Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Ana Maria Matute [Espagne]

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eXPie
kenavo
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bix229
Parfum livresque
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MessageSujet: Re: Ana Maria Matute [Espagne]   Ana Maria Matute [Espagne] - Page 2 EmptyDim 18 Nov 2012 - 17:57

LE TEMPS. - Gallimard/L ' imaginaire

Ana Maria Matute est une doloriste convaincue et les nouvelles de ce recueil en sont les variations désolantes. La souffrance est son fond de commerce et AMM l' exploite sans failles et jusqu' au bout..

Ses personnages naissent dans la souffrance de l' enfantement et si leur mère ne meurt pas en couches, elle vivra dans la misère la plus sordide et mourra désespérées veuve et/ou seule. D' autres naissent malades ou monstrueux ou tuent leur ami d' enfance convaincus de sa perversité. S' ils échappent à tout cela, ils passent leur vie à se poser des questions sans réponses. Enfin, ils font une fixette sur les horloges, les pendules, les sabliers, enfin tout ce qui sert à mesurer le TEMPS et meurent dans d' atroces souffrances sous son poids accablant. Regrettant mille fois de n' etre pas morts plus tot ! Shocked

Ah que, il n' est pas facile d' etre un personnage d' AMM !! Ah, les maheureuses créatures de papier, marionnettes transparentes, et dont le seul tort est d' etre nées de la plume vengeresse d' une tueuse en série de personnages avortés...Ana Maria Matute [Espagne] - Page 2 722735
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domreader
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MessageSujet: Re: Ana Maria Matute [Espagne]   Ana Maria Matute [Espagne] - Page 2 EmptyDim 18 Nov 2012 - 19:28

Eh ben dis donc, ça m'a l'air bien glauque !
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Arabella
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MessageSujet: Re: Ana Maria Matute [Espagne]   Ana Maria Matute [Espagne] - Page 2 EmptyDim 18 Nov 2012 - 19:59

Et bien, Bix devient un commentaire assassin et caustique. On saura s'en souvenir. rire

Est-ce que tu peux juste préciser, parce que ce n'est pas clair pour moi dans ton avis, est-ce que tu parles uniquement du livre que tu as lu Le temps, ou de l'ensemble de l'oeuvre de l'auteur ? Parce que ce que tu dis ne ressemble en rien aux deux livres d'elle que j'ai lu.
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bix229
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MessageSujet: Re: Ana Maria Matute [Espagne]   Ana Maria Matute [Espagne] - Page 2 EmptyDim 18 Nov 2012 - 20:14

Arabella a écrit:
Et bien, Bix devient un commentaire assassin et caustique. On saura s'en souvenir. Ana Maria Matute [Espagne] - Page 2 28294

Est-ce que tu peux juste préciser, parce que ce n'est pas clair pour moi dans ton avis, est-ce que tu parles uniquement du livre que tu as lu Le temps, ou de l'ensemble de l'oeuvre de l'auteur ? Parce que ce que tu dis ne ressemble en rien aux deux livres d'elle que j'ai lu.

Uniquement ce livre ! Oui, c' est vrai j' évite les commentaires assassins, mais là, AMM est arrivée à un mauvais moment et elle a payé pour d' autres... Bien fait ! On est que trop gentil parfois avec les auterur qui nous gonflent ! Et , ça fait du bien de temps en temps de se lacher. Ana Maria Matute [Espagne] - Page 2 466905

Et puis elle peut avoir droit de vie et de mort sur ses ectoplasmes et ses foetus, mais quand meme, elle aurait pu avantageusement prendre exemple sur Carson McCullers, Leonid Andreiev ou Hermann Ungar qui ont décrit les personnages les plus malheureux du monde... Mais avec talent ! Ana Maria Matute [Espagne] - Page 2 18687
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kenavo
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MessageSujet: Re: Ana Maria Matute [Espagne]   Ana Maria Matute [Espagne] - Page 2 EmptyMer 25 Juin 2014 - 21:20

Mort de l'écrivain espagnole Ana Maria Matute à l'âge de 88 ans

Citation :
L'auteure espagnole Ana Maria Matute est morte hier à l'âge de 88 ans à Barcelogne, a annoncé sa maison d'édition, Planeta. Née en 1925 dans la même ville, elle avait reçu le prix Cervantes, plus haute distinction de la littérature hispanophone, en 2010.

Âgée de 11 ans au début de la guerre civile (1936-1939) qui a mené Franco au pouvoir, Ana Maria Matute fait partie de cette génération d'écrivains espagnols marquée par la misère et les contraintes de la dictature. Elle a publié son premier roman Los Abel en 1948, alors âgée de 23 ans.

Mais si Los Abel est bien sa première œuvre publiée, la femme de lettres, d'une précocité déconcertante avait déjà écrit un roman intitulé Pequeño teatro à l'âge de 17 ans. Sorti en librairie en 1954, il avait alors obtenu le prix Planeta.

Lauréate de nombreuses autres distinctions littéraires, elle avait reçu le Prix national des Lettres espagnoles en 2007, et avait été, onze années auparavant, la troisième femme en 300 ans à entrer à l'Académie royale espagnole des Lettres, après les écrivains Carmen Conde, et l'historienne Carmen Iglesias.  

Le mois dernier, elle avait déclaré avoir achevé son dernier roman qui devrait donc paraître à titre posthume, en tant que testament littéraire.

source
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églantine
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MessageSujet: Re: Ana Maria Matute [Espagne]   Ana Maria Matute [Espagne] - Page 2 EmptyMer 25 Juin 2014 - 21:30

Dommage que ce soit à travers cette triste publication que j'en vienne à découvrir cette auteure ....
J'ai parcouru le fil bien tentant : je vais essayer de trouver ces ouvrages !
Merci Kena ! sourire
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eXPie
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MessageSujet: Re: Ana Maria Matute [Espagne]   Ana Maria Matute [Espagne] - Page 2 EmptyLun 1 Juin 2015 - 22:32

Ana Maria Matute [Espagne] - Page 2 Matute10   Ana Maria Matute [Espagne] - Page 2 Matute11
Photographié sur la plaza de Matute (d'accord, le nom de la place n'a rien à voir avec l'auteur, mais c'était amusant), à Madrid, le 21/05/2015. A droite, la couverture espagnole avec la mystérieuse licorne du livre.

- Paradis inhabité (Paraíso inhabitado, 2009). Traduit de l'espagnol par Marie-Odile Fortier-Masek. Phébus. 283 pages.
Il s'agit du dernier roman achevé de l'auteur.
La narratrice, une vieille femme, raconte son enfance.
Nous sommes à Madrid, à peu près au moment de l'avènement de la République de 1931.

Le roman commence ainsi :
Citation :
"A ma naissance, mes parents ne s'aimaient plus. Cristina, ma soeur aînée, était alors une peste, dont le seul regard m'accusait de quelque mystérieux crime de lèse-majesté, que je n'ai jamais pu élucider. Quant à mes frères, Jerónimo et Fabián, jumeaux boutonneux, ils se moquaient pas mal de moi. Aussi les premières années de ma vie furent-elles solitaires.
Un de mes plus anciens souvenirs remonte au soir où j'ai vu courir la licorne. Avec une stupéfiante netteté, je la vis s'élancer hors de son cadre, puis réapparaître et reprendre sa place, belle, nivéenne, énigmatique.
Je n'ai jamais su pour quelle raison elle avait tenté de s'échapper. Longtemps cela m'intrigua et me fit même peur. Je ne devais pas avoir plus de quatre ou cinq ans, mais ce souvenir tient une place importante parmi les premiers de ma vie. Parfois, les souvenirs ressemblent à des bibelots : en apparence inutiles, nous y tenons sans trop savoir pourquoi et ne parvenons pas à nous en défaire. A la longue, ils s'entassent au fond de ce tiroir que nous évitons d'ouvrir, par crainte d'une trouvaille indésirable." (page 7)
en espagnol :
Spoiler:

La petite Adriana reste généralement dans la partie de l'appartement qu'occupent les deux domestiques : Tata Maria et Isabel, la cuisinière.
Citation :
"Cachée sous la table à repasser, j'écoutais leurs conversations souvent sibyllines, qui suscitaient chez moi d'innombrables questions lorsqu'elles traitaient du monde et de la vie en général, mais devenaient parfaitement claires lorsque j'en faisais l'objet. J'appris ainsi à un âge précoce que j'étais arrivée sur le tard, qui plus est au mauvais moment pour la famille.
- Pauvre petite, elle n'a pas eu la chance de ses frères, chuchotait Isabel, grande sentimentale devant l'Eternel, en rangeant le linge." (page 8 ).
Son père est de moins en moins souvent à la maison, on sent que le divorce n'est pas loin... si les conventions sociales le permettent.

Adriana joue seule et se crée un monde fabuleux. Parfois, elle se lève la nuit, quand tout le monde dort, et explore, écoute le langage mystérieux des fleurs fanées, regarde les créatures vivant dans la grotte sous le canapé et qui feignent de l'ignorer ; elle donne aussi du sucre aux gnomes qui sont sous le radiateur.
Citation :
"Déjà, par le passé, deux statuettes, l'une blanche, l'autre noire, m'avaient fait des signes, tantôt elles agitaient la main comme pour me saluer, tantôt elles souriaient. [...] Planquée contre le buffet, je croyais entendre la voix cassée, plaintive et rancunière de la vieille théière dont une discrète fêlure présageait la fracture imminente. Je percevais les complaintes des petites cuillères et des fourchettes dans le tiroir le plus en désordre de la cuisine : havre des dépareillés, soldats défaits d'une bataille contre le temps, à jamais retraités de la salle à manger des Géants. Ils pleuraient d'être ainsi privés d'un compagnon ou d'un ami dont ils s'étaient cru inséparables, et moi, je détectais leur plainte." (pages 13-14)
Elle adore les contes, surtout ceux d'Andersen, à travers lesquels elle se forge une vision du monde. Elle apprendra vite à lire.
Elle est également experte dans l'art de se cacher des Géants (les adultes, bien sûr).
Un jour, elle qui aime plus que tout qu'on lui fiche la paix, devra aller à l'école. Sa soeur Cristina, qui y est allée avant elle, était une petite fille modèle, pieuse, appliquée... avec vraisemblablement tout ce que cela comporte d'hypocrisie et de mauvais coups en douce.

L'école sera un passage difficile pour Adriana, qui n'est pas docile : elle pose des questions, et les Soeurs n'aiment pas ça.
Citation :
"Jerónimo et Fabián parlaient peu avec moi, mais ils montraient à mon égard de la gentillesse, voir de la tendresse, que je n'appréciais pas toujours à sa juste valeur. Un jour, je leur demandai : « Comment c'est le collège ? » Ils se regardèrent, puis Jerónimo répondit : « C'est comme à l'armée ! Tu fais partie d'un bataillon, tu as des sergents, des lieutenants, des généraux... » Il se pencha vers moi et me caressa la tête." (page 15). "Des années plus tard, tous deux périrent, chacun dans une tranchée du camp opposé, encore persuadés qu'ils se battaient contre ces mots : couard, méchant, stupide." (page 18).

Méchante, c'est d'ailleurs ainsi qu'Adriana sera qualifiée par les dames pieuses de son école, ainsi que par sa mère, qui ne la comprend pas.
Adriana continue à être seule.
Citation :
"Pendant les récréations, je me tenais à l'écart, sous les mûriers, à regarder de longues caravanes de chenilles aller Dieu sait où. Voilà comment je voyais mes compagnes, les bonnes soeurs et moi-même." (page 22).
Le temps passe... Un jour, elle va faire la connaissance d'un voisin, Gavrila, un enfant plus âgé qu'elle. Il est le fils d'une danseuse...


Paradis inhabité décrit bien sûr une enfance, la découverte du monde et la perte de la magie. C'est un très bon et très joli roman.


Dernière édition par eXPie le Mar 2 Juin 2015 - 6:38, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Ana Maria Matute [Espagne]   Ana Maria Matute [Espagne] - Page 2 EmptyLun 1 Juin 2015 - 22:54

Merci pour ton commentaire, eXPIe. Qui me rappelle que j'ai d'autres livres d'elles dans ma PAL.
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