Amélie Nothomb [Belgique]

J'ai fini Le fait du prince.

Pas envie de vous donner les faits de ce petit roman...

J'ai aimé le début de ce roman, les deux chapitres qui nous plongent dans le roman, entrant dans l'action par un conversation très surréaliste entre le personnage et un autre invité d'une fête mondaine ; qui se poursuivent par une mort très inattendue. Puis passé ce second chapitre. quel ennui ! J'ai la vague impression d'avoir fini une ébauche, un roman pas fini qui mériterait un autre développement ; des personnages qui mériteraient une autre épaisseur. Alors oui le style est plaisant, l'idée de départ séduisante, mais, à mon avis, tout ça ne fait pas un roman, même pas une nouvelle. Tout juste un brouillon, mal ficelé et mal fini.
Grosse déception pour ma première approche de cette auteure. Je lui donnerait une autre chance, mais le coeur n'y est pas.

Steven a écrit:

Grosse déception pour ma première approche de cette auteure. Je lui donnerait une autre chance, mais le coeur n'y est pas.

Ouh la la, il ne faut surtout pas commencer Nothomb par ses derniers livres. Elle suit une pente déclinante (avec une ou deux remontées, mais accidentelles)...
Grosso modo, parmi ses livres intéressants, il y a Hygiène de l'Assassin, Le Sabotage Amoureux (si tu aimes la Chine), Stupeur et Tremblements-Métaphysique des tubes (si tu préfères le Japon)...

Merci des conseils eXPie. Il y quand même quelque chose chez Amélie Nothomb : elle sait choisir ses titres.

Hygiène de l'Assassin me tente depuis un moment, et sera sans doute le prochain...Dans un moment !

J'ai apprécié aussi l'Hygiène de l'assassin et Stupeurs et tremblements, mais après avoir lu Nid'Eve, ni d'Adam ........bof !

Steven a écrit:

J'ai fini Le fait du prince.

Dès la lecture de cette phrase, je prévoyais la catastrophe
J'ai lu tous les romans d'A.N sauf celui-ci, pour une raison a priori un peu bête : la couverture...Je la trouve affreuse et je suis persuadée qu'elle est au même niveau que le contenu du bouquin
Comme disait Expie, je te conseille de remonter dans le temps et de lire ses premiers; à la liste d'Expie, je rajouterais Les Catilinaires, qui est assez drôle , et Péplum, un dialogue assez fou...

Je crois que Péplum m'a convaincue de faire une pause avec Amélie.

Ah ben pourtant je l'ai trouvé plutôt réussi...après c'est sûr qu'il faut adhérer au délire qu'elle raconte!

Waouh! Que de débats! De toute évidence, Nothomb n'est pas l'un des auteurs les plus encensés parmi les Parfumés! Je n'aurais certainement pas la prétention de vous faire changer d'avis mais je m'en vais tout de même vous livrer mon opinion concernant cette auteure que je considère pour ma part comme une révélation de taille et un talent prometteur.

J'ai découvert Amélie par le biais de Métaphysique des tubes qui m'a de suite enchanté par son style rafraîchissant, l'humour décalé et omniprésent mais surtout, le narrateur très original (il s'agit d'une jeune enfant). Je n'ai pas eu cette impression 'de tourner en rond' que beaucoup ont apparemment ressentie. Il me semble que l'on suit le développement, aussi bien psychologique que physique, de l'enfant. Ce cheminement est clairement défini et ne laisse aucun doute quant au but poursuivi.

J'ai apprécié l'étude psychologique du personnage. Notre monde vu par les yeux d'une enfant est si différent et en même temps si réaliste qu'il mène à une certaine remise en question inconsciente chez le lecteur. Enfin, l'action se marie harmonieusement avec les descriptions et les perceptions du personnage. Certes, le récit pourrait paraître traîner en longueur mais il me semble que chaque passage mérite sa place dans le roman. Il suffit parfois d'une petite phrase au sein d'une description pour révéler une part importante de la psychologie de ce petit être à travers sa perception limitée du monde.

Charmé par ce premier roman, j'enchaînai avec Hygiène d'un assassin, Antéchrista, Attentat et Péplum. Autant dire que mon engouement pour cette auteure n'a pas été refroidi. Nothomb a l'art de mettre en présence des êtres hors du commun pour ensuite révéler leurs pensées et leurs actes qui, si d'un premier abord paraissent absurdes ou anticonformistes, ne sont finalement que l'expression d'un sentiment primitif, généralisé. Un réflexion suivie, souvent mise en scène par le biais d'un dialogue, plonge au sein de la psychologie humaine.

Le scénario, généralement fictif et frôlant le fantastique, est un emballage 'futile' derrière lequel se cache une véritable psychanalyse. On remarque que l'amour est un des thèmes récurrents dans ses romans. Cela peut s'expliquer par le fait que l'amour est une notion floue qui peut permettre de nombreuses interprétations. Ainsi, dans Attentat et Hygiène d'un assassin, les héros expriment leur amour par la violence, le crime. Une tendance sado-maso?? Non, cela s'apparente plutôt à une idéalisation de l'être aimé au point de le préférer mort de sa main que vif et inaccessible. En quoi cela est-il transcendant? Car après tout, les grecs avaient déjà, il y a de cela plusieurs siècles, mis en scène de semblables scénarios. Mais là où Nothomb fait preuve de nouveauté tient dans la psychologie du héros. Celui-ci n'est pas poussé à de telles extrémités par le seul amour, mais plutôt par les préjugés d'une société qui le condamne à ce seul débouché. L'antagonisme Beauté/Laideur et la notion de normalité mis en présence dans Attentat ont pour but une critique de la société actuelle et de son rôle sur les individus qui la composent.

En ce qui concerne Antéchrista, l'auteure met l'accent sur l'Amitié, ses effets et surtout, la part idéaliste souvent accolée à cette notion. La relation perverse entre une fille mal dans sa peau et effacée, et une autre, belle, parée de mille qualités et de mille et un défauts peut être considérée comme un sujet mâché et remâché. Mais dans ce roman, le stéréotype même conduit à une analyse approfondie de l'être humain.

"Amélie Nothomb parvient à dessiner des personnages denses, dotés d'une psychologie complexe. Surtout, elle réussit à lier le lecteur à son récit, même en brossant le portrait d'une créature agaçante et irritante." Céline Darner

Enfin, Péplum est complètement différent du point de vue du style des autres romans de Nothomb. En effet, ce livre se présente sous forme de dialogue (un très très long dialogue^^) qui permet d'aborder plusieurs notions philosophiques fondamentales telles l'Hypocrisie, la Beauté, l'Intelligence, etc. Le scénario est déjanté et l'humour s'érige en accompagnateur tout au long du récit. Une lecture agréable, divertissante, qui ne pêche pas par excès de profondeur mais qui demeure relativement poussée dans la réflexion.

En conclusion, j'estime que Nothomb est une auteure qui mérite d'être lue. Sans doute, y a-t-il quelques fois des scénarios répétitifs à travers ses œuvres qui réduisent l'enthousiasme (Antéchrista et Le sabotage amoureux relatent de semblables histoires mais ne visitent pas la psychologie de leurs personnages de la même façon) mais il n'en demeure pas moins que sa réflexion est intéressante, de même que sa psychanalyse de l'individu. Ses écrits révèlent en tout cas un véritable talent qui, s'il stagne quelque fois, laisse espérer un futur envol littéraire surmonté de succès. Du moins, je l'espère^^

Solitude a écrit:

Je n'aurais certainement pas la prétention de vous faire changer d'avis mais je m'en vais tout de même vous livrer mon opinion concernant cette auteure que je considère pour ma part comme une révélation de taille et un talent prometteur.

Euh... "Révélation" ? Hygiène de l’assassin date de 1992... Ca fait 16 ans. A ce compte-là, Franz Schubert aussi est une révélation.
Et franchement, après 17 romans, un Grand Prix de l'Académie Française, Nothomb n'est que "prometteur" ? C'est très inquiétant, ça !
D'autant plus que ses romans les meilleurs sont (globalement) les plus anciens.

Attentat m'avait bien fait rire, mais du côté de la "critique de la société actuelle et de son rôle sur les individus qui la composent.", c'est celle-ci : la dictature de l'apparence. Tout le monde est au courant depuis quelques décennies.
Ou alors, il y a autre chose que je n'ai pas perçu ?

La psychologie de l'enfant dans Métaphysique des tubes... est-ce vraiment de la psychologie ? C'est plutôt le regard que Nothomb, rétrospectivement, s'imagine avoir porté sur le monde. Petite, elle est dotée d'une immense culture, conceptualise à mort... C'est ça, la psychologie de l'enfant ? C'est de la psychologie pour rire, c'est tout. Et ça marche plutôt bien : c'est marrant !

J'avoue n'avoir pas totalement compris ce que tu entends par "Le scénario, généralement fictif [....]".
Ben oui, c'est un roman.

L'amour, une notion floue ? Polysémique, ou quelque chose comme ça, oui, si tu veux, mais floue... Tout est flou à ce compte là. Le Bien, le Mal, la Beauté... tout est relatif, oui, bien sûr. Ca dépend des points de vue et des goûts, c'est tout.
Enfin, je crois.

Il faudra que je relise Antéchrista (ça prend une heure, c'est ça qui est chouette avec Nothomb) : je ne me souviens pas du tout de que "le stéréotype même conduit à une analyse approfondie de l'être humain."

C'est qui, Céline Darner ? "Psychologie complexe chez Nothomb", ha ha ha... pas possible, c'est un pseudo de Jourde-Naulleau ?

Solitude a écrit:

" Péplum est complètement différent du point de vue du style des autres romans de Nothomb. En effet, ce livre se présente sous forme de dialogue (un très très long dialogue^^) "

Euh... il y a quasiment toujours beaucoup de dialogues chez Nothomb. Prends Cosmétique de l'ennemi, par exemple... Ceci dit, tu voulais peut-être parler de la forme, et pas du style ? (le style d'Angot par opposition à celui de Proust, par exemple ?).

Ah, tu parles plusieurs fois de "psychanalyse"... j'ai du mal à comprendre. Psychologie, je comprends, psychanalyse, je ne me souviens pas d'en avoir lu chez Nothomb.

Tu me mets de gros doute dans mes souvenirs Nothombiens, Solitude...

Merci pour ton commentaire, Solitude ! Ton enthousiasme fait plaisir à voir.
Amélie a de nombreuses qualités dont une grande, à mon avis, elle nous pousse aller plus loin. J'ai une grande affection pour elle. Elle a de l'humour souvent et elle se lit vite (petit bémol pour Peplum qui m'a fait vraiment peiner!!)
Bonne continuation à toi et joyeuses lectures !

Mordicus a écrit:

Oh bordel.
Je viens de tout me taper en diagonale.

...

Je sais pas si je dois prendre une aspirine ou rire...

Wa... le fil entier ?? j'ai tenté, mais j'ai abandonné après 8 pages...

Mordicus a écrit:

(Après les exas je reviendrai par ici faire mon topo sur l'Amélie. Des choses à dire. Du bien, aussi. Mine de rien de crayon)

(C'est que ça fait un moment que j'attends moi...)


(Et je vois que j'avais dit que je lirais Les Combustibles, je vais tenter de le faire sous peu)