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| Robert Goolrick | |
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+5Marie domreader Queenie Marko kenavo 9 participants | |
Auteur | Message |
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topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Robert Goolrick Jeu 25 Oct 2012 - 22:00 | |
| Arrive un vagabondJe ne sais pas si ça vous arrive, certains livres où on sent l’émotion vous gagner dès les premières pages, un petit quelque chose vibre dans la poitrine qui fait qu’on s’émerveille de l’adéquation parfaite entre le livre et soi-même, et au fil des pages , on retient son souffle et ce petit miracle se poursuit, on ressent une intense jubilation. J’ai trouvé cela dans le roman de R Goolrick: l’évocation d’une douceur ordinaire, l’impression de personnages à la fois droits dans leurs bottes et infiniment fragiles , et une violence sombre qui rôde, un désespoir tragique, ont déclenché en moi une émotion intense. Cela commence par ce titre magnifique (je n’ai pas su traduire le titre anglais) qui traîne derrière lui un relent de vieux westerns, de bleds paumés où débarque un étranger. Et plus rien ne sera jamais pareil ni pour lui, ni pour la bourgade tranquille. Une petite ville de Virginie de l’après-guerre « quand la terrible avidité américaine n’avait pas encore frappé » ordinaire, plutôt heureuse dans sa grande banalité, éprise d’une religiosité assez débonnaire, respectant sa communauté noire à condition qu’elle reste à sa place. - Citation :
- « Des gens bien. Heureux, dans l'ensemble.
-Et nous avons de bonnes manières. Cela compense ce que le bonheur n'apporte pas ».
Là débarque Charlie, un homme sans passé, qui« cherche juste un endroit tranquille ». Bel homme, travailleur, sympathique, il est vite adopté par le boucher et son épouse, leur petit garçon qui voit en lui un deuxième papa, les femmes qui adorent son sourie, les hommes qui voient en lui un gars de confiance, les enfants qu’il initie au base-ball. Bien vite, il se trouve - Citation :
- … à sa place. Il était enfin arrivé chez lui, dans ce lieu de bonheur et de plénitude qui l’ attendait au bout de cette longue route chaotique.
Il était chez lui.
Mais l’amour s’en mêle, la passion plutôt, et avec elle la haine, la jalousie, la violence et le désespoir. - Citation :
- Mais c'est ici, et maintenant. Elle n'est pas la première mais elle est l’unique, et le goût de sa peau est éternellement neuf pour lui, chaque souffle d’elle est une bonté comme il n'en avait jamais espéré et qu’il ne méritent pas. Ici même, dans la lueur du crépuscule, dans ce lit avec un couvre-lit en chenille et des taies d’oreiller à fleurs, à la vue de ce corps féminin si blond, son désir à lui, sauvage et diffus, a trouvé son objet. Le chemin est devenu clair, menant à elle et elle seule, à eux deux, dans cet instant pleinement voulu.
Personne ne sortira indemne de cette histoire qui commence dans les délices de l’amitié, et finit… au lecteur de découvrir Belle histoire , parfois a la limite de la crédibilité, mais l’auteur nous l’a annoncé dès l’ouverture du livre. J'y ai surtout adoré l’empathie et la tendresse de Goolrick pour ses personnages, les principaux comme les secondaires, comme il sait nous faire partager la douceur de leurs joies radieuses et de leurs bonheurs calmes… - Citation :
- Le jour de l'anniversaire d'un enfant, tout est différent. Chaque instant est nimbé de grâce, dune lumière de tout l’être - la conscience que chaque geste, chaque parole sont un geste et une parole d'anniversaire. Les gens savent qui vous êtes, ce jour-là.
… leurs passion échevelée, l’amitié d’un homme et d’un garçon, la confiance entre deux amis, la folie d’un homme amoureux, un frère intensément fidèle, et tout un tas de petits détails doux, chaleureux, amicalement moqueurs…qui laissent peu à peu la place à la tension, à l’inquiétude jusqu’à la fin, partialement annoncée dès les premières pages, véritable apothéose d’une noirceur troublante. Comme dans Féroces, des adultes, plutôt gentils mais totalement inconscients marquent à vie des enfants gentils et qui les aiment. Comme dans Une femme simple et honnête, la femme est un objet qu'on achète, qui aime et qui souffre. Goolrick, conteur formidable, est là encore aussi virtuose dans la sérénité que dans le déchaînement de la violence; | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Robert Goolrick Ven 26 Oct 2012 - 8:29 | |
| - topocl a écrit:
- Je ne sais pas si ça vous arrive, certains livres où on sent l’émotion vous gagner dès les premières pages, un petit quelque chose vibre dans la poitrine qui fait qu’on s’émerveille de l’adéquation parfaite entre le livre et soi-même, et au fil des pages , on retient son souffle et ce petit miracle se poursuit, on ressent une intense jubilation
ton commentaire donne énormément envie, après un premier essai avec cet auteur, qui n'a pas abouti dans un enchantement total, je veux quand même bien tenter encore une fois | |
| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Robert Goolrick Ven 26 Oct 2012 - 8:38 | |
| - kenavo a écrit:
- topocl a écrit:
- Je ne sais pas si ça vous arrive, certains livres où on sent l’émotion vous gagner dès les premières pages, un petit quelque chose vibre dans la poitrine qui fait qu’on s’émerveille de l’adéquation parfaite entre le livre et soi-même, et au fil des pages , on retient son souffle et ce petit miracle se poursuit, on ressent une intense jubilation
ton commentaire donne énormément envie, après un premier essai avec cet auteur, qui n'a pas abouti dans un enchantement total, je veux quand même bien tenter encore une fois Méfie toi quand même, car pour ma part j'avais beaucoup aimé les deux premiers! J'avais trop envie de le lire celui-là et je ne suis pas déçue, mais ma façon de commencer le commentaire avait bien pour but de montrer qu'il y avait quelque chose d'affectif entre lui et moi. Ceci étant dit, essaie! (j'aime bien quand on aime les livre que j'aime et l'inverse m'amuse) | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Robert Goolrick Ven 26 Oct 2012 - 8:43 | |
| ah oui, je suis bien consciente que tu avais adoré, mais tout comme tu le dis - topocl a écrit:
- Ceci étant dit, essaie! (j'aime bien quand on aime les livre que j'aime et l'inverse m'amuse)
j'aime bien au moins lui donner une 2e chance pour vraiment trancher l'affaire.. et en effet, c'est toujours marrant de voir divers avis pour divers livres qu'on a aimé/pas aimé pour moi c'est un constat qu'on a fait et refait à plusieurs reprises: il ne s'agit jamais d' un livre, mais de la rencontre entre un lecteur et un livre et puisque le livre reste toujours le même, faut voir auprès du lecteur pourquoi la réception est différente | |
| | | mimi54 Zen littéraire
Messages : 6043 Inscription le : 02/05/2010
| Sujet: Re: Robert Goolrick Lun 8 Avr 2013 - 21:15 | |
| Arrive un vagabond
Sélection d'Avril pour le Prix des lectrices Elles
Si Arrive un vagabond, est le roman d’une passion qui comme toute passion qui se respecte n’engendre que déboire et drame, c’est également (et c’est d’ailleurs cet aspect-là que je retiendrai) un beau tableau d’une certaine Amérique : celle des années 50, dans ces états où Blancs et Noirs vivent les uns à côtés des autres sans vraiment se côtoyer, où l’Eglise promet plus les flammes de l’enfer que la miséricorde, celle d’une certaine hypocrisie . Il ne fait aucun doute que la plume est belle, que l’auteur sait disséquer ses personnages et instaurer une certaine tension qui donne envie de ne pas lâcher le livre. Il fait la part belle à la relation particulière qui s’instaure entre Charlie et Sam ; j’y ai été davantage sensible qu’à celle entre Charlie et Sylvan qui m’a laissée de marbre (d’ailleurs j’y ai trouvé quelque chose d’artificiel, et de vulgaire). Cette lecture me laisse un peu sur ma faim ; j’en attendais l’émotion promise des grands romans. Il n’en est rien. Certes, je n’ai pas boudé mon plaisir, mais l’émotion n’était pas au rendez-vous. Un bon roman qui se lit bien, mais qui ne restera pas indéfiniment gravé dans ma mémoire.
A noter que le livre a été lu à un mauvais moment où l'esprit n'y est pas, et où rédiger un avis m'est difficile par manque d'inspiration, et d'objectivité. | |
| | | Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
| Sujet: Re: Robert Goolrick Dim 21 Déc 2014 - 11:23 | |
| La chute des princes (2014)
En 230 pages qui s'avalent comme un cocktail bien tassé, Goolrick raconte l'ascension et la chute d'un homme (et de quelques autres, plus subrepticement). Un homme à qui tout réussi, qui bosse pour une banque d'investissement (embauché grâce à sa réussite à une partie de poker), a tout : une fortune, des potes de beuverie, drogues et fêtes en tous genres, des femmes belles et riches, du sexe facile avec homme et femme, des costumes taillés sur mesure, et des draps de luxe où s'écrouler après ses nuits d'excès. Mais dès les premières pages, on sait que tout ça n'existe plus. Celui qui raconte, Rooney, a chuté. Tout perdu. Ce livre est comme une confession. Un décorticage qui amène à la fin. Des souvenirs auxquels s'accrocher pour ne pas totalement sombrer.
Goolrick a une écriture incisive. Des phrases sans superflu. Dans une urgence, une frénésie. Et en même temps, une tendresse, un regard posé, fataliste.
Ce livre raconte aussi combien la vie pouvait être facile et insouciante avant l'arrivée du Sida, avant la destruction des deux tours. On revit la sueur, la peur, la chandelle qui brûle par les deux côtés. Roman d'immersion. Terriblement bien écrit, et juste. De très beaux portraits de personnages, avec même de véritables souffles poétiques pendant des vacances orgiaques de décadences ou dans le caniveau puant d'une rue où règnent les prostituées. Un livre épatant. À ceux qui ont aimé Bret Easton Ellis (La chute des princes pourrait être le reflet déformé de Démons), Steve Tesisch (On pourrait croiser Karoo en train de couler dans une forme de rédemption avec Rooney) et d'autres de ces auteurs américains qui arrivent si bien à décrire la "jeunesse" dorée et sa fin. | |
| | | Aeriale Léoparde domestiquée
Messages : 18120 Inscription le : 01/02/2007
| Sujet: Re: Robert Goolrick Lun 22 Déc 2014 - 19:17 | |
| - Queenie a écrit:
- Terriblement bien écrit, et juste.
De très beaux portraits de personnages, avec même de véritables souffles poétiques pendant des vacances orgiaques de décadences ou dans le caniveau puant d'une rue où règnent les prostituées. Un livre épatant. À ceux qui ont aimé Bret Easton Ellis (La chute des princes pourrait être le reflet déformé de Démons), Steve Tesisch (On pourrait croiser Karoo en train de couler dans une forme de rédemption avec Rooney) et d'autres de ces auteurs américains qui arrivent si bien à décrire la "jeunesse" dorée et sa fin. Ca me parle tout ça! Merci Queenie, je note... | |
| | | Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
| Sujet: Re: Robert Goolrick Lun 22 Déc 2014 - 21:20 | |
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| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Robert Goolrick Sam 28 Fév 2015 - 17:23 | |
| La chute des princes
C'est l'histoire d'un jeune homme qui voulait être artiste, mais se rendant compte qu'il ne pourrait être alors qu'un raté , devient trader, un vrai avec ce qu'il faut de fric, de drogue et d'alcool, de sexe en tous genres, et d'arrogance. Adrénaline et défonce à toute heure. Mais trop , c'est trop, les cuites finissent mal, le boulot ne veut plus de lui, avec le sida rien n’est plus pareil. Il sombre. Et c'est quoi qui va le sauver ? Les livres (Proust) et l'amour...grâce auxquels il accède à la sagesse du renoncement.
Un propos qui n'est pas des plus originaux pour ce destin d'un homme de la fin du vingtième siècle. Il y a de belles fulgurances, surtout au début, mais - n'est pas McInerney qui veut - aussi de lassantes banalités, autant dans la frénésie de vivre à 100 à l'heure, que dans la mélancolie d'un monde perdu. Sans doute y avait-il d'autres moyens, pour nous faire sentir que l'argent ne fait pas le bonheur, que de nous citer le prix de tous les objets croisés. Et les pages d'apaisement ne sont malheureusement pas toutes aussi déchirantes que celles, puissantes, où le sida émerge, décime, affole. | |
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