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| Emile Verhaeren | |
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+7Camille19 coline Constance bix229 swallow Cachemire animal 11 participants | |
Auteur | Message |
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animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Emile Verhaeren Dim 26 Déc 2010 - 22:11 | |
| Emile VerhaerenÉmile Adolphe Gustave Verhaeren, né à Saint-Amand dans la province d'Anvers, Belgique, le 21 mai 1855 et mort à Rouen le 27 novembre 1916, est un poète belge flamand, d'expression française. Dans ses poèmes influencés par le symbolisme, où il pratique le vers libre, sa conscience sociale lui fait évoquer les grandes villes dont il parle avec lyrisme sur un ton d'une grande musicalité. Il a su traduire dans son œuvre la beauté de l'effort humain.
Emile grandit dans une famille aisée francophone. Après des études au collège jésuite Sainte-Barbe, il fait son droit à l'université de Louvain et, en 1881, travaille comme stagiaire délaissant vite le droit pour la critique d'Art - des études sur Rembrandt, Rubens, Ensor et Khnopff - et la poésie. Son premier recueil, 'Les Flamandes' (1883), célébration naturaliste de la Belgique sensuelle, fait scandale, suivi par 'Les Moines' (1886), célébrant la Belgique mystique. Emile passe ensuite par une grave crise, suite au décès de ses parents, composant trois recueils sombres, 'Les soirs' (1887), 'Les Débâcles' (1888) et 'Les Flambeaux noirs' (1888-'91), où rodent la mort et la folie. En 1891, son mariage avec la peintre Marthe Massin, apaise ses angoisses. Il dédie 'Les Heures claires' (1896), 'Les Heures d'après-midi' (1905) et 'Les Heures du soir' (1911) à l'amour intime. Emile Verhaeren dépeint avec lyrisme les campagnes et la naissance des grandes villes dans ses célèbres recueils 'Les Campagnes hallucinées' (1893) et 'Les Villes tentaculaires' (1895). D'un expressionnisme puissant, la poésie de Verhaeren se caractérise par un goût pour l'image, une métrique rythmée et une liberté dans la versification. Il écrit également trois pièces de théâtre très poétiques. Influencé par le symbolisme, mais ne faisant partie d'aucun courant, Verhaeren a inspiré le futurisme et l'unanimisme. La Première Guerre lui inspire indignation et pessimisme.
Emile Verhaeren, écoeuré par l'invasion de la Belgique, pays neutre, s'engage à collecter des fonds pour les mutilés de guerre belges. Dans ce but, il se rend à Rouen, où il meurt accidentellement en se faisant écraser par un train.mix de www.evene.fr et de www.wikipedia.orgsans doute légère la présentation, mais je connais malheureusement mal le bonhomme et fait avec ce que je trouve. si je le connais mal pourquoi lui ouvrir un fil ? parce que quand je lis ces trop brefs résumés de vie je me dis que c'est intéressant et puis j'ai lu quelques poèmes de ci et de là et que dans ma bibliothèque un recueil avec Les Campagnes hallucinées et Les Villes tentaculaires m'a parlé aussi. ce qui reste rare avec la poésie drôle de bête. alors reprenons ce qui a pu passé sur le forum : Au Nord
Deux vieux marins des mers du Nord S’en revenaient, un soir d’automne, De la Sicile et de ses îles souveraines, Avec un peuple de Sirènes, A bord.
Joyeux d’orgueil, ils regagnaient leur fiord, Parmi les brumes mensongères, Joyeux d’orgueil, ils regagnaient le Nord Sous un vent morne et monotone, Un soir de tristesse et d’automne. De la rive, les gens du port Les regardaient, sans faire un signe : Aux cordages le long des mâts, Les Sirènes, couvertes d’or, Tordaient, comme des vignes, Les lignes Sinueuses de leurs corps. Et les gens se taisaient, ne sachant pas Ce qui venait de l’océan, là-bas, A travers brumes ; Le navire voguait comme un panier d’argent Rempli de chair, de fruits et d’or bougeant Qui s’avançait, porté sur des ailes d’écume.
Les Sirènes chantaient Dans les cordages du navire, Les bras tendus en lyres, Les seins levés comme des feux ; Les Sirènes chantaient Devant le soir houleux, Qui fauchait sur la mer les lumières diurnes ; Les Sirènes chantaient, Le corps serré autour des mâts, Mais les hommes du port, frustes et taciturnes, Ne les entendaient pas.
Ils ne reconnurent ni leurs amis - Les deux marins - ni le navire de leur pays, Ni les focs, ni les voiles Dont ils avaient cousu la toile ; Ils ne comprirent rien à ce grand songe Qui enchantait la mer de ses voyages, Puisqu’il n’était pas le même mensonge Qu’on enseignait dans leur village ; Et le navire auprès du bord Passa, les alléchant vers sa merveille, Sans que personne, entre les treilles, Ne recueillît les fruits de chair et l’or.un autre quelque part je pense ? et Viens lentement t'asseoir
Viens lentement t'asseoir Près du parterre dont le soir Ferme les fleurs de tranquille lumière, Laisse filtrer la grande nuit en toi : Nous sommes trop heureux pour que sa mer d'effroi Trouble notre prière.
Là-haut, le pur cristal des étoiles s'éclaire : Voici le firmament plus net et translucide Qu'un étang bleu ou qu'un vitrail d'abside ; Et puis voici le ciel qui regarde à travers.
Les mille voix de l'énorme mystère Parlent autour de toi, Les mille lois de la nature entière Bougent autour de toi, Les arcs d'argent de l'invisible Prennent ton âme et sa ferveur pour cible. Mais tu n'as peur, oh ! simple coeur, Mais tu n'as peur, puisque ta foi Est que toute la terre collabore A cet amour que fit éclore La vie et son mystère en toi.
Joins donc les mains tranquillement Et doucement adore ; Un grand conseil de pureté Flotte, comme une étrange aurore, Sous les minuits du firmament.et nous y reviendrons... | |
| | | Cachemire Sage de la littérature
Messages : 1998 Inscription le : 11/02/2008 Localisation : Francfort
| Sujet: Re: Emile Verhaeren Lun 27 Déc 2010 - 11:41 | |
| J'aime beaucoup ce poète. Merci de le faire connaître Animal! | |
| | | swallow Sage de la littérature
Messages : 1366 Inscription le : 06/02/2007 Localisation : Tolède. Espagne.
| Sujet: Re: Emile Verhaeren Lun 27 Déc 2010 - 11:59 | |
| Tu as très bien fait, Animal d´ouvrir ce fil sur Verhaeren. Un de mes poètes préférés aussi Je ne sais pas si nous avons d´autres poèmes de lui sur les fils de poésie déjà ouverts sur le Forum. Il faudra tout regrouper ici et completer. | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Emile Verhaeren Lun 27 Déc 2010 - 15:30 | |
| Sur la bruyère longue infiniment, Voici le vent cornant novembre ; Sur la bruyère, infiniment, Voici le vent Qui se déchire et et se démembre En souffles lourds battant les bourgs : Voici le vent, Le vent sauvage de novembre.
Ce poème, je l' ai épinglé il y a longtemps et j' ai associé l' auteur au vent de novembre... | |
| | | Cachemire Sage de la littérature
Messages : 1998 Inscription le : 11/02/2008 Localisation : Francfort
| Sujet: Re: Emile Verhaeren Lun 27 Déc 2010 - 19:01 | |
| - bix229 a écrit:
- Sur la bruyère longue infiniment,
Voici le vent cornant novembre ; Sur la bruyère, infiniment, Voici le vent Qui se déchire et et se démembre En souffles lourds battant les bourgs : Voici le vent, Le vent sauvage de novembre.
Ce poème, je l' ai épinglé il y a longtemps et j' ai associé l' auteur au vent de novembre... Magnifique... | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Emile Verhaeren Lun 27 Déc 2010 - 21:33 | |
| peut-être que dans ce qui me plait (et le rend accessible ?) il y a l'aspect puissamment narratif... qui est fortement lié à la construction du sens par une progression (qui n'est pas que narrative, c'est aussi ou d'abord, un paysage et une atmosphère). quelque part il ne ruine pas ou ne fait pas semblant de ruiner les évidences du langage. et il n'oublie pas non plus de se plier à l'effet final que l'on associe souvent au texte court.
trois exemples, pour illustrer ces très possibles bêtises de panda (et désolé pour le moral...) :
La mort
Avec ses larges corbillards Ornés de plumes majuscules, Par les matins, dans les brouillards, La mort circule.
Parée et noire et opulente, Tambours voilés, musiques lentes, Avec ses larges corbillards, Flanqués de quatre lampadaires, La Mort s'étale et s'exagère.
Pareils aux nocturnes trésors, Les gros cercueils écussonnés - Larmes d'argent et blasons d'or - Ecoutent l'heure éclatante des glas Que les cloches jettent, là-bas : L'heure qui tombe, avec des bonds Et des sanglots, sur les maisons, L'heure qui meurt sur les demeures, Avec des bonds et des sanglots de plomb.
Parée et noire et opulente, Au cri des orgues violentes Qui la célèbrent, La mort tout en ténèbres Règne, comme une idole assise, Sous la coupole des églises.
Des feux, tordus comme des hydres, Se hérissent, autour du catafalque immense OÙ des anges, tenant des faulx et des cleps Dressent leur véhémence, Clairons dardés, vers le néant.
Le vide en est grandi sous le transept béan De hautes voix d'enfants jettent vers les miséricordes Des cris tordus comme des cordes, Tandis que les vieilles murailles Montent, comme des linceuls blancs, Autour du bloc formidable et branlant De ces massives funérailles.
Drapée en noir et familière, La Mort s'en va le long des rues Longues et linéaires.
Drapée en noir, comme le soir, La vieille Mort agressive et bourrue S'en va par les quartiers Des boutiques et des métiers, En carrosse qui se rehausse
De gros lambris exorbitants, Couleur d'usure et d'ancien temps.
Drapée en noir, la Mort Cassant, entre ses mains, le sort Des gens méticuleux et réfléchis Qui s'exténuent, en leurs logis, Vainement, à faire fortune, La Mort soudaine et importune Les met en ordre dans leurs bières Comme en des cases régulières'.
Et les cloches sonnent péniblement Un malheureux enterrement, Sur le défunt, que l'on trimballe, Par les églises colossales, Vers un coin d'ombre, où quelques cierg Pauvres flammes, brÛlent, devant la Vieri
Vêtue en noir et besogneuse, La Mort gagne jusqu'aux faubourgs, En chariot branlant et lourd, Avec de vieilles haridelles Qu'elle flagelle Chaque matin, vers quels destins ? Vêtue en noir, La Mort enjambe le trottoir Et l'égout pâle, où se mirent les bornes, Qui vont là-bas, une à une, vers les champs mornes; Et leste et rude et dédaigneuse Gagne les escaliers et s'arrête sur les paliers OÙ l'on entend pleurer et sangloter, Derrière la porte entr'ouverte,
Des gens laissant l'espoir tomber, Inerte.
Et dans la pluie indéfinie, Une petite église de banlieue, Très maigrement, tinte un adieu, Sur la bière de sapin blanc Qui se rapproche, avec des gens dolents, Par les routes, silencieusement.
Telle la Mort journalière et logique Qui fait son ceuvre et la marque de croix Et d'adieux mornes et de voix Criant vers l'inconnu les espoirs liturgiques.
Mais d'autres fois, c'est la Mort grande et sa Avec son aile au loin ramante, Vers les villes de l'épouvante.
Un ciel étrange et roux brûle la terre moite Des tours noires s'étirent droites Telles des bras, dans la terreur des cré Les nuits tombent comme épaissies, Les nuits lourdes, les nuits moisies, OÙ, dans l'air gras et la chaleur rancie, Tombereaux pleins, la Mort circule.
Ample et géante comme l'ombre, Du haut en bas des maisons sombres, On l'écoute glisser, rapide et haletante.
La peur du jour qui vient, la peur de toute attente, La peur de tout instant qui se décoche, Persécute les coeurs, partout, Et redresse, soudain, en leur sueur, debout Ceux qui, vers le minuit, songent au matin Les hôpitaux gonflés de maladies, Avec les yeux fiévreux de leurs fenêtres roug Regardent le ciel trouble, oÙ rien ne bouge Ni ne répond aux détresses grandies.
Les égouts roulent le poison Et les acides et les chlores, Couleur de nacre et de phosphore, Vainement tuent sa floraison.
De gros bourdons résonnent Pour tout le monde, pour personne Les églises barricadent leur seuil, Devant la masse des cercueils.
Et l'on entend, en galops éperdus, La mort passer et les bières que l'on transporte Aux nécropoles, dont les portes, Ni nuit ni jour, ne ferment plus.
Tragique et noire et légendaire, Les pieds gluants, les gestes fous, La Mort balaie en un grand trou La ville entière au cimetière.
Les mendiants
Les jours d'hiver quand le froid serre Le bourg, le clos, le bois, la fange, Poteaux de haine et de misère, Par l'infini de la campagne, Les mendiants ont l'air de fous.
Dans le matin, lourds de leur nuit, Ils s'enfoncent au creux des routes, Avec leur pain trempé de pluie Et leur chapeau comme la suie Et leurs grands dos comme des voûtes Et leurs pas lents rythmant l'ennui ; Midi les arrête dans les fossés Pour leur repas ou leur sieste ; On les dirait immensément lassés Et résignés aux mêmes gestes ; Pourtant, au seuil des fermes solitaires, Ils surgissent, parfois, tels des filous, Le soir, dans la brusque lumière D'une porte ouverte tout à coup.
Les mendiants ont l'air de fous. Ils s'avancent, par l'âpreté Et la stérilité du paysage, Qu'ils reflètent, au fond des yeux Tristes de leur visage ; Avec leurs hardes et leurs loques Et leur marche qui les disloque, L'été, parmi les champs nouveaux, Ils épouvantent les oiseaux ; Et maintenant que Décembre sur les bruyères S'acharne et mord Et gèle, au fond des bières, Les morts, Un à un, ils s'immobilisent Sur des chemins d'église, Mornes, têtus et droits, Les mendiants, comme des croix.
Avec leur dos comme un fardeau Et leur chapeau comme la suie, Ils habitent les carrefours Du vent et de la pluie.
Ils sont le monotone pas - Celui qui vient et qui s'en va Toujours le même et jamais las - De l'horizon vers l'horizon. Ils sont l'angoisse et le mystère Et leurs bâtons sont les battants Des cloches de misère Qui sonnent à mort sur la terre.
Aussi, lorsqu'ils tombent enfin, Séchés de soif, troués de faim, Et se terrent comme des loups, Au fond d'un trou, Ceux qui s'en viennent, Après les besognes quotidiennes, Ensevelir à la hâte leur corps Ont peur de regarder en face L'éternelle menace Qui luit sous leur paupière, encor.
Le Fléau
La Mort a bu du sang Au cabaret des Trois Cercueils.
La Mort a mis sur le comptoir Un écu noir, - « C'est pour les cierges et pour les deuils. »
Des gens s'en sont allés Tout lentement Chercher le sacrement. On a vu cheminer le prêtre Et les enfants de chœur, Vers les maisons de l'affre et du malheur Dont on fermait toutes les fenêtres
La Mort a bu du sang. Elle en est soûle. - « Notre Mère la Mort, pitié ! pitié ! Ne bois ton verre qu'a moitié, Notre Mère la Mort, c'est nous les mères, C'est nous les vieilles à manteaux, Avec nos cœurs, avec nos maux, Qui marmonnons du désespoir En chapelets interminables ; Notre Mère la Mort, pitié ! pitié ! C'est nous les béquillantes et minables Vieilles, tannées Par la misère et les années Nos corps sont prêts pour tes tombeaux, Nos seins sont prêts pour tes couteaux. »
- La Mort, dites, les bonnes gens, La Mort est soûle : Sa tête oscille et roule Comme une boule.
La Mort a bu du sang Comme un vin frais et bienfaisant ; La Mort a mis sur le comptoir Un écu noir, Elle en voudra pour ses argents Au cabaret des pauvres gens.
- « Notre-Dame la Mort, c'est nous les vieux des guerres Tumultuaires ; Notre-Dame des drapeaux noirs Et des débâcles dans les soirs, Notre-Dame des glaives et des balles Et des crosses contre les dalles. Toi, notre vierge et notre orgueil, Toujours si fière et droite, au seuil Du palais d'or de nos grands rêves ; Notre-Dame la Mort, toi, qui te lèves Au battant de nos tambours, Obéissant - et qui, toujours, Nous enseigna l'audace et le courage, Notre-Dame la Mort, cesse ta rage Et daigne enfin nous voir et nous entendre Puisqu'ils n'ont point appris, nos fils, à se défendre. »
- La Mort, dites, les vieux verbeux, La mort est soûle, Comme un flacon qui roule Sur la pente des chemins creux. La Mort n'a pas besoin De votre mort au bout du monde, C'est au pays qu'elle enfonce la bonde Du tonneau rouge.
- « Dame la Mort, c'est moi la Sainte Vierge Qui vient en robe d'or chez vous, Vous supplier à deux genoux D'avoir pitié des gens de mon village. Dame la Mort, c'est moi, la Sainte Vierge, De l'ex-voto, près de la berge, C'est moi qui fus de mes pleurs inondée Au Golgotha, dans la Judée, Sous Hérode, voici mille ans.
Dame la Mort, c'est moi, la Sainte Vierge Qui fis promesse aux Gens d'ici De m'en venir crier merci Dans leurs détresses et leurs peines ; Dame la Mort, c'est moi la Sainte Vierge.
- La Mort, dites, la bonne Dame, Se sent au cœur comme une flamme Qui, de là, monte à son cerveau. La Mort a soif de sang nouveau. La Mort est soûle, Un seul désir comme une houle, Remplit sa brumeuse pensée.
La Mort n'est point celle qu'on éconduit Avec un peu de prière et de bruit, La Mort s'est lentement lassée D'avoir pitié du désespoir ; Bonne Vierge des reposoirs, La Mort est soûle Et sa fureur, hors des ornières, Par les chemins des cimetières, Bondit et roule Comme une boule. »
- « La Mort, c'est moi, Jésus, le Roi, Qui te fis grande ainsi que moi Pour que s'accomplisse la loi Des choses en ce monde. La Mort, je suis la manne d'or Qui s'éparpille du Thabor Divinement, jusqu'aux confins du monde. Je suis celui qui fus pasteur, Chez les humbles, pour le Seigneur ; Mes mains de gloire et de splendeur Ont rayonné sur la douleur ; La Mort, je suis la paix du monde. »
- La Mort, dites, le Seigneur Dieu, Est assise, près d'un bon feu, Dans une auberge où le vin coule Et n'entend rien, tant elle est soûle. Elle a sa faux et Dieu a son tonnerre. En attendant, elle aime à boire et le fait voir A quiconque voudrait s'asseoir, Côte à côte, devant un verre.
Jésus, les temps sont vieux, Et chacun boit comme il le peut Et qu'importent les vêtements sordides Lorsque le sang nous fait les dents splendides. »
Et la Mort s'est mise à boire, les pieds au feu ; Elle a même laissé s'en aller Dieu Sans se lever sur son passage ; Si bien que ceux qui la voyaient assise Ont cru leur âme compromise.
Durant des jours et puis des jours encor, la Mort A fait des dettes et des deuils, Au cabaret des Trois cercueils ; Puis, un matin, elle a ferré son cheval d'os, Mis son bissac au creux du dos Pour s'en aller à travers la campagne. De chaque bourg et de chaque village, Les gens s'en sont venus vers elle avec du vin, Pour qu'elle n'ait ni soif, ni faim, Et ne fît halte au coin des routes ; Les vieux portaient de la viande et du pain, Les femmes des paniers et des corbeilles Et les fruits clairs de leur verger, Et les enfants portaient des miels d'abeilles.
La Mort a cheminé longtemps, Par le pays des pauvres gens, Sans trop vouloir, sans trop songer, La tête soûle Comme une boule.
Elle portait une loque de manteau roux, Avec de grands boutons de veste militaire, Un bicorne piqué d'un plumet réfractaire Et des bottes jusqu'aux genoux. Son fantôme de cheval blanc Cassait un vieux petit trot lent De bête ayant la goutte Sur les pierres de la grand'route ;
Et les foules suivaient vers n'importe où Le grand squelette aimable et soûl Qui souriait de leur panique Et qui sans crainte et sans horreur Voyait se tordre, au creux de sa tunique, Un trousseau de vers blancs qui lui tétaient le cœur.
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| | | Cachemire Sage de la littérature
Messages : 1998 Inscription le : 11/02/2008 Localisation : Francfort
| Sujet: Re: Emile Verhaeren Jeu 30 Déc 2010 - 16:38 | |
| Hors de question de laisser ce fil et de finir l'année sur des poèmes aussi sombres...
Voilà un extrait (choisi!) du très long poème "Les heures claires":
(...)Nos yeux ont dû pleurer aux mêmes heures, Sans le savoir, pendant l'enfance : Avoir mêmes effrois, mêmes bonheurs, Mêmes éclairs de confiance : Car je te suis lié par l'inconnu Qui me fixait, jadis au fond des avenues Par où passait ma vie aventurière, Et, certes, si j'avais regardé mieux, J'aurais pu voir s'ouvrir tes yeux Depuis longtemps en ses paupières. Le ciel en nuit s'est déplié Et la lune semble veiller Sur le silence endormi. Tout est si pur et clair, Tout est si pur et si pâle dans l'air Et sur les lacs du paysage ami, Qu'elle angoisse, la goutte d'eau Qui tombe d'un roseau Et tinte et puis se tait dans l'eau. Mais j'ai tes mains entre les miennes Et tes yeux sûrs, qui me retiennent, De leurs ferveurs, si doucement ; Et je te sens si bien en paix de toute chose, Que rien, pas même un fugitif soupçon de crainte, Ne troublera, fût-ce un moment, La confiance sainte Qui dort en nous comme un enfant repose. Chaque heure, où je pense à ta bonté Si simplement profonde, Je me confonds en prières vers toi (...)
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| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Emile Verhaeren Lun 3 Jan 2011 - 21:19 | |
| c'est beau aussi... bien qu'inquiet. ça me motive pour aller lire plus loin cet auteur. mais d'ici là, j'ai attendu que nous ayons franchi le cap...
Les fièvres
La plaine, au loin, est uniforme et morne Et l'étendue est vide et grise Et Novembre qui se précise Bat l'infini, d'une aile grise.
Sous leurs torchis qui se lézardent, Les chaumières, là-bas, regardent Comme des bêtes qui ont peur, Et seuls les grands oiseaux d'espace Jettent sur les enclos sans fleurs Le cri des angoisses qui passent.
L'heure est venue où les soirs mous Pèsent sur les terres gangrenées, Où les marais visqueux et blancs, Dans leurs remous, A longs bras lents, Brassent les fièvres empoisonnées.
Parfois, comme un hoquet, Un flot pâteux mine la rive Et la glaise, comme un paquet, Tombe dans l'eau de bile et de salive.
Puis tout s'apaise et s'aplanit ; Des crapauds noirs, à fleur de boue, Gonflent leur peau que deux yeux trouent ; Et la lune monstrueuse préside, Telle l'hostie De l'inertie.
De la vase profonde et jaune D'où s'érigent, longues d'une aune, Les herbes d'eaux, Des brouillards lents comme des traînes Déplient leur flottement, parmi les draines ; On les peut suivre, à travers champs, Vers les chaumes et les murs blancs ; Leurs fils subtils de pestilence Tissent la robe de silence, Gaze verte, tulle blême, Avec laquelle, au loin, la fièvre se promène,
La fièvre, Elle est celle qui marche, Sournoisement, courbée en arche, Et personne n'entend son pas. Si la poterne des fermes ne s'ouvre pas, Si la fenêtre est close, Elle pénètre quand même et se repose, Sur la chaise des vieux que les ans ploient, Dans les berceaux où les petits larmoient Et quelquefois elle se couche Aux lits profonds où l'on fait souche.
Avec ses vieilles mains dans l'âtre encor rougeâtre, Elle attise les maladies Non éteintes, mais engourdies ; Elle se mêle au pain qu'on mange, A l'eau morne changée en fange ; Elle monte jusqu'aux greniers, Dort dans les sacs et les paniers Où s'entassent mille loques à vendre ; Puis, un matin, de palier en palier On écoute son pas sinistre et régulier Descendre.
Inutiles, vœux et pèlerinages Et seins où l'on abrite les petits Et bras en croix vers les images Des bons anges et des vieux Christs. Le mal hâve s'est installé dans la demeure. Il vient, chaque vesprée, à tel moment, Déchiqueter la plainte et le tourment, Au régulier tic-tac de l'heure ; Et l'horloge surgit déjà Comme quelqu'un qui sonnera, Lorsque viendra l'instant de la raison finie, L'agonie.
En attendant, les mois se passent à languir. Les malades rapetissés, Leurs genoux lourds, leurs bras cassés, Avec, en main, leurs chapelets. Quittant leur lit, s'y recouchant, Fuyant la mort et la cherchant, Bégaient et vacillent leurs plaintes, Pauvres lumières, presque éteintes.
Ils se traînent de chaumière en chaumière Et d'âtre en âtre, Se voir et doucement s'apitoyer, Sur la dîme d'hommes qu'il faut payer, Atrocement, à leur terre marâtre ; Des silences profonds coupent les litanies De leurs misères infinies ; Et quelquefois, ils se regardent Au jour douteux de la fenêtre, Sans rien se dire, avec des pleurs, Comme s'ils voulaient se reconnaître Lorsque leurs yeux seront ailleurs.
Ils se sentent de trop autour des tables Où l'on mange rapidement Un repas pauvre et lamentable ; Leur cœur se serre, atrocement, On les isole et les bêtes les flairent Et les jurons et les colères Volent autour de leur tourment.
Aussi, lorsque la nuit, ne dormant pas, Ils s'agitent entre leurs draps, Songeant qu'aux alentours, de village en village, Les brouillards blancs sont en voyage, Voudraient-ils ouvrir la porte Pour que d'un coup la fièvre les emporte, Vers les marais des landes Où les mousses et les herbes s'étendent Comme un tissu pourri de muscles et de glandes Où s'écoute, comme un hoquet, Un flot pâteux miner la rive, Où leur corps mort, comme un paquet, Choirait dans l'eau de bile et de salive.
Mais la lune, là-bas, préside, Telle l'hostie De l'inertie.
je dirai bien que ça me fait penser aussi à un Suisse mais... | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Emile Verhaeren Lun 3 Jan 2011 - 21:34 | |
| et puis ça tient autant des thématiques que de la manière... un inévitable qui se traduit dans l'environnement et l'individu atteint à travers la communauté (affirmée). Un jeu entre les pluriels et les singuliers indéfinis mais pas tout à fait. et un astre très présent et la très grande proximité domestique... peut-être la perméabilité du dedans au dehors, à un mouvement plus grand du dehors. | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Emile Verhaeren Jeu 12 Avr 2012 - 22:36 | |
| Le Bazar
C'est un bazar, au bout des faubourgs rouges : Étalages toujours montants, toujours accrus, Tumulte et cris jetés, gestes vifs et bourrus, Et lettres d'or qui soudain bougent, En torsades, sur la façade.
C'est un bazar, avec des murs géants Et des balcons et des sous-sols béants Et des tympans montés sur des corniches Et des drapeaux et des affiches Où deux clowns noirs plument un ange.
On y étale à certains jours, En de vaines et frivoles boutiques, Ce que l'humanité des temps antiques Croyait divinement être l'amour ; Aussi les dieux et leur beauté Et l'effrayant aspect de leur éternité Et leurs yeux d'or et leurs mythes et leurs emblèmes Et les livres qui les blasphèment.
Toutes ardeurs, tous souvenirs, toutes prières Sont là, sur des étaux et s'empoussièrent ; Des mots qui renfermaient l'âme du monde Et que les prêtres seuls disaient au nom de tous Sont charriés et ballotés dans la faconde Des camelots et des voyous. L'immensité se serre en des armoires Dérisoires et rayonne de plaies ; Et le sens même de la gloire Se définit par des monnaies.
Lettres jusqu'au ciel, lettre en or qui bouge, C'est un bazar au bout des faubourgs rouges ! La foule et ses flots noirs S'y bousculent près des comptoirs ; La foule - oh ses désirs multipliés, Par centaines et par milliers ! - Y tourne, y monte, au long des escaliers Et s'érige folle et sauvage, En spirale, vers les étages.
Là-haut, c'est la pensée Immortelle, mais convulsée, Avec ses triomphes et ses surprises, Qu'à la hâte on expertise. Tous ceux dont le cerveau S'enflamme aux feux des problèmes nouveaux, Tous les chercheurs qui se fixent pour cible Le front d'airain de l'impossible Et le cassent, pour que les découvertes S'en échappent, ailes ouvertes, Sont là gauches, fiévreux, distraits, Dupes des gens qui les renient Mais utilisent leur génie, Et font argent de leurs secrets.
Oh les Edens, là-bas, au bout du monde, Avec des glaciers purs à leurs sommets sacrés, Que ces voyants des lois profondes Ont explorés, Sans se douter qu'ils sont les Dieux. Oh ! leur ardeur à recréer la vie, Selon la foi qu'ils ont en eux Et la douceur et la bonté de leurs grands yeux, Quand, revenus de l'inconnu Vers les hommes, d'où ils s'érigent, On leur vole ce qui leur reste aux mains De vérité conquise et de destin.
C'est un bazar tout en vertiges Que bat, continûment, la foule, avec ses houles Et ses vagues d'argent et d'or ; C'est un bazar tout en décors, Avec des tours, avec des rampes de lumières ; C'est un bazar bâti si haut que, dans la nuit, Il apparaît la bête et de flamme et de bruit Qui monte épouvanter le silence stellaire.
C'est effrayant d'actualité non ? | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Emile Verhaeren Sam 1 Sep 2012 - 8:49 | |
| (reprise de la motivation du choix pour le portail de septembre : )
De la poésie au portail ? Rien de plus facile. Et puis quelques lectures plus loin (George Oppen dans le tas pour rester dans les poètes), l'envie d'y revenir est un peu plus motivée pour voir comment ça se passe la modernité de la forme, le choix du poème, et l'engagement humain, social à l'approche d'un tournant.
Intéressé par cette écriture de communauté entrevue dans les premières lectures et par la découverte de plus de légèreté (je n'oublie pas l'intervention de Cachemire).
Et : "J'ai pour voisin et compagnon - Un vaste et puissant paysage - Qui change et luit comme un visage - Devant le seuil de ma maison." | |
| | | Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
| Sujet: Re: Emile Verhaeren Sam 1 Sep 2012 - 23:45 | |
| "Chacun cherche son chat" | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Emile Verhaeren Sam 8 Sep 2012 - 23:15 | |
| On retrouverai bien cette idée de domestique et un rapport de dedans/dehors très simple et très ramifié, et l'activité, l'échange en ombre à travers les noms. c'est le premier que je lis, pris au hasard dans le recueil acquis ce jour. Et ça m'émerveille, ça m'excite et m'apaise en même temps. Absolue fascination. Le chaland
Sur l'arrière de son bateau, Le batelier promène Sa maison naine Par les canaux.
Elle est joyeuse, et nette, et lisse, Et glisse Tranquillement sur le chemin des eaux. Cloisons rouges et porte verte, Et frais et blancs rideaux Aux fenêtres ouvertes.
Et, sur le pont, une cage d'oiseau Et deux baquets et un tonneau ; Et le roquet qui vers les gens aboie, Et dont l'écho renvoie La colère vaine vers le bateau.
Le batelier promène Sa maison naine Sur les canaux Qui font le tour de la Hollande, Et de la Flandre et du Brabant.
Il a touché Dordrecht, Anvers et Gand, Il a passé par Lierre et par Malines, Et le voici qui s'en revient des landes Violettes de la Campine.
Il transporte des cargaisons, Par tas plus hauts que sa maison : Sacs de pommes vertes et blondes, Fèves et pois, choux et raiforts, Et quelquefois des seigles d'or Qui arrivent du bout du monde.
Il sait par coeur tous les pays Que traversent l'Escaut, la Lys, La Dyle et les Deux Nèthes ; Il fredonne les petits airs de fête Et les tatillonnes chansons Qu'entrechoquent, en un tic-tac de sons, Les carillons.
Quai du Miroir, quai du Refuge, A Bruges ; Quai des Bouchers et quai des Tisserands, A Gand ; Quai du Rempart de la Byloque, Quai aux Sabots et quai aux Loques, Quai des Carmes et quai des Récollets, Il vous connaît.
Et Mons, Tournay, Condé et Valenciennes L'ont vu passer, en se courbant le front, Sous les arches anciennes De leurs grands ponts ; Et la Durme, à Tilrode, et la Dendre, à Termonde, L'ont vu, la voile au clair, faire sa ronde De l'un à l'autre bout des horizons. | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Emile Verhaeren Sam 22 Sep 2012 - 23:00 | |
| J'avance dans la lecture du recueil intitulé Les force tumultueuses et autres poèmes, en fait quelques poèmes de la plupart des recueils de Verhaeren et qui se suivent dans un ordre chronologique. Tronquée l'expérience de découverte est cependant possible et est appuyée par une bien belle préface de Georges Thinès (écrivain et professeur à l'université de Louvain. Les thématiques ne sont pas extrêmement joyeuses, certains poèmes pourraient bien d'ailleurs être considérés comme des scansions sinistres, cependant le mélange de quelques ingrédients rendent ce monde attachant et l'expérience/lecture proprement consistante. Il y a évidemment l'aspect symbolique et l'atmosphère symboliste sombre et habitée de forces puissantes de la nature et de personnages iconiques et solitaires (la figure du moine est surprenante), de même que le lien entre un particulier et un pluriel ou un générique. Ce va et vient est indissociable du symbolisme mais sa portée communautaire le concrétise fortement, tirant souvent la couverture (l'ombre plutôt) vers les communautés laborieuses de la terre et de la mer, paysans et marins. Les villes apparaissent donc comme des immensités à tendances surnaturelles, d'un monde qui n'est pas celui de l'homme, du côté astrologique du monde de Verhaeren. Le lien étant compliqué par le double de celui de l'individuel au particulier, le rapport d'échelle et/ou entre intérieur et extérieur. On remarque aussi des figures de l'auteur comme celle du crapaud qui pleure... la peine de l'auteur plus que celle de l'homme qui prend elle des dimensions plus grandes jusqu'à Si morne! des Débâcles qui approche l'abstraction (organique). - Spoiler:
Se replier toujours sur soi-même, si morne ! Comme un drap lourd, qu'aucun dessin de fleur n'adorne.
Se replier, s'appesantir et se tasser Et se toujours, en angles noirs et mats, casser.
Si morne ! et se toujours interdire l'envie De tailler en drapeaux l'étoffe de sa vie.
Tapir entre les plis ses mauvaises fureurs Et ses rancoeurs et ses douleurs et ses erreurs.
Ni les frissons soyeux, ni les moires fondantes Mais les pointes en soi des épingles ardentes.
Oh ! le paquet qu'on pousse ou qu'on jette à l'écart, Si morne et lourd, sur un rayon, dans un bazar.
Déjà sentir la bouche âcre des moisissures Gluer, et les taches s'étendre en leurs morsures
Pourrir, immensément emmailloté d'ennui ; Etre l'ennui qui se replie en de la nuit.
Tandis que lentement, dans les laines ourdies, De part en part, mordent les vers des maladies.
Finalement de son côté de l'océan et quelques années avant, dans sa forme plus classique de rimes et de structures, il n'est pas très éloigné des poésies américaines (que j'ai découvertes récemment), objectivistes. Il n'a pas peur d'appuyer certains effets d'images à dessein presque trop fortes (il ne faut pas oublier cependant le martèlement sourd qui peut les accompagner) et certaines liaisons dans les représentations sont violentes. Et enfin, ce qui certainement me séduit beaucoup, très vite, c'est un monde qui apparait, une sensation du monde qui tend à être rendue sensible d'une manière complète, enchainée au temps (à moins que l'espoir ne soit dans le passé), avec un homme et ses constantes et tout ce qui change et dépasse. J'aime bien la comparaison avec Ramuz pour ça et pour leurs similitudes de rusticités et de paysages qui ne cachent pas leurs dynamiques volontaires (dont les dynamiques de vision des paysages, la dynamique de la narration). Et avec des poèmes courts, les tentatives de longueurs dégagent cette envie de repousser encore les bords du cadre dans une ivresse de la vision et de la sensation avec une tension dramatique renforcée. C'est très facile et très prenant cette lecture. J'en suis aux Villages illusoires. | |
| | | swallow Sage de la littérature
Messages : 1366 Inscription le : 06/02/2007 Localisation : Tolède. Espagne.
| Sujet: Re: Emile Verhaeren Dim 23 Sep 2012 - 11:10 | |
| Extraordinaire, Animal ce "Si morne" . Moi qui pense qu´il y a une poésie pour illustrer chaque moment, émotion ou épreuve de la vie, celui-ci serait l´étonnant portrait de la dépression. | |
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| Sujet: Re: Emile Verhaeren | |
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| | | | Emile Verhaeren | |
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