip. Et même lorsque les plantes ne font pas encore leur effet, Dash Shaw plonge son lecteur dans une ambiance rétro-futuriste à l’ « Orange Mécanique » d’un grand esthétisme.
Les dialogues sont menés par un Professeur Panther cynique et aigri à souhait qui vient réveiller les esprits un peu endormis des habitants de Boney Borough. Les situations sont souvent périlleuses et Panther en prend pour son grade jusqu’à la fin de l’album. Rebondissant par son humour à chaque nouveau coup du sort, il confère à Body World un caractère de dérision qui tend souvent vers la cruauté.
Les autres personnages, bien que moins charismatiques, sont toutefois marqués par des personnalités très fortes. Sur plus de 200 pages, on a le temps de s’attacher à cette petite ville retirée, explicitement comparée à une fourmilière dans les cours dispensés au lycée. Mais lorsque la fourmilière flambe et que les esprits se rencontrent, l’histoire court au désastre. Et pour expliquer cela, Dash Shaw nous propose une raison simple :
« Toute une ville contaminée par un virus « télépathique », ça doit donner un esprit de ruche malsain ou une orgie déplaisante, vraiment dégueu, pasque quand on y pense, la majorité de la population est laide. »
Ici, un trailer animé de Body World :
Et comme l’histoire était initialement publiée sur le site de Dash Shaw, on peut la retrouver en ligne : ICI « Vous m’avez beaucoup appris sur la vie et l’amour, tout bouseux que vous êtes ! »
colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
Sujet: Re: OneShot - BD Mer 21 Sep 2011 - 9:11
Bienvenue – Tome 1 (2010) de Marguerite Abouet et Singeon
Bienvenue est une jeune parisienne de 21 ans, étudiante à l’école des Beaux-Arts. Son statut lui confère une situation privilégiée pour évoquer tous les tracas que peuvent rencontrer les étudiants à l’heure actuelle. Colocation houleuse sous le toit d’une chambre de bonne, petits boulots dans des soirées mondaines chics, difficultés à se faire sa place dans le monde artistique, vie de célibataire endurcie, déjeuners avec la mère et le beau-père macho…
Marguerite Abouet n’épargne rien à Bienvenue, l’héroïne de son album, et n’hésite pas à l’affubler d’un prénom qui sera la source des principaux malentendus et quiproquos de cet ouvrage. Trouvaille ingénieuse s’il en est puisqu’elle permettra de faire l’objet d’un quart des conversations échangées par les personnages.
Malgré tout, il est difficile d’adresser des reproches à Bienvenue… La lecture n’est pas désagréable : le personnage a du répondant, une personnalité forte que rien ni personne ne semble pouvoir ébranler, et les évènements s’enchaînent les uns à la suite des autres, ne laissant aucun répit au lecteur ni aucun moyen de s’ennuyer. Mais la magie n’opère pas… Il manque à cet ouvrage des personnages secondaires forts, qui apportent un contrepoint intéressant à Bienvenue. Ici, au contraire, ils semblent jouer des rôles de subordonnés, se contentant de faire l’étalage de leurs défauts dans le seul but de se laisser adresser des remontrances par Bienvenue. Du coup, le personnage finit par sembler un peu prétentieux, ce qui est pourtant contraire à ce que Marguerite Abouet avait très certainement l’intention de faire… Bienvenue qui rate tout, mais qui rate tout parce qu’elle l’a choisi[/b], parce qu’elle ne se laisse pas [i]corrompre par des idéaux contraires à ses principes, se fait la moralisatrice de tous les gens qu’elle croise et ceux-ci, pauvres êtres soumis et sans défense, se laissent remettre sur le droit chemin par des propos d’une prétendue sagesse agaçante.
La conclusion de ce premier tome est également décevante… Je suis certaine que vous l’avez déjà devinée… Lorsque l’on est une jeune fille et que l’on a du potentiel, comment ne pas conclure l’album de ses aventures par la promesse d’un rendez-vous galant avec un jeune homme ? Quand même, voilà qui est original ! On attend la suite des évènements sans grande impatience…
colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
Le monde des superhéros n’est plus aussi brillant qu’il ne l’était. Alors que les superhéros étaient auparavant l’objet de l’admiration de tous, lorsqu’ils vouaient leur existence à défendre de justes et nobles causes, leur soumission à un système marchandisé les a transformés en marionnettes publicitaires qui préfèrent vendre leur image plutôt que de mettre à profit leurs pouvoirs.
Le système éducatif des superhéros ne se porte pas mieux… Veillant avant tout à conditionner les élèves pour qu’ils respectent les critères de bienséance qui sauront les faire apprécier du grand public (pouvoirs qui ne mettent en danger la vie de personne, apparence physique humaine…), ils brident les possibilités de faire évoluer le monde des superhéros dans une direction plus diversifiée et peut-être également plus contestatrice.
Evidemment, des regroupements de superhéros se sont formés en réaction à ce mouvement et cherchent à redonner à leur confrérie les lettres de noblesse qui seyaient autrefois à leur vocation. Toutefois, au sein même de ce mouvement, un meurtre inexpliqué se produit, semant le doute et la paranoïa au sein d’un groupement qui bat déjà de l’aile.
Le pitch est prometteur, et je me suis plongée d’autant plus rapidement dans cet album que j’avais envie de découvrir un comics français, production assez rare pour qu’elle justifie la curiosité. Le dessin, aux traits dynamiques et nerveux, s’accorde bien avec le ton de l’album, même s’il tend parfois à ressembler à un gribouillage douteux. Quant à ce qui concerne l’histoire en elle-même… J’avoue avoir été très déçue. Pourtant, les bonnes idées ne manquaient pas, au contraire : le côté parodique du monde des superhéros est riche en variations et la complexité de la situation est apte à créer de nombreux rebondissements… Malheureusement, l’enchaînement des évènements se fait en l’absence de toute fluidité. On passe d’une scène à une autre de manière abrupte, les personnages s’enchaînent sans qu’on n’ait eu le temps de faire véritablement leur connaissance, finissant par s’emmêler dans un imbroglio duquel il n’est possible de s’échapper qu’en relisant plusieurs fois le même passage, et les scènes d’actions, rigides et bâclées, donnent l’impression d’un immense gâchis…
Si les premières pages ont pu bénéficier de ma bonne volonté de lectrice, les dernières n’ont malheureusement pas su me pousser à faire un dernier effort pour terminer ma lecture, et à dix pages de la fin, j’ai baissé les bras. Quel intérêt de terminer un livre si le scénario est déjà parti dans le décor dès les vingt premières pages ? Si les personnages ne forment plus qu’une masse innommable ?
Il faut se méfier de Comix Remix… Sous ses abords sympathiques et potaches, cet album s’avère être une véritable prise de tête qui fera fumer plus d’un cerveau…
- En apposant un graffiti sur ce mur sans avoir préalablement sollicité l'autorisation de son propriétaire, vous avez enfreint un certain nombre de lois en vigueur dans cette cité... - Je... Je suis désolé. - Je dois vous punir.
Queenie ...
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Sujet: Re: OneShot - BD Lun 26 Sep 2011 - 9:21
Ça a l'air crasseux comme BD (et je ne comprendrais jamais pourquoi, souvent, les français ont ce trait dégueux... J'aime pas avoir l'impression de regarder des gribouillis vite pondus). Sur le thème des super héros avariés, lis The boys (clic) !
colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
Sujet: Re: OneShot - BD Lun 26 Sep 2011 - 22:24
Ouais, ce trait tout moche, ça fait vraiment pas sérieux, même si ça n'a sans doute aucun rapport. Disons que ça ne donne pas envie de s'accrocher si l'histoire derrière est bidon, pour couronner le tout. Merci pour le conseil lecture Queenie. Visuellement, The boys, ça a l'air d'être autre chose...
colimasson Abeille bibliophile
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Sujet: Re: OneShot - BD Sam 8 Oct 2011 - 17:57
Melo Bielo (2010) de Besseron et Felder
Pour une fois qu’un titre traduit parfaitement le contenu d’un album sans trop en dévoiler, on ne va pas bouder son plaisir. Mélodrame, c’est vrai, on nage en plein dedans. Et Biélorusse, c’est vrai en partie, mais nous traverserons également d’autres contrées qui ne sont pas sans charme…
La vie de notre héros camionneur n’est pas glorieuse tous les jours, entre les collègues crétins et la monotonie de l’activité à effectuer : « J’ai une vie assez simple. Je conduis un camion d’un point A à un point B. Evidemment, plus jeune, j’aspirais sûrement à autre chose. Mais qui s’en souvient ? ». Mais Kolsmalsky ne se formalise pas de son sort et il sait cueillir les opportunités lorsqu’elles se présentent à lui. Dernière en date, à la base de ce mélo : la possibilité d’aller en Biélorussie pour livrer un béluga alors que se tient une compétition nationale de tennis. L’occasion rêvée pour Kolsmalsky de rencontrer sa tenniswoman préférée : Makarina.
Sur cette base simple viennent se greffer des embryons d’histoires toutes plus absurdes les unes que les autres, telles la rencontre avec un producteur de frites qui se terminera en orgie, l’obligation de se farcir la grosse assiette de choucroute des allemands ou d’assister à un spectacle de bélugas. Tout cela paraît bien mignon mais avec Kolsmalsky, les choses dégénèrent vite et l’histoire part dans le décor. Plus on tourne les pages, plus on s’enfonce dans l’absurde, dans le grotesque, dans le salace et dans le gore, ceci dit sans aucun dégoût mais avec, au contraire, une satisfaction intense, parce que cette progression est menée à très bon rythme et parce que les blagues ne retombent jamais.
Le dessin colle bien avec cette ambiance absurde. Les personnages empruntent presque au burlesque de Chaplin, tant il semble que leurs mouvements sont raides, mécaniques et privés de toute humanité. Leur jeu est comparable à celui de marionnettes perdues au milieu de ces pages dans l’unique but de répéter toujours les mêmes paroles et d’accomplir les mêmes gestes. Seul Kolsmalsky garde une petite part d’humanité et d’originalité –heureusement puisqu’il s’agit du personnage principal.
Melo Bielo, cynique et absurde à souhait, est donc la lecture idéale des mauvaises journées au cours desquelles on aurait envie de faire la peau à tout le monde. Mais s’il fallait n’en retenir qu’une chose, ce serait la suivante : méfiez-vous des bélugas !
Le site de la BD, à visiter à tout prix, pour le plaisir et pour un aperçu de l’ambiance de ce Melo Bielo ICI
colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
Sujet: Re: OneShot - BD Mer 12 Oct 2011 - 11:44
Bernard Barracuda (2011) de Valfret
Bernard Barracuda n’est pas le genre de type chanceux. Renversé par son père qui avait un peu trop bu le soir du réveillon, il se retrouve dans un lit d’hôpital, complètement paralysé. Voici le drôle de héros de cette bande dessinée cynique : un personnage qui ne parle pas, qui ne bouge pas et dont le visage n’exprime aucune émotion. Une poupée vivante laissée aux mains inconscientes de ses proches. Et les aventures ne font que commencer…
Tout le monde en prend pour son grade. Entre les infirmières qui infantilisent Bernard et l’humilient constamment (« Oh le beau caca »), sa tante qui le dénonce pour tentative de viol, son père qui l’oblige à signer une lettre le déchargeant de toute responsabilité ou son entraîneur de rugby qui lui demande de se remettre rapidement pour permettre à son équipe de gagner le prochain affrontement, Bernard ne trouvera certainement pas le réconfort et le soutien qu’il pouvait espérer de la part de ceux sur qui il avait cru pouvoir compter.
Peut-être peut-t-il se dire que sa situation aurait pu être pire en la comparant à celle vécue par Papy, son voisin de chambre, un vieux croulant qui n’a plus que le mot « Mourir » à la bouche ? Car lui non plus n’est pas épargné par le corps médical ni par son fils, qui lui confie son gosse de cinq ans pendant une semaine le temps de partir aux sports d’hiver avec sa femme. Ici encore, Bernard fait preuve d’une chance formidable ! Aurait-il pu espérer plus charmant compagnon de chambre que ce squelette suicidaire ?
Le trait est gribouillé, fait à la va-vite. Le style est très enfantin, et il jure d’une manière grotesque avec le cynisme et la cruauté des propos. Car il n’y a absolument rien de bon dans cet album. Valfret dénonce les individus et pointe leurs vices et leur égoïsme avec une haine d’autant plus grande qu’elle semble n’avoir aucun remède. Valfret ne propose aucun modèle rédempteur qui se proposerait à distiller un peu de sagesse au milieu de ce marais croupissant de méchanceté et de bêtise. Et ce parti pris radical est très dérangeant. Même mon goût pour le cynisme en a pris un coup. Le mauvais goût prête à rire, mais avec cet album, on ne sait même plus s’il est permis de sourire. C’est malsain à en vomir. Et en même temps, si le ton de cette bande dessinée est tellement dérangeant, c’est parce qu’il y a du vrai dans ce qu’on y lit…
Alors, que fait-on de cet album ? On la balance au fond de la cuvette des toilettes et on essaie de croire encore en l’humanité ? Ou on en fait sa Bible de la misanthropie ? J’hésite…
"Tu sais fils… Tu… Quelque part tu as de la chance. Tu as moins d’emmerdes toi."
rivela Zen littéraire
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Sujet: Re: OneShot - BD Mer 12 Oct 2011 - 11:56
Avant de l'acheter tu ne la pas feuilleté quelques pages pour te faire une idée de l'objet et le rejeter par la même occasion. Bon en même temps c'est bien de lire des mauvaises bd quelques fois ça fait un équilibre entre le bon et la mauvais. On ne peut pas tomber chaque fois sur le bon numéro.
colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
Sujet: Re: OneShot - BD Mer 12 Oct 2011 - 22:57
Eh, eh, merci la bibliothèque ! Je prends des risques quand j'emprunte ! Et puis comme je t'ai dit, je n'arrive toujours pas à trancher : cette bande dessinée est-elle un miracle ou le pire immondice ?
colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
Sujet: Re: OneShot - BD Sam 29 Oct 2011 - 14:23
Le serpent d’Hippocrate(2011) de Fred Pontarolo
D’emblée, Fred Pontarolo nous donne le ton de l’histoire. Le personnage principal du Serpent d’Hippocrate, plongé en plein procès, s’est embarqué dans une aventure où il y laissera des plumes. Et pour comprendre comment cela s’est passé, il ne tient qu’à nous de poursuivre notre lecture…
On tourne la page et on retourne quelques années plus tôt. Alain Mangeon, médecin rural, fait la connaissance d’Isabelle Sbikowki. Cette patiente effacée et meurtrie, tant physiquement que moralement, se confie peu à peu à Alain : son mari, Paul, militaire de carrière, est souvent absent, et lorsqu’il rentre de mission, il évacue toute sa violence et toute son agressivité sur sa femme et leur petite fille de trois ans, Emilie. Rapidement, les relations entre Alain et Isabelle dépassent le cadre purement médical. Mais quel est le rôle d’Alain lorsqu’il ne peut que constater, impuissant, les ecchymoses et les plaies que Paul laisse sur le corps d’Isabelle ? En tant que médecin, quelles sont les limites qu’il doit veiller à ne pas franchir pour sauver sa « patiente » d’une lente et douloureuse destruction ? Et, pour en revenir au titre de l’album, le serment d’Hippocrate doit-il toujours être respecté ? Dans cette histoire, la morale voudrait nous prouver le contraire… Mais je m’arrêterai ici dans les révélations pour ne pas gâcher le seul intérêt de cet album qui tient au dénouement final.
En effet, si le retournement de l’histoire vaut que l’on s’attarde sur cette bande dessinée que l’on engloutit en moins de deux (son contenu est relativement léger), il sera difficile de trouver d’autres qualités à ce Serpent d’Hippocrate. D’accord, cette adaptation d’une histoire vraie ne devrait pas laisser insensible, mais est-ce parce que cette histoire raconte la souffrance réelle vécue par un homme et par une femme que l’on devrait mettre de côté tout le bon sens de son jugement ? Du début à la fin, on traverse cet album comme un désert de misère et de désolation. Ce n’est que pleurs, tristesse, souffrance, mensonges. Les couleurs grises et sombres des pages ne sont pas là pour nous prouver le contraire. L’ensemble aurait pu être beau ou mélancolique, mais Fred Pontarolo ne réussit qu’à énerver son lecteur en lui présentant des personnages qui s’apitoient sans cesse sur eux-mêmes et qui ruminent leur chagrin en se donnant des airs de martyr. Difficile de s’attacher à eux et, dans l’accumulation grotesque des malheurs qu’ils décrivent, on en viendrait presque à se réjouir de leur manque de veine.
Et ce n’est pas tout…
J’imagine sans peine que l’histoire de ces deux personnages, telle qu’ils l’ont réellement vécue, soit cruelle et mérite que l’on s’attarde sur elle. Malheureusement, Fred Pontarolo n’a pas réussi à la retranscrire avec tout le recul nécessaire. Le Serpent d’Hippocrate est le mélange raté des Feux de l’amour et du récit du Chemin de Croix du Christ. Rien qui ne donne très envie donc…
Même une invitation au cinéma est prétexte aux larmes
La joie est-elle possible sur Terre ?
Et si nous ne devions retenir qu'une phrase de cet album, se serait la suivante :
"Se venger sur Fanfan mon âne ! C’est pas humain…"
Avec tout mon respect...
shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
Sujet: Re: OneShot - BD Lun 14 Nov 2011 - 21:55
@ Coli, à propos de Polina , j'ai longtemps hésité à ouvrir cette BD... je pense que tu confirmes mes doutes les plus ordinaires...
colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
Sujet: Re: OneShot - BD Lun 14 Nov 2011 - 21:57
Oui, on entend tellement de critiques élogieuses au sujet de certaines BDs... Et puis, en les lisant, on se demande ce qu'elles ont de plus que les autres. C'est beau, peut-être (et encore) mais c'est vide.
shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
Sujet: Re: OneShot - BD Lun 14 Nov 2011 - 22:02
en entendant parler Vivès, qui a demandé à une amie proche de critiquer son travail de dessin sur la position du corps en mouvement, je me suis dis qu'il avait choisi son sujet au hasard, qu'il l'avait choisi pour dire autre chose, ce qui donnait en définitive un objet un peu bancal dans sa manière de parler de la danse...